Résumons l’épisode précédent. 3 ministres, ceux de la Culture, de l’agriculture et de l’agroalimentaire, embarrassés de choisir entre 5 dossiers de villes concurrentes : Beaune, Dijon, Lyon, Paris-Rungis, Tours, décident en première phase début 2013…de ne rien décider et désignent plusieurs lauréats pour la Cité de la Gastronomie…en inventant le concept curieux, abscons et dispendieux de réseau des Cités de la Gastronomie.
Néanmoins, ils semblent éliminer deux des 5 impétrants, Beaune d’une part qui, parmi les 5, est la seule ville de droite (qui plus est pouvant faire de l’ombre au dossier de la capitale bourguignonne, sa voisine) et Lyon, d’autre part, dirigée par un « baron » du PS, qui a rendu un dossier indigent (avec 2 à 4 fois moins de budget d’investissement que les autres), croyant que sa ville était « hors compétition ».
J’avais salué sur ce même blog par un article en début d’année, ce début de « lucidité ». Mais on apprend, deuxième épisode et dénouement, le 19 juin 2013, par un communiqué commun des 3 ministres, que Lyon est « repêchée » contre toute attente, résultats d’un lobbying éhonté du maire de Lyon, qui non content de traiter publiquement le responsable de la mission pour le repas gastronomique des français, M Pitte, de tous les « noms d’oiseau », se répand urbi et orbi dans la presse pour dire tout le mal qu’il pense de cette décision et pour affirmer que quoiqu’il arrive la Cité de la gastronomie à Lyon se fera.
Pourtant, le dossier présenté est le même, avec son petit investissement de 18 Millions d’euros (pour comparaison, Bordeaux met le triple dans sa cité des civilisations du vin), dont 3 du partenaire privé Eiffage, dans le prestigieux Hôtel dieu (signant au passage la mort du premier projet de musée de la santé et de la médecine auquel Gérard Collomb n’a jamais cru). Craignant la colère de l’élu de la capitale des gaules, qui pourrait se répandre en haut lieu, les courageux ministres susvisés décident de choisir Lyon sur « la thématique « nutrition et santé »…qui…prendra une place prépondérante dans les politiques de développement engagées par la Cité de la Gastronomie de Lyon, au sein de l’Hôtel dieu » (in communiqué de presse du 19 juin 2013).
Devant une telle incompétence et désinvolture de la part de l’Etat, on en oublierait même que « gouverner, c’est choisir » et non pas céder aux caprices des grands élus locaux. Par ailleurs, les autres maires retenus semblent tous cautionner le dispositif et M Pitte désavoué (avant peut être d’être « dégradé/démissionné » sait-on jamais, pour avoir osé défier Gérard Collomb), ne dit mot.
En forme de pirouette à cette fable, je suggère désormais au député-maire de Beaune, M. Suguenot, le seul « recalé » de ce réseau, de réclamer sa réintégration dans cette « brochette de Cités de la Gastronomie », projet quadruplement coûteux en ces temps de crise (dont je vous laisse imaginer ce que doivent en penser nos amis étrangers, quant aux méthodes de gouvernance « transparentes » à la française) !!!
Jean-Michel Puydebat*
Du même auteur :
*Jean-Michel Puydebat est consultant spécialisé en management de la culture et du tourisme, directeur de PV2D, président du réseau de consultants CPIP et membre de CEG.
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