L’élection pour le nouveau mandat de directeur général de l’Unesco approche sans faire grand bruit, hélas.
Il est vrai que cette fois-ci, contrairement à la campagne de 2009, il n’y a pas de candidat controversé qui suscite inquiétudes et craintes quant au devenir d’une des plus importantes institutions internationales et des grands équilibres qui la composent.
Mais faut-il pour autant se réjouir de cette situation en apparence calme et tranquille ? Faut-il systématiquement une polémique pour que les grands médias se penchent sur l’Unesco ? Pire encore, faut-il qu’une crise la menace pour que l’Unesco, les délégations et leurs gouvernements respectifs réagissent ?
Evidemment quand il s’agit d’une institution internationale, la diplomatie est de rigueur, mais c’est aussi le cas à l’Unesco peut-être encore plus qu’ailleurs. Quel paradoxe… : lorsqu’il s’agit de culture, de diversité culturelle, de dialogue entre les cultures, d’éducation, de patrimoine, etc. ont pourrait à priori penser qu’il est plus facile de s’accorder entre nations que lorsqu’il s’agit de négocier des grands accords commerciaux ou de décider d’une sanction envers un pays qui flirte ou franchit une ligne rouge de nos grands principes ou accords régissant la gouvernance mondiale.
Faut-il vraiment réformer l’Unesco ?
La question mérite d’être posée car si l’élection de Madame Irina Brokova permettait de nombreux espoirs, elle n’en comportait pas moins une importante assurance : celle de voir l’establishment conforté, le système préservé sans vagues, sans réforme profonde.
Après tout, une telle institution a démontré qu’elle pouvait résister à peu près à tout, ou presque. Alors pourquoi réformer plutôt que d’évoluer en douceur ?
C’était hélas compter sans le retrait de la contribution financière pourtant vitale des Etats-Unis, sans une crise financière comme on pensait ne plus en revoir et sans une géopolitique qui s’affole.
2011 aura été une année noire pour l’Unesco, et ce n’est pas une contribution exceptionnelle du Qatar qui suffira à aller au-delà de 2012 sans ne rien réformer en profondeur. Evidemment, on ne parlera pas en 2013, ou du moins avant l’élection, de la crise encore plus profonde que s’apprête à traverser l’Unesco si un changement fort n’est pas opéré.
Il y a toutes les raisons de s’inquiéter du devenir de l’Unesco mais ce n’est pas un candidat qui le dit en incarnant le changement, c’est la situation même dans laquelle se trouve l’Unesco qui l’exige.
Lorsqu’on évoque l’Unesco, la grande question évoquée depuis toujours ou presque est de savoir comment améliorer le fonctionnement, la gouvernance et la gestion de l’Unesco pour que l’institution puisse être plus visible, plus écoutée, plus respectée, plus présente et plus efficace sur le terrain.
Or, la seule question qui se pose désormais, et qui va occulter toutes les autres, est de savoir quel plan de restructuration, de réorganisation et de réduction des dépenses faut-il mettre en œuvre pour que l’Unesco survive à la profonde crise dans laquelle elle se trouve depuis 2011. Aucun candidat n’aurait intérêt à éluder la question, au contraire.
Pour le moment, c’est un audit de la Cour des comptes qui fournit les clés pour comprendre ET trouver des solutions pour tenter de résoudre cette crise. Cet audit, quasi introuvable (et pour cause) sera l’objet d’un prochain billet et plus largement, d’une série d’articles à propos de l’élection à venir.
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