Le mandat de capitale européenne de la culture de Liverpool arrive à son dernier quart et un premier bilan montre que le niveau de fréquentation déjà atteint est un formidable succès pour la ville. En effet à ce jour plus de 6 millions de visiteurs se sont déjà déplacés pour découvrir les nombreuses activités au programme.
Les sites culturels de la ville connaissent un succès qui tutoie des sommets rarement atteints (la Tate Liverpool vient par exemple d’enregistrer les deux mois les plus fréquentés depuis son ouverture en 1988) et les chiffres qui viennent d’être publiés ne laissent pas le moindre doute quant à l’impact sur la ville :
– l’augmentation moyenne appliquée à l’ensemble des sites culturels par rapport à la fréquentation de l’année dernière est de +30%,
– 60% de la population de la ville s’est rendue dans un de ses musées,
– 24% des visiteurs se rendaient à Liverpool pour la première fois,
– 80% des résidents reconnaissent porter un regard plus positif sur la ville,
– 81,1% des hôtels de la ville ont atteint le plus haut niveau de réservation de Grande-Bretagne.
Au 31 juillet dernier, les comptes avaient atteint l’équilibre. Ce qui est rarement apparu dans l’histoire des capitales européennes de la culture. Ceci n’est en rien dû au hasard.
La culture a joué un rôle moteur dans l’incroyable mouvement de renouveau de la Ville, mouvement entâmé il y a 10 ans. En 2000, la mairie décide de créer la « Liverpool Culture Company », agence mêlant fonds publics et partenaires privés, afin de mener à bien la candidature de capitale européenne de la culture. Depuis son élection en 2003, LCC est chargée d’organiser un programme thématique événementiel pluriannuel jusqu’à au moins 2010. Ce programme pluridisciplinaire sur plan artistique offre tout un éventail d’évènements qui profite à la ville et à son économie locale. Il a notamment bénéficié aux industries créatives, dont les emplois ont augmenté de plus de 50 % entre 2000 et 2004 et de plus de 60% entre 2004 et le 31 juillet 2008.
Au total, un investissement de 750 millions d’euros a permis à l’activité économique de passer de 5,5 à 7 milliards d’euros. Pour la seule année 2008, c’est un budget de 150 millions d’euros qui a été consacré à la programmation de la capitale européenne de la culture.
À l’heure où Marseille vient d’être élue à l’hunimité capitale européenne de la culture pour 2013 avec un budget dont la part publique s’élève à 98 millions d’euros (sans compter la contribution du ministère de la culture pour le moment), ce bilan est particulièrement encourageant pour la dynamique marseillaise. Phil Redmond, directeur artistique de LCC considère que ce bilan intermédiaire réalisé au 31 juillet dernier est tout simplement fantastique et démontre à quel point l’engagement et l’enthousiasme payent. Si LCC et la mairie ont de nombreuses et évidentes raisons de se réjouir, tous ne semblent pas en profiter pour autant. En effet, malgré un réel boom économique, 13 quartiers figurent toujours parmi les 100 endroits les plus pauvres du pays. Malgré les 2 milliards d’euros versés par l’Union européenne entre 1994 et 2006 au titre d’aide aux régions défavorisées, 60 % de la population appartient toujours aux 10% les plus pauvres d’Angleterre. La culture ne résout malheureusement pas tout. Espérons que LCC continuera de produire des bilans jusqu’à 2010 pour que la mesure puisse être prise en dehors de l’impact et des effets immédiats d’une politique culturelle municipale qui ne cache pas son inspiration keynésienne.
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