On peut toujours s’interroger sur le bien-fondé d’une prospective territoriale qui fait son exposition dans la dernière partie d’un mandat politique (surtout après l’exposition Orléans 2015 réalisée en 2006, l’effet miroir est saisissant) mais cela a un intérêt certain : articuler ce qui a déjà été réalisé, ce qui a été reporté, ce qui est en cours de réalisation, ce qui est programmé et ce qui s’esquisse pour le futur.
Peuvent alors se dégager en principe une vision, une stratégie, une perspective d’avenir pour tous.
Au-delà de la communication que ce genre d’exposition permet, cela fait aussi parfois office de concertation des usagers, de lieu d’échange privilégié avec les habitants et les acteurs du développement urbain (sans toutefois surestimer cette question du dialogue au-travers d’une exposition), mais c’est aussi l’occasion de faire un bilan et de comprendre (ou pas) la cohérence d’un projet politique à l’oeuvre pour le territoire.
Orléans a choisi de rendre compte des profondes mutations engagées et à venir pour lui dessiner son visage de demain, c’est en tout état de cause un exercice utile et nécessaire.
L’enjeu, ne nous y trompons pas, est d’abord de poursuivre les efforts d’investissement pour accroître l’attractivité de la ville et de son territoire car Orléans, comme de très nombreuses agglomérations, doit faire face dans le contexte difficile que nous connaissons à de nombreux défis territoriaux, démographiques, économiques et culturels, où les territoires qui auront structuré et mis en cohérence leur aménagement et leurs infrastructures avec les usagers et les besoins de ceux qui y vivent (et qui pourraient y vivre à l’avenir), seront en mesure de préserver la qualité de leur cadre de vie, leur attractivité et leur rayonnement mais aussi la soutenabilité de leur développement pour les générations futures.
En l’occurrence, la principale qualité de cette exposition est de tenter de faire la synthèse des dix dernières années et de la décennie à venir en démontrant que les grandes mutations régionales à venir permettront à Orléans de devenir un pôle d’attractivité important où la qualité de l’offre et du cadre de vie sera considérablement renforcée.
Il est en effet important qu’Orléans puisse tirer parti de sa position stratégique qui la place au premier rang des villes qui composent le grand système métropolitain du Bassin parisien, tout en étant capitale de Région.
Cette double identité est un atout, c’est indéniable. Mais en même temps, il est complexe de trouver un juste équilibre entre les deux et de parvenir à les concilier, même avec un patrimoine aussi riche et une place dans l’histoire nationale aussi exceptionnelle. On peut avoir toutes les visions d’architectes, d’urbanistes, d’infrastructures et d’équipements projetées, il convient de ne pas oublier que c’est la place donnée aux femmes et aux hommes qui vivront le territoire et aux acteurs qui feront vivre le territoire qui doit être la donnée centrale : c’est l’art de vivre le territoire et d’y vivre qui seront le liant de tout. Les équipements et les infrastructures oui, mais sans l’humain et sans être à l’échelle de l’humain, de ses besoins et de ses potentiels, c’est Brazil, c’est Playtime !
C’est peut-être là aussi un des points faibles de l’exposition, à moins que cette fois-ci il s’agisse d’un processus plus pro-actif pour impliquer plus fortement les citoyens et les acteurs à la construction et à l’animation d’Orléans dans les années à venir, une base pour un mode plus collaboratif et coopératif en somme ?
Ce qui est certain c’est qu’à Orléans peut-être plus qu’ailleurs la logique d’aménagement et de rénovation du territoire urbain ne peut pas se contenter de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs et de lui donner une couleur locale.
En l’occurrence, le tissu culturel au sens large (particulièrement dynamique à Orléans) est un atout considérable sur lequel il conviendrait de miser plus dans cette exposition mais surtout à l’avenir. On peut notamment regretter deux choses :
- que l’accent ne soit pas suffisamment mis sur ce qui constitue au fond une véritable « rambla » sur le mail qui relie la gare au site de la future Arena ;
- que la ZAC Carmes Madeleine ne mise pas encore suffisamment sur son potentiel de pôle culturel, éducatif et créatif. Sa situation et sa taille sont en effet idéales pour imaginer en plein cœur de ville une opération où l’économie de la culture, de la créativité, de l’innovation et de la connaissance peut exprimer tout son potentiel pour la ville et bien au-delà.
Heureusement, tout n’est pas encore programmé et figé pour l’avenir, des projets peuvent surgir et certains d’entre eux pourront très probablement y trouver leur place. C’est en tout cas ce que cette exposition permet d’espérer : la prospective territoriale se construit au présent, il faut en être les acteurs et quels que soient les mandats politiques et leur durée, elle n’est ni une route tout droite, ni un long fleuve tranquille.
L’exposition d’urbanisme Orléans en 2025 est conçue par la Mairie d’Orléans et est présentée au Musée des Beaux-Arts jusqu’au 10 février 2013.
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