Avec les deux dernières décennies qui viennent de s’écouler, de la chute du mur de Berlin aux enjeux actuels de la mondialisation, la culture joue un rôle de plus en plus important et diffus dans la vie des citoyens européens.
Preuve de cette plus grande prégnance de la culture, l’adoption en 2007 par l’Union Européenne de l’ « agenda pour la culture à l’ère de la mondialisation ». Il s’agit pour l’Union de la première véritable démarche stratégique en direction de la culture, ce qui est loin d’être anodin.
Pour celles et ceux qui ne connaissent pas dans le détail l’histoire ou le fonctionnement des institutions européennes, l’adoption de cet agenda est une véritable innovation, au sens propre du terme. Ceci acte désormais en effet que la culture figure à part entière dans la catégorie des politiques prioritaires de la Communauté européenne, ce qui n’avait jamais été le cas à ce niveau.
Auparavant, la mécanique se résumait à des programmes thématiques, des appels à projets, à la prise en compte de la culture comme un critère, à une logique relativement classique de financements croisés. Pour résumer : de la technique de dossier mais pas d’ambition de politique culturelle. Peut-être est-ce à force de faire du bottom-up sans pleinement le réaliser via une logique de guichet, ou encore de voir les industries créatives et culturelles monter en puissance grâce à l’accélération des nouvelles technologies et entrainer des pans entiers de secteurs culturels, toujours est-il qu’un cadre beaucoup plus favorable et global a ainsi surgit en 2007.
Ce qui est d’autant plus inédit, c’est la manière dont cette stratégie se met en œuvre, notamment à travers la méthode dite « de coordination ouverte » (MOC). Nous aurons l’occasion d’y revenir prochainement dans le cadre d’un déplacement à la Commission, déplacement que nous retranscrirons sur CEG bien sûr.
Ce cadre, issu notamment de la stratégie de Lisbonne pour ce qui relève des aspects relatifs à la croissance, à l’emploi et à la société de la connaissance, s’accompagne de plusieurs actions communautaires pour la promotion de la culture comme l’actuel programme Culture (2007-2013), le programme « L’Europe pour les citoyens » (2007-2013) et le programme MEDIA.
Avec une volonté forte de mise en œuvre des mesures proposées fondée sur une coopération plus étroite entre les Etats membres et l’UE, un dialogue structuré est en marche avec le secteur culturel. Il n’est toutefois pas encore évident que cela ait pour autant simplifié la relation des opérateurs de la culture (publics comme privés) à l’Europe. L’effet de dynamique a été considérablement freiné par l’arrivée de la crise.
Le caractère très ambitieux des objectifs fixés pour 2010 par la stratégie de Lisbonne se révèlent en effet aujourd’hui en partie décalés des priorités et des réalités des territoires.
S’il est vrai que la stratégie de Lisbonne doit être repensée et redéfinie à la lumière de la crise financière, économique et sociale actuelle ainsi que des changements démographiques qui se profilent à moyen terme, un nouveau cadre européen d’action pour l’après 2010 qui prend plus encore en compte l’agenda est le seul moyen d’amplifier la construction d’une politique culturelle qui a tant fait défaut à l’Europe. L‘article 151, paragraphe 4, du traité de l’UE, disposant que l’Union européenne doit prendre en compte la culture dans toutes les actions qu’elle mène en est la meilleure preuve.
Rappeler cela à quelques jours du scrutin des élections européennes nous paraît important dans la mesure où règne toujours un rapport complexe et ambigu entre les citoyens et l’Europe.
Ceci est principalement dû au manque de lisibilité des liens entre institutions de représentation nationale, institutions de gouvernement national et processus d’action de ces mêmes institutions à l’échelle européenne, à savoir le Parlement européen et le Conseil de l’Union européenne.
La Commission européenne étant le moteur de l’Union et son organe exécutif, il s’agit de faire en sorte qu’un schéma de gouvernance européenne se dessine pour que celle-ci puisse mettre en œuvre avec plus de pertinence et de lisibilité les actions et les mesures qui relèvent d’une politique culturelle.
Un ouvrage exceptionnellement clair sur ces questions est récemment paru, à recommander à tous les acteurs de la culture du secteur public et du secteur privé, qui espérons-le s’apprêtent tous à se rendre aux urnes.
Il s’agit de l’ouvrage du sociologue norvégien Hans Erik Naess intitulé « A New Agenda ? – The European Union in the Age of Culture », publié chez Alliance Publishing Trust.
L’ouvrage décortique le contenu de la stratégie culturelle européenne, ce qui y est nouveau, ce qui concerne les enjeux nationaux et supranationaux. Un outil idéal pour agrémenter sa réflexion professionnelle et citoyenne.
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