Les interventions de Raoul Marek sont basées sur l’interactivité, la participation du public, l’échange et le partage. Tout ce qui est susceptible de donner vie á l’œuvre et engendrer des nouvelles pratiques sociales et culturelles.
Dans cette perspective le contexte est le ferment même de sa création. A chaque lieu une réponse spécifique. Comme Marek le souligne lui-même : « chaque projet requiert une forme nouvelle et adaptée », pas un objet stéréotypé. Aucun moyen plastique, aucun outil visuel, n’est a priori exclu de sa démarche artistique qui s’inscrit dans une variété de lieux avec la même intensité et la même singularité. L’objectif poursuivi étant que l’œuvre y prenne place dans une rencontre unique et complice avec son environnement Ainsi en est-il de ses projets de commandes publiques à l´université de Berne en 1986 et à l’hôpital de Sierre (Suisse) en 1996, ou encore en France, à Oiron (1993) et au Lavoir de Phlin (2001). La perception étant par ailleurs une donnée importante que Raoul Marek entend dans une dimension très large, la mise en jeu de tous les sens, et témoigne d’un certain conditionnement lié au contexte et de la relativité des réalités culturelles. Mais, pour autant, ceci n’aboutit pas au constat stérile d’une réalité figée mais forme au contraire les bases d’une démarche ouverte à travers la construction de liens et de réseaux d’échanges qui est l’autre volet important de l’oeuvre de Raoul Marek, à l’exemple de son projet La Salle du Monde débutée à Oiron (France) en 1993. Cette œuvre qui s’est construite dans un processus de dialogues et de concertations avec les habitants est une invitation à partager un rituel en commun lequel se perpétue jusqu’à ce jour c’est à dire depuis plus de 18 ans.
150 habitants du village de Oiron participent à un banquet annuel utilisant un service de table personnalisé conçu spécialement à leur intention par Raoul Marek. Il comprend 150 assiettes en porcelaine décorées chacune à l’effigie d’un des habitants (esquisse de la silhouette du visage), autant de couverts et de verres portant leurs initiales et des serviettes avec l’empreinte de la main de chacun des convives.
Le reste de l’année, le service de table, sous forme de galerie de portraits, est remisé dans une salle du château de Oiron, devenu un lieu d’exposition, accessibles aux publics.
Un projet similaire quoique différent a été conduit par Raoul Marek dans la ville de Berne (Suisse) en 2004. Depuis, des liens se sont noués entre cette « communauté de hasard » et les habitants du village de Oiron. Ainsi l’oeuvre répond à une double démarche: former des liens entre les habitants mais aussi ouvrir ceux-ci à d’autres contacts extérieurs et échanger entre cultures différentes, dans l’idée de la continuité d’un réseau.
Cette démarche est aussi le fil conducteur d’un autre projet de réseau qui a débuté en France (Ecole Mallarmé, 2010) Pendant plusieurs mois Raoul Marek a élaboré ce projet avec des élèves de 10-12 ans, de quatre établissements scolaires de la région Ile-de-France. Il consiste à mettre en relation les élèves de ces établissements très différenciés autour d’un projet artistique.
Basée sur la thèse de Raoul Marek : le symbolisme de la couleur est propre à l’imaginaire de l’enfant mais varie aussi en fonction de l’appartenance culturelle, de l’âge, de la condition sociale et de la sensibilité propre de l’enfant; témoignant, par conséquent, à la fois de la culture de l’endroit et de la personnalité de chacun des individus.
Chaque élève réalise un tableau monochrome, avec la couleur de son choix, affirmant ainsi sa propre spécificité. Ce tableau est ensuite envoyé à un enfant d’un autre établissement. L’addition de ces tableaux reçus donne lieu dans chaque école à une composition collective. Basé sur le principe « donner et recevoir » se crée ainsi un réseau invitant chaque participant à la découverte de l’autre dans son individualité et sa spécificité culturelle. L’étape ultime de ce travail est la présentation artistique de tous les projets, fruit de ces échanges, en un lieu public, par exemple un centre d’art ou un musée qui devient alors le lieu de rencontre entre l’oeuvre, les enfants et les parents.
Raoul Marek est né en 1953 au Canada, de parents Tchèque et Suisse. Il a grandi en Suisse et partage aujourd’hui sa vie entre Berlin et Paris.
Du 11 décembre 2010 au 12 février 2011 aura lieu l’exposition: « Vivre ou mourir », une installation de Raoul Marek à la Galerieofmarseille (www.galerieofmarseille.com) – 8 rue du Chevalier Rozen – 13002 Marseille
Photo d’illustration : Round Table – Monument pour la Liberté et la Démocratie – proposition de Raoul Marek dans le cadre d’un concours à Berlin en 2009.
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Source : Art public, premier portail europeen sur l’art public.
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