Cultural Engineering Group

Services & Ressources en ingénierie culturelle

Managing Spontaneity : a conversation with the authors of Eventful Cities

An ART-idea* conversation with the authors of Eventful Cities, Greg Richards and Robert Palmer, took place in Barcelona on 17th April 2013. The event brought together a select group of experts and practitioners from across Europe to share and discuss ideas about the future of cities and events.

 Conversation-1-13

Eventful cities are constantly evolving in the face of emerging challenges, particularly the current economic crisis and major shifts in the social fabric of communities. The discussion identified a number of key issues, ranging from the understanding of multiple identities of cities, changing nature of city governance, increasing complexity of brokering relationships with increasingly diverse city stakeholders, and the need for new approaches when bidding for international events, to the limitations of current methodologies and the deliberate misrepresentation of results of event evaluations and impact studies.

A need was identified to move from economic based event indicators to a wider concept of public value. The value-led argument should no longer centre on economic benefits but rather incorporate a more sophisticated and multi-polar approach to assessing the value of the cultural events.

The final session of the conversation was dedicated to looking at the future challenges for cities and considered wider implications for events in cities. Several challenges were highlighted:

  • Increased demand by citizens to reclaim public space
  • Growing need amongst people to come together in mass events (what Greg Richards referred to as the “need for physical co-presence.”)
  • Rising disillusionment with mega events that exclude genuine citizen engagement
  • Proliferation of spontaneous events (that ignore rules of conventional event management as practiced traditionally by local authorities)
  • Growth in events that challenge the boundaries of authority and usual consumer behavior

Taken together, these trends point to significant challenges to the approach of cities when managing events. It will be increasingly complex to manage security by issuing permits –the flash mob disappears before the police arrive! The renewed demands from citizens for the right to utilize public space in “their” city will be increasingly difficult to ignore, persuading authorities to re-examine and embrace the demonstration of different expressions of public creativity. It may be that city authorities will need to find ways to allow citizens to design their own events, taking what Robert Palmer identified as a more “prosumptive” approach to participation that will require events facilitation rather thanmanagement. Managing spontaneity will demand a new set of skills.

The next Conversation will be held in September 2013 and will consider “the possible end to the approach to city cultural policy as we know it.” With redundant art forms, new forms of participation, the changing role of arts subsidy and a new ecology for culture, the debate will look at the feasibility of a needs/rights based policy approach that is no longer driven by economics.

The aim of the conversation is for you to have an input and use the opportunity to ask burning questions or test your own theories and analysis. The conversation takes place in a combination of formal and informal settings -and is moderated to ensure that everyone has the opportunity to participate.

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*ARTidea is a non-profit association dedicated to exploring creative and artistic solutions for local and regional development.

About Eventful cities on CEG :

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La Culture comme promesse d’une métropole citoyenne

31mai

Le 31 mai prochain, l’Association des directeurs des affaires culturelles d’Ile de France et la Fédération nationale des associations de directeurs des affaires culturelles (ASDAC et FNADAC) proposent une journée de conférence sur le thème : « La Culture comme promesse d’une métropole citoyenne », en partenariat avec la Communauté d’agglomération de Plaine Commune, le Ministère et ARCADI.

Cette journée de conférence préfigure les Assises Nationales des Directeurs des Affaires Culturelles qui se tiendront en mai 2014.

Elle a pour objet de croiser les regards des différents protagonistes de la réflexion sur la métropole,  élus, administrations territoriales, urbanistes, chercheurs et professionnels de la culture sur des questions peu débattues et essentielles :

  • Quelle intégration de la dimension culturelle dans le projet urbain ?
  • Quelle articulation avec les modèles économiques marchands, dans un domaine construit autour des notions d’émancipation du citoyen et porté par les droits culturels ?

Ces problématiques seront développées lors de 4 tables rondes :

  • Quelles modalités pour passer d’une approche culturelle « ville-centre / banlieues » à l’organisation d’une métropole multipolaire ?
  • Comment garantir l’équilibre entre développement urbain et « service public de la culture », entre droits culturels et ville créative ?
  • Quel écosystème inventer entre acteurs publics et acteurs privés de la culture ?
  • Comment État, élus et professionnels de la culture peuvent-ils défendre la notion de « service économique d’intérêt général » auprès des instances européennes ?

Pour vous inscrire, il vous suffit d’adresser un mail avec votre nom et vos coordonnées en cliquant ici.

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Reims, un temps d’avance

En matière financement de l’action publique, la conjoncture dans laquelle nous nous trouvons est désormais fortement impactante pour les collectivités territoriales. Tous les domaines d’intervention sont effectivement concernés et il faut dire et redire ici que si la crise est venu amplifier le phénomène, on ne peut lui faire porter la responsabilité de tous les maux. Les crédits publics diminuent depuis de longues années : réformes (et non réformes) de l’Etat, de la fiscalité locale et des collectivités et la réorientation des financements européens ont notamment modifié l’ingénierie financière des acteurs publics et leurs capacités à trouver les ressources nécessaires pour continuer à vivre au-dessus de leur moyens tout en maintenant leur capacité de financer leurs actions et leurs projets. Il est donc logique de voir désormais cette capacité évoluer, muter, s’adapter aux nouvelles réalités d’aujourd’hui.

Ce que certains appelaient de façon péremptoire l’économie du 100% subventions publiques est révolue et la relation de partenariat entre le public et le privé, entre le collectif et le particulier, est devenue essentielle pour favoriser, initier, développer et pérenniser bon nombre de projets.

Certains acteurs, dont certaines collectivités territoriales, ont pris les devants en recherchant de nouvelles modalités de cofinancement en explorant de nouvelles pistes, notamment à travers le mécénat, les services au public, le développement de recettes annexes, les fonds d’investissements, les fonds de dotation et autres outils qui sont désormais plus que jamais à leur disposition.

En matière de mécénat, si il faut se réjouir que le dispositif fiscal n’ait pas été revu à la baisse par l’Etat en 2012, il faut tout de même craindre que cela se produise en 2013 et la nécessité de s’adapter à l’évolution de ce domaine, évolution qui face à la baisse globale des dons, conduit les acteurs, les institutions et les services publics à miser sur de nouvelles approches qui se fondent notamment sur la relation de proximité. C’est là que des collectivités ou des villes comme Reims, au travers du rôle que la culture joue dans la qualité de son cadre de vie et de la place déterminante que tient le critère de qualité du cadre de vie dans le rayonnement et l’attractivité du territoire, tient un atout majeur et doit pouvoir en exploiter pleinement les potentiels.

C’est en effet toute la diversité des sources et des ressources qui sont désormais mobilisables, conduisant ainsi les acteurs à considérer de manière précise le recours à des formes de financement privé pour accompagner le financement public et non s’y substituer. C’est l’inévitable recentrage de la mission de service public sur ses cœurs de métiers et ses missions régaliennes qui s’opère, la droite comme la gauche l’appellent de leurs vœux, chacun à sa manière. En abandonnant de vastes étendues de domaines de compétences sans véritable cohérence de traitement dans accompagnement de transition, de transfert, de compensation ou d’indemnisation selon les secteurs d’action concernés, les collectivités territoriales et locales se retrouvent dans une situation qui est lourde d’ambigüités. Pour faire face à ces ambigüités, il faut beaucoup de discernement et de courage politique.

Cette nécessité incite donc à imaginer toutes les ressources possibles dans leur grande diversité. Cette diversité conduit également à ne plus simplement rechercher la sollicitation ponctuelle au partenaire mais à s’inscrire dans une relation sur la durée. Pour qu’il y ait relation il faut qu’il y ait sens à mutuellement s’investir dans une démarche qui doit être « gagnant-gagnant » comme on dit communément, qui doit être sécurisée au plan juridique et financier et qui produit de la valeur ajoutée pour le projet, son public et ses acteurs.

C’est donc désormais la question des nouveaux outils de gestion et des supports de ces formes de financement qui doit être développée par ceux qui souhaitent avoir recours à ces nouvelles ressources. De nombreuses solutions proviennent de la finance elle-même ou du secteur bancaire comme les produits d’investissement, d’autres proviennent du monde des assureurs mais aussi des acteurs du terrain eux mêmes comme l’épargne solidaire, la participation au capital d’un financeur culturel, le mécénat de compétences, le financement participatif, etc.

On trouve également des formes importantes de cofinancement par le biais de recettes dites « annexes » basées sur des services au public développés par le partenaire qui viennent étendre la capacité des acteurs publics et préservent la mission de service public.

Dans tous les cas, il s’agit là aussi d’une ingénierie spécifique qu’il convient d’étudier.

Face à la multiplication des besoins, des modalités et des ressources, l’objectif est donc d’adopter les outils et la gestion les plus pertinents et structurants pour la soutenabilité de l’action publique et les collectivités ne sont pas en reste en la matière, bien au contraire, elles sont souvent pionnières !

Reims figure parmi celles-ci, avec une singularité très signifiante : la création en 2010 d’une mission mécénat directement initialement intégrée à la Direction des Affaires Culturelles. Cette mission mécénat est ensuite « remontée » dans l’organigramme des services de la municipalité pour être désormais rattachée à la direction générale, ce qui constitue en soit un fort niveau de prise en compte de l’intérêt de la relation partenariale aux opérateurs économiques dans tous les domaines et champs de compétence de l’action publique. De nombreux projets peuvent être ainsi accompagnés pour partie et complément par une ingénierie, des outils et des démarches maîtrisés, ce qui est une assurance supplémentaire et réciproque pour les partenaires.

Parmi ses outils, le fonds de dotation figure en bonne place. En effet, au regard des expériences de fonds de dotation existant en France ou des dispositifs similaires en place à l’étranger, il apparaît intéressant de se pencher sur leur pertinence et leur intérêt. C’est en tout cas ce que plusieurs collectivités étudient, comme Reims actuellement.

A titre d’exemple, au risque de surprendre, il faut bien reconnaître que Reims a un temps d’avance sur un territoire comme Lyon, pourtant très à la pointe et pionnière dans de très nombreux domaines. La Communauté Urbaine de Lyon n’a jusqu’à présent songé au fonds de dotation que de façon ponctuelle, sans parvenir à structurer ses démarches de mécénat comme le fait déjà Reims. On pourrait dire la même chose d’autres métropoles réputées dynamiques et créatives comme Nantes, Bordeaux ou Paris, qui n’ont pas encore songé à structurer leurs démarches comme le fait déjà Reims. Celles-ci n’utilisent le fonds de dotation que dans sa définition la plus stricte et n’ont pas encore cherché à l’appréhender de la façon la plus large possible.

Le fonds de dotation a été créé par la loi de modernisation économique du 4 août 2008. Il est une personne morale de droit privé à but non lucratif qui capitalise les dons en vue de la réalisation d’une œuvre d’intérêt général. Cette notion d’intérêt général est essentielle, notamment au regard de son acceptation au sens du droit communautaire. Cela permet de préfigurer les outils de développement de l’action publique.

Nos voisins britanniques et néerlandais, ou encore les canadiens, pourtant très coutumiers du partenariat public privé, semblent particulièrement intéressés par le fonds de dotation et étudient en ce moment les modalités qui permettent de l’ « agenciariser », voire de l’ « institutitonnaliser ».

C’est une des pistes qui est en cours d’exploration à Reims. Nous aurons l’occasion d’y revenir une fois ces travaux et réflexions aboutis mais il est clair qu’en cherchant à se doter d’un véritable outil de développement du territoire et d’accompagnement de l’action publique, la Ville de Reims et sa mission mécénat sont probablement en train de montrer le chemin.

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« L’avenir, c’est la co-construction des politiques culturelles »

Alors que la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti vient de présenter son budget 2013, le président de la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC), Philippe Laurent, évoque les craintes des collectivités territoriales pour le financement du patrimoine et du spectacle vivant notamment. Il revient sur le rôle de l’Etat et des collectivités dans les politiques culturelles. Et évoque les enjeux de l’Acte III de la décentralisation.

Quelle est votre position sur le budget 2013 du ministère de la Culture ?

Philippe Laurent. La ministre a affirmé que l’Etat abandonnerait un certain nombre de projets pour que les moyens des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) puissent être préservés. Autrement dit, pour maintenir les moyens d’intervention sur les territoires.

Mon sentiment est que l’on ne parviendra même pas à cela. Abandonner des projets qui, pour l’instant, n’ont pas coûté grand-chose, étant à l’état de projet, n’entraîne pas d’économie immédiate. Dans le même temps, le projet de grande salle philharmonique à Paris va coûter 380 millions d’euros d’investissement. Puis, presque 20 millions d’euros de fonctionnement.

Nos inquiétudes concernent surtout le patrimoine et le spectacle vivant. Des budgets diminuent fortement dans le patrimoine. Le crédit d’acquisition des œuvres des musées, par exemple, devrait être divisé par deux. Pour réaliser des économies, c’est commode, et indolore sur le moment. Mais, une fois que l’on franchit une marche, qu’il s’agisse d’accroître le budget ou, en l’occurrence, de le réduire, il est difficile de revenir en arrière.

Qu’en est-il du spectacle vivant ?

— P. Laurent. C’est le secteur le plus fragile. Le spectacle vivant n’est pas reproductible, comme le sont la musique ou la littérature. Il ne permet pas de gains de productivité, d’une certaine manière. Par conséquent, il y a un choix majeur à faire.

Soit on allège le budget dédié au réseau des scènes nationales, des scènes conventionnées, etc, construit depuis 30 ans sur le territoire par l’Etat et les collectivités.
C’est-à-dire que l’Etat déciderait par exemple de limiter ses subventions à 50 des 70 scènes nationales.

Soit il décide de réduire les financements à la création. Ce qui obligerait à réduire le nombre de spectacles, à les mutualiser et à les rentabiliser davantage.

Malheureusement, je crains que le choix se fasse sans être suffisamment exprimé et assumé par l’Etat et qu’en définitive cela créé des malentendus, non seulement avec le monde des artistes, mais aussi entre les collectivités territoriales et l’Etat.

Sur le partage budgétaire entre création et diffusion, que préconisez-vous ?

— P. Laurent. Il faut certainement intervenir sur les deux volets : la diffusion et la création. La FNCC penche pour favoriser le budget de la diffusion, plutôt que celui de la création. Cette position risque de nous couper des artistes, alors que le ministère, de son côté, a affiché le soutien à la création comme étant son rôle premier.

Le « lieu » est important en matière culturelle. C’est un facteur d’identification, un centre de ressources… Ma position est donc qu’il faut maintenir le réseau des lieux de diffusion en état de marche. S’il s’étiole, le jour où les finances iront mieux, il ne renaîtra pas de ses cendres. Et la création en pâtira aussi.

Les salles de ces réseaux – plus largement les écoles de musique, d’art, etc. – datent souvent des années 1970-80. Elles nécessitent beaucoup d’investissements de maintenance, ce qui pèse sur les budgets provenant des collectivités. Donc, quoi qu’il en soit, ces salles devront revoir leur organisation.

Malgré l’ampleur des politiques culturelles des collectivités, on a le sentiment que l’Etat reste le moteur de ces politiques…

— P. Laurent. Pendant longtemps, l’Etat n’a pas tenu compte des collectivités territoriales, qui, pourtant, ont fait beaucoup de choses. Il considérait avoir, seul, le savoir-faire pour définir les politiques publiques culturelles.  Aujourd’hui, on ne parle pas encore de « co-construction » des politiques publiques culturelles… Mais on y arrive. La ministre a tout intérêt à aller dans ce sens. L’avenir du ministère de la Culture est là. Sans un travail de co-construction avec les collectivités, il risque de s’isoler.

En même temps, les collectivités ont besoin de l’Etat. L’Etat soutient, labellise… et légitime ainsi l’action des élus qui ont besoin de convaincre de l’importance des politiques culturelles locales. Par ailleurs, sa présence sur le territoire assure un rôle d’impulsion et de péréquation indispensable. C’est pour cela que nous souhaitons le maintien des DRAC, quand certains prônent leur disparition.

La culture profite particulièrement de la clause générale de compétence et des financements croisés. Comment abordez-vous l’Acte III de la décentralisation ?

— P. Laurent. A partir du moment où vous êtes élus d’un territoire ou d’une institution, il est très difficile de s’interdire toute action dans le domaine de la culture, aussi fort en termes d’identité.

D’ailleurs, si nous avions des compétences limitées, segmentées, pourrions-nous continuer à nous considérer comme des collectivités ? Aurions-nous encore besoin d’élus au suffrage universel ? Nous ne serions finalement que les exécutants locaux d’une politique nationale. La clause générale de compétence doit donc être maintenue et accompagnée d’une véritable autonomie fiscale. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Il n’empêche que, naturellement, du fait de l’assèchement des ressources publiques, les collectivités cherchent à se répartir des compétences. La loi doit continuer de permettre ces pratiques volontaires.

Quant aux « financements croisés », nous préférons parler de « cofinancement ». Celui-ci n’implique pas une maîtrise d’ouvrage partagée et des doublons. Une commune, un département, etc .contrôle son propre projet et en assume les conséquences. C’est l’inverse du gaspillage.

Philippe Laurent, président de la FNCC, est maire de Sceaux (Hauts-de-Seine) et président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale

Propos recueillis par Marion Esquerré

Photo : © S. Gautier

 

Source : Le Courrier des Maires

Retrouvez l’intégralité de l’interview ici.

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Les nouveaux enjeux des politiques culturelles

En 2009, des rencontres ont été organisées pour les 20 ans de l’Observatoire des politiques culturelles. Vient de paraître l’ouvrage : Les nouveaux enjeux des politiques culturelles – Dynamiques européennes, qui poursuit les questionnements abordés lors du colloque « Culture, territoires et société en Europe » qui a eu lieu les 28 et 29 mai 2009 à Grenoble, dans le cadre de cet anniversaire.

En une vingtaine de contributions de jeunes chercheurs européens, cet ouvrage offre un bilan du renouvellement des problématiques relatives à l’analyse des pratiques culturelles, des rapports entre culture et société, des mutations des formes artistiques, des transformations de l’action publique ; il montre comment la question territoriale traverse aujourd’hui ces problématiques.

À la fois dimension des activités humaines et domaine d’actions publiques ou privées, le champ artistique et culturel est aujourd’hui marqué par des transformations majeures. La globalisation, l’impact des (nouvelles) technologies sur la production, la diffusion ou la « consommation » de la culture, le brouillage des distinctions traditionnelles, l’élargissement et l’hybridation des formes artistiques, la variété des enjeux associés au thème de la diversité culturelle, sont autant de défis pour l’action et la recherche.

Par la richesse et la variété des expériences européennes qu’il mobilise, ce livre constitue un outil précieux de compréhension des mutations contemporaines des politiques culturelles et des conditions de la création comme de sa diffusion. Il sera utile à tous les acteurs de l’action culturelle, créateurs, responsables publics, professionnels, étudiants et chercheurs.

Sous la direction de : Guy Saez, directeur de recherche CNRS à l’UMR PACTE et professeur à l’Institut d’études politiques de Grenoble et de Jean-Pierre Saez, directeur de l’Observatoire des politiques culturelles.

Pour le découvrir sur le site de l’Observatoire des politiques culturelles : cliquez ici

Vous pouvez commander cet ouvrage directement en librairie.

 

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Mythos Berlin – a London perspective

A city in a unrestrained process-like state, a world of a bit away of the usual progress-driven narrative

Even a simple question like ‘What is a city?’ triggers an endless cascade of new questions. A city can never have a singular objective identity, it has to live with the identities which are ascribed by its inhabitants. Berlin often is described as a city that just defines its era.

In terms of exploring the role and reputation of the city as a capital of contemporary cultural production certain words are recurring as soon as conversations in London and across Europe comes to Berlin: creative hub, low rents, bohemian life, searching and finding inspiration. That’s it? Wuppertal-born art collector Christian Boros notes: “Wuppertal is cheap too. It does not explain the fascination of Berlin.”

What makes Berlin THE city to live right now?

A Monument for Nonsense by J.Prezewowsky | © Swantje Diepenhorst

A Monument for Nonsense by J.Prezewowsky | © Swantje Diepenhorst

Thus there must be more. Boros says “the mythical status of Berlin is based on the fact that you have to fight with very few limitations. A lot is possible here. To feel free is very attractive and erotic.” Sexy Berlin mixed with imperfection, openess and curiosity – indeed that are already a few more unique qualities.

Opened by the Ambassador Georg Boomgaarden the exhibition “Mythos Berlin – a London perspective” started last week in the German Embassy at Belgrave Square. The artists in the exhibition include Erin Hughes & Jennifer Mustapha, Jan Kaesbach, Robert Rapoport, Daniel Udy and Viktor Timofeev shows examples of the influence that Berlin as a working place has on contemporary artists’ practice and lifestyle.

In the First Gallery Room there is a sculpture / installation with the title “Declarations – Monument for Nonsense” by Julia Prezewowsky. This artwork says, that it’s a very sad thing that nowadays there is so little useless information. At least it’s branded with this statement. At first glance it doesn’t might be a compliment for Berlin, but actually it is – it suits to the very few limitations, Boros mentioned. It tells about the creative freedom people can find in Berlin.

Open spaces and gaps to fill

That's a very dark sky.. 'Cloudsync' by Viktor Timofeev (2012) | © S.D.

That’s a very dark sky.. ‘Cloudsync’ by Viktor Timofeev (2012) | © S.D.

Here are still open spaces, while in cities such as London or New York it is a lot more difficult to find gaps to fill. For Boros it is the work ofManfred Pernice that really reflects Berlin’s patchwork, crafty and process-like state. His work deals a lot with architecture – his cans and blocks reflect what is often called the ‘Verdosung’ / ‘containerisation’ of society.

During the past twenty years Berlin’s reputation in the world has changed immensely: from the scarred, divided and unsettled victim of Third Reich and Cold War politics to an iconic, vibrant and artistic metropole. A unrestrained, productive and social place to life. Like Susanna Davis-Crook, who left London not just for work but for cycling around and think, emigres to Berlin, particularly those from business capitals, escape their respective cities for the exemption from a world of progress-driven narrative. For Susanna ideas more easily become action in Berlin, where in London risk assessments take up more time than planning the show. This might be the fundamental difference between creativity in Berlin and in London.

We are constructing our version of city

From a London perspective.. | © Swantje Diepenhorst

From a London perspective.. | © Swantje Diepenhorst

At the end there are of course billions of views and none of the Berliners (or Londoners) live ‘in the same city’. What we all do is to construct our own versions, inventing a city that allows us to be ourselves (at best). We can do this because, as Jonathan Raban explained in his brilliant book Soft Cities back in 1974, cities are plastic by nature: ‘We mould them in our images: they, in their turn, shape us by the resistance they offer when we try to impose our own personal form on them.’ We’re all involved in this process, whether we are artists or not. Urban living is an artwork for itself, whether it is in Berlin or in London.

Source : Labkultur

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Pier Luigi Sacco: Culture 3.0 (pt. I) A new perspective for the EU 2014-2020 structural funds programming

In his study the Milan professor Pier Luigi Sacco shows the historical development of what we know as « Culture ». By analogy with the fast development of the internet and its incarnations, Sacco sets out that there was a pre-industrial Culture 1.0 that evolved over a long period of time and reigned for several centuries. The industrial revolution turned it step by step into Culture 2.0. With the digital revolution and the invention of the internet it gradually grew into Culture 3.0 by now.

What does that mean for Culture today? How does the policy framework of an integrating Europe react to this?

LABKULTUR.TV features Sacco’s study in a small series each Friday.  

Preliminary remarks

In spite of the multiplication of successful examples of culture-led local and regional development across Europe and elsewhere (e.g. Sacco et al., 2008, 2009), there is a widespread perception that the role and potential of culture in the overall European long-term competitiveness strategy is still seriously under-recognized (CSES, 2010). This reflects in the difficulty to bring cultural policy issues at the top ranks of the broader policy agenda, and consequently explains why the share of structural funds devoted to culture badly fails to match the share of cultural and creative sectors in total EU value added.

Knowledge based economy

 

Region of Lombardy building, Milan

Region of Lombardy building, Milan

This situation is mainly the consequence of a persisting gap in the conceptualization of the role of culture in an advanced, knowledge based economy as it is the European one nowadays. For many decision makers and policy officers operating outside the cultural realm, the cultural sectors are at best a minor, low-productivity branch of the economy, largely living on external subsidies, and which is therefore absorbing economic resources more than actually generating them. Not surprisingly, as a coherent consequence of this wrong conceptualization, cultural activities are one of the first and easiest targets of public funding cuts during phases of economic crisis.

 

Culture led development

There has been in fact a long record of cases of successful culture-led development policies of cities and regions (and sometimes even countries) from the late 80s and early 90s onwards, which however have mainly been regarded as exceptional (or even exotic) by the common sense of policy making. The impressive figures that have emerged from first attempts at measuring the economic size of cultural and creative sectors in Europe (KEA, 2006), which are by the way likely to be underestimated (CSES, 2010), have certainly made a cases and have attracted much attention. Consequently, more and more administrations at all levels, including ones that never paid real interest to these issues, have henceforth begun to devote more energy and resources to culture focused development policies, but the overall awareness at the European level remains scarce and scattered, so that much is left to be done. In particular, awareness and policy activism at regional and city levels is at the moment far superior than that at the country level, and thus there is the possibility that in the close future uneven culture-related development patterns may be found across the EU, and that some countries are at risk of lagging behind.

Rush Hour in Brera, Milan

Rush Hour in Brera, Milan

In order to prevent this from happening, in view of the next 2014-2020 round of structural funds programming, a more appropriate formulation of background principles and target objectives for cultural and creative sectors in the wider context of EU’s competitiveness and cohesion policies is badly needed. The aim of this short paper is to provide some fresh inputs in this direction.

 

Background concepts: from Culture 1.0 to Culture 3.0

 

Milan everyday business

Milan everyday business

The misconceptions about the role of culture in the contemporary economic framework can be traced back to the persistence of obsolete conceptualizations of the relationship between cultural activity and the generation of economic (and social) value added. To illustrate this point, it is necessary to pin down a very basic narrative of the evolution of the relationship between the two spheres, of course keeping in mind that it is by necessity very sketchy and omits many aspects that would have primary relevance in a more comprehensive account (such as for instance the role of popular and grassroots culture, regional differences in public policies, and so on), which would however largely exceed the space limitations and scope of the present paper.

Culture 1.0 was a patronizing culture

For a very long time (centuries, indeed), such relationship has been structured according to what we could call the Culture 1.0 model, which basically revolves around the concept of patronage. The Culture 1.0 model is typical of a pre-industrial economy. In this context, culture is neither a proper economic sector of the economy nor it is accessible to the majority of potential audiences. The actual provision of culture is secured by the individual initiative of patrons, namely, people with large financial possibilities and high social status, who derived their wealth and status from sources other than cultural commissioning in itself, but decided to employ some of their resources to ensure that cultural producers could make a living, thereby getting the possibility to enjoy the outcome of creative production and to share it with their acquaintances.

Patronizing culture, of course, may be an effective means for further building the patron’s social status and reputation. But it is clear that this is made possible by the availability of resources that are gathered outside the cultural sphere, and that cultural production here entirely lives on subsidies and could not survive otherwise. In the patronage relationship, the wage of cultural producers tends to be regarded not as part of a market transaction, but rather as a sort of symbolic, mutual exchange of gifts between the patron and the artist – a practice that still survives in some cultural realms (e.g. Velthuis, 2005), and finds intriguing applications in new, culturally-mediated social platforms (Bergquist and Ljungberg, 2001). Clearly, this model can support only a very limited number of cultural producers, who entirely live upon the discretional power of the patron, and very limited audiences. Both the production of, and the access to, culture are therefore severely limited by economic and social barriers.

to the references

Source : Labkultur

Teaser Photo Tangled mind © olly – Fotolia.com

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CEG partenaire du Forum d’Avignon 2012

C’est avec grand plaisir que nous vous annonçons notre partenariat avec le Forum d’Avignon pour son édition 2012 qui se déroulera du 15 au 17 novembre prochain.

Le Forum d’Avignon a pour objectif d’approfondir les liens entre les mondes de la culture et de l’économie en proposant des pistes de réflexion au niveau international, européen et local. Créé après la ratification de la Convention de l’UNESCO sur la diversité culturelle et soutenu dès l’origine par le Ministère de la Culture et de la Communication, le Forum d’Avignon organise chaque année, avec ses partenaires, des rencontres internationales qui sont l’occasion de débats inédits entre les acteurs de la culture, des industries de la création, de l’économie et des médias.

Un laboratoire d’idées au service de la culture

Pour chaque édition, le Forum d’Avignon publie des études inédites mettant en avant les liens essentiels entre la culture et l’économie, autour des thèmes proposés par son conseil d’orientation. Tout au long de l’année, ces thèmes font l’objet d’un travail de réflexion et de proposition organisé par le Forum d’Avignon avec des experts, des cabinets de conseil internationaux et ses partenaires publics et privés. Le laboratoire d’idées du Forum d’Avignon approfondit les thèmes suivants : culture, financements et modèles économiques ; culture et attractivité des territoires ; culture et numérique ; culture et innovation. Le Forum d’Avignon publie chaque année des études exclusives élaborées par le laboratoire d’idées et des cabinets de conseil internationaux ainsi que les Actes aux éditions Gallimard.

Les rencontres internationales de la culture, de l’économie et des médias

Evénement résolument international et transectoriel, associant débats et performances d’artistes, le Forum d’Avignon est un espace de réflexion qui explore non seulement la dimension économique de la culture mais aussi le rôle de cohésion sociale et de création d’emplois des secteurs culturels. Le Forum d’Avignon est un lieu de propositions concrètes, de rencontres et de découvertes. Les pistes tracées lors de chaque édition sont relayées dans les instances nationales et internationales.

Plus de 400 acteurs sont réunis : artistes, dirigeants d’entreprise, écrivains, professeurs, réalisateurs, responsables politiques, philosophes, étudiants d’universités internationales, représentants de la création et des industries culturelles. La diversité des points de vue se traduit dans le cosmopolitisme des intervenants, venus de tous les continents.

Le site du Forum d’Avignon www.forum-avignon.org

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De l’influence du droit communautaire sur les financements des services culturels / 2

Suite à la publication dans le dernier numéro de La lettre du spectacle des meilleurs moments de l’interview de Philippe Gimet, fondateur de CEG, nous publions l’intégralité de l’entretien afin de prolonger la réflexion et le débat.

Contrairement au rapport des sénateurs sur le sujet, vous semblez inquiet des conséquences des nouvelles règlementations « Almunia » sur le fonctionnement des structures culturelles françaises, pourquoi ?

Le rapport du groupe de travail sur l’influence du droit communautaire sur le financement des services culturels par les collectivités territoriales a raison sur un point, il y a bien une « insécurité juridique » effective depuis le 1er février 2012 sur les financements publics (Etat et Collectivités) en direction des acteurs et institutions culturelles.  Mais le rapport ne dit pas concrètement quelles sont les menaces pour l’écosystème culturel bénéficiaire jusqu’alors de ces financements sous formes de subventions directes.

S’adressant à l’ensemble des pouvoirs publics, nationaux et locaux, le pack Almunia émet un principe général d’interdiction des aides d’Etat et des collectivités, tout en autorisant certaines compensations notamment pour la fourniture de « services d’intérêt économique général » (SIEG).

Très concrètement, cela confirme à nouveau que les acteurs culturels relèvent de la directive « services », ils sont donc considérés comme des opérateurs économiques et relèvent du champ concurrentiel. Cela implique par définition que la subvention publique enfreint les règles d’équité et de transparence et que dans ces conditions il convient de mettre en concurrence.

SI on ne se place que du point de vue du droit, ce qui semble être son unique posture, la moindre des choses eut été de dire dans ce rapport :

  • que la porte est dores et déjà ouverte aux requalifications en marché et aux recours contestant toute absence de mise en concurrence ou la présence de concurrence faussée ;
  • que la culture est désormais considérée comme un secteur économique comme un autre, ce qui signifie à peu de choses près la fin de l’exception culturelle et de son régime dérogatoire ou d’exemption contrairement à ce que prétend encore croire Monsieur Eblé ;
  • que l’écosystème du secteur culturel subventionné est profondément menacé au-delà de la règle dite des minimis soit 500 KE sur trois ans (compensations autorisées pour la fourniture de « services d’intérêt économique général » auxquels sont assimilés les acteurs culturels ;
  • que de nombreux acteurs culturels ne sont pas en mesure de rapidement muter pour répondre au critères de mise en concurrence ou de conditionnalité de la compensation et disons-le tout net à leur « mise sur le marché ».

C’est donc un pan important de la mission de service public culturel tel qu’il était jusqu’alors confié aux structures culturelles qui est remis en cause dans ses modalités pratiquées jusqu’alors.

Il eut été sage de ne pas trop s’endormir sur nos lauriers de 50 ans de politique culturelle, retranchés derrière notre exception culturelle, et d’être clairvoyants sur le mouvement en marche puisque dans l’énergie comme dans les transports, l’Europe a tracé la voie de longue date et il a fallu organiser la fin des monopoles sur plus d’une décennie.

La réglementation désormais applicable et le jeu des recours et procédures ne permettra que de temporiser ce qui remontera inévitablement au niveau européen et le droit communautaire prévaudra sans le moindre doute.

Pour caricaturer, la mutation qui s’est opérée et accélérée ces 10 dernières années c’est celle du 100% subvention au 0% subvention publique directe, c’est celle d’un équilibre relatif entre le non-marchand et le marchand à un environnement essentiellement concurrentiel et de marché, celle de la mission de service public culturel à la culture comme secteur de fourniture de service d’intérêt économique général.

On peut donc alerter sur l’insécurité juridique mais on ne peut se contenter des recommandations faites dans ce rapport. Si on s’en contente, c’est un aveux criant d’impuissance et il arrive bien trop tard car cela fait déjà un moment que tous, politiques, institutions, acteurs et consultants du domaine culturel savons quelles mutations se profilent.

Pensez-vous qu’il faudra, à terme, constituer des établissements publics pour toute structure culturelle subventionnée à plus de 500 000 euros sur trois ans, si une collectivité veut échapper à la suspicion de « concurrence faussée » ?

La question mérite d’être posée mais en tout état de cause, il va falloir tracer une frontière extrêmement claire entre ce qui relève du statut public et du statut privé et ne plus entretenir le flou comme c’est le cas en France depuis plusieurs décennies, de la convention pluriannuelle (qui est de moins en moins pluriannuelle compte tenu de la crise financière et économique) à la délégation de service public de type affermage. C’est le mode de gestion tout entier qui est menacé. Pendant très longtemps notamment, le modèle associatif a été privilégié pour sa supposée souplesse comme par opposition à la lourdeur et la lenteur des machines administratives publiques. Pendant ce temps-là l’Europe et les états membres, sous le leadership de gouvernements de droite comme de gauche, renforçait la technicité des instruments, organisaient les transferts de souveraineté et transposaient un droit communautaire fortement orienté sur l’acceptation de la mise en concurrence et l’économie de marché.

Combien d’acteurs culturels reçoivent plus de 166 KE de subventions par an sur trois ans ? Vous voyez le nombre d’établissement publics qu’il faudrait créer pour endiguer ne serait-ce qu’à court terme le problème ?

Il est assez évident que les territoires où la dimension de coopération est forte ou se renforce (comme c’est notamment le cas à travers le mouvement de l’intercommunalité et de la métropolisation) vont devoir être les premiers à trouver des solutions soutenables (au sens anglo saxon du terme).

Il y a évidemment le risque d’une partition beaucoup plus forte entre service public et service d’intérêt général de statut privé ou parapublic, ce qui équivaut à de la gestion déléguée sous la forme d’un statut privé.

La question de la suspicion de « concurrence faussée » prend une tournure bien particulière notamment au regard de la jurisprudence qui jusque là avait d’une certaine manière contenu le problème avec l’arrêt d’Aix-en Provence qui a tant fait coulé d’encre. Or, c’est là que vient s’ajouter un élément de jurisprudence française récent qui vient également renforcer la tendance : l’arrêt du conseil d’Etat du 9 mai dernier faisant primer le principe de libre accès à la commande publique et de mise en concurrence dès lors que l’impartialité de la procédure est apparente, révélant ainsi une marge de manoeuvre très étroite quant à la mise à l’écart d’office d’une candidature. En d’autre termes, il va falloir trouver d’autres arguments que ceux jusqu’à présents employés pour confier la mission en question à un opérateur local pressenti ou légitime au demeurant.

Là aussi il faut voir au-delà de notre vision ethnocentrée de l’europe et il ne fait aucun doute que le passage de la mission de service public à la fourniture de services d’intérêt général économique peut conduire à l’agenciarisation de la culture comme c’est déjà le cas ailleurs et à la marginalisation des missions culturelles et artistiques qui ne revêtiraient pas un caractère économique suffisant.

Dans tous les cas la fin de la concurrence faussée comme vous le dites annonce une mutation forte des acteurs culturels. Certains l’ont anticipé en se professionnalisant, en se préparant à une plus forte mise en concurrence et à la recherche de sources de financements complémentaires, mais il est clair que beaucoup d’entre eux ne s’y sont pas préparés, ce qui sera lourd de conséquences. L’écossytème culturel déjà très fragile l’est inévitablement encore plus désormais.

Y a-t-il une chance, à votre avis, de « renégocier » (le terme est à la mode) la place de la culture dans le paquet réglementaire européen sur les services ?

Je voudrais bien y croire, notamment au regard de l’alternance politique qu’une majorité de citoyens a choisie en France et des possibles autres alternatives qui se profilent peut-être.

Mais l’Europe ne se fait pas en solitaire, c’est un projet collectif. Il va falloir accepter ce jeu collectif et les compromis qui vont avec. Si ce collectif existe à court terme et s’inscrit dans la durée, alors oui, on pourrait légitimement croire qu’on va pouvoir « renégocier » mais j’aurais plutôt tendance à croire qu’on devrait d’abord essayer de remettre de la régulation et il faut espérer que la culture (que ce soit en tant que secteur économique et professionnel tout comme en tant que projet de société et comme élément constitutif de la dignité humaine) participe de ce mouvement d’amélioration de la régulation.

De ce point de vue d’ailleurs, le chantier des politiques culturelles au sein de l’Europe mérite d’être véritablement posé, car on voit bien la multiplication des instruments nationaux plus ou moins mis à mal selon les Etats membres.

Le premier problème se situe dans la régulation proprement dite car jusqu’à présent l’Europe a institué, plus particulièrement depuis le traité de Lisbonne, une dérégulation qui a conforté le projet européen au niveau d’une vaste zone de commerce et de libre échange sans pour autant en renforcer parallèlement le projet politique. Et puis l’Europe s’est élargie et les équilibres traditionnels se sont progressivement modifiés et on voit bien que la directive « services » est déjà transposée dans ce sens.

Le second problème se situe dans la manière dont la régulation va être renforcée et c’est peut-être là qu’il y a encore des marges de manoeuvre. Si on parvient à faire la démonstration qu’il ne s’agit pas d’une problématique ou d’une spécificité franco-française. La question de mener un lobbying à Bruxelles telle que préconisée dans le rapport du groupe de travail du Sénat n’aura de sens et d’efficacité que si c’est l’ensemble ou une majorité suffisante des Etat membres qui parviennent à identifier au-delà de l’insécurité juridique  les conséquences, les opportunités, les menaces, les solutions et les alternatives existantes. De ce concensus, et pas du plus petit dénominateur commun espérons-le en tout cas, pourra être construite la régulation que beaucoup attendent.

Fin de la deuxième partie.

Première partie : ici.

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De l’influence du droit communautaire sur les financements des services culturels / 1

Nous en avons déjà fait mention plusieurs fois ces derniers jours car le sujet ne fait aucune vague ou presque, en tout cas dans les médias, et il faut absolument en parler car ce quasi silence radio donne la fausse impression qu’on se résigne à laisser nos politiques, certains d’entre eux en tout cas à gauche comme à droite, louvoyer non sans opportunisme et porter sans conviction des visions qui trahissent un aveux d’impuissance criant.

Nous nous serions résignés à subir ce qui nous est présenté par ces mêmes politiques comme inévitable et qui est posé d’emblée comme une guerre de tranchées entre droit communautaire et droit souverain.

Dans tous les secteurs, un des rôles des acteurs des territoires est d’éclairer le politique, de lui confier leur expertise. Les acteurs sont en effet les premiers à pouvoir témoigner de l’impact des actions et des projets qu’ils mènent dans un éco-système où le politique cherche à traduire et porter une volonté, des valeurs, des visions. Cet éco-système est d’ailleurs très largement régi par la répartition des compétences entre Etat et Collectivités territoriales qui doivent s’exercer en étroite collaboration. Les acteurs territoriaux, dont certains reçoivent des financements publics pour mettre en œuvre une part de ces compétences selon des objectifs ciblés, sont au contact du terrain et exercent, appelons en chat un chat, un part de la mission de service public.

Ils contribuent ensemble à animer, valoriser, renforcer et enrichir la qualité du cadre de vie de nos territoires.

Cette gouvernance public-privé, disons-le tout net, ne peut tout réussir ni tout résoudre mais il est clair que l’architecture de notre contrat social repose en grande partie sur cette coopération étroite. Or cette coopération étroite évolue au gré des réformes, s’adapte au fil des grands changements sociétaux mais n’a jamais été bouleversée en profondeur depuis les premières lois de décentralisation.

Or la construction européenne, que certains accusent à tort, par crainte ou par ignorance, de tous les maux, modifie la donne acquise depuis des générations, elle amène à considérer non pas qu’il convient d’uniformiser nos espaces souverains et nos cultures mais de les harmoniser (ce qui est bien plus qu’une nuance), de placer le vivre ensemble souverain dans une dimension communautaire. En d’autres termes, l’Europe en marche est l’Europe qui fixe un minimum de règles communes et de principes partagés. Cela signifie qu’il convient d’instituer ces règles et ces principes, au travers du droit communautaire, capable de s’appliquer à tous pour que chacun puisse participer à construire l’identité européenne à partir de sa propre culture et de ce qu’il en tire pour sa propre culture.

De ce point de vue, transposer une directive européenne en droit souverain appelle nécessairement des adaptations d’une part et des dérogations de l’autre, ceci étant nécessairement l’objet de négociations plus ou moins âpres. C’est le lot quotidien du politique que d’assurer que l’intérêt général puisse prévaloir à chaque instant dans ces transpositions qui sont bien plus que du juridique ou du langage technocrate comme disent les eurosceptiques.

La responsabilité est donc grande, ce qui oblige à ce que le dialogue soit fort entre le niveau local, national et européen.

Dans le domaine culturel, il en va de même à priori, sauf que force est de constater que le système est en panne. Nos politiques et nos institutions ont profité des fonds structurels pendant près de 15 ans pour investir dans la réalisation d’infrastructures, d’équipements et de projets tous aussi essentiels et qu’ambitieux, que les Collectivités et encore moins l’Etat ne pouvaient envisager avec autant de moyens. Or, le tarissement annoncé de ces fonds en France (réorientés vers les Etats membres qui en ont plus besoin que nous, et oui, l’Europe est aussi solidaire de ce point de vue-là !) ne semble pas avoir alerté suffisamment quant à l’après fonds structurels ; nos politiques n’ont pas été suffisamment réorientées faute de coordination, faute de dimension interministérielle pour l’Etat et faute de décloisonnement suffisant pour les Collectivités mais aussi faute de vision et de repères clairs pour construire l’avenir.

Les engagements pris ou hérités ont fait la démonstration d’un flottement, d’une errance politique où ce que l’on caractérisait comme un fossé grandissant vis-à-vis du citoyen le devenait aussi vis-à-vis de l’administration et de la « techno structure ». Distraits par des grands débats politiques qui ne font pas apparaître clairement quels sont les enjeux profonds à l’œuvre, les négociations du Traité de Lisbonne ont été le moment décisif où le projet européen s’est fortement orienté en direction de la dérégulation, ce qui précipita plus encore la prédominance de l’économique sur le politique.

Cette tendance lourde à la dérégulation a bien évidemment orienté la façon de penser le droit communautaire mais également la manière dont il se transpose. Les mécanismes de régulation ayant été progressivement amenuisés, les territoires et plus particulièrement les Collectivités ont été contraintes de s’auto-réguler plus encore qu’auparavant, compte tenu de la défaillance plus ou moins forte des Etats, selon les cas.

C’est un boulevard qui s’est ouvert pour les industries culturelles et l’économie dite « créative », creusant ainsi un peu plus l’écart entre la culture « marchande » et la culture « non marchande », entre le privé et le public.

Les acteurs culturels des territoires ont vu leurs missions et leurs projets non pas renforcés mais regardés de plus près, évalués plus fortement par les Collectivités afin de mieux assurer la mission de service public culturel et de services aux publics, faute d’un Etat ou d’une Europe en ordre de marche. Dans le milieu culturel, l’évaluation a longtemps été une question très complexe, pour ne pas dire tabou. Mais petit à petit, chacun est amené à considérer l’adéquation entre les moyens alloués et les résultats produits, tant au plan quantitatif qu’au plan qualitatif, afin de pouvoir construire les actions futures sur la base de budgets dont on a progressivement vu la reconductibiité remise en question.

De plus en plus, les acteurs culturels doivent respecter des critères de conditionnalité des aides qui les poussent plus encore dans l’incertitude certes, mais surtout qui leur donnent le sentiment que la mission culturelle leur est déléguée sans que le temps et les moyens nécessaires leur soient transférés. Ils doivent trouver de nouvelles ressources et à partir de ce moment-là, ce que certains appellaient « la fin de l’ère du 100% subvention », les acteurs culturels ont dû s’adapter, faire évoluer leur propre méthode de gestion et leur ingénierie pour ne pas mettre à mal leur métier et les missions. Beaucoup n’y sont pas parvenus et beaucoup d’autres n’y parviendront pas non plus.

Si ce mouvement d’adaptation était pourtant prévisible, le mouvement qui a suivi l’était tout autant mais les acteurs culturels ont-ils pour autant pleinement passé le premier cap d’évolution ? Rien n’est moins sûr, car ce qui allait de soi dans l’action culturelle, c’est-à-dire sa vocation, ses finalités et ses fondamentaux, a été éclipsé par ce qui n’allait pas de soi, notamment les critères de conditionnalité des aides de l’échelon municipal à l’échelon européen.

La décennie qui vient de s’écouler est clairement pour le secteur culturel une décennie de transition entre deux modèles, deux modèles hélas extrêmes : du 100% subvention au 0% subvention. C’est là justement que se situe l’enjeu majeur de l’harmonisation européenne : remettre de la régulation pour tracer une voie médiane, plus apaisée et constructive plutôt que de laisser s’installer de la manière la plus violente qui soit le passage d’un extrême à l’autre.

Et c’est bel et bien là que le bas blesse car le droit communautaire a évolué entre temps. Le paquet Monti-Kroes, datant de juillet 2005, a été remplacé par le paquet Almunia, adopté par la Commission européenne le 20 décembre 2011 et applicable en France depuis le 1er février 2012. S’adressant à l’ensemble des pouvoirs publics, nationaux et locaux, il émet un principe général d’interdiction des aides d’État (mais dans le langage européen il faut aussi comprendre des aides des Collectivités), tout en autorisant certaines compensations notamment pour la fourniture de « services d’intérêt économique général » (SIEG). Au-delà d’un certain seuil de subvention, le seuil de minimis, qui devrait prochainement être fixé à 500 000 euros sur trois ans, toute compensation fait l’objet d’une notification et cette notification fait bien évidemment l’objet de conditionnalités.

Ceci est lourd de conséquences pour la culture et plus généralement pour l’écosystème culturel. Des mutations profondes s’annoncent et leur application légale depuis le 1er février 2012 menace l’éco-système culturel.

Si nous allons au bout de la logique désormais en place, le secteur culturel est un secteur économique comme les autres, les acteurs culturels sont des opérateurs économiques comme les autres. Cela signifie clairement que la culture relève du champ concurrentiel et que toute intervention ou subvention publique enfreint les principes fondamentaux d’égalité et de transparence. Exit les politiques publiques de financement de la culture, en tout cas telles que nous les avons connues jusqu’à présent.

Le groupe de travail sur l’influence du droit communautaire sur le financement des services culturels par les collectivités territoriales a rendu ses conclusions au Sénat au début du mois d’avril. Le communiqué de presse qui nous est parvenu avec la synthèse du rapport du président du groupe de travail Monsieur Vincent Eblé témoignent de la complexité et de l’importance du sujet mais est surtout la preuve la plus évidente du retard accumulé pour prendre ces questions à bras le corps vis-à-vis de l’Etat et de l’Europe. Ce qui en devient révoltant c’est que notre pays ayant une longue pratique du cumul des mandats, la plupart de nos élus ont parfaitement conscience des enjeux, des menaces auxquelles il faut s’attaquer et des opportunités qu’il convient de saisir dès maintenant pour trouver des solutions soutenables.

Que dire donc du rapport de Monsieur Vincent Eblé, de sa position pour le moins prudentielle et qui se contente de poser des « pistes à explorer » ? Et bien, il arrive trop tard, beaucoup trop tard tel qu’il est rédigé pour endiguer le processus en cours par quelque régime dérogatoire ou d’exemption que ce soit. Tant que l’on en restera à cette absence de mobilisation politique, on aura beau jeu de brocarder et instrumentaliser la culture tout en lui passant de la pommade sur le dos dans les discours, les cocktails d’inaugurations, les think tank de partis politiques, les réunions publiques ou les meetings électoraux.

Il est désormais vital que politiques, techniciens et acteurs culturels prennent collectivement leurs responsabilités car, comme dit le proverbe chinois, c’est au pied du mur qu’on voit le mieux le mur. Nous y sommes.

Fin de la première partie.

Deuxième partie : ici.

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Le sénateur Eblé et l’influence du droit communautaire sur le financement des services culturels

Le groupe de travail sur l’influence du droit communautaire sur le financement des services culturels par les collectivités territoriales a rendu ses conclusions au Sénat au début du mois d’avril. Le communiqué de presse qui nous est parvenu avec la synthèse du rapport du président du groupe de travail Monsieur Vincent Eblé témoigne de la complexité et de l’importance du sujet.

En effet, le droit communautaire évolue. Le paquet Monti-Kroes, datant de juillet 2005, a été remplacé par le paquet Almunia, adopté par la Commission européenne le 20 décembre 2011 et applicable en France depuis le 1er février 2012. S’adressant à l’ensemble des pouvoirs publics, nationaux et locaux, il émet un principe général d’interdiction des aides d’État, tout en autorisant certaines compensations notamment pour la fourniture de « services d’intérêt économique général » (SIEG). Au-delà d’un certain seuil de subvention, le seuil de minimis, qui devrait prochainement être fixé à 500 000 euros sur trois ans, toute compensation fait l’objet d’une notification.

Ceci est lourd de conséquences pour la culture et plus généralement pour l’écosystème culturel. Des mutations profondes s’annoncent. Plusieurs de nos membres sont très mobilisés sur cette question, au premier rang desquels Jean-Michel Lucas alias Doc Kasimir Bisou. Après avoir été consulté par le groupe de travail du Sénat, il a adressé à Monsieur Vincent Eblé le courrier ci-dessous, courrier resté sans réponse à ce jour. Dans ce courrier, la position prudentielle du rapport ne se situant quasi exclusivement au plan juridique est dénoncée sans détours et ce qui aurait dû être posé dès le début des travaux du Sénat est rétabli.

_____

A l’attention de Monsieur Eblé,

Sénateur,

Président du groupe de travail sur l’influence du droit communautaire sur le financement des services culturels par les collectivités territoriales

Monsieur Le Président,

J’ai lu avec attention le  rapport sur « l’influence du droit communautaire sur le financement des services culturels » que vous avez présenté au Sénat le 2 avril dernier devant la Commission de la culture, de l’éducation et de la communication.

Je dois avouer que j’ai été particulièrement surpris par l’analyse que vous avez faite de cette question si déterminante pour l’avenir des politiques culturelles dans notre société de liberté. Je voudrais, en conséquence, vous faire part de mes réactions  en espérant qu’elles puissent influer sur la rédaction finale du document que vous demandez au Sénat de diffuser largement auprès des

autorités publiques et de la société civile.

Mon étonnement tient surtout à l’angle d’approche que vous avez choisi et qui se réduit à une lecture juridique – réglementaire – des dispositifs de soutien aux acteurs culturels. Sur un tel sujet, j’estime qu’une réflexion plus proche des responsabilités d’intérêt général – disons éthiques et politiques – de votre assemblée d’élus du peuple aurait permis de mieux éclairer l’opinion.

* J’observerais d’abord que les textes réglementaires que vous commentez découlent tous d’une même doctrine politique, affirmée avec force par la Directive « services » [1] adoptée depuis 2006 par la Commission comme par le Parlement  européen et qui s’impose à tous les Etats et à toutes les autorités publiques les plus décentralisées. Comme plus personne ne l’ignore, l’enjeu de la Directive est de libéraliser les services c’est à dire de favoriser le marché concurrentiel au nom des valeurs de progrès. Cette libéralisation a pour objectif de «  renforcer l’intégration entre les peuples européens » et de « promouvoir le progrès économique et social équilibré et durable », ce qui n’est pas négligeable ! J’ajoute  toutes les qualités attendues de l’idéal de libéralisation des échanges économiques : « En éliminant ces obstacles, il importe de veiller à ce que le développement des activités de services contribue à l’accomplissement de la mission visée à l’article 2 du traité, à savoir promouvoir dans l’ensemble de la Communauté un développement harmonieux, équilibré et durable des activités économiques, un niveau d’emploi et de protection sociale élevé, l’égalité entre les hommes et les femmes, une croissance durable et non inflationniste, un haut degré de compétitivité et de convergence des performances économiques, un niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement, le relèvement du niveau et de la qualité de vie et la cohésion économique et sociale et la solidarité entre les États membres. ».

On ne peut évidemment pas passer sous silence ces valeurs de progrès qui résulteront du bon fonctionnement de la concurrence. Dès lors, quelle  place détient la culture dans ce système de valeurs ? J’observe que vous n’avez pas cru bon de le préciser à vos collègues. Je fais donc le faire à votre place. [2]

Le premier constat est que, dans cette Directive, les services culturels ou artistiques ne sont pas nommés [3]. Je pourrais en déduire, dans une tradition bien française, que les actions culturelles sous forme de spectacles, d’expositions ou d’ateliers de pratique des arts, ne sont pas considérées comme des services soumis à concurrence. Mais cet espoir est vite déçu car les  services culturels ne sont pas non plus identifiés dans  l’article 2 de la Directive qui dresse la liste détaillée des services échappant à l’obligation de concurrence !

On ne peut tirer qu’une seule conclusion de ce constat : les  « services culturels » (hormis l’audiovisuel) sont  inconnus de la Directive « services ». Ce texte lourdement réglementaire, qui dessine les bons moyens d’accéder au progrès collectif et durable dans l’harmonie sociale, n’accorde aucune importance spécifique à l’enjeu culturel ! Avouez que cette ignorance mérite d’être signalée aux responsables artistiques et culturels, si souvent enclins à revendiquer leur mission civilisatrice de la plus haute importance !  Il leur faut bien se rendre à l’évidence : avec la « Directive services », la culture  recouvre des biens et services de droit commun, ordinaires en somme, dont la valeur pour la société est donnée uniquement, comme pour les autres marchandises ordinaires, par  le jeu du marché libre.  L’idée d’un enjeu culturel public – l’idée d’un service public de la culture  et même l’idée, présente dans les conventions Unesco, que la  culture est une  « marchandise pas comme les autres » – est désavouée par la  Directive « services ».  Elle ne connaît que la catégorie des services de « loisir », c’est à dire des services « d’entertainment » en anglais !

* Il s’agit là d’un choix politique, non d’une exigence juridique et il ne suffit pas de noter, comme le fait votre rapport,  que la Commission ne veut pas envisager d’autres perspectives pour s’en satisfaire ! (Je dirai plus loin que d’autres choix en phase avec le Traité sont possibles).

J’insiste sur cette question de la  valeur publique de cette  culture « inconnue » de la Directive pour une bonne raison qui ne vous a certainement pas échappé lors de la lecture attentive du texte de la Directive « services » : en effet, toutes les activités qui relient les hommes entre eux ne conduisent pas au progrès par le jeu concurrentiel. La Directive considère ainsi que le sport amateur relève d’un autre idéal de progrès. Je m’arrête sur le paragraphe 35 consacré au sport, en espérant que vous vous êtes demandé pourquoi la culture ne reçoit pas les mêmes égards : «  (35) Les activités sportives non lucratives pratiquées à titre amateur poursuivent souvent des objectifs entièrement sociaux ou de loisir. Elles ne constituent donc pas des activités économiques au sens du droit communautaire et ne devraient pas relever du champ d’application de la présente directive. » Idéal non concurrentiel pour le sport en amateur, en tant que pratique « entièrement » sociale ! Par contre, la danse en amateur, le théâtre en amateur, la musique en amateur n’ont pas de légitimité à bénéficier du même régime ! Pire, la Directive ignore jusqu’à leur nom.

Pourquoi votre rapport ne tire -t-il aucun enseignement de cette incompréhensible différence de statut, comme si, pour atteindre le « progrès durable », le sport en amateur avait des vertus que n’ont pas les pratiques amateurs des danseurs ou des musiciens ?

* Je voudrais poursuivre ces réflexions sur les enjeux éthiques cachés derrière l’objectivité juridique de la réglementation. Ainsi, vous avez noté incidemment, comme si de rien n’était,  que « les opérateurs culturels sont assimilés  aux autres opérateurs économiques ». C’est malheureusement vrai. Mais d’où vient cette injonction ? Sur quelle valeur publique est-elle fondée ?

Il n’était pas très compliqué de détailler l’argumentaire qui assimile, de manière si étrange, les acteurs culturels non lucratifs à des industriels maximisant leur profit. Il résulte, vous le savez, d’une interprétation donnée par la Cour européenne de justice ( et non d’une décision d’une instance démocratiquement élue).  Les acteurs culturels comme beaucoup d’autres sont considérés  comme des offreurs  « d’activités économiques ». Ainsi dit la Cour de Justice : «Pour qu’un service donné soit qualifié « d’activité économique » soumise aux règles du marché intérieur (libre circulation des services et liberté d’établissement), il doit présenter la caractéristique essentielle d’être fourni contre rémunération. Il ne doit cependant pas nécessairement être payé par ceux qui en bénéficient. » [4] La vérité publique absolue est donc la suivante :  des lors que la rémunération est payée, par le bénéficiaire du service ou par une autre entité (une collectivité, par exemple), l’acteur culturel est un «offreur » donc un  « vendeur » !

Et  la conséquence pour la société  n’est pas négligeable :  le vendeur d’activités économiques se voit contraint de se soumettre à la règle concurrentielle chargée de sauver le progrès de l’humanité :« 3.2.1 : Toute activité consistant à l’offre des biens et/ou des services sur un marché donné est une activité économique au sens des règles de concurrence ».  Avec en pratique, un déni des valeurs humanistes portées par les  acteurs puisque même si l’acteur culturel se veut « solidaire », « non lucratif », « généreux » et soucieux de « réciprocité » avec les artistes et les publics, il n’est pour cette réglementation qu’une entreprise marchande concurrentielle : «Dans le domaine du droit de la concurrence, la Cour de justice estime que ce n’est pas le secteur ou le statut d’une entité assurant un service (par exemple le fait qu’il s’agisse d’une entreprise publique ou privée, d’une association d’entreprises ou d’un organisme d’administration publique), ni son mode de financement, qui déterminent si ses activités sont considérées comme économiques ou non économiques, mais la nature de l’activité elle-même. »[5]

Ce raisonnement est douloureux pour ceux qui ont le sentiment qu’ils travaillent pour les arts de qualité, en vue d’enrichir la société avec de beaux livres ou des disques de grands interprètes ! Il l’est aussi pour tous ceux qui croient tisser du lien social, favoriser l’émergence de jeunes talents, construire du « Vivre ensemble » en proposant des festivals, des ateliers, des résidences d’artistes sans aucun souci de rentabilité. Rien ne leur interdit de croire à leur idéal mais les valeurs qu’ils accordent à leur action relèvent de leur appréciation personnelle ou professionnelle. Pour le progrès collectif de l’Union, vu par la  Directive « services », ils sont seulement d’ordinaires contributeurs aux offres culturelles marchandes proposées à des consommateurs. Pour l’Union, ils sont des « épiciers », vendeurs de beaux et moins beaux produits culturels !

Personne n’a donc lu, ne serait ce que Malraux qui n’hésitait jamais à affirmer l’éthique publique de la culture  comme une nécessaire résistance aux effets du marché investi par les machines  à rêve, « qui n’ont pas été inventées pour le plaisir des hommes mais seulement pour apporter de l’argent à ceux qui les fabriquent et n’ont de puissance magistrale que dans la mesure où – je parle clairement – elles ne rapportent le maximum d’argent que si elles font appel, chez nous, à ce qui est le moins humain, le plus animal, le plus organique, et, disons le clairement,  le sexe et la mort » !

Mais c’était en 1963 devant l’Assemblée nationale ! Pour le Sénat de 2012, les temps ont bien changé et l’on accepte sans même s’y arrêter que l’idéal pour la culture  résulte de l’échange concurrentiel. Peut -on se taire devant cette curiosité éthique et politique ?

* J’imagine que vous allez m’objecter  que la norme concurrentielle laisse de grandes libertés d’agir autrement. C’est, affirmez vous dans votre rapport, moins « dramatique » que ce que certains veulent bien le dire  puisque l’Union soutient la création de services d’intérêt économique général –les SIEG. Franchissons une étape et voyons alors les alternatives proposées par ces SIEG en matière culturelle.

Avec les SIEG, l’Union paraît s’offrir  une conception du progrès durable qui ne doit plus rien à la valeur de la rentabilité concurrentielle ! De surcroît, les textes laissent à chaque autorité publique locale une grande marge de  manœuvre :  « Il est essentiellement de la responsabilité des autorités publiques, au niveau approprié, de décider de la nature et de l’étendue d’un service d’intérêt général. » Ainsi l’action de l’Union «respecte la diversité des situations dans les Etats membres et les rôles dévolus aux autorités nationales, régionales, locales pour assurer le bien-être de leurs citoyens et promouvoir la cohésion sociale, tout en garantissant des choix démocratiques en ce qui concerne, entre autres, le niveau de qualité des services ». Chaque territoire  ferait ainsi ce qu’il lui plaît   de faire en matière de SIEG :  « L’étendue et  l’organisation des SIEG varient considérablement d’un Etat membre à l’autre, en fonction de l’histoire et de la culture de l’intervention publique dans chacun des Etats membres. Il existe donc une grande diversité de SIEG et les disparités peuvent exister au niveau des besoins et des préférences des utilisateurs en raison de situations géographiques, sociales et culturelles différentes ».[6]

En faisant une lecture journalistique de ces informations de la Commission, je pourrais presque comprendre votre approche juridique puisque manifestement l’Union approuve largement le développement de ces « services publics ». Mais je ne crois pas qu’il suffise d’en rester à ces apparences, car, avec les SIEG, l’enjeu culturel public est réduit à peau de chagrin. Disons réduit à n’être qu’une exception (culturelle) dans la marche de l’Union vers le progrès durable humain. Et c’est cette marginalité de la culture, ainsi consentie, qui est politiquement grave. Je souhaite en faire la démonstration.

* D’abord il faudrait affirmer, haut et fort,  que les  services d’intérêt économique général ne peuvent exister qu’à la condition qu’il en aient l’autorisation ! La règle concurrentielle  comme éthique publique règne comme une épée de Damocles au dessus de la tête des éthiques alternatives. Le premier contrôle s’exprime ainsi par l’injonction que les autorités publiques locales ne doivent pas faire « d’erreurs d’appréciation ». Vous oubliez de nous le rappeler : le SIEG culturel perd toute légitimité s’il fausse la concurrence !  Impossible d’ouvrir un grand magasin public de livres et de disques dans un ville qui en aurait déjà un, privé et rentable ! Concurrence déloyale ! La règle concurrentielle demeure la référence universelle d’une bonne culture collective, et ce,  pour tous les Etats membres, toutes les autorités publiques décentralisées, en toute  situation ! Comme le dit calmement le guide des SIEG : «  Dans ce cadre, l’intervention de la commission vise uniquement à éviter des erreurs susceptibles d’aller à l’encontre des règles du TFUE  (traité sur le fonctionnement de l’union européenne) ». Autrement décodé, les SIEG  « culturels » ne comptent pour le progrès de l’Europe qu’à la condition de laisser passer, en priorité les produits culturels fournis  par le marché concurrentiel. La culture publique est bien sous contrôle de la marchandise ! Malraux est bien loin !

Est ce une éthique publique si évidente que vous ne mentionnez à aucun moment la nécessité d’en débattre ?

* D’autant que la conséquence est dramatique par rapport aux valeurs culturelles défendues par le Traité lui-même.  Regardons le deuxième contrôle imposé par la Commission sur les SIEG. Il est d’une rare bêtise appliquée à l’enjeu culturel collectif : je voudrais  d’autant plus le souligner que vous avez pris cet argument de la Commission pour une avancée alors qu’il ne peut s’agir que d’un recul dans la construction d’une culture commune faite d’interactions entre les cultures qui peuplent l’Europe et le Monde.

Rappelons la règle : les SIEG sont les bienvenus s’ils « n’affectent pas les échanges entre les Etats membres ». En première lecture, le dispositif autorise le versement de subventions aux porteurs de projets culturels, qui ne s’en plaindront sans doute pas.  J’applaudis comme vous l’avez fait, mais le cadeau est trop beau.

Regardons la suite et prenons l’exemple d’un  musée : à quelles conditions peut-on subventionner un musée de Sardaigne, en Sardaigne ? La réponse répétée en 2007 et en 2011 est : « Dans le cas des musées locaux en Sardaigne, il a été considéré que le financement des projets de ces musées d’une portée limitée et d’un budget modeste n’affectaient pas les échanges entre Etats membres, dans la mesure où,  à l’exception de quelques musées d’importance et  de réputation internationalement reconnues, les habitants des autres Etats membres ne franchissaient pas les frontières avec comme but principal celui de visiter ces musées. »[7]

Est-il si difficile de s’apercevoir que cette explication enterre le sens humaniste de toute politique publique culturelle  puisqu’elle nous dit que l’argent public est justifié si l’investissement n’a aucun intérêt pour d’autres cultures que celle des habitants du terroir. La politique culturelle publique n’est autorisée que si elle demeure sans impact auprès des autres européens !

Vous le voyez, le service public de la culture vu par l’Union et ses SIEG est vraiment bizarre : il n’existe que si les cultures restent enfermées sur elles-mêmes. Etonnant, n’est ce pas, surtout quand l’agenda culturel européen  vante les mérites de « l’interculturalité » !

Il ne faudrait pas croire que l’exemple de la Sardaigne soit isolé et anecdotique : c’est la même doctrine du repli de chacun sur son territoire qui est mise en avant pour justifier les subventions à des créateurs basques : « Dans le cas des productions de théâtre basques, il a été considéré que le financement de ces productions n’affectait pas les échanges entre Etats membres, dans la mesure où il s’agissait des productions à petite échelle de micro ou petites entreprises d’une nature locale, leur audience potentielle était limitée à une région géographique et linguistique spécifique, et elles ne pouvaient pas attirer un tourisme transfrontalier. »[8]

Vous avez bien lu : voici les artistes basques, transformés en « micro entreprises » de « loisir » local qui ont droit aux subventions uniquement parce que leur culture est quantité négligeable. Puisque leurs créations théâtrales vivent en circuit fermé, dans la bulle close de leur identité linguistique, séparée  de toutes les autres langues de l’Europe et du monde, ils ont droit à une aide publique. La politique culturelle publique réduite à l’éloge du ghetto culturel !  Etrange raisonnement pour une société de liberté ! Je ne parviens à comprendre que vous ayez pu  trouver cet argument de l’enfermement linguistique positif quand il faudrait, au contraire, justifier l’argent public par la capacité des acteurs à entrer en relations suivies avec d’autres  langues, à s’interconnecter,  à interagir pour engendrer de nouvelles relations culturelles, sans  attendre que le marché en voit la rentabilité ! L’Europe ne devrait pas se laisser aller, ainsi, à interdire l’argent public dès lors qu’il y a des échanges entre les cultures. J’estime, pour ma part et je ne doute pas que vous partagerez ce point de vue,  qu’il est d’une grande irresponsabilité politique de considérer que tous les échanges culturels doivent être rentabilisés  comme si l’interculturalité  entre les européens, et avec le reste du monde, devait reposer sur les seules épaules du marché de concurrence.

* Plus prosaïquement encore, vous l’avez bien noté dans votre rapport, mais pour vous en féliciter, il reste tout à fait possible pour une autorité publique locale de soutenir des  festivals, des créations théâtrales ou des bibliothèques. Le service public de la culture, devenu SIEG, peut presque faire ce qu’il veut, librement, mais toutefois à la condition que les apports publics soient inférieurs à 200000 euros sur trois ans par projet. Autrement comprises, les aides publiques à la culture doivent rester sous le seuil de la valeur « de minimis » ! Elles peuvent donc exister sans contrainte, … pourvu qu’elles soient sans envergure.

Le fait de passer à 500 000 euros ne changera pas le message politique : cette exception culturelle est si minimale qu’elle est négligeable par rapport aux effets de la règle normale d’accès au progrès durable grâce à la concurrence marchande. Politiquement, il n’y a pas de quoi s’en  vanter,  même si beaucoup d’acteurs culturels s’en contentent volontiers.

* Que se passe -t -il si l’autorité publique subventionne plus largement que 200 000 euros sur 3 ans un acteur du secteur culturel ? Vous l’avez bien dit :  l’Union déclare que cette autorité publique distribue une aide d’Etat. Rien ne l’interdit dans les faits mais, aussitôt prévenue, la Commission déclenche son contrôle pour vérifier si les règles concurrentielles ne sont pas perturbées. La valeur de la concurrence n’est pas seulement une « philosophie » du progrès ; elle sait se faire « surveillante générale » et seule « juge ». Je crois qu’il ne faut pas hésiter à rappeler qu’aucun autre juge des valeurs communes, plus attentif par exemple aux relations de dignité entre les personnes ou la valeur esthétique des créations, ne lui est opposé pour parvenir à des compromis. Avec cette idée de l’aide d’Etat, l’épée de Damocles n’est tenue que par le seul chevalier du « progrès par le marché libre » qui accorde, ou non, les autorisations de vivre hors concurrence !

Il y a, bien sur, des moyens d’échapper à ce contrôle de la commission. Il suffit que l’acteur culturel reçoive une mandat de la part de l’autorité publique pour un service répondant à des objectifs de service public. Dans ce tiroir du mandat public d’exception, on imagine des financements publics plus importants que les futurs 500 000 euros de la règle de minimis : on voit se dessiner la carte des musées, des centres culturels municipaux, des opéras, des bibliothèques, des festivals, c’est à dire tous ces équipements et  événements qui ponctuent la vie des villes européennes. L’Europe ne changera pas de sitôt cette réalité de l’investissement public dans cette « culture » qui vise à satisfaire les loisirs de qualité de ses consommateurs.

Toutefois, le sens de ces investissements doit être médité : en effet, il y a bien « mandat public » mais cet intérêt public n’est pas du tout universel. Il n’a qu’une valeur limitée au territoire local et aux circonstances politiques particulières qui ont conduit à la décision. Autrement formulé en terme de responsabilité politique, l’idéal du SIEG est toujours contingent au sens où il est d’exception et spécifique au local, chaque territoire le gérant à sa façon. Un élu peut donner à un service culturel une valeur alternative, par exemple pour nouer des liens sociaux ou favoriser le mieux vivre ensemble, mais le territoire d’à coté peut fort bien revendiquer de privilégier l’aide à la création artistique d’excellence tandis que le troisième n’y fera rien et préférera faire financer par le privé une grande salle de spectacles dits populaires de 20 000 places ! Le sens et la valeur que l’élu donne à la culture ne dépassent pas les frontières de sa compétence territoriale. La liberté de penser et d’agir localement est souvent applaudie mais, dans le cadre des SIEG, elle produit l’éclatement total de l’idée même de politique culturelle.

Le Sénat, justement par ses compétences, aurait quand même pu interroger cet intérêt général de seconde zone institué par le dispositif des SIEG. Car il faut bien admettre qu’il n’y a en Europe aucune règle commune supérieure à la concurrence pour penser une politique culturelle homogène au sein de l’Union. Seul l’idéal concurrentiel  reste et demeure « universel » pour tous les temps et tous les lieux de l’Europe.  Est ce bien cette Europe culturelle  segmentée par territoire et soumise partout au contrôle prioritaire de la concurrence que nous pouvons souhaiter ? Personnellement, je préfère en douter, surtout au moment où la mondialisation nous offre la chance de côtoyer la diversité fantastique de toutes les cultures de la planète.

* Le pire est sans doute que la réglementation européenne offre encore  d’autres possibilités juridiques de financer des SIEG avec des ressources publiques. Le maire pourra préférer la délégation de service public à l’appel d’offres. Il peut même accorder des droits exclusifs aux fournisseurs de services. Il peut aussi verser des subventions si le projet est d’origine associative. Il peut, tout aussi bien, gérer le service public en régie directe. Vous l’avez indiqué, ces  solutions sont nombreuses. La municipalité a beaucoup de choix. Cette liberté d’agir des autorités publiques signifie seulement que, localement,  ces diverses possibilités de gestion publique restent en concurrence entre elles !  L’éthique concurrentielle n’a donc pas abandonné la partie puisqu’elle parvient même à mettre en compétition les différentes procédures publiques, en fonction d’intérêts qui ne relèvent de l’intérêt général de l’Union  mais plutôt des intérêts propres aux différents pouvoirs locaux, eux-mêmes en compétition entre eux  pour plus d’attractivité de leur territoire !

Ainsi, en un mot, avec les SIEG, l’élu local remplace l’investisseur privé  pour fournir à sa place les services culturels non rentables sur son territoire particulier, sans portée pour l’ensemble de l’Union.

La réflexion politique européenne peut-elle en rester à cette conception de la responsabilité culturelle publique ?

Je ne le crois pas. Je suis même convaincu que l’actuel Traité de l’Union  impose une autre perspective pour l’enjeu culturel public. Toutefois, pour avancer dans cette voie, il faut accepter d’opérer un saut qualitatif, que votre rapport n’envisage à aucun moment.

* Je voudrais d’abord affirmer que le Sénat n’est pas tenu par une définition corporatiste de la responsabilité culturelle telle que les professionnels des arts et de la culture l’entendent. En effet, depuis les années 1990, avec le rapport  De Cuellar, l’Unesco a revendiqué une approche humaniste de la diversité des cultures et notre pays l’a approuvée, à l’unanimité de ses parlementaires, comme vous ne pouvez l’ignorer. [9] L’enjeu culturel public est alors associé à l’ambition de faire vivre ensemble des personnes, groupes, communautés aux identités culturelles si différentes. C’est un enjeu politique fort pour tenter de contrecarrer le risque majeur pour notre planète de voir les cultures s’opposer entre elles au point de nous conduire au « clash des civilisations ».  L’article 1 de la Déclaration Universelle sur la diversité culturelle de 2001 a clairement énoncé cette volonté politique de voir les différences de cultures devenir des ressources pour « faire humanité ensemble ». C’est le pari politique qui affirme qu’avec toutes les cultures respectueuses des droits humains, « la  diversité culturelle est  le patrimoine de l’humanité ». Je sais qu’il est inutile de vous rappeler cette exigence politique internationale qui met l’enjeu culturel au cœur de notre avenir commun.

L’Union européenne serait -elle, de son coté, imperméable à cet enjeu culturel au point que le Sénat français ne doive pas l’évoquer ? Je le pense d’autant moins que cette éthique  – « la culture, c’est faire humanité ensemble» –  est fondée sur les principes  mêmes du Traité européen. Je vous en propose la  démonstration suivante,  si  vous voulez bien m’accorder quelques instants supplémentaires.

* Il faut d’abord faire un détour par la Déclaration universelle des droits de l’homme de 1948 : « Les êtres humains naissent libres et égaux en dignité et en droits ». On doit  alors considérer que la responsabilité universelle de la politique publique est de garantir le respect de la dignité de la personne, elle même respectueuse de la dignité et de la liberté des autres personnes. Chaque personne se voit ainsi « reconnue » dans l’identité qui la constitue comme être de dignité, c’est à dire dans sa culture. Et cette relation puissante entre l’identité culturelle et la dignité de la personne a été consignée dans les conventions internationales signées à l’Unesco. On en trouve une formulation  précise dans la Déclaration de Fribourg sur les Droits Culturels : [10]  «l’expression «identité culturelle» est comprise comme l’ensemble des références culturelles par lequel une personne, seule ou en commun, se définit, se constitue, communique et entend être reconnue dans sa dignité ».

J’insiste sans doute trop sur cette dimension culturelle de la dignité mais  il me paraît difficile d’y échapper dans la mesure  où  elle nous est imposée par nos engagements internationaux. Je rappelle par exemple l’article  4 de la Déclaration universelle sur la diversité culturelle qui affirme que « la défense de la diversité culturelle est un impératif éthique, inséparable du respect de la dignité de la personne humaine ». C’est donc bien un idéal de « dignité » adopté par plus 184 Etats qui pose  une autre éthique universelle pour la culture que celle de la concurrence. Non pas pour dire que les marchandises culturelles doivent disparaître. Seulement pour assurer que la préoccupation marchande  ne peut s’autoriser à écraser l’exigence de respect due à la dignité des personnes dans leurs « identités culturelles plurielles, variées et dynamiques ».

* Cette perspective ne peut être ignorée quand on aborde concrètement la question des aides publiques à la culture en Europe. En effet, le Traité est particulièrement attentif à l’enjeu de dignité des personnes.

Ainsi, son préambule confirme  l’attachement des Etats « aux principes de la liberté, de la démocratie et du respect des droits de l’homme et des libertés fondamentales et de l’État de droit ». Puis, dès l’article 2 du Traité,  ces  principes se traduisent en engagement éthique : «  L’Union est fondée sur les valeurs de respect de la dignité humaine, de liberté, de démocratie, d’égalité, de l’État de droit, ainsi que de respect des droits de l’homme, y compris des droits des personnes appartenant à des minorités. Ces valeurs sont communes aux États membres dans une société caractérisée par le pluralisme, la non-discrimination, la tolérance, la justice, la solidarité et l’égalité entre les femmes et les hommes. »

Il suffit de lire ces valeurs éthiques fondatrices de l’Union pour admettre que la valeur de dignité devrait détenir la première place dans le fonctionnement quotidien de l’Union.

* Dans le même sens, il est inévitable de faire référence à l’Article 6 du Traité qui renvoie à la Charte des droits fondamentaux de l’Union européenne du 7 décembre 2000. Aucun doute  sur l’universalité de l’exigence de dignité puisque l’article premier  énonce « la dignité humaine est inviolable. Elle doit être respectée et protégée ».

Ainsi, même s’il est dommage que vous ne l’ayez pas évoquée,  la responsabilité universelle de l’Union n’est pas seulement de fournir des biens culturels marchands pour le bien-être du plus grand nombre ; elle est aussi de garantir la dignité  de la personne, donc  la reconnaissance de son identité culturelle qui se doit d’être « respectée et protégée » .

* Il  me paraît maintenant possible de faire un pas de plus.

J’observe par exemple que cette  valeur de « respect de la dignité des personnes » n’est pas du tout inconnue de la  Directive « services ». C’est même une valeur qui s’impose comme une évidence dans la pratique concrète de l’institution…, du moins dans certaines circonstances !

J’ai suffisamment critiqué la Directive, avec sa volonté d’associer le progrès  à la seule concurrence entre les marchandises,  pour pouvoir dire maintenant qu’elle propose, aussi, un autre idéal pour construire l’Humanité ensemble. En effet, au point 27, la Directive considère que le marché n’est pas du tout un bon dispositif  lorsque la dignité des personnes est menacée.

Vous comprenez que cette reconnaissance réglementaire – juridique, diriez-vous – de la valeur de dignité est essentielle pour mon argumentation. Je m’empresse donc de citer le texte qui légitime l’intervention publique au nom de la dignité des personnes  : « ces services sont essentiels pour garantir le droit fondamental à la dignité et à l’intégrité humaines et sont une manifestation des principes de cohésion sociale et de solidarité et ne devraient pas être affectés par la présente directive. » Vous avez bien lu  :  ces services qui garantissent la dignité humaine sont « essentiels », donc non contingents. Pourquoi, alors, ne pas revendiquer cette puissante légitimité  en affirmant que la première dignité de la personne ne peut être que la reconnaissance de son identité culturelle, dans le respect de sa liberté et du « vouloir mieux vivre ensemble ».  Les services culturels qui voudraient donner priorité à la dignité des personnes devraient être reconnus comme universels pour l’Union, au titre de ce droit à la dignité affirmé dès l’article 2 du Traité.

* Malheureusement, ce pas n’a pas été franchie par la Commission et le Parlement. La Directive « services » a, en effet, une approche très restrictive de l’idéal de dignité qu’elle limite à des situations objectives définies par des normes professionnelles que seuls les spécialistes des secteurs de la santé, de la réparation sociale ou du logement peuvent apprécier.

Regardons bien le texte de la Directive « services » : il « connaît » les situations d’indignité mais ne laisse aucune place à la « parole » de la personne.  « La présente directive ne devrait pas couvrir les services sociaux dans les domaines du logement, de l’aide à l’enfance et de l’aide aux familles et aux personnes dans le besoin qui sont assurés par l’État au niveau national, régional ou local, par des prestataires mandatés par l’État ou par des associations caritatives reconnues comme telles par l’État avec pour objectif d’assister les personnes qui se trouvent de manière permanente ou temporaire dans une situation de besoin particulière en raison de l’insuffisance de leurs revenus familiaux, ou d’un manque total ou partiel d’indépendance et qui risquent d’être marginalisées. Ces services sont essentiels pour garantir le droit fondamental à la dignité et à l’intégrité humaines et sont une manifestation des principes de cohésion sociale et de solidarité et ne devraient pas être affectés par la présente directive. »

En lisant attentivement cet argumentaire, on comprend que la dignité  n’est mobilisée que pour les situations matérielles qui empêchent les personnes d’être opérationnelles sur les marchés concurrentiels ! Pour la Directive, la dignité n’est donc pas une valeur aussi « essentielle » que ne le voudrait le Traité.

C’est pourquoi il me semble de première importance d’interpeller la Commission sur son interprétation trop restrictive de la « dignité » qui ne permet pas d’inclure l’enjeu culturel reposant sur  la reconnaissance première des dignités culturelles des personnes. Je souhaiterais, pour ma part, que soit suggérée une autre écriture de ce paragraphe 27 de la Directive permettant d’inclure l’enjeu culturel de dignité : «  27) En application du  droit fondamental à la dignité et à l’intégrité humaines visé par l’article 2 du Traité,  la présente directive n’autorise la libéralisation des  services qu’à la condition qu’ils  permettent à la personne  d’affirmer son droit à la liberté et à l’expression de son identité culturelle, « comprise comme l’ensemble des références culturelles par lequel elle se définit, se constitue, communique et entend être reconnue dans sa dignité ».

En somme, en matière culturelle, accepter, certes,  la concurrence, mais  sous contrôle de la dignité !

 

* Une dernière marche reste à franchir si l’on s’autorise à poser l’enjeu culturel en termes éthiques plus que juridiques . L’Union a dû reconnaître que certaines réalités devaient être gérées autrement que par la logique d’échanges de marchandises et a admis, du bout des lèvres,  la nécessité des « services d’intérêt général non économique » (SIG) à coté des SIEG.  Je lis, par exemple, les informations données par la Commission, en 2007 pour rendre possible et légitimer ces services publics : ce sont les «services, qui comprennent par exemple les prérogatives étatiques traditionnelles, telles que la police, la justice et les régimes légaux de sécurité sociale, ne sont soumis ni à une législation communautaire spécifique, ni aux règles du traité relatives au marché intérieur et à la concurrence. »

Vous n’avez pas sérieusement évoqué cette possibilité réglementaire pour asseoir une politique culturelle alternative à celle des SIEG. Pourtant, au regard des enjeux culturels de dignité, ces services d’intérêt général  non économiques (SIG) sont parfaitement adaptés à la réalité de nombreux acteurs culturels soucieux de culture non lucrative, de relations solidaires ou, comme on dit encore en France, d’éducation populaire.

J’aimerais vous confier mes observations sur ce point.

* Je note d’abord que la légitimité de ces services publics n’est pas sérieusement étayée par la Commission. Aussi bizarre que cela puisse paraître, ces services reposent sur des valeurs très vagues  :  le texte les qualifie de « traditionnelles », comme si la tradition était une valeur pilier du Traité de l’Union,  ou, alors, la valeur de ces services est formulée de manière négative –  « non économiques ».  Ainsi, en 2011 en réponse à la question de savoir comment reconnaître de telles activités non économiques (d’intérêt général), la Commission a osé répondre  « les deux catégories d’activités qui ont été déterminées comme non économiques sont : les activités liées à l’exercice des prérogatives de puissance publique et certaines activités d’une nature purement sociale ! [11] »

J’aimerais que vous admettiez, avec moi, la faiblesse insigne de cette justification : je tiens même à dire que l’idée qu’il existe dans la société complexe qui est la notre, des réalités « d’une nature purement sociale » est cocasse. Imaginez ! Il y aurait ainsi, dans l’Union, des activités qui seraient de nature « sociale », sans être de nature « économique » ? Ou à l’envers des activités si purement « économiques » qu’elles ne seraient pas « sociales » ? D’ailleurs, avoir même l’idée de qualifier une réalité  de notre vie collective de « pure » dans sa nature, est suspecte et même injustifiable au regard des dégâts que l’idéologie de la « pureté » en société a pu mobiliser.

De surcroît, et c’est pour moi l’essentiel de l’argument, le fait qu’une activité soit « sociale » ( « purement » ou « entièrement » comme il est écrit pour le « sport amateur ») ou qu’elle soit qualifiée « d’économique » n’est pas pertinent par rapport au Traité. En effet, le qualificatif « purement sociale » ne peut être associée à aucun article du Traité, si bien que la Commission triche en donnant une justification en dehors des clous du formalisme qui devrait pourtant être sa règle incontournable.

Ne serait-il pas nécessaire de refuser cette explication injustifiée  et de réclamer que les SIG (non économiques) reposent plus solidement sur les valeurs fondamentales du Traité ? Et, bien entendu, sur des activités dont la finalité est de permettre aux personnes d’être plus en dignité, vis à vis d’elles-mêmes, vis à vis des autres. Il faut ainsi profiter du flou des justifications de la Commission pour refonder les services d’intérêt général (non économiques) sur la défense des droits humains.

Je  suis persuadé que beaucoup d’acteurs culturels pourraient se reconnaître dans cette exigence éthique. Pas tous, certes, car nombre d’entre eux sont plutôt des vendeurs de produits à des publics satisfaits de leurs consommations de spectacles, de films ou de livres… Pour eux, le marché concurrentiel restera la norme et, à titre d’exception, les SIEG suffiront bien à la peine. Les informations juridiques que vous avez données leur seront parfaitement adaptées.

Mais,  d’autres acteurs culturels privilégient la relation de « reconnaissance » entre les personnes. Les obligations de réciprocité ne se limitent pas au paiement d’un billet ou d’un salaire. L’enjeu est que les personnes progressent sur le chemin de l’émancipation. La culture est alors comprise comme construction d’une humanité ensemble faite de plus de libertés, plus de capabilités, plus de responsabilités vis à vis des autres, pour reprendre les exigences des approches du développement humain, si bien défendues par Amartya Sen, prix Nobel d’économie.

De tels projets acceptent, bien sur, les échanges marchands mais ne s’y réduisent pas car ils nécessitent  la  confrontation des personnes et de leurs libertés culturelles ( et artistiques)  pour mieux favoriser les  interactions entre les mondes sensibles ( ce que j’ai qualifié ailleurs de « palabre » [12] et qui ne peut s’épuiser dans l’offre de marchandises !)

Cet enjeu culturel mérite  bien un dispositif réglementaire identifié. Les services de dignité comme SIG non économiques devraient lui être ouverts, même si les critères pour y entrer seront sans doute plus contraignants que ceux qu’impose la logique marchande aux  SIEG. Ils seront, en tout cas, beaucoup plus valorisants pour ceux qui estiment comme Perez de Cuellar que « nous avons tout lieu d’espérer qu’à mesure que chacun ira défrichant un peu mieux sa propre singularité, il y découvrira au plus profond l’indéniable empreinte de notre humanité commune. »

Je m’autorise à reprendre pour cet enjeu culturel les mots de Mendes France :  « Alors que le progrès consiste à reconnaître à chacun plus de droits, d’indépendance, de dignité non seulement dans la gestion de sa vie personnelle mais aussi dans celle de la communauté à laquelle il appartient, je ne peux croire que ce peuple se désintéresse de son propre progrès. »[13]  En ce sens, je forme le vœu qu’avec votre soutien, l’Union saisisse la nécessité de faire évoluer ses directives pour donner force réglementaire à l’enjeu culturel premier  qui reste de mieux construire notre   humanité commune,  ensemble.

Je vous remercie de votre attention.

Bien respectueusement à vous

Jean Michel Lucas.

_____

[1] Voir le considérant n°1 de la Directive services http://eur-lex.europa.eu/LexUriServ/LexUriServ.do? uri=CELEX:32006L0123:FR:NOT

[2] Voir sur ce point Jean Michel Lucas et Doc Kasimir Bisou : «   Culture et développement durable :  il est temps d’organiser la palabre ». Editions Irma, Paris,  2012.

[3] Voir le point (33) de la Directive .

[4]Voir Communication de la commission au parlement européen, au conseil, au comité économique et social européen et au comité des régions accompagnant la communication intitulée « Un marché unique pour l’Europe du 21e siècle » Les services d’intérêt général, y compris les services sociaux d’intérêt général : un nouvel engagement européen. 20.11.2007 ; COM(2007) 725 final

[5] Ibidem

[6] Je reviendrai plus tard sur cette étonnante mais subtile différenciation entre services d’intérêt général non économiques (SIG) et SIEG ( services d’intérêt économique général.) Voir le « Guide relatif à l’application aux services d’intérêt économique général, et en particulier aux services sociaux d’intérêt général, des règles de l’Union européenne en matière d’aides d’État, de « marchés publics » et de « marché intérieur »,  point 2.5.

[7] Voir le guide point 3-1-12

[8] Voir le guide point 3.1;12

[9] Je me  réfère ici au votes du parlement adoptant les lois qui autorisent le président de la république à signer les conventions Uneco  sur la diversité culturelle : la Convention sur la sauvegarde du patrimoine culturel immatériel, et la convention sur la protection et la promotion de  la diversité des expressions culturelles.

[10] voir le site http://www.aidh.org/ONU_GE/Comite_Drtcult/decla-fribourg.htm

[11] voir au point 3.1.4 du guide des sieg.

[12] J’ai resitué cet enjeu dans « Culture et développement durable :  il est temps d’organiser la palabre » éditions Irma 2012.

[13] Pierre Mendes France : « La république Moderne » Edit Gallimard,1966

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Aides des collectivités territoriales et droit communautaire : la culture menacée ?

Le groupe de travail sur l’influence du droit communautaire sur le financement des services culturels par les collectivités territoriales a rendu ses conclusions au Sénat au début du mois d’avril. Le communiqué de presse qui nous est parvenu avec la synthèse du rapport du président du groupe de travail Monsieur Vincent Eblé témoigne de la complexité et de l’importance du sujet.

En effet, le droit communautaire évolue. Le paquet Monti-Kroes, datant de juillet 2005, a été remplacé par le paquet Almunia, adopté par la Commission européenne le 20 décembre 2011 et applicable en France depuis le 1er février 2012. S’adressant à l’ensemble des pouvoirs publics, nationaux et locaux, il émet un principe général d’interdiction des aides d’État, tout en autorisant certaines compensations notamment pour la fourniture de « services d’intérêt économique général » (SIEG). Au-delà d’un certain seuil de subvention, le seuil de minimis, qui devrait prochainement être fixé à 500 000 euros sur trois ans, toute compensation fait l’objet d’une notification.

Ceci est lourd de conséquences pour la culture et plus généralement pour l’écosystème culturel. Des mutations profondes s’annoncent. Plusieurs de nos membres sont très mobilisés sur cette question et nous aurons l’occasion d’y revenir très prochainement en détail.

La synthèse du rapport est téléchargeable dans notre box ressources.

Le communiqué :

Aides des collectivités territoriales et droit communautaire :

mieux prendre en compte les spécificités du secteur de la culture

Le mercredi 4 avril 2012, la commission de la culture, présidée par Mme MarieChristine Blandin (Groupe écologiste – Nord), a adopté les conclusions du groupe de travail sur l’influence du droit communautaire sur le financement des services culturels par les collectivités territoriales, présidé par M. Vincent Eblé (SOC – Seine‑et‑Marne).

Après avoir entendu une trentaine de personnes et rencontré les cabinets des commissaires européens concernés par ce sujet, le groupe de travail dresse le constat d’un risque d’insécurité juridique, lié à la complexité du droit des aides d’État et de la commande publique et à la difficulté de leur mise en œuvre. En outre, acteurs culturels et collectivités territoriales sont confrontés à un enchevêtrement de normes nationales et européennes parfois contradictoires. Enfin, le corpus juridique encadrant le financement des services culturels ne tient pas suffisamment compte du caractère spécifique de la culture pourtant réaffirmé par la convention de l’Unesco.

Certaines pistes sont à explorer :

  • l’analyse des marges de manœuvre existantes (procédure adaptée pour les projets culturels, subventionnement des associations);
  •  la mobilisation des acteurs culturels et des pouvoirs publics pour entamer des négociations avec la Commission européenne afin que soient mieux prises en compte les spécificités culturelles (notifications de régimes d’aides ou d’aides compatibles au sens de l’article 107-3-d du Traité sur le fonctionnement de l’Union européenne, incorporation de secteurs culturels dans un règlement général d’exemption) ;
  • un meilleur accompagnement, par l’État, du secteur culturel et des administrations territoriales (formation des personnels des directions régionales des affaires culturelles au sein desquelles serait désigné un référent, présentation claire et fiable des règles de financement, qu’il s’agisse d’un guide ou de la mise à jour de la circulaire du 18 janvier 2010 relative aux relations entre les pouvoirs publics et les associations).

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Fermer la moitié des lieux culturels ?

L’article de Guy Duplat paru récemment dans La Libre Belgique « Fermer la moitié des lieux culturels ? » dépeint une situation devenue intenable pour le secteur culturel un peu partout en Europe, celui-ci ne parvenant plus à être aussi partie prenante d’un projet de société pour les citoyens et pour les politiques, auxquels ils sont pourtant tellement liés. Ce secteur culturel qui est aussi devenu, et désormais plus ouvertement, le terrain de jeu des dérégulateurs. Ce secteur culturel où ses propres professionnels peinent depuis si longtemps à réproblématiser, réinventer, régénérer, réenchanter, réformer, etc. Ce n’est pourtant pas faute d’énergie, de vision, de savoir-faire ou encore d’engagement et de pugnacité.

Les politiques publiques de la culture sont le fruit d’une lente et patiente construction à la pluralité et à la diversité telles qu’on peut l’aborder comme un éco-système. Or, cet éco-système est un assemblage précaire, particulièrement fragilisé, dont l’avenir est plus que jamais lié à l’urgence d’une réflexion politique, y compris à l’échelon européen, à la croisée de la mission de service public et de la mission d’intérêt général.

À la veille d’échéances électorales qui vont décider de quel projet de société nous voulons pour les cinq années à venir en France, la question de l’organisation pour la survie, la préservation et le développement soutenable du secteur culturel est une nouvelle fois posée de façon plus que timide. L’article de Guy Duplat démontre bien que d’autres sont beaucoup moins timides et qu’il faudra bien plus que de la vigilance, de l’indignation aussi engagées soit-elles. Désormais, il va falloir assumer son rôle et sa légitimité d’acteur de la politique culturelle et prendre ses responsabilités pour soit inviter un nouveau référenciel commun, un nouveau logiciel diraient certains politiques, soit laisser s’agrandir la déchirure entre marchand et non marchand, entre ce qui est immédiatement bancable et ce qui ne l’est pas, entre ce qui est soutenable et ce qui ne l’est pas (que de quiproquos sur le sens du mot « soutenabilité »!), entre une valeur ajoutée et une simple valeur partagée, transmise, échangée. Plus que jamais la coopération n’aura été aussi urgente. Elle ne peut plus se payer le luxe d’être la condition d’une résistance ou d’une survivance, elle doit être celle d’une renaissance, à tous les sens du terme.

« Fermer la moitié des lieux culturels ? »

« Le débat fait rage en Allemagne mais aussi en Suisse et en Autriche, après la publication d’un livre brulôt : « L’infractus culturel » (« Der Kulturinfarkt ») signé par quatre personnalités du monde de la culture : Dieter Haselbach, Armin Klein, Pius Knüsel et Stephan Opitz. Leur thèse réussi à faire l’unanimité contre eux, mais il n’empêche : ils ont lancé un débat riche et des très dangereux.

Leur idée est qu’en Allemagne ou en Suisse (Pius Knüsel est le directeur de Pro Helvetia, l’organe public chargé de promouvoir la culture suisse, ce qui rend sa présence parmi les signataires encore plus curieuse !à), l’Etat dépense trop pour la culture et n’a plus de marge de manœuvre pour aider de nouveaux secteurs. Même si ces budgets culturels ne représentent finalement qu’une très faible partie du budget de l’Etat, celui-ci ne pourra plus faire davantage et serait étranglé, obligé de continuer à subsidier « aveuglément » de multiples organismes et institutions nés de la vague de démocratisation de la culture, sans plus de visibilité pour faire encore des choix et aider des secteurs émergents, aider des groupes de la population négligés par l’offre culturelle actuelle ou favoriser une industrie culturelle « mainstream » qui échappe souvent à l’Europe.

Ils proposent alors une « solution » radicale pour retrouver de l’air : fermer environ la moitié des institutions (théâtres, musées, bibliothèques, etc.), confier au privé tout ce qui peut l’être et utiliser l’argent gagné pour d’autres priorités dont ils donnent une liste dans le livre : encourager la « culture populaire », développer une industrie culturelle nationale, prendre en compte les cultures des populations immigrées et aider les formes nouvelles de production et de réception de la culture par voies numériques.

Un discours extrêmement dangereux car il tombe à pic au moment où quasi partout en Europe, les Etats veulent se désengager de la culture et lorgnent sur le modèle libéral américain d’une culture aidée par le privé. Aux Pays-Bas, les budgets culturels ont été amputés de 25%. En matière de danse, par exemple, on évoque aux Pays-Bas un « tsunami » rasant tout sur son passage. Idem au Portugal, en Espagne, en Italie et en Grèce, en Hongrie, en Grande-Bretagne avec à chaque fois une incitation à « être créatif en cherchant à la place des subsides, des partenariats et des aides privées ».

Dans ce mouvement ultralibéral, la France et l’Allemagne étaient (avec la Belgique) presque les seuls à résister. L’Allemagne pouvait même se targuer d’avoir augmenter les budgets pour la culture.

Et voilà que des personnalités impliques dans la culture viennent plaider pour des réorientations drastiques, laissant entendre que la culture subsidiée actuelle serait trop fonctionnarisée, pas assez démocratique, etc. Il n’est pas étonnant que les échos positifs soient venus en Suisse du parti d’extrême droit UDC de Christof Blocher et en Allemagne du journal des affaires , le « Handelshlat », qui estime que c’est une piste pour réunir d’avantage « culture et économie ».

Le livre n’était même pas encore publié que la contestation est née. D’emblée, une cinquantaine d’intellectuels prestigieux ont signé une lettre d’indignation jugeant cette thèse dangereuse car amenant la culture à devenir un bien élitiste. Elle était signée par Wim Wenders, Gunter Grass, Volker Schlöndorff, entre autres.

Les milieux culturels insistent pour dire qu’ils n’ont pas attendu ce brûlot pour être rigoureux, pour évoluer, chercher et toucher de nouveaux publics. Ce livre participerait à la vague de populisme ambiant, voulant indiquer que l’artiste, le « cultureux », serait un perpétuel mendiant, s’imaginant un droit subjectif à la subvention, inconscient de son statut professionnel et social, totalement profane en matière de marketing. Cette image-là, disent-ils est fausse. Le quotidien « Süddeutsche Zeitung » admet que l’Allemagne subsidie beaucoup (il y a 84 opéras dans 81 villes !) et que ces subventions profitent avant tout aux classes moyennes éduquées, mais, dit le journal, n’est-ce pas parce que cette couche de la population a cela en matière de culture et d’art que le pays se porte si bien ?

« Ce livre s’inscrit dans un vaste mouvement qui veut que parce que les caisses sont vides, la culture et la formation soient jugées à l’aune de ce qu’elles rapportent sur le plan économique » s’indignait le quotidien allemand « Taz ».

Bien sûr, plaider pour le maintien (voire la hausse) des subsides n’exonère pas les institutions d’une critique interne et externe. Il faut sans cesse analyser les bijectifs, les moyens et les résultats. Mais c’est déjà largement fait. On pourrait certes faire encore mieux, mais la tentation de tout couper par deux est démagogique et cherche à justifier simplement la tendance dramatique actuelle à diminuer le rôle de l’Etat dans tous les domaines. Et vise à atteindre d’abord les parts les plus expérimentales et singulières de la création. Celles dont nous avons pourtant le plus besoin pour nous inventer un nouvel avenir. »

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La RSE Nord-Africaine

Ceci est le texte de l’allocution d’un de nos membres les plus émérites, René Villemure, présentée le 27 mars 2012  à Tunis lors du  1er Forum International sur la RSE en Tunisie.

La RSE et son importance dans le contexte mondial actuel

La RSE ? Certes. Mais quelle RSE ?

Il n’y a jamais eu, et il n’y aura jamais, de RSE sans réflexion.

Si cela va sans dire…cela ira encore mieux en le disant…

Bien que le sujet soit sur toutes les lèvres, on utilise la RSE et l’éthique plus souvent qu’autrement afin de justifier des normes.  Au lieu d’inspirer, on tente de contrôler le comportement en surveillant, en comparant les conduites avec des textes figés et en punissant, ce qui ne constitue pas, d’emblée, des gestes éthiques.  De fait, l’éthique et la RSE, malgré leur notoriété, demeurent mal connues et mal comprises.

Considérant que la notoriété du sujet n’égale pas sa connaissance, j’aimerais vous présenter, en quelque minutes, ce qu’est réellement l’éthique, ce qu’elle n’est pas, puis, enfin de faire le lien avec la RSE, tant la RSE « attendue » que la RSE à inventer dans le cadre de ce Forum.

Même si plusieurs abusent du terme « éthique » et si, en conséquence, celui-ci est de plus en plus « connu », posons la question : malgré sa notoriété, sait-on réellement ce qu’est l’éthique ou ne sommes-nous qu’en mesure d’en déplorer le manque?

L’éthique, et c’est curieux, est l’un de ces sujets que tous semblent vouloir s’approprier sans pour autant en comprendre les exigences ou la portée.  Écoutons les conversations et nous pourrons entendre parler de l’éthique du football et même de l’éthique de ceux qui travaillent fort…  Tout dire sans rien dire…

Ainsi, et c’est incontestable, le sujet de l’éthique est connu mais, s’y arrête-t-on vraiment ?

L’éthique n’a pas la vie facile, elle est souvent masquée par tout ce qui se prend pour elle…c’est la raison pour laquelle on entend plus souvent parler  de « codes d’éthique », c’est-à-dire d’impératifs à suivre absolument sous peine de sanctions.  La RSE « attendue » relève de la même logique, celle de la surveillance.  Cette conception, fort populaire, est cependant réductrice. Elle réduit le « Bien Faire » à l’obéissance…

Ces codes maladroitement appelés « codes d’éthique » relèvent, au sens strict, de la déontologie, c’est-à-dire d’un « discours sur le devoir ».  La déontologie est une pratique normative qui se penche sur son passé, que l’on croit immuable, et qui, souvent, n’aime point son présent.  C’est la raison pour laquelle elle propose d’ajuster le comportement présent au passé jugé « idéal ».  La RSE « classique » dit la même chose…

En situation de décision, le déontologue ou le spécialiste de la RSE « attendue » tentent patiemment de rapprocher rigoureusement la situation en présence du texte original afin de restituer à la situation actuelle la perfection du texte original sans nécessairement tenir compte du contexte ou de l’irrégularité de la situation.  La déontologie est une pratique patiente et mesurée de comparaison avec un texte figé…figé dans le passé, bien sur… La RSE « classique » aussi…

Enfin la déontologie, pour qui n’existent que les cas les plus fréquemment rencontrés, elle inspire par la crainte, elle définit ce qui est « mal », ce qui est interdit, elle recherche la faute par rapport à un texte fondateur jugé parfait. La RSE « attendue »  aussi…

L’éthique, de son côté, est une pratique évaluative fondée sur des valeurs en vue de l’atteinte d’une finalité jugée « bonne »; elle est plus soucieuse du « bien dans les circonstances » que de la conformité systématique à une règle figée.  L’éthique se soucie de la  décision à prendre avec justesse, dans un contexte irrégulier, malgré l’incertitude et tout en considérant que le juste, en soi, est une cible fuyante.  « Que nous incombe-t-il donc de faire dans les circonstances » demande l’éthique.

L’éthique doit être comprise comme étant un exercice réflexif qui résulte d’une certaine prise de conscience collective, d’un désir de faire autrement, d’un ambition de faire « mieux » au niveau moral.  On pourrait parler ici « d’articulation vertueuse » du développement durable par les entreprises.

L’éthique peut-être comparée à une œuvre d’art qui appartient à une époque ou à un peuple; une décision éthique appartiendra toujours à un contexte, à un moment spécifique dans l’espace et dans le temps.  Et tout comme dans le domaine de l’art où les « connaisseurs », nombreux, évaluent la technique, l’éthique a ses faux experts, tout aussi nombreux, qui rédigent des codes standardisés tout en n’ayant peu de souci pour l’éthique en soi ou pour le sentiment artistique de l’éthique. On parle alors « d’éthique irresponsable ».

La RSE qui doit être imaginée et conçue au cours de ce forum devra donc être une « RSE Nord-Africaine » et non pas la reproduction ou une adaptation facile de la RSE « attendue »  concept pensé par d’autres, pour d’autres.

* * *

Lorsqu’on évoque l’éthique dans le cadre d’une réflexion sur une RSE Nord-Africaine il faut savoir que l’éthique est affaire de culture, tant celle d’une organisation, d’une société, d’un mouvement ou d’un peuple.  Elle doit s’appuyer sur des valeurs communes qui devront être claires, praticables et partagées; ces valeurs devront éclairer et éviter de recouvrir ce qui doit être fait par ce qui peut être dit.

L’éthique et la RSE sont affaire de culture et il faut rappeler qu’une culture ne se change pas, elle ne peut que migrer. Lentement.

La migration culturelle, la migration éthique, ou la migration vers une RSE Nord-Africaine est la prise en compte d’un désir de transformation qui permettra de faire le lien entre « pas de RSE », la RSE « attendue », sans liens culturels réels et la RSE Nord-Africaine. C’est cette RSE Nord-Africaine qui permettra de faire le lien entre le durable et le court terme, la création de valeurs et le gaspillage, le collectif et l’individuel.

Il faut influencer la culture actuelle de vos environnements  vers une culture RSE Nord-Africaine parce qu’actuellement la culture de plusieurs organisation ou sociétés présente en Afrique du nord ne se démarque pas, ainsi, on ne la remarque pas… on n’en remarque que les manquements. Ce qui est déplorable et insuffisant pour permettre à vos environnements d’éclore sur le plan éthique.

Et ce sont ces mêmes manquements qui font que l’on ne parle d’éthique qu’en termes de conflits, de fraude ou d’abus; ce sont ces mêmes manquements qui font que l’on parle de RSE en termes de non-conformité, d’abus ou de problème.

Pas très inspirant, il faut l’avouer…

N’auriez-vous pas le goût que l’on fasse référence à la RSE  dans un contexte qui lui est propre plutôt qu’à titre de béquille destinée à surveiller et à punir ?  Bien Agir me semble plus inspirant que « ne pas mal faire ».

La RSE Nord-Africaine exigera de ses acteurs qu’ils puissent évoluer dans un cadre plus large, qu’ils puissent élever leur regard et apprécier la complexité d’un monde en changement.  Le réflexe traditionnel d’automatisme dans les gestes de gestion ou de gouvernance perdra de sa pertinence. Dans le monde de la RSE Nord-Africaine, Voir autrement et penser autrement ne seront plus des alternatives, ce seront des nécessités.

Dans cet effort, plusieurs dangers nous guettent. Je ferai mention du principal danger, celui de la récupération de la RSE par les opportunistes qui seront tentés d’en faire une « RSE de vitrine »… Une éthique de vitrine, une esthétique qui préfèrera le confort de Bien paraître aux exigences de Bien faire.  En matière d’éthique et de RSE Nord-Africaine, la vigilance sera de mise.

L’éthique et la RSE Nord-Africaine ne seront jamais l’aboutissement logique de bonnes intentions.  Elles seront le résultat de réflexion et de proposition fondées sur le sens et sur des valeurs telles la justesse, le respect et la vigilance.

Ces trois valeurs représentent un horizon moral souhaitable d’une RSE à visage humain, d’une RSE Nord-Africaine…

Les ingrédients mystères ? Le temps et la réflexion… ce que nous sommes à faire ici ce matin…

Nous sommes non ce que nous choisissons d’être une fois pour toutes mais ce que nous choisissons de faire à chaque instant

_______

Certains concepts nous suivent de si près que l’on oublie parfois, d’en préciser le sens…

Plusieurs d’entre vous m’ont écrit suite à la publication du Bulletin Réflexif « La RSE Nord-Africaine » afin de me demander ce qu’était la « RSE ».

Il est vrai que le terme est surtout utilisé en Europe, en Afrique et très peu au Québec.  Les pays anglo-saxons font référence au « CSR », « corporate social responsibility ».

Selon Wikipedia :

« La responsabilité sociétale (ou sociale) des entreprises (RSE) est un « concept dans lequel les entreprises intègrent les préoccupations sociales, environnementales, et économiques dans leurs activités et dans leurs interactions avec leurs parties prenantes sur une base volontaire ».

Énoncé plus clairement et simplement, c’est « la contribution des entreprises aux enjeux du développement durable ». À noter qu’en 2010 le Ministère français de l’Ecologie, de l’Energie et du Développement Durable emploie le terme de responsabilité « sociétale », jugé plus large et plus pertinent que « responsabilité sociale ».

(…)

La RSE est donc la déclinaison pour l’entreprise des concepts de développement durable, qui intègrent les trois piliers environnementaux, sociaux, et économiques. Elle a été à l’ordre du jour du sommet de la Terre de Johannesburg en 2002, auquel ont participé de grandes entreprises, en particulier françaises, des secteurs de l’environnement et de l’énergie.

En Belgique, le terme responsabilité sociétale des entreprises est utilisé plutôt que responsabilité sociale des entreprises (traduction directe de l’anglais corporate social responsibility) qui pourrait omettre le pilier environnemental ».

Le Premier forum international sur la RSE en Tunisie a fait l’objet d’une importante couverture média, tant électroniques qu’écrits.  Parmi les articles intéressants :

Tunisie : Qu’en est-il de la responsabilité sociétale des entreprises?

Tunisie : Vers la création d’un label « Responsabilité sociale des entreprises ».

Je remercie tous ceux qui ont pris le temps de me demander ces précisions.

René Villemure

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Retrouvez sur Cultural Engineering Group les billets réflexifs de René Villemure, éthicien, conférencier, président fondateur de l’Institut québécois
d’éthique appliquée notamment aux domaines de l’innovation, de la culture, de la gouvernance et de la communication.

Billets réflexifs précédents publiés sur CEG :

Toutes les publications, les actualités et  les activités de René Villemure en cliquant ici.

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Australian cultural policy: a model for the UK

The proposed Australian cultural policy takes things in the right order, says John Holden. Photograph: Hemis / Alamy/Alamy

The proposed Australian cultural policy takes things in the right order, says John Holden. Photograph: Hemis / Alamy/Alamy

The country deserves a coherent, government-wide policy for culture, says John Holden, it’s time once again to learn from the Australians

Last November I visited Australia and the arts community was buzzing with talk about the country’s proposed new cultural policy. So I took a look at the discussion document and I turned green with envy – why can’t we have one of these in the UK?

In Britain we’ve never been good at framing a coherent approach to culture. Back in 1996 a senior civil servant at the Department for National Heritage told the Sunday Times: « It is not part of our culture to think in terms of a cultural policy, » and not much has changed.

The Australian example shows what can be done. It’s a remarkable and mercifully brief document that has many virtues.

First, it sets out the beliefs on which any serious cultural policy must be founded: « The arts and creative industries are fundamental to Australia’s identity as a society and nation, and increasingly to our success as a national economy. » It adds that « the policy will be based on an understanding that a creative nation produces a more inclusive society and a more expressive and confident citizenry. »

Everything that follows in the document is built on this bedrock of ideology. Without such clear and transparent beliefs, and the commitment that flows from them, policies are doomed to endless wrangling about measurement and evidence.

But the document does acknowledge evidence where it exists, and uses it wisely. For example: « Research shows that arts education encourages academic achievement and improves students’ self-esteem, leading to more positive engagement with school and the broader community and higher school retention rates » – therefore « the new national curriculum will ensure that young Australians have access to learning in the creative arts. »

But in the UK we have to suffer the non-evidence based approach of abolishing what went before just because the other lot invented it.

The next virtue is that the proposed policy not only encompasses the arts, heritage and creative industries, but extends into other areas like education and infrastructure. Culture is deemed relevant to every department of government, from the role that it plays in international relations (British Foreign and Commonwealth Office) to its economic importance (HM Treasury), from its impact on the need to build airports for cultural tourists (Department for Communities and Local Goverment) to cultural scholarship in Higher Education (Department for Education).

That relevance is a two-way street: for example, the cultural uses of high speed broadband affect hard infrastructural requirements, while the existence of the hardware creates cultural opportunities.

But with our inheritance of initative-itis and dysfunctional 19th century silos in Whitehall, our treatment of culture within government is confused and contradictory. It needs pulling together into a consistent and logical whole, which is just what the Australian cultural policy is designed to do.

One interesting thing about this Australian initiative is its timing. Down under they are not afflicted by the global financial malaise to the same extent that we are, but they are clearly looking to the future, and asking where societies and economies are going.

Whatever the rights and wrongs of the UK’s Plan A and Plan B, it should be obvious that we need more than hope and excuses to reinvigorate ourselves. We need a long-term economic strategy that recognizes the important part that culture and creativity play. With the cultural and creative economy now accounting for such a large proportion of Britain’s GDP, you would think that some serious consideration would be given to cultural policy right across the piece, rather than following the traditional fractured approach.

The proposed Australian cultural policy takes things in the right order: start with ideology and belief in making the case for culture; gather the evidence where you have it; work out a 10 year integrated strategy across government; decide on the consequent structures and funding needs; adjust according to circumstances.

In the UK we seem to have things topsy-turvy: first the treasury decides how much money there is; then government departments fight among themselves for how much they each get; they decide their own individual priorities; they hand out money; evidence is gathered by the recipients of that money to prove the cash wasn’t wasted. There is no clear political articulation or acceptance of the case for culture at any level.

Those with long memories will recall that the impetus for much of the increased funding, energy and new thinking about culture and the creative industries that we saw in the UK at the end of the 1990s was prompted by an Australian policy paper. Prime Minister Paul Keating’s 1994 document, Creative Nation had a profound influence here. It is time once again to learn from the Australians. This country also needs and deserves a coherent, government-wide policy for culture.

John Holden is associate at independent think tank Demos – he is also a visiting professor at City University in London.

Source : theguardian

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Singapore : arts and culture strategic review recommends ground-up cultural development

Following an extensive public consultation, the Arts and Culture Strategic Review (ACSR) Steering Committee has refined its recommendations and submitted its final report to the Government on 31 January 2012. The ACSR’s vision for 2025 is for Singapore to be a nation of cultured and gracious people, at home with our heritage, and proud of our Singaporean identity. To achieve this vision, the ACSR recommends that our next phase of cultural development be driven from the ground up, supported by a comprehensive suite of proposals aimed at creating a conducive environment for all stakeholders to enjoy arts and culture in Singapore.

Extensive Consultation Shows Strong Support for Arts and Culture 

  • The final report follows the ACSR’s seven-month long public consultation phase, comprising numerous consultation platforms to reach a broad range of stakeholders and members of the public. The public consultation platforms included an online consultation portal, telephone surveys, focus group discussions, interviews, and public forums.
  • During the consultation, the Steering Committee was very heartened by the strong affirmation from the respondents on the value of arts and culture, even from those who were not currently involved in arts and culture. For example, close to 90% of respondents to the telephone survey agreed that arts and culture activities can develop shared experiences and bring people closer to one another, and more than 80% agreed that they can enhance our quality of life.  The public also welcomed the ACSR’s proposals, and its efforts to bring arts and culture practitioners, the community and the Government together for a constructive conversation on the future of our arts and culture landscape. The Steering Committee views that this reveals a maturing society that appreciates the intangible value of arts and culture, that is ready to contribute their talent and enthusiasm towards improving our arts and culture landscape.

Changing Roles of the Community, Artists and Government

  • To achieve the ACSR’s vision, the Committee believes that it is necessary for the mindsets and roles of our community, our arts and culture practitioners, and the Government to evolve:
  • The community could adopt an open mindset to explore new interests, and consider being more active consumers, audiences and participants of arts and culture, by tapping on the wide range of activities already available, as well as resources provided by the Government. The community could also take greater ownership of our cultural development, organise activities, and co-create an environment and identity that authentically reflects who we are as a people and what we value.
  • Our practitioners, as creators of arts and culture, could consider providing a wider range of quality arts and culture offerings to reach out to more audiences, and help raise their appreciation of our local talent. They could also continue to strive towards raising their standards, and be recognised and well-loved both locally and overseas.
  • The Government could move towards being an enabler, playing a facilitative rather than a top-down role, by providing funding, facilities and frameworks to create a nurturing environment where artistic creation and participation can thrive. This could be open to all art forms and all segments of the community, to debunk the misperception that arts and culture is ‘elitist’.

Promoting Engagement and Excellence

  • To catalyse this transformation, the ACSR has recommended a comprehensive suite of initiatives, along two main thrusts
  • Promoting active participation in arts and culture: The ACSR recommends greater support for potential arts and culture participants, hobbyists and enthusiasts, to make arts and culture more accessible and easily interwoven into daily life. This includes enhancing our people’s ability to appreciate arts and culture; affordable and convenient venues for practice and showcase purposes; platforms to network enthusiasts with one another; and greater support for community interest groups (e.g. through start-up grants, starter toolkits, workshops and partnerships with instructors).
  • Enhancing capabilities of our practitioners – both enthusiasts and professional – to develop quality offerings: The ACSR recommends enhancing collaboration opportunities, showcase platforms, education and training, and infrastructural facilities for our practitioners. In addition, the ACSR recommends enhancing the Government’s funding frameworks to streamline administrative requirements and better meet specific needs of arts companies and institutions.

Proposed initiatives includes, amongst others, the following: 

  • “Arts and Culture 101” series: Programmes such as talks, hands-on activities, and the creation of art works under the guidance of practitioners are recommended to introduce the general public to arts and culture. This should include all forms of arts and culture – from more conventional forms such as poetry and painting, to more inclusive forms such as manga and community singing.
  • A one-stop portal, ArtsCultureSG: This portal could include an up-to-date database of programmes and activities, as well as facts, figures and write-ups on our cultural scene and professionals. It could serve as a connecting point for hobbyists and practitioners with similar interests to facilitate the organisation of activities, exchange of ideas and collaborations. Similar services could also be provided over-the-counter at the proposed “cultural concierges” in libraries.
  • Improved cultural facilities in heartlands: To establish more professional yet affordable practice and presentation spaces, existing cultural facilities in the heartlands such as auditoriums, music studios and dance studios could be enhanced to more professional standards, to support the arts and culture needs of the local community as well as practitioners.
  • Optimise funding to meet art companies’ different organisational and developmental needs: The Government’s funding frameworks should be reviewed to differentiate between established and emerging companies, as companies have different developmental needs at different stages of their growth. For example, established companies require funding to drive education, outreach and industry development, and raise their international standing, while emerging companies need funding for growth.
  • New continuing education and training (CET) opportunities for practitioners: Additional CET programmes should be provided and/or subsidised through collaborations with industry partners and arts institutions, as well as through establishing new CET providers. These sector-led and sector-focused programmes will raise standards among our practitioners, while helping to enhance their employability.

The full range of proposed initiatives will benefit all stakeholder groups, including students, working adults, families, hobbyists, enthusiasts, arts and culture companies and professionals. A sampling of the ACSR’s more than 100 initiatives, and their impact on the various stakeholders, is in Annex A. The full ACSR report can be found at www.acsr.sg.
The submission of the ACSR’s final report concludes the work which the ACSR Steering Committee began in September 2010. (See Annex B for the background of the ACSR and the composition of the Steering Committee.)

Source : MICA

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City of Chicago Launches 2012 Cultural Plan Initiative

Chicago Cultural Plan

Last week, the City of Chicago launched a new initiative to develop the 2012 Chicago Cultural Plan. The plan will create a framework to guide Chicago’s future cultural and economic growth as the centerpiece for elevating the City as a global destination for creativity, innovation and excellence. The Department of Cultural Affairs and Special Events is seeking input from Chicago’s residents, cultural organizations, neighborhood groups as well as the private and philanthropic sectors. The Plan will set out the blueprint for a vital and leading edge cultural Chicago.

Chicago has the third largest creative economy in the United States with 24,000 arts enterprises, including nearly 650 non-profit arts organizations, generating more than $2 billion annually and employing 150,000 people. Chicago’s creative vibrancy generates jobs, attracts new businesses and visitors to the city, and improves the overall quality of life in Chicago’s neighborhoods.

To further the conversation and to allow an even greater role, the planning process seeks input online and through comprehensive social media outlets with the launch of www.chicagoculturalplan2012.com. Additionally, a citywide public engagement process begins on February 15th, including town hall meetings, neighborhood cultural conversations, a youth forum, and cultural sector summits. The final plan will be unveiled in the fall.

“We are creating a new Cultural Plan to address the challenges our city faces today and to identify opportunities for the future,” said Michelle T. Boone, Commissioner of the Department of Cultural Affairs and Special Events. “We want residents and community leaders to help shape a plan that will guide the City’s cultural growth and to reinforce Chicago as a global destination for the arts.”

For the Department of Cultural Affairs and Special Events announcement, click here.

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Culture and the financial crisis : maintain or weaken the status quo?

election posters in france (c) Joe Shlabotnik Flickr

Within the last few years, national policy has deteriorated due to budget cuts, and the “General Restructuring of Policies and Administration” (RGPP – Révision Générale des Politiques Publiques)which was implemented in 2007 led to a certain reduction regarding the scope of action for the ministry of culture.

The three competence levels (cities, Departements, regions) try to pursue courageous cultural political objectives, although their intense dedication is curbed by a decreasing national commitment. That means financial losses for the municipalities beyond the French « AAA loss » – they will be forced to reduce their cultural investments, being subject to the debt brake – and this has direct consequences for the field of culture.

The crisis has also an impact on the French municipalities, although their situation is hardly comparable to that in Southern European countries, with the example of Barcelona and the independent Spanish regions being the most significant ones. We observe that other European countries with less developed structures regarding politics, administrations, and investments from the private sector, are also in an awkward position due to the decline of these investments – Great Britain and The Netherlands are epitomes of that.

We hope that the cultural sector – be it on a local or national level – will not be the first one to fall victim to the crisis, given the economical and social situation in various European countries. And there is also the question and the fear what will happen with the commission’s suggestions regarding the agenda 2014-2020? Will the programme maintain all its ambitious objectives without suffering any losses by budget cuts which are arranged jointly by the European council and the parliament?

The election campaign 2012: a promise without a future?

It is justified to ask the question which role the topic of culture will play during the election campaign given the ever-present economical issues – you will find out that culture does not play a too important role on the list of electoral issues. The first electoral statements were made in Avignon on July 16, 2011 in the forum of the daily newspaper « Libération » where several representatives of various parties could have their say. Now, the public election campaign has started, and the speeches delivered by Nicolas Sarkozy on January 26 in Marseille and by François Hollande on January 19 at the BIS-culture exhibition in Nantes revealed first perspectives on the culture programme of the future and possible candidates.

But now, the actual election campaign has to begin in order to obtain more precise propositions. You can observe a great discrepancy regarding the copy rights in e-business and regarding the fate of the Hadopi law [illegal downloads lead to copy right infringements and are therefore prosecuted]. These issues which are red-hot again, especially after the shutdown of the MEGAUPLOAD website, could keep the politicians busy until the election. According the socialist candidate, there is a tendency towards a new legal basis without making any budget increases (orientation law regarding the performing arts, a possible return to 5,5% VAT for cultural goods…) in order to « seal the second act of France’s exceptional cultural position. »

In general, you can observe a lot of weak points in the political speeches when it comes to the position and role of the internet with regards to future cultural political measures, as well in terms of the development of new paradigms as in terms of new economical models. The future culture budget still belongs to the big secrets of the election campaign, in spite of the mutual affirmations which promise a certain inviolability of this budget.

It is obvious that the economical and financial crisis has an impact on the extent of political measures and on the determination of the politicians. Because the municipalities and especially the regions are affected by these limitations there is  less and less hope for a possible social and economical contribution they could produce.

Finally, the absence of any considerations, ideas, or suggestions concerning Europe also has to be mentioned here. No studies regarding the programme 2014-2020 have been developed, nor any perspective for the 2020 strategy. This year, the election campaign is all about French topics – although in the meantime, there are many challenges to be faced on a European level.

ROGER TROPEANO is Chairman of Les Rencontres

Source : 2010LAB.TV

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Les politiques culturelles provinciales et territoriales du Canada. Origines, évolutions et mises en œuvre

Les politiques culturelles provinciales et territoriales du Canada. Origines, évolutions et mises en œuvre traite de diverses questions touchant l’histoire des politiques culturelles canadiennes, de leur institutionnalisation et de leur instrumentalisation.

De quelle façon les gouvernements infranationaux canadiens sont-ils intervenus et interviennent-ils actuellement dans la vie culturelle et artistique de leurs concitoyens ? Sur quels fondements ont-ils basé et basent-ils de nos jours leurs interventions en ce domaine ? Comment traduisent-ils les notions de culture et de politique culturelle au fil du temps ? Quels ont été les facteurs de changement et les sources d’influence à l’origine de la mise en œuvre des politiques culturelles provinciales et territoriales ? Quels en sont les objectifs et les finalités ainsi que les outils d’intervention privilégiés au fil des décennies ? Les réponses ne sont pas simples, mais multiples et complexes de par les idéaux fondateurs et l’historicité des provinces et des territoires canadiens, leur capacité et leurs ressources, mais aussi de par les valeurs et les identités propres des populations qui y habitent, leurs attentes et leurs demandes ainsi que les visées de leurs gouvernements successifs.

Avec la participation de :

Jean-Paul BAILLARGEON, Nicole BARRIEAU, Alison BEALE, Daniel BOURGEOIS, Donna CARDINAL, Joy COHNSTAEDT, Patrice A. DUTIL, Monica GATTINGER, Fernand HARVEY, M. Sharon JEANNOTTE, Jan MARONTATE, Catherine MURRAY, Ronald ROMPKEY, Diane SAINT-PIERRE, Dick STANLEY, Karen WALL, David WHITSON.

Biographie :

Monica Gattinger (codirectrice de l’ouvrage et auteure du chapitre sur l’Ontario) est professeure agrégée à l’École d’études politiques de l’Université d’Ottawa. Son expertise et ses recherches portent sur les politiques culturelles canadiennes, l’intégration continentale et les politiques et réglementations énergétiques (Canada/États-Unis). Outre la codirection du présent ouvrage, elle est codirectrice, avec Geoffrey Hale, de Borders and Bridges : Canada’s Policy Relations in North America (Oxford University Press, 2010), codirectice, avec Caroline Andrew, M. Sharon Jeannotte et Will Straw, de Accounting for Culture : Thinking Through Cultural Citizenship(University of Ottawa Press, 2005), et coauteure, avec G. Bruce Doern, de Power Switch : Energy Regulatory Governance in the Twenty-First Century (University of Toronto Press, 2003).

Diane Saint-Pierre  est professeure à l’Institut national de la recherche scientifique (INRS) et responsable de l’axe « Politiques culturelles » de la Chaire Fernand-Dumont sur la culture. Outre la codirection avec Claudine Audet du présent ouvrage, issu d’un colloque, et d’un second sur des cas nationaux (à paraître dans la même collection), ses recherches des dernières années ont porté sur l’évolution des politiques culturelles, notamment dans des perspectives comparatives, sur les groupes d’intérêt en ce domaine et sur le rôle et la place de la culture dans la politique de développement de la ville.

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Indicators of Istanbul

“It’s no surprise that artists–always reliable indicators of a neighborhood beginning its transition—are leading the charge.” Is a quote from video journalist Gabriel Leigh in a recent short piece about the gentrification of the commercial neighborhood of Karaköy in Istanbul. 

In the piece, Leigh described the artist space, Caravansarai as, “A residency and studios for circus-style performance lessons.”  Aside from the not making any sense semantically, that statement is also not true.  Caravansarai is a creative production space and meeting point which houses a collective of two. Adding to the gentrification pedigree–we are also foreigners.

Not much longer in this incarnation. Not to be confused with the entities responsible for gentrification (corporations, government) we are the unfortunate indicators. I say ‘we’ because I am one half of Caravansarai.  We moved into the Perşembe Pazarı section of Karaköy two years ago after a long period of fetishizing it.    Full of wire and tubing and winches and gears and rubber stoppers,  Karaköy was inspirational ever since the first time I strolled through it nine years ago.  At that time I was a tightwire walker and the ease at which I could find materials with which to erect an entire circus excited me.  The neighborhood has existed like this for the past 30 or so years, but it does not have much longer in this incarnation.

Passing Patterns of Perşembe Pazarı. As a tribute and a nod to the transitional nature of the area, we have begun documenting it in non-standard ways:  When we moved in, we invited artists to take their cues from the 1,000 odd years of history of this port district and design pieces to be built into the space.  My associate, Julie Upmeyer’s personal visual work concentrates on the signage of Perşembe Pazarı.  And now, we add to this commemorative mission, a choreography project which will highlight the already existing movement of people, goods, and vehicles around the area—the Passing Patterns of Perşembe Pazarı (PPPP.)

While our love affair with Karaköy and Perşembe Pazarı is ongoing, we find ourselves at scale compared to the larger cultural institutions that are opening up around us.  SALT Galata, bankrolled by, well . . . a bank . . . has ample resources to conduct whatever project they conceive of, while we struggle to maintain our independence as artists while still trying to fund our projects.

Large insitutions are the real gentrifiers of Karaköy. PPPP has no financial backing except what we can gather from other people who get excited about the neighborhood, our ideas, Istanbul in general—especially those who want to sustain the work of individual artists and people as opposed to large institutions—the real gentrifiers of Karaköy.

Source : 2010LABtv.

The Passing Patterns of Perşembe Pazarı can be visited on Kickstarter.com where you can support it either financially or through social media ‘praise’.

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