Le Centre National de la Musique est né fin janvier, c’est désormais officiel, et on ne peut pas dire que cela ait vraiment fait débat, comme si le consensus était unanime ou presque. Voici donc venu le guichet unique que tout le monde attendait, regroupant la quasi totalité des institutions musicales françaises. Quarante et un signataires (labels, éditeurs et producteurs de spectacles) qui ont négocié fermement son périmètre pour s’assurer de recevoir autant qu’il donne dans ce grand pot commun calqué sur le modèle du CNC. Même les petits labels se sont réjouis d’être enfin pris en compte ! Pourtant des tensions s’expriment déjà vertement entre les producteurs de disques (SNEP) et ceux de concerts (PRODISS) mais aussi dans le domaine du spectacle vivant dont les représentants se montrent particulièrement mécontents et inquiets.
Peu concerné par cet accord, le spectacle vivant exprime ses craintes de voir la démarche du CNM préfigurer le démantèlement du ministère de la Culture et de la Communication et par voie de conséquence une dérégulation du secteur. Le SYNDEAC (qui représente les scènes nationales de danse et de théâtre) voit ainsi poindre l’arrivée des agences sur le modèle pratiqué en Grande-Bretagne, alors que le spectacle vivant (mais aussi au fond le ministère) a besoin d’une réforme profonde de son organisation pour espérer poursuivre ses missions. Un centre national du spectacle vivant et des scènes labelisées verra-t-il le jour ? A l’heure où les arguments électoraux s’aiguisent, quel chemin prendre ? Quel projet de société par, pour et avec le secteur culturel ?
En tirant une nouvelle fois la sonnette d’alarme, le SYNDEAC pourrait bien se trouver malgré lui pris dans un mouvement de réformes structurelles du secteur face auxquelles il faudra être en mesure de proposer une alternative cette fois-ci crédible. Fini le temps de la reproblématisation qui fait ronronner tout le monde ou presque depuis deux décennies. On dit souvent que c’est dans les les situations de crise que nous sommes les plus créatifs (pour le meilleur comme pour le pire d’ailleurs), et bien nous sommes désormais quasiment au pied du mur. A chacun de prendre ses responsabilités pour moderniser et pérenniser notre politique culturelle et ses secteurs.
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