L’hypothèse des JO 2024 ET de l’exposition universelle 2025 à Paris fait de plus en plus sens et il est difficile d’imaginer de perspective porteuse d’un meilleur avenir pour la petite décennie qui nous en sépare.
On le sait depuis peu, il n’est plus question de choisir l’une ou l’autre des manifestations, il faut obtenir les deux et grâce à la dynamique qu’elles peuvent créer, il faut faire en sorte que Paris se projette sur les 50 prochaines années, ce dont la ville a cruellement besoin.
Dans ces conditions, comment ne pas imaginer profiter de ce formidable « alignement de planètes » pour faire que Paris prenne un temps d’avance dans tous les domaines ? Facile à dire. Mais comment ne pas imaginer d’en profiter pour tourner le dos à des pratiques, des processus et des modèles organisationnels d’un autre siècle ?
Ce ne sont pas les chiffres vertigineux (23 milliards d’euros de retombées pour l’exposition universelle et faire au moins aussi bien que les 14,5 milliards d’euros des JO Londres) qui doivent motiver ce type d’initiative. Ils en sont la conséquence, le résultat, si l’immense volume de travail à accomplir est parfaitement pensé, organisé et réalisé.
Ces très grands événements sont des accélérateurs dans la valorisation des territoires qui engendrent des mutations profondes sur le cadre de vie et sur le vivre ensemble mais les bénéfices attendus peuvent s’avérer de dangereuses chimères après lesquelles nos politiques ont tendance à courir un peu trop vite, principalement parce que les modèles d’organisation et de gouvernance datent toujours du XXème siècle.
En effet, comme cela arrive bien trop souvent dans l’organisation de ces grandes manifestations, un temps précieux (plusieurs années) est perdu et n’est pas mis à profit pour mettre en œuvre une planification stratégique et opérationnelle bien plus pertinentes que celles qui sont généralement faites dans les 2 années qui précèdent l’événement où tout le monde se réveille en faisant mine que tout cela est parfaitement normal et sous contrôle.
Le risque se situe aussi dans ce que Jean-Jacques Gouguet et Jean-François BROCARD évoquent dans un article paru dans Futuribles en 2014 : « … l’accueil de grands événements sportifs ne contribue pas nécessairement à l’amélioration du bien-être des pays concernés. La décision d’accueil n’est pas toujours prise de façon démocratique, mais le plus souvent par les parties prenantes qui ont des intérêts dans l’événement ».
De la décision d’accueil jusqu’à la passation des marchés et au suivi de leur exécution, ce risque est permanent et là encore on ne parle jamais suffisamment du caractère vital de la clarté et de l’efficacité dans la planification stratégique et opérationnelle. C’est un modèle ultra performant qui doit être mis en place et les cultures organisationnelles d’un pays à l’autre contiennent un ADN bien différent.
En l’occurrence, que dit l’ADN de l’organisation à la française ? Il est vertical et autocrate. Plus il y a de complexité et d’enjeux, plus il y a de verticalité et d’autocratie ; elles s’ajoutent les unes aux autres ce qui multiplie les risques de dérapages en tout genre, de temps et d’argent perdus.
Quoi de mieux donc pour Paris que de prendre le taureau par les cornes en refusant de reproduire le modèle et les erreurs habituelles ?
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