
Vous vous souvenez peut-être que cette année s’est tenu en marge du SIMESITEM, le premier Forum International des Musées Futurs, au Carrousel du Louvre du 27 au 29 janvier 2009. Ce rendez-vous jusqu’alors incontournable des professionnels du secteur culturel, des équipements culturels et plus particulièrement des musées, a proposé pour cette édition 2009 une formule combinant le SITEM traditionnel à ce nouvel événement. Le programme du FIMF était alléchant puisqu’il s’agissait d’échanger et de débattre sur les besoins futurs de cinq grands projets de nouveaux musées : le Centre Pompidou à Metz, Confluences à Lyon, Le Louvre-Lens, le Mucem de Marseille et le musée Soulages à Rodez.
Ce fut une déception et ce pour plusieurs raisons. D’abord deux raisons purement factuelles : le prix faramineux pour accéder au FIMF et la très faible fréquentation qui a contraint les organisateurs à laisser l’entrée libre au second jour. Mais Il faut dire aussi que la grève générale du 29 janvier aura sûrement créé des difficultés par anticipation et cela n’a certes pas arrangé les choses.
Dans la mesure où le public cible est avant tout professionnel, le coût d’accès à un tel événement aurait dû être contrebalancé par une réelle utilité à découvrir en profondeur ces projets au regard des réalités et des évolutions du secteur. Ces derniers étant déjà connus et ayant déjà fait l’objet d’annonces, de reportages et de communications, le faible nombre de participants a créé une frustration qui fut bien difficile à occulter : peu de densité dans les débats, peu de rencontres.
Deux raisons de fond viennent également selon nous s’ajouter à ce bilan en demi-teinte.
La première est que les projets de musées présentés comme les musées futurs constituent un panel trop petit qui n’a pas été élargi pendant les conférences et les débats. Le Forum aurait pu traiter les positionnements, les politiques des publics et des collections, les modèles économiques, les stratégies de marketing et de fidélisation, la place des TIC et du multimédia, de la soutenabilité, des ressources locales, des formes de gouvenances, des partenariats, des recettes annexes, des relations au territoire et aux autres secteurs contributeurs…ne serait-ce qu’à titre comparatif, d’une bonne vingtaine de projets témoins emblématiques de l’avenir des musées dans le monde.
La seconde est que le thème « les musées futurs » constitue également une intéressante manière d’interroger le futur des musées, d’autant que, comme nous le rappellerons dans le deuxième volet à venir de ce post, les musées futurs ne sont pas que des gestes architecturaux futuristes, modernes ou contemporains, loin de là. Mais ce futur ne fut pas débattu. En tout cas nous pouvons espérer que la seconde édition du FIMF annoncée du 26 au 28 janvier 2010, avec le SimeSitem, également au Carrousel du Louvre à Paris, sera l’occasion d’aller plus en profondeur sur un sujet qui est hautement stratégique : « A la recherche des publics » et son sous-titre, « culture en ville et attrait touristique ». Avec un tel sujet, on ne peut que vouloir en être.
Heureusement, Batiactu a proposé quelques compléments le 18 août dernier, interrogeant Jean-François Grunfeld, le commissaire du Forum. On y apprend que les rencontres ont permis de dégager plusieurs tendances : ces institutions ont un véritable impact sur le développement local que ce soit sur le plan économique que sur l’attraction et la valorisation d’une ville, d’une région… «Mais cela peut dépasser le simple plan territorial puisqu’aujourd’hui les musées visent l’échelle nationale voire internationale», explique Jean-François Grunfeld, commissaire du Forum.
Ce constat se confirme un peu partout dans le monde. Que ce soit le musée du Louvre d’Abou Dhabi, le Guggenheim de Vilnius en Lituanie… Tous veulent se distinguer et tirer leur épingle du jeu. Pour cela, ils n’hésitent pas à faire appel à ceux que l’on surnomme les «Starchitectes» pour imaginer leur enveloppe. «Chacun de ces musées cherchent à s’exprimer et à se démarquer autant, si ce n’est pas plus, par leur architecture que par leurs collections», précise le commissaire du Forum.
Batiactu rappelle que si ce phénomène n’est pas nouveau, il a tendance à s’accélérer ces derniers temps, notamment avec les projets fous du Moyen-Orient.
Toutefois, les clés de la réussite d’un musée restent les mêmes avec, en tête de liste, «une belle collection et la capacité de ses responsables à la faire vivre», tient à rappeler Jean-François Grunfeld. Mais qu’en est-il alors de l’avenir des musées ?
Si la gratuité pour les moins de 26 ans vient d’être annoncée par le gouvernement français, pour Jean-François Grunfeld, cette mesure doit faire partie d’un programme complet.
Concernant l’évolution physique des bâtiments, l’informatique qui a envahi les salles depuis plusieurs années déjà, a transformé le visage des musées. Images, écrans, interactivité font désormais partie intégrante des sites. Autre grand changement : les services au public. Boutiques, restaurants, librairies… se multiplient dans les enceintes culturelles. «Aujourd’hui, l’obsession des musées, c’est de savoir comment augmenter, séduire et garder le public. C’est pourquoi ils doivent être en permanence en capacité de production. On est entré dans ce que l’on appelle l’économie culturelle», conclut Jean-François Grunfeld.
L’entretien s’arrête là et nous laisse vraiment sur notre faim (pour ceux qui connaissent Jean-François Grunfeld, on aurait pu s’attendre à ce qu’il soit plus prolixe).
Batiactu termine son dossier en présentant avec une série de dix musées représentatifs de ces nouvelles tendances, comme suit :
Louvre Abou Dhabi
L’agence NC Nathalie Crinière a remporté la conception du design du musée du Louvre, qui verra le jour sur une île d’Abou Dhabi en 2012. Dessiné par l’architecte Jean Nouvel, il abritera dans un premier temps des collections prêtées par le Louvre et d’autres musées publics français tels que le Château de Versailles ou le Musée Rodin
Guggenheim Vilnius
La fondation Guggenheim a dévoilé le 8 avril 2008 les plans de son septième musée. Il sera édifié sur 13.000 m2 à Vilnius, en Lituanie, d’après les plans de Zaha Hadid.

The yellow lost dog
The Yellow Lost Dog est une construction en forme de chien signée François Scali, qui abritera le futur musée de la ville Perdue et des cités Englouties de Shanghai.

Fondation Vuitton
La Fondation Louis Vuitton, projet présenté le 2 octobre 2006, prendra la forme d’un nuage de verre et s’étendra sur 4.300 mètres carrés. Plus de cinquante maquettes d’études réalisées par l’agence Gehry Partners, pour la première fois rassemblées, racontent la complexité de ce projet. La Fondation mise sur la transparence grâce à des ouvertures sur l’extérieur. Le bâtiment se cale sur l’environnement du bois de Boulogne.

Centre Pompidou Metz
Architectes : Shigeru Ban Architects associé à Jean de Gastines /Localisation : Metz, France / Désignation : Musée d’art moderne / Maître d’ouvrage : CA2M (Communauté d’agglomération de Metz métropole) / Conception : 2003-2005 / Réalisation : 2006-2008 / Budget : 35,5 millions d’euros
Description : La toiture est un tour de force sculptural. Sa structure est faite de six couches superposées de bois lamellé collé. Elle est ainsi constituée d’une série d’éléments modulaires hexagonaux dont le maillage permet de franchir des portées de 40 mètres et de faire de la toiture un élément autoportant qui repose sur quelques appuis seulement.
L’ensemble de la structure est en train d’être recouvert d’une membrane blanche en fibres de verre et téflon, qui assurera une étanchéité à l’eau.

Kunsthaus Graz am Landesmuseum Joanneum
Architecte : Spacelab Cook – Fournier GmbH / Localisation : Graz, Autriche / Désignation : musée d’art contemporain / Maître d’ouvrage: Ville de Graz/Kunsthaus Graz AG / Conception : 2000 / Réalisation : 2002-2003 / Budget : 40 millions d’euros
Description : La Kunsthaus dispose d’une géométrie biomorphique frappante et d’une peau bleue acrylique, établit un contraste délibéré avec le tissu de la ville inscrite au Patrimoine Mondial de l’Unesco.
La nouvelle structure est reliée par deux ponts à la Eiseneshaus, un bâtiment en fonte du 19ème siècle, rénové et transformé pour accueillir la boutique du musée, une médiathèque, l’administration et une galerie photos.

Musée des Confluences de Lyon
Architecte : Coop Himmelb(l)au / Localisation : Lyon, France / Désignation : Musée de sciences et de sociétés / Maître d’ouvrage : Département du Rhône
Conception : 2001-2002 / Réalisation : 2006-2009 / Budget : 152 millions d’euros
Description : L’idée de lier deux unités architecturales est engendrée par le site de construction, la confluence du Rhône et de la Saône, elle-même lieu de jonction. Zone d’accueil du public, le cristal qui s’élève du côté de la ville a été conçu comme un forum urbain. Sous ses 40 mètres de verrière, il offre à tous un nouveau lieu de rencontres et d’échanges. Le nuage, drapé d’une peau métallique, repose quant à lui sur trois supports de béton appuyés sur le socle. À l’intérieur s’imbriquent les espaces d’expositions, les auditoriums et les locaux administratifs.

The Corcoran Gallery of Art
Architecte : Franck O. Gehry / Localisation : Washington, Etats-Unis / Désignation : Musée d’art et école d’art / Maître d’ouvrage : The Corcoran Gallery of Art / Conception : 1999-2003 / Réalisation : suspendue / Budget : 170 millions de dollars américains (environ 131,5 millions d’euros)
Description : The Corcoran Gallery of Art est aujourd’hui constitué de bâtiments conçus par Ernest Flagg et Charles Platt, ouverts respectivement en 1897 et 1928. Ces espaces ne pouvant répondre efficacement à l’enrichissement des collections et à l’augmentation du nombre d’étudiants, pour une ultime extension. Un concours international met en avant la création d’une nouvelle entrée qui mène à l’atrium central, point de jonction entre l’ancien et le nouveau bâtiment. Aux galeries de format traditionnel s’ajoutent des espaces plus monumentaux, déployés à l’intérieur des trois volumes spectaculaires qui animent la nouvelle façade. Un second atrium a par ailleurs été construit.

Eyebeam
Architecte : Diller Scofidio + Renfro / Localisation : New York, Etats-Unis / Désignation : Musée d’art / Maître d’ouvrage : Eyebeam Museum of Art and Technology / Conception : 2001 / Réalisation : suspendue / Budget : 60 millions de dollars américains (environ 46,4 millions d’euros)
Description : La logique spatiale du bâtiment proposé se fonde sur un principe simple : un ruban flexible dessine les niveaux et répartit les différents espaces. Ce ruban ondule d’un côté à l’autre et suit un mouvement ascensionnel au départ de la rue. Le sol devient alors mur, redevient sol puis mur, etc. À chaque changement de direction, le ruban enveloppe alternativement un espace de production ou de présentation. L’union des programmes permet aussi la rencontre des publics, qu’ils soient résidents (étudiants, artistes et services) ou utilisateurs (visiteurs et spectateurs).
A venir, la deuxième partie de ce post.
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