Frédéric Mitterrand a clos le jeudi 9 juillet dernier les Entretiens de Valois, hélas sans qu’un écho suffisant n’ait été donné à cette réunion. Il s’agissait de dresser un bilan des résultats obtenus sur toute la période où les Entretiens de Valois se sont déroulés, à savoir entre le 11 février 2008 et le 30 janvier 2009.
Suite aux réformes annoncées en Conseil des ministres le 18 février 2009, les Entretiens se sont poursuivis sous la forme de réunions du « comité des Entretiens » pour s’achever jeudi 9 juillet 2009.
Lors de la réunion de cette clôture, trois mesures importantes ont été annoncées :
- un partenariat refondé avec les collectivités territoriales et les professionnels : des « Conférences du Spectacle vivant » vont être instituées de façon à ouvrir un espace de concertation sur les politiques publiques dans le domaine du spectacle vivant au niveau régional ;
- une clarification de l’action de l’Etat à travers ses dispositifs de financement et ses réseaux : Tous les textes cadre précisant les missions et les engagements de chaque établissement labellisé ont été revus ;
- une meilleure prise en compte des questions d’emploi et de formation : les actions de structuration et de professionnalisation vont se poursuivre.
Les prochains chantiers. L’ensemble des participants à la réunion du « comité des Entretiens » du 9 juillet se sont accordés sur la nécessité de pérenniser le procédé pour aborder notamment les chantiers suivants :
- des instances régionales de régulation et de coordination qui fonctionnent ;
- des engagements réciproques entres structures et collectivités publiques ;
- des spectacles mieux diffusés ;
- des crédits davantage consacrés à favoriser l’émergence des talents et l’épanouissement de la création ;
- une approche européenne du secteur ;
- une prise en compte volontariste des questions relatives à l’emploi et à la formation.
Reste à savoir désormais dans quelle mesure ceci peut être intégré dans le contexte actuel de mise en œuvre de la RGPP pour le ministère, car cela ne nous est pas expliqué.
Par ailleurs, pour faire un parallèle avec l’excellente analyse de Xavier Greffe et de Sylvie Pflieger récemment parue à la documentation française, on peut légitimement s’interroger sur la pertinence des mesures qui visent transférer des compétences tout en maintenant l’omniprésence régalienne et normative du ministère alors que celui-ci procède à un recentrage budgétaire et stratégique sans précédent.
Il faudrait notamment s’interroger sur l’avenir de la fameuse sanctuarisation du spectacle vivant (sanctuarisation relative pour 2010 vu que la baisse des budgets accordés au spectacle vivant est d’au moins 35 millions d’euros) puisque d’un côté nous avons des professionnels qui veulent aller plus loin et de l’autre un ministère qui tente d’initier courageusement une meilleure articulation entre les différentes compétences en jeu à tous les échelons. Au final tout ceci pourrait bien aller dans le même sens mais attention au risque de parallélisme porteur de dissonance cognitive et quiproquos potentiels lourds de conséquences.
On peut enfin se demander si la consultation des différents échelons territoriaux à compétence culturelle (tout au moins leurs instances) n’aurait pas été un meilleur moyen de gagner du temps, notamment si on veut aborder sereinement la « clarification de l’action de l’Etat à travers ses dispositifs de financement et ses réseaux ». En effet, refonder le partenariat avec les collectivités territoriales et les professionnels avec des « Conférences du Spectacle vivant » à l’échelon régional peut sembler insuffisant pour aboutir rapidement à cette clarification. Mais dans cette affaire le ministère de ne pèche pas par excès de prudence, la méthode choisie a permis de désamorcer une situation très tendue et de préparer la phase suivante avec les collectivités. La Région étant l’échelon qui vise à jouer un rôle de coordination de plus en plus important, il est utile d’être au clair sur ce niveau avant d’entrer dans le détail des nombreuses problématiques liées au financements croisés. Espérons notamment que ceci soit débattu sur le fond lors du colloque « Culture, politique et politique culturelle » qui sera bientôt annoncé dans le cadre de l’année du cinquantenaire du ministère. En tout état de cause, espérons au moins que ce sera le moment pour enfin nous expliquer ce qui est véritablement en jeu, en cours et en devenir.
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