
"OPHELIA" materials : taxidermy lion, ceramic, glass. In collection : National museum, Oslo.Idiots.Nl, 2005.
L’enquête montrant que la France fait partie des pays dont la population est la plus pessimiste sur l’avenir, loin derrière les pays européens, les pays en développement et même des pays en guerre doit avoir une réponse politique et non pas simplement une forme d’étonnement médiatique : tiens ! Ça alors, ah ! Ces français jamais contents, etc….
C’est en fait le signe que les français sont parfaitement conscients que le pays s’enfonce dans un appauvrissement général et que demain sera pire qu’aujourd’hui. Leur piètre opinion des politiques montre qu’ils n’attendent rien de ce côté-là et qu’ils ne voient rien d’autre à faire qu’à se protéger bec et ongles et pas à pas sur le chemin de cette descente. Les manifestations sur la retraite en sont une éclatante illustration. Chacun sait bien que avec l’allongement de la durée de la vie et celle des études, on ne peut pas conserver en l’état un système qui a été crée quand il y avait deux ou trois fois plus d’actifs que de retraités, mais chacun se dit et dit : « encore une minute Monsieur le bourreau ! », Ou bien, « Mais la France est riche ! Il faut prendre l’argent là où il est ! »
Pour se convaincre que la politique de l’autruche n’est plus possible, il suffit de regarder la carte que vient de sortir Eurostat sur le PIB des régions françaises par rapport à celles de l’Europe. Sur 25 régions, seules trois, l’Ile de France, Rhône Alpes et Provence Côte d’Azur ont un P.I.B. par habitant supérieur à la moyenne des Régions européennes à 27 ! Quand on sait en plus que l’élargissement de l’Union a eu pour effet de baisser de 10% le P.I.B. moyen, on mesure, en se souvenant de la place de la France dans l’Europe des 15, la vitesse et l’ampleur de la descente.
Bref, la France est en train de rater la nouvelle révolution économique, comme la Chine ou l’Espagne au 19° siècle avaient raté la première, et l’Angleterre la deuxième au lendemain de la seconde guerre mondiale.
Quand on regarde pourquoi certains pays ont réussi ces mutations et pourquoi d’autres ont échoué, on s’aperçoit, sans être un marxiste forcené, que tous ceux qui ont échoué, ont eu en commun que leurs structures sociales, crispées sur leurs « positions », ont bloqué le développement des forces productives nouvelles.
Au contraire les pays qui ont su adapter leurs rapports sociaux pour laisser s’exprimer les nouvelles forces productives se développent rapidement, soit parce qu’ils ne sont pas bridés par des groupes sociaux qui n’existaient pas (ah ! Ah ! En Asie !), soit parce qu’ils ont su en Europe du Nord ou en Allemagne évoluer avec les nouvelles donnes.
Et on peut lire ce qui se passe en ce moment dans les pays arabes comme le seul moyen qui reste aux jeunes et aux nouvelles couches modernistes pour réformer, y compris par la Révolution, des rapports sociaux qui empêchent ces pays de s’adapter aux nouveaux modes de productions qui permettraient de les développer.
Est-ce trop tard pour la France ? Montrera-elle une nouvelle fois que ses rapports sociaux trop rigides ne lui permettent de se développer que par la Révolution ? Pas forcement, quoique chaque année qui passe nous rapproche du point de non retour de l’exclusion et rendra l’exercice plus difficile.
Il nous faut faire à nouveau une véritable « nuit du 4 août » de toutes les situations acquises des plus petits jusqu’aux plus riches et adopter ce qui marche ailleurs, ou dire, comme les dockers de Marseille : « si notre métier est mort, que tout le monde meurt avec nous ! ».
Attention aux démagogues et aux populistes : Voici venu à nouveau le temps nécessaire du courage politique. Qui osera prendre le flambeau la gauche ou la droite ?
Pierre Lehalle*
*Pierre Lehalle, ingénieur ETP et MBA de l’IAE, a dirigé plusieurs entreprises dans le domaine du Logement. Il a participé aux Bureaux des Clubs Convaincre et Convictions.
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