Le ministre italien de la culture Sandro Bondi a récemment causé beaucoup d’émoi en proposant de confier la gestion des 4.000 musées et de la majorité du patrimoine culturel du pays à un seul homme : Mario Resca, ancien directeur des filières de McDonald’s en Italie et ami du Premier Ministre Berlusconi. Devant la vive critique des établissements culturels et artistiques du pays le ministre accepta de revoir ce projet.
Au cours des dix dernières années le ministère de la culture a connu une demi-douzaine de restructurations, mais ces dernières n’ont fait qu’alourdir l’appareil administratif. Le pays semble paralysé par les contradictions : les Italiens s’identifient fortement avec leur patrimoine culturel mais ne vont que rarement visiter leurs musées. Ils soulignent leur patrimoine culturel collectif mais restent, même 150 ans après l’unification du pays, divisés par les anciennes différences régionales qui contribuent elles aussi à faire échouer les politiques culturelles.
La proposition de l’administration Berlusconi de mettre en place un « supermanager » avait soi-disant pour objectif de faire intervenir un externe avec de nouvelles idées et de trouver des moyens de financement nouveaux pour l’extraordinaire richesse en arts et antiquités du pays – d’autant plus que le budget du ministère doit être réduit de 30% au cours des trois prochaines années.
Mais les opposants soulignent à juste titre que l’art a besoin d’expertise et non d’un vendeur d’hamburgers. Certains croient même que derrière l’idée du « supermanager » se cachent les machinations de Berlusconi et de ses ami visant à piller les trésors nationaux et de les bazarder à l’étranger.
La somme des taxes non prélevées en Italie est estimée à plus de 280 milliards d’euros. Le ministère de la culture souffre d’un manque chronique de moyens financiers. Cette situation incite pour ainsi dire au trafic illégal et décourage toute forme d’innovation.
Aux Etats-Unis les allégements fiscaux encouragent les donations privées aux institutions publiques. L’Italie est en train de développer un système d’allégements fiscaux mais les circonstances sont peu claires, ce qui ne fait qu’éveiller la méfiance des Italiens. La contrebande d’objets d’art et d’antiquités est un problème permanent.
Bien que l’Italie possède d’impressionnants musées, seul le Musée du Vatican figure dans la liste des dix musées les plus visités du monde – et le Vatican ne fait même pas partie de l’Italie. Les activités de relations publiques et de promotion, comme l’envoi de cartons d’invitation et de tracts ou les mesures en faveur des jeunes, sont considérés comme blasphématoires, explique Michele Trimarchi de l’Institut de recherches culturelles Ranuccio Bianchi Bandinelli Association. Il y a à peine quinze ans que les musées italiens ont accepté de rester ouverts après 14 heures.
« Et oui », ajoute Trimarchi, « nous échouons à reconnaître que la protection et la promotion du patrimoine culturel sont deux facettes de la même pièce ». Quel drôle d’échec finalement pour un pays qui dépend si fortement du tourisme culturel et fait preuve d’autant d’innovation et de sens des affaires dans les secteurs industriels du design et de la mode.
Sources : International Herald Tribune (18.12.2008) & OPCE
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