En plein débat sur l’exception culturelle un rapport du British Council rappelle l’objectif de son intégration aux traités commerciaux et à la convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité culturelle : les biens et services culturels contiennent des valeurs, une identité et un sens qui vont au delà de toute considération commerciale. Ce rapport, qui a pour thématique la course au pouvoir d’influence au 21ème siècle (Culture and the race for soft power in the 21st century), présente la culture comme partie prenante des relations internationales. William Hague, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères précise que la politique étrangère n’est plus l’apanage des gouvernements mais de tous les individus.
La force des relations culturelles réside à la fois dans son but (une politique étrangère forte et un désir de véhiculer une image positive autour du monde) et ses ressources (un héritage unique, une idéologie, un langage, des atouts culturels, …). L’identité « British » est également au cœur de ce rapport. Nous sommes nombreux à avoir constaté des exemples d’échecs du multiculturalisme. Mais le rapport s’appuie sur le succès de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Autour d’un événement fédérateur, les citoyens ont pu constater « la richesse » et « la diversité » de leur pays. Mais c’est avant tout une fenêtre sur le reste du monde. Un moyen de rappeler que James Bond, Tim Berners-Lee – l’inventeur du World Wide Web – et M. Bean font tous partie du Royaume-Uni.
Le rapport propose également une typologie construite des relations culturelles internationales par pays :
- Pays importants avec une culture diffuse comme le Royaume-Uni ou la France. Les budgets relatifs à la culture sont en baisse, et notamment du fait des difficultés de mesurer l’impact de la culture.
- Pays importants avec un profil culturel émergent comme la Chine. L’expansion rapide des Instituts Confucius en est l’exemple type.
- Pays plus petits avec des profils culturels établis comme la Norvège ou le Portugal mais également la Thaïlande ou la Jamaïque qui bénéficient tous d’une aura internationale.
- Pays plus petits avec des profils culturels émergents. Ces cultures peuvent être fragiles face aux cultures dominantes et l’homogénéisation des effets de la culture commerciale étrangère.
L’internationalisation de la culture se justifie également par des raisons économiques. Celles-ci relèvent tout d’abord de principes utilitaristes : améliorer la compréhension entre cultures réduit les conflits, la culture engendre du tourisme et donc crée des emplois et des nouveaux revenus, les industries créatives ont de plus en plus d’importance économique, les relations culturelles favorisent la confiance et donc le commerce, … Les externalités sont tout aussi importantes puisqu’il est rappelé que les échanges culturels aident à innover, développent la coopération sociale et économique et favorisent l’émergence de sociétés dynamiques et ouvertes.
Des recommandations sont également proposées : les gouvernements doivent créer les conditions pour garantir l’échange entre individus, collaborer avec des entreprises pour encourager l’innovation et faire face à la baisse des fonds publics, faire autant attention aux problèmes intérieurs qu’extérieurs. Si Hu Jintao, ancien Président de la Chine atteste dans un essai que la culture internationale de l’Occident est forte alors que celle des chinois est faible, cela démontre que la culture reste un enjeu pour l’ensemble des pays et un outil de développement international.
Rebecca Amsellem*
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A propos de l’auteur
Rebecca Amsellem est doctorante à l’Université Paris I – Sorbonne en économie de la culture et vient de créer une entreprise dédiée à l’internationalisation des projets culturels. Française et canadienne, elle est diplômée de Sciences Po Toulouse en “Affaires internationales et stratégies d’entreprise” et de la Sorbonne en “économie et gestion des projets culturels”. 2010 à 2013, elle était chargée de mission au Forum d’Avignon, laboratoire d’idée à la culture et à l’économie où elle était notamment en charge du budget, des groupes de travail, de la communication, des publications et de la coordination générale de l’événement annuel.
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