Croire comprendre est un état bien dangereux – Paul Valéry.
Toute l’appréciation d’une situation, tant politique, professionnelle que personnelle provient de la distinction entre les concepts de « comprendre » et de « croire comprendre »…
Celui qui comprend est celui qui peut saisir l’ensemble (cum et prehende, en latin), celui qui sait sage de prendre une distance, celui qui sait, parce qu’il recherche l’ensemble, qu’il doit prendre un pas de recul afin d’admirer la perspective, l’ensemble du panorama, afin de le saisir, de le comprendre.
La vue d’ensemble d’une situation permet d’apprécier chaque détail et lui donnant sa juste place. Sans excès. Sans insuffisance. La juste place (dans l’ensemble) est celle de l’équilibre, celle où les pièces prennent sens et donnent un sens.
À l’opposé, celui qui croit comprendre regarde les pièces pêle-mêle, sans savoir ou sans pouvoir apprécier le fait que les pièces composent un camion, un édicule ou un arbre. La personne qui croit comprendre se demande sans cesse « comment » arranger les pièces sans égard à la finalité de l’ensemble, qui lui est étrangère.
La personne qui comprend sait « pourquoi » les pièces s’agencent, elle peut apprécier la finalité du projet et ainsi le réaliser. Sans comprendre, sans la capacité à saisir l’ensemble, la personne qui croit comprendre ne saura jamais si son projet est en cours ou s’il est surachevé. La personne qui croit comprendre ne comprend pas.
La distinction entre « croire comprendre » et « comprendre » est la même que celle qui existe entre le technicien de l’art et l’artiste. Le premier sait « comment faire », le second sait, en plus, « pourquoi faire »…
Ceux qui comprennent donnent du sens au monde et le rendent plus beau…
Chercher à comprendre, c’est commencer à désobéir – Jean-Michel Wyl.
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