Nous l’évoquions précédemment : l’élection pour le nouveau mandat de directeur général de l’Unesco approche dans un silence impressionnant et une indifférence quasi générale. Aucun débat porté à ce stade sur la place publique, aucun relai dans les médias ou presque.
Pourtant, une question majeure se pose : quel plan de restructuration, de réorganisation et de réduction des dépenses faut-il mettre en œuvre pour que l’Unesco survive à la profonde crise dans laquelle elle se trouve depuis 2011 ?
C’est un audit de la Cour des comptes qui fournit les clés pour comprendre ET trouver des solutions pour tenter de résoudre cette crise. Cet audit, quasi introuvable (et pour cause), dresse un diagnostic sans appel : il y a urgence.
Urgence dans la prise en compte de la réalité de la situation dans laquelle se trouve l’Institution, urgence dans la nécessité de prendre des mesures qui permettent de réformer en profondeur un fonctionnement, une organisation et une gestion qui ne sont tout simplement plus soutenables, urgence dans l’exécution de ces mesures pour que l’Unesco se modernise, se projette autrement dans l’avenir et ne coure plus à sa perte au plan financier, politique et éthique.
Impossible de continuer à se voiler la face, la fuite en avant n’est plus possible, le point de non-retour est atteint.
Il appartient désormais aux candidats en lice de prendre des engagements très clairs qui ne pourront pas faire l’économie de prendre en considération ce que dit la Cour des Comptes.
Prenons d’abord connaissance des recommandations. Inutile de savoir lire entre les lignes pour comprendre que chaque mot est pesé et est lourd de conséquences.
- Recommandation n°1 : L’auditeur externe recommande de n’engager aucune réforme sans avoir au préalable formulé explicitement la stratégie dans laquelle elle s’inscrit, les objectifs précis (et non pas génériques) recherchés, les échéanciers à respecter, et sans avoir établi un système d’indicateurs qualitatifs et/ou quantitatifs vérifiables propres à permettre le suivi de l’avancement des réformes envisagées
- Recommandation n° 2 : Rassembler de façon rationnelle, stratégique et cohérente l’ensemble des travaux de réflexion en vue de la réforme de l’Organisation depuis 2010, afin d’élargir l’ambition de la « feuille de route » au-delà de la seule exécution du 36C/5, et lui associer des plans d’actions précis, et des échéanciers
- Recommandation n° 3 : L’auditeur externe recommande très vivement de rationaliser les multiples groupes de travail œuvrant sur les différents aspects des réformes, de donner à chacun un cahier des charges et une gouvernance claire, de coordonner leur travaux et leurs calendriers, charge au directeur général adjoint de piloter l’ensemble de ces activités et d’en rendre compte, pour arbitrages éventuels, à la directrice générale, seule appelée à rendre compte de la gestion de l’Organisation aux organes dirigeants
- Recommandation n° 4 : Plus encore que dans tout autre domaines de la gestion courante de l’Organisation, l’auditeur externe recommande d’accompagner tout projet, et toute mesure individuelle, relatifs à la gestion du personnel (séparation individuelle, gel, suppression, transformation de postes) d’une étude précise d’impact, opérationnelle et économique, à court, moyen et long termes
- Recommandation n° 5 : L’auditeur externe recommande de ne plus retarder la mise au point et la mise en œuvre d’un plan global de redéploiement structurel des personnels. L’impact économique potentiel comme la sensibilité sociale d’un tel projet sont autant de raisons supplémentaires pour que la direction générale mette en place une gouvernance et une méthodologie de conduite du changement maîtrisée, efficiente et transparente
- Recommandation n° 6 : Mettre en place des outils d’évaluation précise des mesures et de suivi de la réalisation des objectifs qualitatifs et quantitatifs, pour chaque champ d’application et de recommandations du dispositif TASCO
- Recommandation n° 7 : Améliorer la traçabilité des décisions en documentant en détail les décisions et avis relatifs à la réorganisation des secteurs et services, de manière à disposer des éléments historiques utiles à l’évaluation des mesures envisagées et de leurs suites
- Recommandation n° 8 : Il est fortement recommandé d’améliorer les outils d’évaluation et de préparation des décisions de réorganisation des structures : il convient notamment d’établir, pour chaque unité concernée, un tableau faisant apparaître les réductions de coûts attendues en termes de personnel et de fonctionnement, et d’étendre cette analyse à l’ensemble de l’Organisation afin d’éliminer les fausses économies résultant de simples transferts internes de charges. Ces documents doivent être systématiquement actualisés lors de chaque mise à jour des plans de travail afin de disposer d’éléments exhaustifs et objectivés d’analyse, d’alerte et d’aide à la décision
- Recommandation n° 9 : S’agissant d’une réforme d’envergure et particulièrement structurante, la révision du dispositif hors-siège en général et plus particulièrement en Afrique devrait faire l’objet d’un arbitrage financier plus clair, cohérent avec la haute priorité qui lui est attribuée dans la stratégie de l’UNESCO et propre à garantir le succès du projet dans les délais fixés
- Recommandation n° 10 : Compte tenu de la durée nécessairement limitée du dispositif du fonds d’urgence, l’auditeur externe recommande de bannir strictement, sans exceptions, le financement par ce fonds de dépenses de fonctionnement récurrentes
Dans le prochain article : la feuille de route préconisée par le rapport.
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