Préparée en vue du Forum international sur l’économie créative, une des études les plus éclairantes sur le secteur culturel au Canada vient d’être dévoilée, soulignant les importantes contributions culturelles, sociales et économiques du secteur culturel canadien dans l’économie créative et en mesurant l’empreinte économique.
Financée par le Federal Heritage Department, elle révèle que les arts et la culture représentent 7,4% du PIB du pays et que le secteur culturel est la pierre angulaire de l’économie créative, avec un chiffre d’affaires direct de 46 milliards de dollars en 2007. L’étude évalue au final l’impact cumulé direct et indirect du secteur à 84,6 milliards de dollars, ce qui représente effectivement 7,4% du PIB.
L’étude mentionne également qu’avec 1,1 million d’emplois, le secteur a des effets moins tangibles sur le marché du travail que d’autres secteurs du fait du la variété des profils et des parcours professionnels mais il devient un indicateur et un stimulant de plus en plus important.
L’étude met en lumière de manière détaillée que les secteurs artistiques et culturels rassemblent les gens localement, globalement et virtuellement en reliant parfois des mondes très distants les uns des autres et créent des communautés d’intérêt porteuses de nouveaux usages, de nouvelles pratiques et de nouvelles tendances.
Le rapport insiste sur le fait que ce qui est appelé « économie créative » constitue désormais un indicateur clé de la conduite économique de la croissance.
Si le Canada est un marché relativement dense et très isolé dans une géographie très vaste, le rapport établit le fait que la plupart des produits et services culturels dépendent de manière significative des marchés internationaux, ce qui semble contredire la politique Tory qui a récemment fortement réduit les programmes de promotion des marchés dans les arts et la culture.
À titre d’exemple, peu avant la sortie de ce rapport, le gouvernement a annoncé la fin aux programmes « Trades Routes » (programme qui permettait aux différents acteurs des secteurs culturels et artistiques d’être présent à l’international) et PromArt (qui aidait à la logistique à l’étranger des groupes artistiques canadiens). Monsieur Harper à justifié ces restrictions en expliquant qu’elles seraient sans conséquences, que ces programmes étaient jusqu’à maintenant inefficaces, que le gouvernement avait par ailleurs augmenté sa dotation globale en direction des arts, précisant que de toute manière ces programmes sont évalués tous les cinq ans. Au-delà de cette rhétorique de l’évaluation : si le gouvernement fédéral a ajouté 50 millions de dollars au Canada Council cette année, il a aussi supprimé un important dispositif de soutien aux expositions itinérantes des musées. Les avis convergent pour dire que les coupes budgétaires s’élèveront à 48 millions de dollars d’ici à la fin de l’année prochaine. Difficile dans ce contexte d’envisager les dynamiques futures, d’où l’importance du futur Forum international sur l’économie créative.
Le Conference Board of Canada insiste malgré tout sur le fait que les technologies ont créé de nouvelles opportunités pour la croissance économique des secteurs créatifs (mais pas seulement), notamment grâce à l’importance d’Internet dans la diffusion et grâce à la capacité des secteurs créatifs d’ouvrir des marchés de niche qui servent à améliorer la distribution des produits culturels. Ainsi le modèle d’affaires de la « longue traîne » de nombreux créneaux commerciaux amène les industries artistique et culturelle à vendre autrement leurs projets, leurs produits et services.
Le rapport évoque en effet que la technologie est en train de révolutionner les modèles d’affaires régissant l’économie créative, plus particulièrement les façons de créer et de consommer les produits culturels. Les consommateurs deviennent des « proconsommateurs » qui interviennent activement et personnalisent le contenu de tels produits, notamment via l’augmentation du réseautage social.
L’innovation vient également jouer un rôle important, favorisant l’intersection entre plusieurs secteurs économiques et industriels et ceci est d’autant plus remarquable que dans les villes à fortes communautés culturelles, il s’avère que l’économie est stimulée. Les différentes stratégies de grappes économiques et industrielles mises en place par le passé semblent payer aujourd’hui.
Il faudra donc suivre de près le Forum international sur l’économie créative car les perspectives futures des secteurs créatifs, artistiques et culturels y seront sans aucun doute débattues, scrutées et projetées à court terme comme à long terme.
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