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« Rien ne va plus » pour la Villa Méditerranée

La controverse autour du casino et de la Villa Méditerranée est finalement apparue pour ce qu’elle est : bidon. Pour autant, elle a soulevé, en creux la question de l’avenir des politiques internationales de la Région et de la crise des politiques méditerranéennes à Marseille.

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Ce mercredi, au micro de France Inter, Jean-Claude Gaudin a mis fin à dix jours de polémique sur le supposé projet de transformation de la Villa Méditerranée en casino. Reprenant un argument connu, et répété sur les bancs socialistes, le casino ne s’y fera pas « parce qu’il n’y a pas la place ».

Cette controverse autour du casino et de la Villa Méditerranée apparaît donc pour ce qu’elle est : bidon. Pour autant, elle a soulevé, en creux, une question qui m’est familière* : quel avenir pour la politique internationale de la Région ? Ou pourquoi les luttes autour de ce bâtiment sont révélatrices de la crise des politiques méditerranéennes à Marseille.

Retour sur une polémique. Le 17 septembre dernier, Jean-Claude Gaudin déclare à La Provence : 

« J’ai le sentiment que la Région, qui est propriétaire, serait favorable à ce que l’on transforme la Villa Méditerranée en casino ».

La position de la mairie n’est pas neuve. En mai 2015, elle évoquait la possibilité d’installer un casino sur le front de mer rénové par l’expérience de la Capitale européenne de la culture. Le site envisagé n’était alors pas la Villa Méditerranée, mais le J1. Slate expliquait alors que « le futur casino était le symbole de la transformation de la ville » Le résultat de l’appel à projet du Port concernant le J1 a donné les clés à la municipalité mais les réflexions sur le sujet sont toujours en cours.

La Villa Méditerranée sous le feu des critiques

Depuis, l’alternance à la présidence de la Région a redistribué les cartes. La Villa Méditerranée serait disponible. Le successeur de Michel Vauzelle (PS), Christian Estrosi (LR) qui avait lancé un audit (au passage, jamais rendu public) dès son entrée en fonction pour décider des futures orientations du bâtiment, se précipite sur l’occasion pour affirmer son souhait de « vendre ce bâtiment » et se délester des presque 4 millions d’euros annuel de frais de fonctionnement. Dépourvue de politique internationale, son ambition pour la Villa Méditerranée a au moins le mérite de la clarté : la rentabilité.

Et si elle ne passe pas par la location, il souhaite la vendre sans état d’âme. Le Président Estrosi désigne même un futur « acquéreur prioritaire » : la municipalité. Renaud Muselier, le premier vice-président « délégué à la coordination des politiques publiques » affirme dans un zeugma qui n’a apparemment rien d’ironique qu’…

« un casino amènerait de la vie et de l’argent ».

Les réactions se sont dès lors multipliées pour dénoncer ce projet de casino.  Benoit Payan, le président du groupe socialiste au conseil municipal demande ironiquement :

“Et pourquoi pas un bar-PMU dans une école maternelle ?”,

Un texte publié dans La Croix et signé par des élus et des intellectuels s’y oppose vigoureusement et dénonce :

«  Deux visions [qui] s’opposent là clairement. D’un côté le monde de l’argent facile, du jeu, du divertissement, de « l’entertainment » abrutissant, celui des casinos. De l’autre, une conception de l’action publique appuyée sur la réflexion, l’analyse, l’écoute des positions contradictoires, qui sont au fondement, depuis la Grèce antique, de toute démocratie. »

Sans surprise à droite, on défend le projet de casino, et on en profite pour attaquer la Villa Méditerranée. Selon Dominique Tian (LR), le premier adjoint du maire :

« Quant au choix de la Villa Méditerranée, j’écoute les opposants expliquer qu’ils refusent qu’on abandonne cet espace dit ‘culturel’. Mais dans les faits, ce site est tout sauf culturel ! C’est une véritable escroquerie intellectuelle de le qualifier ainsi ! On parle là d’un bâtiment extraordinairement coûteux, qui a été payé 60 millions d’euros par le contribuable et continue à coûter 7 millions d’€ par an pour rien ! Une somme qui pourrait être économisée s’il est loué au privé. Et oui, je trouve que cet endroit à La Joliette est idéalement placé pour un tel établissement »

Plus étonnant, à gauche, on trouve même parmi les opposants au projet de casino, une critique implicite de cet équipement. Si l’on suit Jean-Marc Coppola, chef de file du Front de gauche au conseil municipal et ancien président du comité régional du tourisme :

« Oui, bien sûr, on aurait dû et il faudrait démocratiser davantage ce bâtiment qui a coûté 70 millions d’euros, l’ouvrir au public et, pourquoi pas, le rendre culturellement complémentaire du MuCEM. »

Cette polémique puise ses racines dans une histoire déja longue de controverses autour de la Villa Méditerranée. Les critiques portent systématiquement sur son coût, sa construction (environ 70 millions d’euros) et son fonctionnement (3,7 millions d’euros par an environ, soit deux fois moins que ne le prétend Dominique Tian) ; et sa fonction, incertaine. Pour ceux qui travaillent dans les politiques internationales des collectivités territoriales ou réfléchissent à leurs enjeux, ce n’est pas évident, alors pour les autres…

Sur la question du coût, les 70 millions d’euros de construction imputés exclusivement au budget régional peuvent en effet paraître conséquents. Ramené aux dépenses d’investissement du conseil régional, (environ 500 millions d’euros en 2010), le coût de la Villa Méditerranée a représenté  14 %, et trois ans ont été nécessaires à sa construction. Si l’on se tourne vers les fameux frais de fonctionnement, les 3,7 millions d’euros représentent 0,4% environ des dépenses de fonctionnement (environ 970 millions d’euros en 2015). Certes, entre 2010 et 2012, le montant était plus proche des 7 millions d’euros que des 4, mais, dans le même temps, le budget consacré au fonctionnement était plus élevé (environ 1,3 milliards).

Reste la question du rôle et de la fonction de la Villa Méditerranée. Michel Vauzelle a sans doute fait preuve d’une pédagogie incertaine et n’a jamais réussi à articuler les deux dimensions de son ambition : offrir l’édifice à une introuvable « société civile » euro-méditerranéenne, au service d’un tout autant improbable « soft power » régional.

En avril 2013, j’avais consacré un billet de mon défunt blog (Marseille Internationale) à cette question : « la Villa, caprice dispendieux ou instrument de soft power ? ». À l’époque, déjà, la Villa faisait l’objet de moqueries. Elle était présentée dans la presse régionale et par les adversaires politiques du Président Vauzelle comme une dépense inutile et une institution fantôme, reflet de la mégalomanie de son fondateur. La « Villa Vauzellia » n’aura jamais su dépasser les critiques initiales.

Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. Tout d’abord, dès son origine, un discours d’institution de la Région à la fois vague et grandiloquent qui présentait cet équipement comme « un lieu de pouvoir de la société civile » et un instrument d’exercice de soft power régional dont l’enjeu était d’aider à « la paix et à la prospérité » en Méditerranée. Rien que ça. Avec un résultat, donc, pour le moins mitigé.

L’une des ambiguïtés originelles de l’équipement tient paradoxalement aux opportunités que lui avait offertes les festivités de la Capitale européenne de la Culture. Vauzelle le reconnait dans l’interview qu’il a accordé à La Provence pour défendre « son » bâtiment face à la menace du projet de casino :

« Et pendant cette année-là [2013, ndla], naturellement, la Villa, a été happée – et c’était notre devoir – par ce côté culturel. C’est pour cela qu’on a cru qu’à côté du Mucem, il y avait une annexe avec une forme un peu étrange qui était une sorte de petit Mucem. »

En effet, en menant nos enquêtes sur les publics et les pratiques culturelles dans MP2013 avec les collègues de l’Université Aix-Marseille, on s’était rendu compte qu’un certain nombre de touristes étaient surpris de constater qu’ils ne pouvaient pas rentrer dans la Villa Méditerranée avec leur billet estampillé MuCEM. De même, la programmation de cette première année à la Villa Méditerranée était sans doute trop marquée par des expositions et des conférences « culturelles ». Les parcours d’exposition, par ailleurs très coûteux, ont progressivement laissé la place à l’organisation de séminaires présentant les résultats de projets internationaux et pour lesquels la Villa Méditerranée devait servir de vitrine dans le but de faire de Marseille un lieu stratégique pour la coopération dans la région. Mais l’ambiguïté de départ n’a jamais été levée.

L’internationalisation des politiques régionales et la Villa Méditerranée

La « vocation » de la Villa Méditerranée était pourtant d’incarner l’internationalisation de la Région. Pour le dire autrement, le bâtiment, à l’architecture audacieuse, était supposé être adossé à la politique internationale de la Région et représenter physiquement l’existence et le dynamisme de cette action diplomatique menée par le Conseil régional. Depuis le début des années 2000, la Région avait  réorienté sa coopération décentralisée traditionnelle fondée sur l’aide au développement de partenaires du Sud au profit d’une intégration plus poussée de sa politique internationale dans les circuits européens et dans les enjeux diplomatiques.

A-t-on oublié qu’avant de prendre son nom à la tonalité « Médicis », l’équipement devait s’appeler , le « Centre régional pour la Méditerranée (CeReM) » ? Si l’on devait croire les présentations de l’époque, il serait devenu  :

« Le lieu de toutes les expressions du monde méditerranéen contemporain [et] le symbole du dialogue entre les cultures, du partage des connaissances et des techniques ».

En 2008 et en 2009, en amont du projet de construction de la Villa Méditerranée, la Région, sous l’impulsion du Président Vauzelle qui a fait des questions internationales, son « domaine réservé », vote deux délibérations : une « Stratégie internationale » et un « Plan d’action pour la Méditerranée ». Ces deux textes adaptaient les partenariats existants de la Région en Méditerranée au contexte géopolitique européen marqué par le lancement de l’Union pour la Méditerranée (UpM), la mise en place de l’Instrument européen de voisinage et de partenariat et plus généralement les négociations autour du cadre financier 2014-2020.

En avril 2014, enfin, un an après l’inauguration de la Villa Méditerranée, la Région adoptait un troisième texte, la « Nouvelle stratégie internationale » qui visait cette fois à prendre acte de l’échec de l’UpM et des crises, tant au Nord qu’au Sud. Sans rentrer dans les détails de ces documents, ils témoignent de la capacité d’adaptation de ce que j’appelle la « diplomatie décentralisée » face aux soubresauts des contextes et des déséquilibres internationaux.

Que vient faire la Villa Méditerranée dans cette affaire ? Premièrement, elle était sensée dépendre étroitement de cette politique internationale et offrir une vitrine à celle-ci, en rendant visible l’ambition de la Région. Parce que des politiques publiques s’ancrent matériellement dans des bâtiments qui les font exister, en partie. L’action publique prend toujours une dimension physique et sensible. C’est là, la première fonction de la Villa.

L’ex-Président Vauzellle justifie l’existence de sa Villa Méditerranée pour défendre la position du territoire marseillais dans la compétition internationale, mais aussi et surtout pour affirmer sa contribution possible dans la résolution des crises internationales. Une contribution qui pourrait être alternative aux mesures sécuritaires mises en oeuvre par les États :

« Dans une région de 5 millions d’habitants, cette cause noble le valait bien pour cesser ce complexe face à Barcelone. Face au terrorisme, aux réfugiés, au racisme, il faut peut-être arrêter de se dire qu’il faut se protéger avec des escadrons de gendarmerie et aller au contact du problème social et culturel. Notamment sur la description d’un islam qui choque les musulmans qui vivent ici et dans les pays du Maghreb. C’est le moment où la Villa doit servir à la paix en Méditerranée »

C’est ainsi, au sein de la Villa Méditerranée, que le Président Vauzelle accueillait depuis 2013, ses homologues euro-méditerranéens afin d’entretenir et de mettre en scène le dialogue politique entre les élus locaux et régionaux. Et celui-ci s’appuie comme tout acte diplomatique sur une parole. Dès lors, l’équipement est devenu progressivement un lieu dédié à des conférences. Un coup d’oeil à l’agenda actuel et on observe des réunions publiques sur les religions, la Turquie ou la Syrie.

Par ailleurs, ce dialogue ne se limitait pas à une coopération horizontale mais visait aussi, à partir d’une coordination transnationale, à exercer un lobby en direction des États et de la Commission européenne pour qu’ils infléchissent leur politique méditerranéenne, et au passage qu’ils augmentent leur financement. C’est dans ce cadre par exemple que se tiendra, au sein de la Villa Méditerranée, le 28 octobre prochain, le Dialogue 5+5 du nom de la réunion des Ministres des affaires étrangères des États d’Europe du Sud et d’Afrique du Nord.

On trouve ici le deuxième sens (davantage qu’une fonction ou qu’une utilité), de la Villa Méditerranée. Elle abrite en effet une agence qui travaille au cadrage, à la mise en œuvre et au suivi de ces politiques : l’Agence des villes et territoires méditerranéens durables (AViTeM). Or, cette agence ne vise pas seulement à monter des projets techniques de coopération internationale, mais aussi à contribuer à l’entretien d’un dialogue politique. En résumé, Vauzelle parlait de « diplomatie participative » voire de « diplomatie de proximité et de projets » dont la Villa Méditerranée devait fournir la vitrine.

Anticipant l’alternance politique, la Villa Méditerranée est en apparence sortie du strict giron de la Région pour rejoindre le 1er janvier 2015 le Groupement d’intérêt public (GIP) AViTeM. Cet accord se traduit par la mise à disposition de la Villa Méditerranée au sein de l’AViTeM, qui selon ses statuts :

« … vise à contribuer à la cohérence de la politique méditerranéenne de la France et à affirmer le rôle du territoire de Provence-Alpes-Côte d’Azur comme relais et acteur de cette politique. »

« En apparence », dans la mesure où la Région demeure l’unique contributeur financier du GIP. La Charte ne prévoit aucune participation de l’État qui se contente de mettre à disposition un fonctionnaire détaché du Ministère des Affaires étrangères (MAE). Si la Région devait cesser de financer l’AViTeM, l’Agence disparaitrait aussitôt.

La Villa Méditerranée, par le truchement de l’AViTeM, porte et manifeste l’ambition de bâtir une politique méditerranéenne nouvelle pour la France et l’Europe et qui serait portée à l’échelle des territoires régionaux, d’une part, et depuis Marseille, d’autre part. C’est ainsi que s’inscri(vai)t la volonté répétée de Michel Vauzelle de voir s’installer à Marseille, au sein de la Villa Méditerranée, la Délégation interministérielle à la Méditerranée (DiMed) afin de faire de cette ville « un pôle de projection de la politique de la France en Méditerranée ».

C’était le sens de l’une des propositions de son rapport sur la « Méditerranée des projets » remis au Président de la République en octobre 2013. En négociation fin 2013 et début 2014, le projet de délocalisation de la DIMed échouera lorsque le MAE parviendra à rapatrier dans le périmètre de son administration cette structure qui perd, de fait, son statut interministériel. Or, il ne sera jamais question pour Laurent Fabius de délocaliser une partie de son Ministère bien arrimé au Quai d’Orsay. De ce point de vue, l’impasse dans laquelle est plongée la Villa Méditerranée n’est pas sans lien avec l’effondrement de la politique méditerranéenne de la France et plus largement de la coopération euro-méditerranéenne qui n’est pas parvenue à accompagner les Révolutions arabes du printemps 2011.

Mais si la Villa Méditerranée n’était pas indexée à la politique méditerranéenne du MAE, elle n’avait de sens qu’en étant solidement ancrée à la politique méditerranéenne du Conseil régional.

Et c’est ce qui devrait interpeller encore davantage que la chimère du casino. Où est la politique internationale de la Région PACA depuis l’alternance ? Qu’en est-il des ambitions méditerranéennes portées par Christian Estrosi et son exécutif ? Sait-on que le vice-président délégué à l’international est le député Bernard Deflesselles (LR) qui n’a jamais pris une quelconque position sur les questions méditerranéennes ? N’y a-t-il pas, face à la seule opposition frontiste, une voix à porter en direction de cet espace ?

En mai 2014, lors du débat portant sur l’adoption de la Nouvelle stratégie internationale, la prise de position de la droite laissait entrevoir son opposition à l’ambition méditerranéenne de la Région version Vauzelle. L’un des orateurs la réduisait à une « priorité de communication » pour critiquer le choix des territoires de coopération ; pour mémoire, la Région avait noué des partenariats sur la rive Sud de la Méditerranée avec la Région de Tanger-Tétouan (Maroc) laWilaya d’Alger (Algérie), les Gouvernorats de Tunis et de Kasserine (Tunisie), celui d’Alexandrie (Egypte), les Unions des municipalités de Tyr (Liban) et de Jezzine (Liban), le Gouvernorat d’Hébron (Palestine) et la Ville d’Haïfa (Israël).

Daniel Sperling concluait son intervention en proposant de substituer les partenariats avec des « pays qui n’en finissent plus d’émerger » par des liens avec des pays riches, en particulier les « pays d’Amérique du Nord ».

On n’imaginait pas alors qu’il songeait à Las Vegas.

* Entre 2007 et 2012, j’ai mené une enquête doctorale sur l’internationalisation du territoire marseillais : Maisetti N., Marseille en Méditerranée : récit politique territorial et sociologie politique de l’action publique locale internationale, Université Paris 1, 2012. Un ouvrage issu de la thèse est en cours de publication aux éditions Karthala.

Crédit Photo : @EricBesatti

Un grand merci à Nicolas Maisetti pour nous autoriser la diffusion de son excellent article paru sur le nom moins excellent  site Marsactu.

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Casino à la Villa Méditerranée : reculer pour mieux sauter ?

C’était mercredi sur France Inter, à la 7ème minute de l’interview de Jean-Claude Gaudin : un rétropédalage qui en dit long sur la portée possible de l’affaire de la Villa Méditerranée, Villa que la Région veut vendre et que la ville de Marseille aurait  (au conditionnel…) bien aimé transformer en casino.

 

Un rétropédalage qui se garde bien de résoudre la question du devenir et de la mission de la Villa et qui en définitive met bien plus en évidence la prise en otage de la Villa dans la confrontation entre la droite et la gauche à la Ville comme à la Région.

Ce premier round laisse perplexe compte-tenu de la quantité de coups reçus par la Villa mais qui malgré tout n’est pas K.O. Le second round est incertain.

Même si cela ne pouvait assurément pas se faire à l’unanimité, le GIP portant le projet de la Villa aurait dû immédiatement opter pour une position commune plutôt que de lancer il y a quelques mois un énième audit du projet.

Quand on dit GIP, Groupement d’Intérêt Public, on pense nécessairement à une structure d’une certaine stature, d’un certain poids, une gouvernance en ordre de marche, avec la hauteur de vue nécessaire et le souci de servir la vocation et les missions de la Villa. Le GIP n’est pas un statut qu’on choisi à la légère et qui engage, quelles que soient les alternances et équilibres politiques issus des mandats désignant les personnes publiques qui y siègent. C’est notamment là que le bas blesse.

Des solutions issues de la vocation même de la Villa Méditerranée existent et elles ont soit à peine été regardées, soit été écartées, soit volontairement occultées pour maintenir la Villa dans la pire des positions, entre le marteau et l’enclume. C’est la stratégie du pourrissement des dossiers ou pour le dire autrement, du fruit qu’on laisse volontairement murir sur la branche pour qu’il tombe de lui-même. Difficile de faire plus irresponsable et au fond, tout cela n’a rien de typiquement marseillais, car partout on a vu des équipements publics nécessiter des investissements importants mais dont on ne s’est pas suffisamment soucié de leur fonctionnement, y compris au plan bâtimentaire.

Curiosité de la chose : un pouvoir adjudicateur demande toujours aux opérateurs privés de monter des business plans avec le plus haut niveau de robustesse financière possible sous peine de l’application de clauses contractuelles qui sanctionnent lourdement les titulaires de ces contrats, y compris lorsque l’équilibre économique du contrat est menacé par les actes, les décisions (ou leur absence) côté personne publique. Pourquoi ne pas s’appliquer à soi-même ce que l’on exige des autres ?

Un GIP ça se maintient, ça se réoriente, ça se réforme, ça se transforme, ça se dissout.

La question du casino est un foulard qu’on agite. La Provence parle de « rétropédalage » de Monsieur Gaudin sur la question de la Villa Méditerranée. C’est du rétropédalage en apparence. En fait c’est reculer pour mieux sauter.

Il est grand temps de siffler la fin de la récréation et il ne faut pas attendre les prochaines élections pour cela, ne serait-ce que par respect pour les personnels de la Villa qui sont aujourd’hui à bout, malgré toute l’énergie, le talent et l’abnégation dont ils ont fait preuve jusqu’à présent.

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Un casino à la Villa Méditerranée ? Non merci !

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Jean-Claude Gaudin annonce qu’il veut faire de la Villa Méditerranée à Marseille un casino. Cette décision est plus qu’un symbole. Ce lieu, a deux pas du MuCEM, le Musée des Civilisations de l’Europe et de la Méditerranée, a été conçu comme un espace de rencontre, de dialogue, de recherche et de compréhension mutuelle autour des enjeux éminemment complexes qu’incarne aujourd’hui la Méditerranée, et qui déchirent cet espace où vivent près d’un demi-milliard d’êtres humains.

Quels sont ces enjeux ? Précisément ceux-là même qui sont au cœur des discours de nos dirigeants politiques, dans le contexte des attentats qui ont traumatisé la Nation et qui visent à abattre la République : la question de la sécurité, celle des réfugiés, celle du rapport à l’Autre, mais aussi les questions soulevées par l’explosion démographique et urbaine de l’Afrique à l’horizon 2050 – et les opportunités économiques qu’elle représente, ou encore celle des conséquences du changement climatique, dont la Méditerranée, et singulièrement la façade française, est un « point chaud ». Car la Méditerranée concentre l’ensemble des crises que traverse le monde : crise politique, crise migratoire, crise humanitaire, crise environnementale.

Cette Villa a été imaginée par Michel Vauzelle, alors président du conseil régional Provence-Alpes-Côte d’Azur, porté par une large majorité de gauche. Elle a été inaugurée en avril 2013 par Martin Schulz, accueillant les présidents des parlements de 43 pays de la Méditerranée, venus à la rencontre de centaines de jeunes. Cette région est aujourd’hui dirigée par la droite extrême et le Front national. Cette même alliance, faut-il le rappeler, a porté Jean-Claude Gaudin à la présidence de cette même région entre 1986 et 1992, avec Jean-Marie Le Pen.

Deux visions s’opposent là clairement. D’un côté le monde de l’argent facile, du jeu, du divertissement, de « l’entertainment » abrutissant, celui des casinos. De l’autre, une conception de l’action publique appuyée sur la réflexion, l’analyse, l’écoute des positions contradictoires, qui sont au fondement, depuis la Grèce antique, de toute démocratie. Cela, évidemment, se voit moins. Ce n’est pas « bling bling », et cela ne rapporte pas d’argent directement.

C’est la noblesse et l’honneur de l’action publique, et l’argent n’est pas l’unique forme de la richesse. C’est aussi la raison pour laquelle l’État a souhaité faire de ce lieu, en nommant à sa tête un ambassadeur, la tête de pont de la de la politique française méditerranéenne, dans une logique de décentralisation – car la Villa est en effet gérée par un « groupement d’intérêt public », auquel participent non seulement la Région et la Ville de Marseille, mais aussi l’État et les deux métropoles d’Aix-Marseille et Nice.

On répondra « mais la Villa coûte cher, 4 millions d’euros par an ». Certes, le MuCEM, quant à lui, en coûte 25, et personne ne songe à dire que cela coûte cher, parce que les retombées son estimées à 125 millions et 800 emplois. Des dizaines de milliers de personnes qui ont assisté aux centaines d’événements organisés à la Villa depuis son ouverture, des personnalités de très haut niveau, universitaires, chercheurs, décideurs publics, chefs d’entreprises, chefs d’États, y sont venues du monde entier réfléchir et travailler ici, consommant, comme chaque visiteur, nuits d’hôtel, taxis, repas, visitant le MUCEM. Ainsi par exemple le succès de la MEDCop 21, où près de 2000 personnes se sont rencontrées pendant une semaine autour d’un « village des solutions », présentant les entreprises françaises en pointe sur les réponses au changement climatique. Ce concept a d’ailleurs été repris cette année par le Maroc, qui a organisé à Tanger la MEDCop 22. C’est ainsi que se mesure pour une nation la capacité d’influence, qui est désormais le véritable pouvoir.

Et quand une grande compagnie aérienne internationale utilise l’image de la Villa Méditerranée pour une publicité diffusée sur CNN, comme ça a été le cas en 2014, c’est bien l’image de toute une ville, Marseille, et de toute une région, qui s’exporte. Elle renforce ainsi son attractivité économique, et donc sa capacité à créer des emplois. Dans le contexte économique que l’on sait, Marseille a démontré une très forte résilience depuis 2008, grâce au label Capitale de la culture en 2013, grâce à sa position de pointe dans la recherche publique et privée dans le domaine de la santé et des biotechnologies, appuyée sur des centaines de millions d’investissements publics, grâce à ses sportifs de très haut niveau, grâce à la mise en place de la métropole Aix-Marseille-Provence, décidée par la gauche et, bien sûr, grâce à sa capacité d’influence diplomatique, incarnée par la Villa. Cette dynamique collective a permis la création de milliers d’emplois. La Villa en est l’une des composantes, et une vitrine internationale majeure.

C’est aussi dans ce lieu sans équivalent, que se joue la compréhension des phénomènes djihadistes en Syrie aussi bien qu’en France, parce qu’aujourd’hui, ainsi que ne cesse de le rappeler Michel Vauzelle, on ne pourra plus jamais considérer que ce qui se passe en Syrie ou en Libye relève de la seule diplomatie, et la radicalisation d’une partie de la jeunesse française relève de la seule place Beauvau. Parce que les ressorts et les conséquences de la folie destructrice à laquelle sont confrontés, à l’extérieur, le Machrek et le Maghreb, sont les mêmes que ceux qui ont frappé, et qui frapperont encore, à l’intérieur, les États-Unis le 11 septembre 2001, la France en 2015 et 2016, la Grande-Bretagne, l’Espagne, et de nombreux autres pays occidentaux. Parce que nous devons agir en connaissance de cause, en prenant des décisions dictées par la Raison, et non par des coups de communication hystériques et vains.

La décision de Jean-Claude Gaudin et de Christian Estrosi est une faute politique et une faute morale. Les forces de la Raison et de la Paix doivent refuser la loi aveugle de l’argent. Cette décision doit être vigoureusement dénoncée.

André Azoulay, conseiller du Roi du Maroc, Abdellatif Laabi, écrivain, Benjamin Stora, historien, Jean-Claude Tourret, ancien directeur de la Villa Méditerranée, Raouf Boucekkine, membre senior de l’Institut Universitaire de France, Christophe Carraud, traducteur, directeur de la revue Conférence, Claude Fressinier, responsable associatif, Pascale Gérard, directrice des partenariats et de la diversité, AFPA, Bariza Khiarl, sénatrice, Raphaël Imber, musicien ,François-Michel Lambert, député, Aurélien Lécina, cadre administratif, William Leday, élu local, Claudine Lepage, sénatrice

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Marseille en porte-à-faux

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La « Villa Méditerranée », c’est avant tout un geste architectural, formant un immense bâtiment en porte-à-faux, qui n’aura pas masqué très longtemps l’absence de programme sérieux. Si on voulait vraiment la rendre plus utile, on devrait la transformer en « Villa des enfants », sur le modèles d’équipements de ce genre qui existent ailleurs dans le monde. Les élus de Marseille et de sa région, seraient bien inspirés de penser davantage à la jeunesse, et nous montreraient qu’ils ne sont pas en porte-à-faux avec notre avenir !

La « Villa Méditerranée », c’est avant tout un geste architectural, formant un immense bâtiment en porte-à-faux, qui n’aura pas masqué très longtemps l’absence de programme sérieux. En effet, si trois ans seulement après son inauguration, la question se pose de savoir ce qu’il faut faire de cet équipement, cela démontre bien la faiblesse du projet initial. L’affaire serait donc entendue : la « Villa Vauzella » selon ses détracteurs, n’aurait été que le rêve éphémère d’un président de Région en fin de règne, Michel Vauzelle, qui voulait à tout prix graver son nom dans le marbre de la Capitale Européenne de la Culture. Mais que faire, aujourd’hui d’un bâtiment public aussi considérable et couteux à entretenir ? Devons-nous nous contenter d’hausser les épaules, quand, à leur tour, le maire de Marseille Jean Claude Gaudin et le nouveau Président de la région, Christian Estrosi, visiblement en manque d’inspiration, veulent en faire un casino ?

Du point de vue de l’urbaniste, l’implantation de la villa méditerranée interpelle. Pourquoi avoir implanté un deuxième bâtiment devant le fort Saint Jean, juste à côté de l’emblématique MUCEM, alors qu’il n’a pas du tout la même importance ? Le MUCEM, architecture exceptionnelle, véritable espace de promenade en trois dimensions intelligemment relié au fort Saint-Jean et à la ville par ses passerelles en béton, et riche des contenus culturels qu’il propose, aurait bien suffit comme unique signal urbain dans ce site d’exception. Mais puisque l’encombrant porte-à-faux est là, il faut bien faire avec. On ne va quand même pas démolir un bâtiment public qui a couté 70 millions d’euros ! Mais alors, pouvons-nous vraiment accepter que ce bâtiment sur un site historique et patrimonial majeur devienne un casino privé ? Quelle en serait l’image pour Marseille ? La culture du fric et des paillettes en porte-à-faux, faisant de l’ombre au MUCEM ? « Faites vos jeux, rien ne va plus ! » sera-t-il le nouvel adage de la Capitale Européenne de la Culture ?

Du point de vue de l’architecte, une fois passé sous l’impressionnant porte-à-faux, la déception est vite arrivée. Le hall d’entrée, malgré son immense volume, est peu accueillant. Il est encombré par deux immenses escalators qui doivent compenser la hauteur considérable pour accéder au niveau supérieur. Pour peu qu’il y ait un peu de monde, on se bouscule à l’entrée. Une fois en haut, on s’attend à un espace exceptionnel en suspension au-dessus de la mer. Mais, il n’en est rien. Les vues depuis le belvédère sont encombrées par la structure porteuse omniprésente sur laquelle il faut éviter de se cogner la tête. A l’extrémité du porte-à-faux, la baie vitrée est très réduite en hauteur, ce qui limite considérablement la vue. Sous les pieds, malgré les fentes vitrées, l’épaisseur du sol laisse moyennement passer le regard jusqu’au bassin en dessous. Vu de l’intérieur, l’effet aérien de la Villa n’impressionne plus. Au sous-sol, un grand hall artificiellement éclairé (forcément, on est sous la mer), dénommé « agora » est occupé par la grande rampe circulaire qui y descend, par des escaliers d’accès à l’Auditorium, par un espace circulaire séparé du reste par un simple rideau et par diverses espaces de services. Les espaces en cercle dans un grand plan carré, cela crée beaucoup de délaissés mais cela ne fonctionne pas très bien.

Du point de vue de l’usager, ce qui est impressionnant dans le bâtiment, c’est surtout le nombre de pas qu’il faut faire. Pour descendre au sous-sol, après avoir traversé le hall, il faut faire demi-tour vers un long escalier qui descend sous les escalators, pour arriver sur une minuscule « mezzanine ». Puis on descend une longue rampe circulaire suspendue qui fait deux tours complets, pour arriver enfin dans le vaste hall dénommé abusivement « agora ». Ensuite, pour accéder à l’auditorium, il faut descendre encore des escaliers, puis après les doubles portes, suivre encore une rampe courbe en pente douce, pour enfin entrer dans la grande salle, à 13 mètres sous le niveau de la mer. La villa méditerranée est une débauche de moyens techniques et de circulations pour peu de surfaces utiles. Le comble, c’est de devoir mettre une veste pour ne pas avoir froid alors que dehors c’est la canicule ! En sortant de l’amphithéâtre de 400 places, il faut faire la queue dans des toilettes en nombre insuffisant. Lors des ateliers d’un congrès, en l’absence de véritables salles isolées, les bruits résonnent d’un espace à l’autre à travers « l’agora », dans un parfait brouhaha. L’architecture de la Villa Méditerranée est peut-être une prouesse technique mais elle n’est pas très fonctionnelle. On peut donc facilement émettre quelques doutes sur la possibilité de la transformer en casino. En effet, quel investisseur va mettre une telle somme pour de si petites surfaces commercialisables, malgré le prestige du lieu ?

Si on voulait vraiment rendre la Villa Méditerranée plus utile, on devrait la transformer en « Villa des enfants », sur le modèles d’équipements de ce genre qui existent ailleurs dans le monde, comme le « Tokyo Metropolitan Children’s Hall ». Les dizaines de milliers d’écoliers de la Ville de Marseille et des alentours, ainsi que les nombreux petits vacanciers y trouveraient facilement leur bonheur : en arpentant les espaces d’expositions, en remplissant l’auditorium pour des projections ou des spectacles. Les enfants occuperaient aisément les nombreux espaces de circulation et espaces résiduels transformés en aires de jeux ou en petits ateliers créatifs, ramperaient avec bonheur sur les vitrages au sol en regardant la mer. Entre animations permanentes et évènements, entre arts et sciences, la Villa Méditerranée pourrait devenir le lieu de rendez-vous pédagogique et culturel qui manque cruellement à Marseille pour les jeunes, de la maternelle au lycée. Quelques adaptations du bâtiment suffiraient pour accueillir des jeux éducatifs plutôt que des jeux d’argent, des tapis de détente plutôt que des tapis de poker, des piles de Legos plutôt que des piles de jetons, des consoles interactives plutôt que des bandits manchots…

Dans une métropole qui offre peu d’équipements pour sa jeunesse, une « Villa des enfants » serait un beau signal. Les désormais incontournables activités « périscolaires » pourraient également profiter de ce lieu pour élargir leur pédagogie. Cela ferait vite oublier à la population l’image désastreuse de cette Villa Méditerranée comme étant le symbole du gaspillage de l’argent public par des élus en manque d’inspiration. Au contraire, ce serait un beau geste de transmission pour les générations futures, dans un site culturel majeur, patrimonial et historique. Un équipement parfaitement complémentaire et non concurrentiel du MUCEM, jouant un rôle éducatif et social. Les élus de Marseille et de sa région, seraient bien inspirés de penser davantage à la jeunesse, et nous montreraient qu’ils ne sont pas en porte-à-faux avec notre avenir !

Benoît Campion.

Architecte-urbaniste, parent d’élève MPE 13

Article publié par Benoit Campion, le 23 septembre 2016 dans marsactu.fr, avec son aimable autorisation de diffusion sur CEG.

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De l’avenir de la Villa Méditerranée

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C’est un des feuilletons marseillais de l’été qui fera moins d’audience que « Plus Belle La Vie », hélas…

Depuis des années, la Villa Méditerranée pose question. Principal sujet : son coût de fonctionnement au regard de son « utilité ». Posé en ces termes, on situe le débat au niveau du café du commerce mais il faut bien admettre que cela n’a jamais volé beaucoup plus haut depuis la campagne des élections régionales de 2015.

Jusqu’à relativement récemment pourtant, le café du commerce faisait partie de la culture populaire, un débat politique citoyen qu’on regarde depuis l’étranger avec une ironie et curiosité, teintées d’une certaine envie. Cela ne pouvait pas faire de mal et au fond c’est la démocratie qui tourne à plein tube dans notre tradition révolutionnaire d’un peuple supposé « éclairé » par un recul historique suffisant pour savoir bien de se garder de verser dans le populisme.

Jusque-là, Marseille était Marseille, avec sa propre histoire, sa propre identité, tellement incroyable, si passionnée et si passionnante. Cela ne pouvait pas faire de mal de s’entendre dire au quotidien « ah mais tu comprends à Marseille, c’est particulier, on fait pas comme ailleurs, ici c’est Marseille ». Cette fierté fait au fond partie de l’identité de Marseille dans laquelle chacun peut se reconnaître avant même tout parti-pris.

Mais depuis la reconfiguration issue des dernières élections régionales où les planètes s’alignent à droite sur fond de cache-cache plus que malsain avec le Front National, la situation de la Villa Méditerranée s’est progressivement et de plus en plus fortement tendue, écrivant à l’encre la plus acide qui soit, une histoire bien différente de l’idée originale.

Le dernier épisode de cette histoire bat son plein depuis cet été, période pendant laquelle les rumeurs d’entente entre la région et la ville sur le devenir de la Villa se sont faites persistantes, faisant monter la tension et la pression d’un cran. Septembre aura été le mois révélant publiquement le souhait de vendre la Villa Méditerranée et d’en faire… un casino, oui vous ne rêvez pas, un casino.

Si vous n’êtes pas Marseillais ou de la région, vous en avez à peine entendu parlé. A cette heure, c’est-à-dire pratiquement trois semaines après la parution de l’article dans La Provence qui annonçait le sort qui serait réservé à la Villa, l’absence de débat est sidérante. Tout semble aller dans un seul et même sens, avec le Front National qui se pose en arbitre (!) et même un Jean Viard qui y voit une « idée stimulante ».  Bref, on nage en plein cauchemar.

Aucune réaction audible ou presque, Elisabeth Guigou et Michel Vauzelle sont parmi les rares personnalités à faire entendre leur voix haut et fort mais à ce jour, même pas une pétition pour se mobiliser contre l’idée du Casino et contre la façon dont se déroule cette chronique d’une mort annoncée.

Personne ou presque pour se soucier du devenir de la mission de diplomatie économique sensée faire de Marseille une capitale majeure de l’Union pour la Méditerranée, dont la mission touche pourtant à tous les domaines d’activités sur un espace et un territoire de rayonnement où la France est pourtant sensée être parmi les leaders, si ce n’est le leader.

Peut-on se satisfaire de voir un tel niveau de résignation, pour ne pas dire d’entente droitière pour exploiter plus encore le populisme ambiant ? Certainement pas mais c’est avant tout à la gouvernance du GIP qui porte la Villa Méditerranée de tout faire pour ne pas finir en Casino, même si l’on sait que de nombreux obstacles techniques et juridiques entravent assurément une telle entreprise (mais pendant combien de temps ?).

En attendant, les plus optimistes diront que c’est dans les moments de crise que nous sommes les plus créatifs et imaginatifs mais peu osent prendre la parole publiquement, peu osent dire qu’à tout le moins deux pistes peuvent être envisagées : une nouvelle dynamique ou une nouvelle vocation.

  • Une nouvelle dynamique signifierait que l’on sache vraiment comment relancer la machine, et des solutions existent !
  • Une nouvelle vocation signifierait des usages en lien avec des pratiques et des besoins avérés tout en trouvant les conditions de poursuite de la mission originelle sous une autre forme.

Dans tous les cas, il faut sauver le soldat Villa Méditerranée de cette prise en otage absolument insupportable. Elle a un avenir.

 

 

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Les équipements et les territoires donnent du sens au secteur MICE

MICE directions

Si les dernières années ont été difficiles et ont vu les comportements évoluer fortement, 2014 a été l’année du rétablissement du secteur MICE (Meetings, Incentives, Conferencing, Exhibitions) dans la plupart des régions du monde alors qu’en France la demande a fait une rechute préoccupante (-5,2% par rapport à 2013). Le bilan attendu en France pour 2015 demeure donc un exercice sensible et on peut déjà acter qu’au regard des 10 dernières années, le secteur est devenu de moins en moins prévisible, ce qui rend la gestion et le développement des équipements de destination pour le moins délicat.

On peut noter le souci toujours plus grand de l’économie et de l’efficacité comme vecteur principal guidant les clients dans l’organisation de leur événement, mais les indicateurs des tendances du marché sont globalement encourageants pour 2015, montrant une progression au bénéfice de la plupart des destinations dans le monde.
Mais le secteur n’est pas aussi homogène qu’il n’y paraît, la réalité est beaucoup plus contrastée selon l’ouverture de la focale avec laquelle on observe certains acteurs du marché, et plus particulièrement en France pour les équipements accueillant ces événements.
Le positionnement et le niveau de rayonnement territorial de ces derniers, la polyvalence de leur activité et de leurs espaces, le niveau de leur programmation, l’état de leurs équipements, la dynamique de leur offre de service et de leur grille tarifaire, la synergie entre les acteurs de leur territoire, leur mode de gestion, … autant de facteurs extrêmement variables d’un équipement à l’autre, d’un territoire à l’autre. Une multitude de spécificités, de contextes et de situations qui rendent peu évident l’exploitation des données pour nourrir une analyse à un niveau macro économique.
Les centres de congrès, les palais des congrès et de spectacles, les halles d’exposition, etc. autant de typologies qui constituent un maillage territorial français qui, avec les équipements culturels, fait beaucoup d’envieux. Leur mode de gestion majoritairement et historiquement public est souvent critiqué et décrié, notamment depuis l’arrivée sur le marché de l’exploitation d’opérateurs privés, arrivée qui a coïncidé avec l’augmentation de la pression économique et financière sur les collectivités. Le mode de gestion publique est en réalité un véritable atout sur lequel il faudrait plus et mieux s’appuyer, chacun à son niveau, pour avoir un impact plus fort et des retombées toujours plus positives pour les territoires. Mais ces impacts et ces retombées sont très inégales d’un territoire à l’autre en fonction de 5 préalables :
  1. entretenir un écosystème territorial adapté au(x) bassin(s) de vie et d’activité,
  2. posséder les ingrédients essentiels à tout territoire dit de destination,
  3. avoir la capacité et la dynamique adéquates au sein même de l’équipement,
  4. savoir se projeter et évoluer en fonction d’objectifs stratégiques et opérationnels,
  5. piloter via un mode de gouvernance efficace et doté d’une vision à court terme et à moyen terme.
Ces 5 préalables doivent être parfaitement évalués et en ordre de marche, sans quoi c’est la foire aux illusions, avec son lot de désillusions lourd de conséquences, mais les évaluer et les (re)mettre en ordre de marche crée les conditions d’une adéquation entre offre et demande réussie et d’une plus grande soutenabilité, ce qui est plus que jamais indispensable aujourd’hui.
Si ces 5 préalables devenaient 5 critères d’analyse et d’aide à la décision (et le cas échéant de conduite du changement), les responsables et les décideurs présideraient plus aisément à la destinée de leur équipement et de leur territoire, sans se soucier outre mesure du sens des statistiques macro-économiques.

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Le séisme japonais vécu de l’intérieur de la médiathèque de Sendai

Il y a dix ans, la médiathèque de Sendai conçue par Toyo Ito faisait sensation avec sa structure parasismique censée résister à des tremblements de terre aussi violents que celui de Kobe en 1995 qui avait atteint 7,2 sur l’échelle de Richter. Le séisme qui s’est produit le 11 mars dernier était de magnitude 9 et la vidéo prise par un des utilisateurs de la médiathèque montre de manière particulièrement impressionnante la stabilité verticale et horizontale dont le bâtiment fait preuve grâce aux treize cylindres d’acier qui composent sa structure mais montre également de manière tout aussi impressionnante le calme de la personne qui filme et de son voisin.

Plus d’Images de la médiathèque sur le site Internet www.toyo-ito.co.jp

Source : Le Moniteur

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Le Grand Palais voit grand

Le Grand Palais fait partie de ces rares équipements qui entament aujourd’hui une mue pour le moins singulière en mettant à plat la question de son projet, de ses missions et de sa stratégie de développement. A nouveau projet, nouvel opérateur, nouvelle structure, c’est au fond un changement assez radical auquel tous les équipements culturels sont conforntés. Ils ont en effet ce « devoir moral » quasi consubstantiel d’évoluer, d’être en phase avec leur temps (voire de le devancer) et de renouveler leur offre pour être toujours en capacité de nous éclairer, de nous émouvoir,  de nous accueillir, de nous servir et de toujours nous proposer conjointement une part de ce que nous venons y chercher et une part insoupçonnée de nous-mêmes.

Mais dans le cas du Grand Palais, définir les missions pour le futur opérateur qui regroupera le Grand Palais et la Réunion des Musées Nationaux pose la question de son projet culturel et scientifique, question qui cette fois-ci a été abordée d’une manière pour le moins inhabituelle.

Sur la méthode :

Trois groupes de réflexion ont été constitués par Jean-Paul Cluzel, président du Grand Palais et du conseil d’administration de la RMN, dans le cadre de la mission qui lui a été confiée par Nicolas Sarkozy et Frédéric Mitterrand. Ceux-ci vont se réunir lors de 2 sessions en février et mars prochains. Les trois groupes rassemblent ces 38 experts choisis parmi des personnalités issues d’horizons divers du monde de la culture (dirigeants d’institutions françaises et étrangères, commissaires indépendants, producteurs d’événements et de spectacles, organisateurs de salons, scientifiques, spécialistes des technologies numériques). L’objectif qui leur est assigné est d’échanger et de confronter des idées, des expériences et des désirs sur le projet Grand Palais/RMN. Le ministre de la Culture et de la Communication a confirmé sa présence la 1re réunion, c’est dire l’importance de l’enjeu. Jean-Paul Cluzel quant à lui remettra son rapport au président de la République le 31 mars 2010.

Sur le fond:

Longtemps cantonné dans sa mission historique, même l’esprit le plus chagrin est bien obligé de reconnaître aujourd’hui que le site fait preuve d’une certaine orginalité depuis la renaissance de sa grande nef et de sa verrière monumentale, le lieu est même devenu plus singulier que jamais en alliant grandes expositions classiques et contemporaines, performances, concerts et rencontres. Depuis, la verrière monumentale est devenue un lieu d’expérimentations pour la mode, la musique et l’art. Il faut dire que le Grand Palais propose une configuration et un cachet uniques, à la fois giganteste et modulable, qui permet  une commercialisation qui lui permet de s’autofinancer sans recevoir la moindre subvention. Avec un chiffre d’affaires de 7,4 millions d’euros prévu pour 2010 rien que pour la location de la Nef, c’est une manne financière qui fait rêver bon nombre d’établissements propriété de l’Etat.

C’est en effet d’abord grâce à son modèle économique de location d’espaces que le Grand Palais se donne les moyens de mettre en oeuvre sa mission vocative. Plus l’événement est « culturel », moins il coûte cher à la location et, donc, moins il rapporte au Grand Palais, et plus la manifestation est dite « commerciale », plus les tarifs sont élevés et plus elle rapporte. Organisé par le ministère de la Culture, le cycle « Monumenta », par exemple, ne génère quasiment pas de recettes au lieu mais quel apport de notoriété et de rayonnement ! Est-il possible d’imaginer un meilleur lieu pour « Monumenta » ? Ce modèle « centre de congrès et d’exposition » doté d’un projet scientifique et culturel que peu de lieux culturels osent véritablement mettre en place aurait-il des vertus insoupçonnées que le milieu culturel peut difficilement considérer ? Peut-être est-ce une affaire de « cible de clientèle » ? Il y a ici un paradoxe fort pour les défendeurs de la démocratisation de la culture que nous sommes tous, pour ne pas dire un tabou. L’écrasante majorité des lieux culturels ne bénéficie pas d’une telle situation ni d’un tel privilège , mais on voit bien, à la lumière des mutations du secteur de l’événementiel culturel, que la recherche de l’adéquation entre une politique de l’offre et une politique de la demande demeure complexe. Peut-être est-ce cette recherche d’adéquation qu’il faut abandonner et c’est ce que ce modèle économique du Grand Palais propose, même si avec le rapprochement du Grand Palais et des galeries nationales (qui dépendaient jusque-là de la réunion des musées nationaux, la RMN), ce mode de financement par la location d’espace devrait toutefois évoluer, et comporter une part de financement public. Cela paraîtra difficilement justifiable, d’autant que du point de vue du modèle proposé depuis 2005, il y a un niveau de maturité qui n’a pas encore été atteint. Mais il y a visiblement une volonté de poursuivre la mutation pour être en capacité de toujours surprendre et c’est peut-être là que ce situe la spécificité et l’exemplarité du Grand Palais.Voir grand, voir loin.

Les travaux engagés témoignent parfaitement de cela. Ils sont payés grâce à un emprunt contracté par l’établissement. Même si le lieu est en permanence en travaux depuis l’incident de 1993 qui avait conduit à sa fermeture jusqu’à 2005, il s’apprête cette année à engager une rénovation d’envergure : c’est au tour du salon d’honneur, de la galerie sud et des rotondes de la Reine et Alexandre III de subir un coup de jeune. Coût de l’opération : 23 millions d’euros. Les prochaines étapes augurent un nouveau changement d’échelle : Jean-Paul Cluzel, souhaite s’attaquer aux galeries encerclant la nef (Galeries nationales et Palais de la découverte), afin de constituer un vaste établissement « polyvalent et flexible ». Il doit d’ailleurs remettre des propositions en ce sens à Nicolas Sarkozy fin mars. La première phase de travaux sera livrée à l’automne 2010.

Avec une telle débauche de moyens, il faut espérer que l’originalité du lieu sera préservée car, à cette échelle, il y a peu d’équipements qui ont osé autant d’éclectisme et qui ont aussi bien réussi à se situer à équidistance de l’élitisme et du supermarché culturels.

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Le Languedoc-Roussillon aura son musée de la romanité

La région Languedoc-Roussillon, en accord avec la ville de Narbonne et la Drac, programme la création d’un «musée de la romanité» dans la principale ville du littoral audois. Première colonie romaine en Gaule, fondée en 118 avant J.-C. sous le nom de Narbo Martius, Narbonne fut la capitale de la Gaule Narbonnaise. La préfiguration du futur établissement public culturel et commercial (EPCC) démarre : la région fait réaliser jusqu’en juin 2010 par l’Amicale Laïque un inventaire des collections archéologiques de Narbonne (éléments lapidaires et collections du Clos de la Lombarde). Parallèlement, elle a signé le 8 janvier 2010 un partenariat avec la Drac et le CNRS pour réaliser de 2010 à 2013 des fouilles subaquatiques des ports antiques de Narbonne. Ces fouilles représentent un budget de 2,65 millions d’euros (1,65 million de l’État et 1 million de la région).

Pour définir les collections et le projet scientifique et culturel du futur musée, un conservateur général vient d’être recruté par la région au sein de son service patrimoine. Ambroise Lassalle, ancien conservateur de la Cité internationale de la bande dessinée et de l’image à Angoulême, ex-directeur du musée des Antiquités de Rouen, prendra ses fonctions en mars 2010. Au premier semestre 2010, la région Languedoc-Roussillon lancera les études de programmation architecturale du musée de la romanité. L’architecte sera choisi en 2012 et la première pierre posée en 2013. Le musée devrait ouvrir en 2014. Selon la région, les musées archéologiques d’Agde, de Nîmes et de Lattes réfléchissent de leur côté à des projets d’extension et de modernisation, en lien avec la création du nouveau musée de Narbonne.

Source : la Gazette des Communes.

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Ouverture de l’EMPAC

Aujourd’hui démarre l’activité d’un nouvel équipement dédié aux nouveaux médias et à la performance artistique aux Etats-Unis. « EMPAC » est son acronyme pour « Experimental Media and Performing Arts Center ». Basé dans la ville de Troy dans l’Etat de New-York, ce nouveau lieu croise l’état de l’art de la création contemporaine avec la recherche universitaire de pointe (le bâtiment est construit sur le campus du Rensselaer Polytechnic Institute) et promet que les installations, les performances et les concerts présentés devanceront toujours toutes les technologies du moment.

L’espace en lui-même est déjà considéré comme un chef d’œuvre architectural. Dessiné conçu par le cabinet Grimshaw, le bâtiment propose une surface 20 500 mètres carrés incluant une salle de concert de 1200 places avec un plafond modulable, un théâtre de 400 places, des grills techniques à 20 mètres de haut, 2 gigantesques espaces de studio en boîte noire modulables aux parois visibles et spécialement traités pour le travail des artistes et des chercheurs et quatre espaces de résidences artistiques.

Sous la direction de Johannes Goebel (qui a co-fondé le ZKM) et des directeurs artisitiques Kathleen Forde, Hélène Lesterlin et Micah Silver, l’EMPAC apporte une nouvelle approche pour les centres d’arts dédiés aux nouveaux médias et c’est dans le cœur même de sa conception architecturale que le projet a su prendre forme pour traiter le champ des possibles : un espace hybride à 360°, combinant réalité virtuelle et réalité physique, à l’image du travail déjà très remarqué ces dernières années de Workspace Unlimited.

Il s’agit de mettre l’adaptabilité des technologies au service des espaces publics, de travail et de recherche. Pour cela, un investissement de 131 millions de dollars a permis de construire et d’aménager les deux douzaines d’espaces de l’EMPAC dans une conception acoustique révolutionnaire, une des marques de fabrique du cabinet Grimshaw, le tout sur une colline à 45° surplombant la ville. L’équipement a été conçu à partir de technologies jamais employées jusqu’alors aux Etats-Unis : rideaux de verre, meneaux qui transportent l’eau chaude et isolent le bâtiment, le système HVAC créant un silence virtuel pour préserver l’intégrité des performances et des travaux jusque dans les salles de concert où l’air est pulsé sous les sièges, 8000 points d’entrée au réseau CCNI (le réseau universitaire de télécommunications le plus puissant du monde), etc.

L’EMPAC propose aux visiteurs de vivre des expériences qui mettent l’accent sur l’immersion, l’interactivité et le temps comme des médias. Les trois week-end à venir seront consacrés à un festival aux performances et installations de The Wooster Group, Dumb Type, Workspace Unlimited, Verdensteatret, Vox Vocal Ensemble et International Contemporary Ensemble, Per Tengstrand, Madlib, Cecil Taylor, Pauline Oliveros, Richard Siegal/The Bakery, Robert Normandeau, Fieldwork, Gamelan Galak Tika + Ensemble Robot, et bien d’autres.

Tout a ainsi été réuni pour que l’EMPAC soit une référence d’envergure internationale et il y a fort à parier sur sa réussite si l’on en juge par les travaux en préparation pour la saison 2009, à suivre donc.

Pour consulter le site de l’EMPAC, cliquez ici.

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