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Une mission pour renforcer les actions entre ministère de la Culture et collectivités

Aurélie Filippetti a chargé Sylvie Robert, élue rennaise, d’une mission sur le renforcement des actions du ministère de la Culture avec les collectivités territoriales. Il s’agit d’une « mission de contact et de recueil d’avis auprès des élus ». Sylvie Robert, vice-présidente de Rennes métropole déléguée à la culture et vice-présidente de la région Bretagne chargée de la jeunesse, a entamé sa mission le 6 novembre et remettra son rapport définitif en novembre 2013.
 »L’Etat doit travailler avec les collectivités locales dans un nouveau système de partenariat basé sur un rapport de confiance », avait déclaré Aurélie Filippetti, le 8 juillet dernier, au Festival d’Avignon. Considérant que « l’Etat culturel a été très affaibli pendant les dernières années », la ministre de la Culture avait reconnu que « les collectivités ont pris l’espace laissé vacant » et, faisant référence à « l’entretien de notre réseau très dense de structures et de compagnies sur l’ensemble du territoire », elle avait estimé que l' »on peut être très heureux de cet héritage de la décentralisation culturelle ».
Le lendemain, toujours en Avignon, onze associations d’élus* avaient présenté leur déclaration « Pour une république culturelle décentralisée ». « Les collectivités entre elles et avec l’Etat doivent travailler dans une culture nouvelle du contrat, une culture de la négociation », avait notamment déclaré Philippe Laurent, président de la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC), s’inscrivant dans la lignée du rapport Bouët de janvier 2011.

* Fédération nationale des collectivités territoriales pour la culture (FNCC), Assemblée des départements de France (ADF), Association des maires de France (AMF), Association des régions de France (ARF), Association des maires de grandes villes (AMGVF), Assemblée des communautés de France (ADCF), Fédération des villes moyennes (FVM), Association des petites villes de France APVF), Association des maires ruraux de France (AMRF), Communautés urbaines de France (Acuf), Ville et Banlieue.

Source : Localtis, Valérie Liquet

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« L’avenir, c’est la co-construction des politiques culturelles »

Alors que la ministre de la Culture, Aurélie Filippetti vient de présenter son budget 2013, le président de la Fédération nationale des collectivités pour la culture (FNCC), Philippe Laurent, évoque les craintes des collectivités territoriales pour le financement du patrimoine et du spectacle vivant notamment. Il revient sur le rôle de l’Etat et des collectivités dans les politiques culturelles. Et évoque les enjeux de l’Acte III de la décentralisation.

Quelle est votre position sur le budget 2013 du ministère de la Culture ?

Philippe Laurent. La ministre a affirmé que l’Etat abandonnerait un certain nombre de projets pour que les moyens des directions régionales des affaires culturelles (DRAC) puissent être préservés. Autrement dit, pour maintenir les moyens d’intervention sur les territoires.

Mon sentiment est que l’on ne parviendra même pas à cela. Abandonner des projets qui, pour l’instant, n’ont pas coûté grand-chose, étant à l’état de projet, n’entraîne pas d’économie immédiate. Dans le même temps, le projet de grande salle philharmonique à Paris va coûter 380 millions d’euros d’investissement. Puis, presque 20 millions d’euros de fonctionnement.

Nos inquiétudes concernent surtout le patrimoine et le spectacle vivant. Des budgets diminuent fortement dans le patrimoine. Le crédit d’acquisition des œuvres des musées, par exemple, devrait être divisé par deux. Pour réaliser des économies, c’est commode, et indolore sur le moment. Mais, une fois que l’on franchit une marche, qu’il s’agisse d’accroître le budget ou, en l’occurrence, de le réduire, il est difficile de revenir en arrière.

Qu’en est-il du spectacle vivant ?

— P. Laurent. C’est le secteur le plus fragile. Le spectacle vivant n’est pas reproductible, comme le sont la musique ou la littérature. Il ne permet pas de gains de productivité, d’une certaine manière. Par conséquent, il y a un choix majeur à faire.

Soit on allège le budget dédié au réseau des scènes nationales, des scènes conventionnées, etc, construit depuis 30 ans sur le territoire par l’Etat et les collectivités.
C’est-à-dire que l’Etat déciderait par exemple de limiter ses subventions à 50 des 70 scènes nationales.

Soit il décide de réduire les financements à la création. Ce qui obligerait à réduire le nombre de spectacles, à les mutualiser et à les rentabiliser davantage.

Malheureusement, je crains que le choix se fasse sans être suffisamment exprimé et assumé par l’Etat et qu’en définitive cela créé des malentendus, non seulement avec le monde des artistes, mais aussi entre les collectivités territoriales et l’Etat.

Sur le partage budgétaire entre création et diffusion, que préconisez-vous ?

— P. Laurent. Il faut certainement intervenir sur les deux volets : la diffusion et la création. La FNCC penche pour favoriser le budget de la diffusion, plutôt que celui de la création. Cette position risque de nous couper des artistes, alors que le ministère, de son côté, a affiché le soutien à la création comme étant son rôle premier.

Le « lieu » est important en matière culturelle. C’est un facteur d’identification, un centre de ressources… Ma position est donc qu’il faut maintenir le réseau des lieux de diffusion en état de marche. S’il s’étiole, le jour où les finances iront mieux, il ne renaîtra pas de ses cendres. Et la création en pâtira aussi.

Les salles de ces réseaux – plus largement les écoles de musique, d’art, etc. – datent souvent des années 1970-80. Elles nécessitent beaucoup d’investissements de maintenance, ce qui pèse sur les budgets provenant des collectivités. Donc, quoi qu’il en soit, ces salles devront revoir leur organisation.

Malgré l’ampleur des politiques culturelles des collectivités, on a le sentiment que l’Etat reste le moteur de ces politiques…

— P. Laurent. Pendant longtemps, l’Etat n’a pas tenu compte des collectivités territoriales, qui, pourtant, ont fait beaucoup de choses. Il considérait avoir, seul, le savoir-faire pour définir les politiques publiques culturelles.  Aujourd’hui, on ne parle pas encore de « co-construction » des politiques publiques culturelles… Mais on y arrive. La ministre a tout intérêt à aller dans ce sens. L’avenir du ministère de la Culture est là. Sans un travail de co-construction avec les collectivités, il risque de s’isoler.

En même temps, les collectivités ont besoin de l’Etat. L’Etat soutient, labellise… et légitime ainsi l’action des élus qui ont besoin de convaincre de l’importance des politiques culturelles locales. Par ailleurs, sa présence sur le territoire assure un rôle d’impulsion et de péréquation indispensable. C’est pour cela que nous souhaitons le maintien des DRAC, quand certains prônent leur disparition.

La culture profite particulièrement de la clause générale de compétence et des financements croisés. Comment abordez-vous l’Acte III de la décentralisation ?

— P. Laurent. A partir du moment où vous êtes élus d’un territoire ou d’une institution, il est très difficile de s’interdire toute action dans le domaine de la culture, aussi fort en termes d’identité.

D’ailleurs, si nous avions des compétences limitées, segmentées, pourrions-nous continuer à nous considérer comme des collectivités ? Aurions-nous encore besoin d’élus au suffrage universel ? Nous ne serions finalement que les exécutants locaux d’une politique nationale. La clause générale de compétence doit donc être maintenue et accompagnée d’une véritable autonomie fiscale. Ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.

Il n’empêche que, naturellement, du fait de l’assèchement des ressources publiques, les collectivités cherchent à se répartir des compétences. La loi doit continuer de permettre ces pratiques volontaires.

Quant aux « financements croisés », nous préférons parler de « cofinancement ». Celui-ci n’implique pas une maîtrise d’ouvrage partagée et des doublons. Une commune, un département, etc .contrôle son propre projet et en assume les conséquences. C’est l’inverse du gaspillage.

Philippe Laurent, président de la FNCC, est maire de Sceaux (Hauts-de-Seine) et président du Conseil supérieur de la fonction publique territoriale

Propos recueillis par Marion Esquerré

Photo : © S. Gautier

 

Source : Le Courrier des Maires

Retrouvez l’intégralité de l’interview ici.

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