La nouvelle nous est parvenue cet après-midi, Frédéric Mitterrand va rester le locataire de la rue de Valois au sein du nouveau gouvernement Fillon suite au remaniement qui va être dévoilé ce soir par le Secrétaire Général de l’Elysée. Du coup, il est important de se pencher en détail sur le texte publié début septembre qui posait le cadre de ce que tous les commentateurs (et le ministre lui-même) ont qualifié de « révolution copernicienne ».
Vous trouverez un exemplaire de ce fameux texte dans notre box Ressources .
Créé par André Malraux avec l’objectif de démocratiser la culture (les fameuses mais dépassées maisons de la Culture), cette exception française qui a été copiée depuis, a mué. Devenue la maison des artistes sous l’ère Lang, elle est désormais celle des industries culturelles et créatives et Frédéric Mitterrand l’assume sans ambiguïté. Sa mission prioritaire est désormais « d’accompagner les mutations considérables que connaîtra la création artistique avec l’essort du numérique et le poids grandissant du marché ». Tout est dit avec ces deux mots « numérique » et « marché ». La culture n’est plus simplement ce supplément d’âme dans un monde de chiffres, mais un secteur d’activité économique à part entière. Ce n’est pas un scoop, loin de là. Nous reviendrons en détail sur cette nouvelle ère qui s’annonce car si ce texte que nous qualifierons de « fondateur » constitue une nouvelle doctrine en matière de politiques culturelles, il se garde bien de ne pas traduire (pour le moment) le changement de logiciel qui est en train de s’opérer et qui se prépare depuis de longs mois. Moralité, c’est une nouvelle guerre de tranchées qui a déjà commencé durant laquelle chacun s’efforcera de ne proposer aucune solution d’avenir, trop occupé à mener le combat sur le terrain idéologique. Nous en voulons pour preuve la réaction des sections CGT-CFDT-FSU (Drac Stap Pays de Loire) du 11 octobre dernier : « Au delà d’un contexte social tendu qui ne facilite pas les rencontres, un certain nombre d’éléments amènent et inclinent l’intersyndicale Drac/Stap des Pays de la Loire (CGT,CFDT, FSU) à ne pas souhaiter rencontrer malgré leur proposition, le secrétaire général du ministère et des membres du cabinet ce vendredi 15 octobre lors de leur venue en Drac des Pays de la Loire .
En premier lieu sur le plan social, peut-on continuer à entretenir dans ce ministère, que ce soit à l’échelon central ou local, un dialogue social en trompe l’il cumulant arguments technocratiques abscons, propos démagogiques et parole apaisante, le tout sans perspective et sans objectif.
Ensuite sur la plan culturel, comment comprendre que soit mis en avant le nouveau concept de «la culture pour chacun » en lieu et place de la culture pour tous, ce qui loin de prôner une démocratisation culturelle, fondement du Ministère depuis Malraux, le situe dans l’ère du temps où toutes les cultures se valent, chacun devant recevoir ce à quoi son appartenance sociale ou communautaire lui donnera droit, l’exigence culturelle étant maintenant assimilée à de l’intimidation sociale.
Et enfin, sur un plan général, il y a la réforme de l’ Etat, RGPP1 et RGPP2, et sans doute RGPP3 qui, loin de situer l’agent et encore moins l’usager au cur des réformes de l’Etat, n’ est qu’une entreprise idéologique de démantèlement et à terme de délabrement du service public relayée au niveau local sans états d’âme.
Dans ce contexte synthétiquement dressé, les représentants du personnel ne veulent plus participer au jeu de dupe d’un pseudo échange avec des représentants ministériels qui, oin de n’être que des exécutants, vont jusqu’à justifier avec zèle les termes d’une politique sans âme. »
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