Peut-être que cette information sera passée inaperçue cet été dans le flot des actualités pour le moins agitées de l’été mais Arts Council of England a publié son rapport d’activité annuel et nous offre un nouvel exemple de gouvernance à étudier de près au regard du contexte des importantes coupes budgétaires que connaît la Grande-Bretagne depuis l’arrivée de David Cameron au 10 Downing street et de Jeremy Hunt à la tête de la politique culturelle de l’Angleterre.
Retour donc sur une année charnière pour l’évolution de l’institution. En effet, depuis la crise financière, économique et sociale qui a touché de plein fouet la Grande-Bretagne, beaucoup ne donnaient pas cher de l’avenir de la politique culturelle publique dont Arts Council of England est la cheville ouvrière pour les domaines artistiques.
Très concrètement, que nous dit le rapport ?
- efficience : réduction du fonctionnement réduction des coûts de fonctionnement de l’administration de 15% ayant permis de gérer une réduction budgétaire de 23 millions de livres (notons que le coût de fonctionnement de ACE est désormais proche de 20% de son budget total) ;
- soutenabilité : les programmes de soutien à la création ont mieux résisté cette année à la récession (contrairement à plusieurs institutions culturelles britanniques) et ont été redéployés dans une stratégie culturelle élaborée pour la prochaine décennie ;
- évaluation : toutes les bourses, subventions et accords financiers ont été revus et modernisés et une nouveau cadre méthodologique d’auto-évaluation des acteurs artistiques a été mise en place afin de mesurer l’efficacité de l’ensemble des collaborations entre l’institution et les autres organisations du secteur ;
- investissement : beaucoup de fonds publics et privés ont été investis pour le soutien et la promotion des arts au meilleur niveau possible et cela va continuer car il est prioritaire de ne pas renoncer au rôle et aux ambitions des les arts au sein de la société civile. Deux des principales mesures mises en place depuis l’arrivée de Jeremy Hunt (le contact direct de tous les mécènes du pays et la tentative de ramener la contribution de la loterie nationale à un niveau jamais atteint depuis 1994) sont particulièrement encourageantes pour l’avenir du secteur.
A cela vient s’ajouter l’excellent et tout récent chiffre de l’impact économique des musées, galeries et centres d’art (chiffre dont la mesure reste en réalité délicate) qui grâce à leur fréquentation auront rapporté un peu plus d’un milliard de livres à l’économie du pays et on serait tenté de considérer que la crise est en train de s’éloigner. On en est hélas encore loin mais il est clair que Arts Council of England donne un signe fort en matière d’efficacité. N’oublions pas que ce n’est pas à n’importe quel prix et que certains domaines subventionnés ont particulièrement souffert (malgré une forte pratique du partenariat avec le privé) et que les coupes budgétaires annoncées vont à nouveau conduire de profonds changements.
Le système culturel britannique est coutumier de cette question du changement, a toujours été dans une dynamique d’évolution et, détail non négligeable, la politique culturelle est souvent débattue dans les médias pour témoigner constamment de ce qui est une question profondément sociétale et elle va continuer de l’être car nos voisins d’outre-Manche ont une réelle culture du débat.
Pour consulter le rapport, cliquez ici ou bien téléchargez-le directement dans notre box Ressources.
Philippe Gimet
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