Cultural Engineering Group

Services & Ressources en ingénierie culturelle

Culture for Cities and Regions

Le projet Culture for Cities and Regions est une initiative de la Commission européenne soutenue par le programme Europe Créative. Lancé en janvier 2015 avec pour objectif de produire 70 cas d’étude, d’organiser 15 visites thématiques et de proposer un accompagnement à 10 villes ou régions, ce projet est en cours jusqu’en septembre 2017.
Culture for Cities and Regions propose notamment, à travers une visite d’étude, de découvrir l’impact social et économique de deux projets culturels majeurs du Pas-de-Calais : le musée Louvre-Lens et l’inscription sur la liste du patrimoine mondial de l’UNESCO du bassin minier du Nord-Pas de Calais.

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Les musées britanniques se réinventent

Au Royaume-Uni, la saison 2015/2016 a été une « année turbulente » selon Museum Association.

Pendant cette période, 24% des musées ont du faire face à une baisse de revenus publics, malgré le fait que les musées soient très populaires et très attractifs. La situation s’aggrave dans les régions du pays : 64% des musées gallois et 50% des musées écossais ont subi une baisse de dotations publiques.

Les budgets locaux alloués aux musées ont ainsi baissé de 31% en 2016. 15 musées ont du fermer leurs portes l’année passée.

Pour faire face à cette coupure de budget, la majorité des musées ont augmenté leurs revenus propres, grâce à la mise en place de boutiques, cafés, et événements. 37% des musées ont également vu leurs donations philanthropiques augmentées.

Pour consulter le rapport de Museum Association.

 

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Atlas régional de la culture 2017

L’Atlas régional de la culture a pour objectif de réunir dans un même ouvrage un vaste ensemble de données relatives à la culture disponibles au niveau national et permettant une exploitation territorialisée. Les données réunies, qui croisent de nombreuses sources statistiques, sont illustrées sous forme de cartes et graphiques.

À la suite de la réforme territoriale mise en œuvre au 1er janvier 2016, la question de l’équilibre entre les régions est plus que jamais présente et il était important de se doter des moyens de les comparer. Cet atlas y contribue.

Le chapitre inaugural présente les données nationales et met en lumière les points communs et les différences régionales. Les chapitres suivants sont consacrés aux treize nouvelles régions et aux départements d’outre-mer.

Dépenses de l’État et des collectivités territoriales pour la culture, entreprises culturelles, emploi et professions, équipements… les données sont déclinées pour chaque région et apportent des points de repère et de comparaison indispensables à la construction de politiques publiques.

Pour consulter l’Atlas, c’est ici.

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Comment valoriser et donner toute sa place à un groupe d’individus dans leur ville ?

MUSIBUS LOGO

A FLEUR DE NOTES est une association citoyenne qui mène des actions culturelles et pédagogiques depuis 2009, avec l’aide d’artistes de renommée internationale vivant en Europe. Ses actions sont les fruits de rencontres de femmes et d’hommes, de leurs compétences et de leur passion pour la culture et ses formes d’expression. Elle s’engage notamment auprès des jeunes des publics dans le cadre de projets à forte dimension inclusive, avec la musique classique pour principal medium.

Parmi les différentes expériences récemment conduites par l’association, notre projet MUSIBUS EUROPE a permis l’organisation d’un atelier mené à Tours. Ce fut une aventure remarquable, démontrant que l’exigence artistique est un formidable vecteur de développement personnel et collectif.

Nous parlons d’enfants de CM2 et de Seconde qui font partie de l’Institution Marmoutier. Leur Directeur, Bruno Dolhem, a souhaité travailler sur la créativité des élèves et sur son expression dans la Ville.

Nous parlons également de trois jeunes du CRR de Tours, tout juste diplômés en instruments de cuivre, que nous avons sélectionnés pour accomplir une démarche de professionnalisation : accompagnés par deux musiciens aguerris, ils allaient constituer le QUINTETTE MUSIBUS.

L’actualité de la Ville de Tours en 2015 prévoyait l’ouverture d’une année de festivités, à l’occasion du 1 700-ème anniversaire de la naissance de Saint Martin de Tours, qui est aussi une figure citoyenne de l’Europe. L’association a donc conçu un atelier musical et pédagogique sur le thème de Saint Martin, dont les enfants ont choisi un épisode de la vie.

Ils choisirent celui où Martin, après avoir refusé de devenir Evêque de Tours, et alors qu’il vivait à Poitiers, rentra vite à Tours croyant un membre de sa famille mourant. C’était un heureux traquenard organisé par la population, qui permît de « couronner » Martin, malgré lui.

La conception des grandes lignes de l’atelier a été assurée par le comité artistique et pédagogique de l’association, dans une démarche citoyenne. Son contenu a été précisé dans une note d’intention pédagogique écrite par le brillant compositeur Sylvain Griotto.

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En deux mois, les élèves de Marmoutier devaient eux-mêmes construire successivement les étapes qui suivent, accompagnés par Sylvain Griotto : trois semaines pour choisir l’épisode qui les inspirait et les outils d’expression musicale adaptés à l’épisode choisi, parmi ceux proposés par Sylvain ; deux semaines pour que celui-ci compose une œuvre d’environ 8 mn pour quintette de cuivres et chœur d’enfants ; puis quatre semaines de répétitions, et deux concerts en plein centre ville devant des centaines de personnes connues et inconnues, en plein air et en salle de concert.

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Tout au long de cette aventure enjouée, les parents confiaient entendre très régulièrement leur enfant évoquer leur participation ludique à cet atelier . Le succès des deux concerts successifs et la couverture médiatique ont participé d’un sentiment d’unité très puissant et qui semble durable, plusieurs mois après l’événement, d’après les dires de leurs Professeures Mmes Monique Armandin et Claire Barret.

Vous aurez dans ce court-métrage un rapide aperçu de cette aventure. Il est à présent demandé à l’association de créer une saison musicale accompagnée d’ateliers pédagogiques plus courts et à échéances mensuelles. Sans oublier de renouveler l’expérience initiale ! A terme, l’ambition se dessine de constituer un festival itinérant, pédagogique et professionnalisant, en conservant la même exigence artistique.

Cédric Thiollet*

Coordinateur du Projet FESTIVAL MUSIBUS EUROPE

 

Plus d’informations à propos du projet ici et ici.

Pour plus d’informations à propos de l’association A FLEUR DE NOTES, cliquez ici
Contact : Cédric Thiollet

 

* Cédric Thiollet est membre fondateur de l’association A FLEUR DE NOTES, actuellement son Trésorier.

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Si la culture s’appropriait pleinement les BIDs et passait à l’action ?

Cultural BIDs

Comme je l’évoquais dans mon précédent article, les Business Improvement Districts (BIDs) peuvent être des réponses très efficaces aux besoins locaux, complémentaires à l’action publique dans de très nombreux domaines.

En se demandant si la culture peut pleinement s’approprier le modèle, je voulais mettre en exergue le fait que l’écosystème culturel public et privé aurait beaucoup à y gagner.

Les BIDs sont souvent décriés pour leur approche néo-libérale, et si il est impossible d’éviter les questions éminemment dogmatiques qu’ils soulèvent, je ne vois pas pourquoi il en serait autrement pour la culture. Mais je suis convaincu que la culture plus que n’importe quel autre domaine peut fixer un cap bien plus profitable (au sens noble du terme) et bien moins dogmatique.

En effet, on reproche notamment à certains BIDs de créer des déséquilibres dans les quartiers, de renforcer les plus forts au détriment des plus faibles et de dénaturer certains quartiers en les « boboïsant ». Cette question ne peut être éludée mais la meilleure réponse se trouve dans la compréhension de ce qui différencie un BID (et des adaptations qu’on peut en faire) des phénomènes déjà bien établis de gentrification.

A la différence de la gentrification, où c’est d’abord la dimension immobilière qui est le principal moteur dé-régulateur et excluant qui prend le pas sur le vivre ensemble, les BIDs sont des dispositifs qui peuvent être régulés et qui dépendent d’abord de celles et ceux qui vivent au présent sur le territoire (et pas ceux qu’on veut y installer, pour de bonnes ou de mauvaises raisons, au détriment des autres). Ils peuvent donc être bien plus inclusifs !

Le territoire concerné par un BID part de son tissu socio-économique existant en vue de le renforcer et de le dynamiser dans une logique d’amélioration du cadre de vie.

C’est là que la culture a plus que son mot à dire et a en réalité tout à y gagner. En effet, les BIDs sont une opportunité quasi unique pour la culture de conduire l’économique et non pas l’inverse.

L’action culturelle se fonde sur les droits culturels, des droits humains fondamentaux, et ne peut par essence exclure quiconque. Dans ces conditions, faire en sorte que la culture s’approprie pleinement le modèle des BIDs et en fasse sa propre déclinaison constitue une alternative plus qu’opportune 1) à la clusterisation plus ou moins heureuse des territoires 2) aux tentatives plus ou moins réussies de marketing territorial et 3) au pire visage de la gentrification.

Définir une stratégie culturelle pour conduire l’économie d’un territoire (c’est-à-dire le contraire de ce qui est généralement fait) a au moins quatre principaux avantages :

  • façonner le profil et la croissance soutenable du territoire concerné ;
  • replacer l’humain et le bien commun au centre des préoccupations ;
  • créer de la valeur ajoutée matérielle et immatérielle pour tous, sans discrimination ;
  • libérer la culture son instrumentalisation et de son cloisonnement habituels.

Si la culture s’appropriait pleinement le modèle et le détournait à dessein en se fondant sur les principes des droits culturels, c’est une autre relation entre le public et le privé qui pourrait voir le jour autour d’une approche renouvelée de l’espace public et du bien commun, par opposition à la privatisation de l’espace public et de la prédominance des intérêts particuliers qui sont les causes de bien des inégalités.

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Et si la culture s’appropriait pleinement les BIDs ?

BID

Les BIDs (Business Improvement Districts) existent depuis les années 60 aux Etats-Unis et au Canada et depuis une dizaine d’années ils se développement en Afrique du Sud, en Allemagne, au Japon, en Nouvelle-Zélande, en Australie et en Grande-Bretagne.

Les retours d’expérience démontrent qu’ils ont atteint un niveau supplémentaire de maturité ces dix dernières années (crise oblige) et s’avèrent des réponses très efficaces aux besoins locaux, complémentaires à l’action publique dans de très nombreux domaines. Et si la culture s’en appropriait le modèle ?

De quoi s’agit-il ? Un Business Improvement District est un modèle de développement dédié à l’amélioration du cadre de vie sur un territoire défini, quelle que soit sa taille. Sa pérennité et sa soutenabilité reposent sur la mise en place d’un fond collecté auprès des acteurs privés présents sur ce territoire (entreprises, artisans, associations, etc.) et le mécanisme pour cela est simple : chaque acteur verse un faible pourcentage de sa valeur imposable (généralement 1% mais selon les territoires ce pourcentage peut être plus élevé) et les fonds recueillis sont utilisés, gérés et évalués de façon très stricte (avec une comptabilité séparée) pour contribuer à l’amélioration du cadre de vie du territoire, en finançant des infrastructures et des services.

Les détracteurs des BIDs les considèrent ni plus ni moins comme de nouveaux impôts locaux, taxant directement ceux qui le sont déjà suffisamment assez. Il suffirait de défiscaliser 100% de la contribution pour calmer les ardeurs des esprits chagrins. Le débat sur cette question est loin d’être refermé mais il faut surtout comprendre que ce n’est ni plus ni moins qu’une forme très concrète d’engagement dans la cité par, pour et avec les citoyens.

Dans le cas de la culture, ce mécanisme serait d’autant plus utile que les acteurs culturels étant confrontés à la baisse de leurs ressources et de leurs financements en provenance de l’Etat, des Collectivités ou des mécènes, la mission culturelle doit avoir les moyens de ses ambitions pour ne pas dépérir.

Quand on voit que depuis le 31 mars, Telsa a réussi à lever plus de 13 milliards de dollars directement auprès des potentiels acheteurs d’une voiture électrique qui n’existera pas avant 2018 à 35 000 dollars en entrée de gamme, on se dit qu’il y a du pain sur la planche pour construire des modèles alternatifs performants de levée de fonds pour la culture et l’innovation culturelle…. En voulant être toujours plus à part, on risque de disparaître si on ne trouve pas d’alternatives crédibles pour défendre une exception toujours plus menacée.

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How Museums Foster Cultural Understanding in Cities

Parts of the Los Angeles community: LACMA, The Broad, and The Getty. Photos from left: Flickr users Susan Broman, Melissa Delzio, and Photos by Clark, CC BY-NC 2.0 - See more at: http://blogs.getty.edu/iris/how-museums-foster-cultural-understanding-in-cities/#sthash.GBOVhfxx.dpuf

Parts of the Los Angeles community: LACMA, The Broad, and The Getty. Photos from left: Flickr users Susan Broman, Melissa Delzio, and Photos by Clark, CC BY-NC 2.0 

Museums make better cities, and more tolerant citizens 

Why have New York, Chicago, and Los Angeles remained such vital centers of trade and finance over the years, constantly reinventing themselves to meet the ever-changing needs of the world’s economy? In great part because they have always welcomed immigrants hungry for work and cultural freedom and, in the process, not always easily but ultimately successfully, have built a dynamic, multilingual, and cosmopolitan community open to all that the world has to offer. My wife and I lived in Chicago for seven years, from 2004 to 2011. We came to know it well and to feel a part of it quickly, easily. In its first century, it was one of the fastest-growing cities in the world, doubling every decade through most of the 19th century. By 1890, the city that had had only 30,000 residents at mid-century was the fifth largest city in the world, with large numbers of immigrants from Ireland, Italy, Germany, Poland, Sweden, and Mexico. Today its population is almost three million, with large numbers of immigrants from Bosnia, India, Nigeria, and Southeast Asia. Almost 30 percent of its population speaks a language other than English at home.  For the six-county area that comprises Greater Chicago, the five most common languages after English are Spanish, Polish, Arabic, Chinese, and Tagalog. What helps Chicago attract and integrate its ever more diverse population? Among other things, I would argue its cultural institutions.

James Cuno.

See more here : http://blogs.getty.edu/iris/how-museums-foster-cultural-understanding-in-cities/.

This post originally appeared on Global Insight, the blog of the Chicago Council on Global Affairs. James Cuno speaks at the 2016 Chicago Forum on Global Cities, held June 1–3, 2016.

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La réponse de Jean-Michel Lucas à l’article de Michel Guerrin « On ne cultive que les riches »

Cher Monsieur Guerrin,

Vous m’avez écrit récemment qu’il était difficile de parler des droits culturels dans un quotidien comme « Le Monde ». Pourtant vous n’êtes pas passé loin dans votre article « On ne cultive que les riches » !

Car j’ai cru un moment que votre critique de la politique de « l’accès à la culture pour tous » vous amènerait à conclure qu’une question aussi mal résolue devait certainement être mal posée !

Pourtant, vous avez maintenu le dogme et seulement imaginé qu’il fallait changer la méthode de répartition des moyens publics, pour une plus grande « proximité ». Je dois avouer que ce fut longtemps ma conviction quand j’étais au cabinet de Lang en lançant les « cafés musiques » puis comme Drac à Bordeaux en sillonnant la campagne et les banlieues. Mais, c’était il y a plus de vingt ans ! Et il a bien fallu que je me rende compte de l’épaisseur du plafond de verre qui anéantit les meilleurs volontés de faire don de sa culture aux autres, au nom du service public culturel. Il a bien fallu, inévitablement, revenir à la question de départ : pourquoi penser que nos références culturelles font « œuvres capitales de l’humanité » comme on dit dans le décret Malraux constituant, encore et toujours, le ministère de la culture ? Pourquoi nos cultures devraient-elles être « bonnes » pour tout le reste de la Terre ? L’accès des « pauvres » à la culture des « riches » est -il un impératif pour les sauver de la barbarie et humaniser la planète ?

La réponse est évidemment négative : cette culture cultivée ne fait pas le bonheur ! Elle ne garantit ni le Bien -être des riches, ni celui des pauvres. Elle n’est pas une assurance vie qui apporterait, à coup sûr, liberté et dignité. « La culture », nommée par ceux qui ont le privilège d’en dire le nom, ne peut faire croire qu’elle est progrès vers une humanité plus juste !

Jean Vilar savait déjà que la culture nageait dans l’ambiguïté des sens :

La culture c’est d’abord une entraide, non pas une aumône. Nous savons aussi – du moins je vous en propose l’idée – que la culture n’est pas obligatoirement signe d’intelligence pas plus qu’elle n’est le blanc-seing de la fraternité ou des bons sentiments. Nous savons bien que culture n’est pas la meilleure médecine du bonheur, que la recherche et la connaissance ont été souvent, trop souvent, à l’origine des crimes collectifs ou du moins des inventions finalement meurtrières et qui, d’un coup désormais peuvent effacer les hommes et donc rendre dérisoire l’objet de nos débats. (Avignon///1964 )

Georges Steiner nous a d’ailleurs interdit toute illusion : « Façonner la sensibilité et l’intellect entraîne naturellement l’individu et, par conséquent, la société dans laquelle il s’insère, à adopter une conduite rationnelle et bénéfique. Qu’il revienne à l’éducation d’assurer le progrès moral et politique, tel était bien le dogme laïc : l’instruction publique par l’entremise des lycées, bibliothèques municipales et cours du soir se substituait aux illuminations intérieures, aux élans vers la perfection morale, jusque là sanctionnés, pour une poignée d’élus, par la religion. …. Là ou florissait la culture, la barbarie était par définition un cauchemar du passé »…. Mais,  » nous savons maintenant qu’il n’en était pas ainsi… Nous comprenons maintenant que les sommets de l’hystérie collective et de la sauvagerie peuvent aller de pair avec le maintien et même le renforcement des institutions, de l’appareil et de l’éthique de la haute culture. En d’autres termes, les bibliothèques, musées, théâtres universités et centres de recherche, qui perpétuent la vie des humanités et de la science, peuvent très bien prospérer à l’ombre des camps de concentration …. Nous savons aussi – et cette fois-ci les preuves sont solides, bien que la raison s’obstine à les ignorer – que des qualités évidentes de finesse littéraire et de sens esthétique peuvent voisiner chez le même individu, avec des attitudes barbares, délibérément sadiques. Des hommes comme Hans Franck, qui avait la haute main sur la « solution finale » en Europe de l’Est, étaient des connaisseurs exigeants, et parfois même de bons interprètes, de Bach et Mozart. On compte parmi les ronds de cuir de la torture ou de la chambre à gaz des admirateurs de Goethe ou des amoureux de Rilke./ »(Dans le Château de Barbe bleue » page 90). Le constat est sans appel. Le dogme de l’épanouissement des hommes par la rencontre avec les arts est une « fiction nécessaire » et ne saurait passer pour une vérité universelle, qui s’imposerait, partout et pour tous.

Et les luttes de décolonisation nous ont montré que la bonne culture était aussi une force à haut potentiel destructeur, comme l’ont rappelé les débats à l’Unesco sur la diversité culturelle ! Personne au « Monde » n’aurait donc lu depuis 1995 « Notre diversité créatrice  » de Peres de Cuellar ?

Et je ne cite même pas Bourdieu et la lame de fond de la Distinction !

En clair : vouloir que tous les êtres humains de tous les lieux et tous les temps accèdent, universellement, aux quelques références culturelles de quelques spécialistes de quelques disciplines de l’imaginaire est indécent. Les lecteurs du « Musée Imaginaire » de Malraux ne devraient jamais l’oublier. L’œuvre ne l’est pas en soi, elle est reconquête incertaine de chaque génération : « Le chef d’œuvre ne maintient pas un monologue souverain mais un invincible dialogue » (page 67).

Ainsi, affirmer la permanence de l’œuvre est un dogme dont vous auriez dû vous moquer. Comme Rabelais se riait des papistes de l’île des Papimanes réunis en banquet (délicieusement servi par des « jeunes filles de l’endroit » , « belles à croquer »,) faisant l’éloge des « saintes écritures » comme aujourd’hui on fait prière à « la culture » : « Extravagantes « angéliques », comme les pauvres âmes périraient sans vous, elles qui, ici-bas, errent dans les corps mortels en cette vallée de misère ! Hélas ! quand accordera-t-on aux humains ce don de grâce particulière qui leur ferait abandonner toutes les autres études et affaires, pour vous lire, vous entendre, vous connaître, vous mettre en œuvre et en pratique, vous incorporer, transformer en sang, et vous faire pénétrer au plus profond des ventricules de leurs cerveaux, dans les moelles internes de leurs os, dans les labyrinthes compliqués de leurs artères ? Oh, c’est alors que le monde sera heureux, ni plus tôt, ni autrement ! »

Il faudrait être plus modeste et accepter que le seul » accès » que la politique publique devrait défendre est celui de l’accès des personnes à plus d’autonomie, plus de liberté reconnue par les autres, pour plus de dignité dans la relation de leur identité culturelle avec la diversité des êtres du monde des vivants. Cette route vers plus d’autonomie (de liberté sociale dirait Axel Honneth) passera certainement par la rencontre avec les multiples œuvres des multiples artistes, mais ce parcours sera celui de la « personne » dans la singularité de sa sensibilité et de sa raison.

C’est peut -être ce que vous appelez « proximité » , mais, pour être valide, la proximité ne consiste pas à s’adresser à l’autre en niant sa culture, avec cette dose de mépris que la commisération pour les innocents laisse si souvent percevoir dans la démocratisation de la culture. Elle ne passe pas non plus par la multiplication des « épiceries culturelles » répondant aux besoins de ce que vous appelez « les populations » ( de consommateurs individuels, sans doute !) .

Il faut d’abord accepter la « personne » comme telle, comme être de liberté et de dignité, auquel nul ne peut voler le droit de dire sa valeur au monde ! Les droits humains fondamentaux – le droit culturel en est un – interdisent à quiconque de dire « nous » à la place du « je ». En revanche, le « nous » s’élabore en faisant « humanité ensemble », c’est à dire en ouvrant à chaque personne un maximum d’opportunités pour entrer en interaction avec les autres cultures et forger ainsi son autonomie. C’est l’antidote au repli identitaire, la réponse par la diversité culturelle que déteste tant le FN. C’est la fameuse sentence d’Edouard Glissant : « Je change par échanger avec l’autre, sans me perdre pourtant, ni me dénaturer ».(Philosophie de la relation , page 66/ voir aussi page 37 sur l’illusion de l’universalité des littératures).

Et que l’on ne dise pas que c’est trop abstrait, populiste ou difficile à pratiquer car c’est, par exemple la mission publique que les élus ont confié aux professionnels des musées de Newcastle : non pas délecter les consommateurs de bonnes œuvres, mais « permettre aux personnes de mieux se situer au monde, de renforcer leur identité propre, pour plus de respect pour elles-mêmes, plus de respect pour les autres « . Une proximité partant de la personne pour mieux répondre aux enjeux du développement des droits humains. Pas seulement un jeu de boutiquiers de la subvention !

Ce monde de la culture de la personne serait-il étranger au  » Monde » ? Quinze ans après la Déclaration universelle sur la diversité culturelle ? Je crains de devoir être affirmatif : aucun article, aucun débat ouvert sur la Déclaration (toujours confondue avec la Convention sur la diversité des expressions culturelles de 2005). Peut- être une forme de repli identitaire à la française, comme si c’était le moment pour un quotidien qui veut résister à la pensée clôturée sur elle-même et répondre à « l’insécurité culturelle » que le Figaro aime tant scénariser !!!.

Bien respectueusement à vous …

Jean Michel Lucas*

kasimir bisou sur facebook.

*Président de Trempolino, docteur d’Etat ès sciences économiques et maître de conférences à l’université Rennes 2 Haute-Bretagne dont il fut le vice-président de 1982 à 1986, Jean-Michel Lucas fut également conseiller technique au cabinet du ministre de la Culture Jack Lang de 1990 à 1992, où il y impulsa notamment le programme « Cafés Musiques ». Nommé Directeur régional des affaires culturelles d’Aquitaine en 1992, il mit en place une politique culturelle d’État en étroit partenariat avec les collectivités locales, et avec comme préoccupation de valoriser la place de la culture dans les politiques de la ville et des territoires ruraux. Ce « militant de l’action culturelle », connu sous le pseudonyme de Doc Kasimir Bisou, a participé à plusieurs projets sur le devenir des politiques culturelles et sur les légitimités dans lesquelles elles s’inscrivent. En Bretagne comme en Aquitaine, il fut par ailleurs à l’origine de nombreuses réalisations concernant les musiques amplifiées (RAMA, festival d’Uzeste, Rencontres Trans Musicales de Rennes…).

Du même auteur sur cultural-engineering.com :

Vous pouvez retrouver toutes ses contributions en cliquant ici et n’hésitez pas à réagir et à contribuer au débat !

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Élargir la participation à la vie culturelle : expériences françaises et étrangères

Etude OPCLes problématiques de l’accès et du rapport des populations à l’art et à la culture recoupent un ensemble de notions complexes aux sens multiples. Pour alimenter la réflexion des pouvoirs publics, France Stratégie a demandé à l’OPC de mener une étude sur l’identification et l’analyse d’initiatives réussies en matière de participation à la vie artistique et culturelle en France et à l’étranger. Cette étude a mis en exergue les dispositifs et les stratégies mobilisés dans une vingtaine d’initiatives pour alimenter en « bonnes pratiques » les politiques en matière de démocratisation de la culture à l’échelle des territoires.
L’étude 
et sa synthèse sont téléchargeables.
L’Observatoire 
propose également une infographie de cette étudeLe document offre un regard imagé et synthétique sur les 20 études de cas explorées par l’étude, il en résume les principaux constats, conclusions et recommandations.

Élargir la participation à la vie culturelle : expériences françaises et étrangères  (Lionel Arnaud, Vincent Guillon, Cécile Martin, avec les contributions de Charles Ambrosino, Jordi Baltà, Aurélie Guineberteau, Anne Gonon, Pierre Le Quéau, Per Mangset, Flaminia Paddeu, Nadège Pandraud, Samuel Périgois, Thomas Perrin, Jean-Pierre Saez, Mariette Sibertin-Blanc, Nur Yasemin Ural, Observatoire des politiques culturelles, hiver 2014).

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Evaluation of Cultural Policies and EU-Funded Programmes as Promoters of Cultural Diversity and Intercultural Dialogue in the Balkans/Southeast Europe

The two-year project entitled Evaluation of Cultural Policies and EU-Funded Programmes as Promoters of Cultural Diversity and Intercultural Dialogue in the Balkans/Southeast Europe (SEE) aimed to evaluate the impact of national and local cultural policies and EU funded programmes in the countries of the Western Balkans in promoting cultural diversity and intercultural dialogue as a part of the EU integration process. The project is implemented in partnership with Österreichische kulturdokumentation, Internationales archiv für kulturanalysen, Vienna, Austria and Udruženje građana Akcija, Sarajevo, Bosnia and Herzegovina.

One can say that some of the Balkan countries have started to recognise that cultural diversity has become a starting point for the development and organisation of cultural relations, influencing and even defining the social positions of different groups and individuals. Intercultural dialogue, on the other hand, acknowledges the communication and the general interaction between different cultures as well as all types of exchanges taking place between them. The different interpretations or intonations do not prevent the basic comprehension of the term ‘interculturalism’ as a set of developed concepts and policies concerning the understanding and managing of cultural diversities. It is therefore necessary to analyse and discuss the dynamic change of cultural identities, not only globally but also in the context of cultural variety and cultural diversities which need to be managed in an overall democratic and modernising context.

The evaluation report tries to evaluate the cultural policies and EU-funded programmes in the countries of the Western Balkans which promote cultural diversity and intercultural dialogue as part of the EU integration process, as well as to give some positive examples from the EU in this regard. In this respect, the goal of the Evaluation Report is to enhance the regional impact of cultural policies and programs on promoting cultural diversity and intercultural dialogue in five countries of the Balkans/SEE (Bosnia and Herzegovina, Croatia, Macedonia, Montenegro and Serbia) and to present EU practices. The results of this research could serve as a resource of practical knowledge and experiences within the cultural sector in the process of re-thinking cultural policies and developing and enhancing the internal capacities of the cultural sector in the field of cultural diversity and intercultural dialogue in the Balkan/SEE countries.

The intention of the project partners was to produce an evaluation report which ultimately would produce recommendations for a more coordinated and EU-oriented policy making approach in the field of culture in the region as well as some recommendations for EU policy makers in the field of culture. The project can be seen as both a process and an output. Definitely, one of the products that came out of this particular project is the final report. The project`s web knowledge portal entitled kulturlogue.org/ explores the possibilities and capacities through which the impact of cultural policies on promoting cultural diversity and intercultural dialogue can be enhanced via a more systematic and comprehensive analysis and sharing of the existing data on cultural policies and programmes. The provided knowledge includes texts, analyses and evaluations on the impact of cultural policies and programmes on diversity and dialogue.

The project is financially supported by the EU Community Programme Culture 2007-2013, the Ministry of Culture of Macedonia, Open Society Foundation – Macedonia, and the Swiss Cultural Program for Western Balkan.

All inquiries should be sent to Lea Linin at lea@multimedia.org.mk

More information can be obtained from Violeta Simjanovska, Executive manager, PAC MULTIMEDIA, DTC MAVROVKA, lamela C 1/1, 1000 Skopje, Macedonia; tel./fax: + 389 23 111 570; www.multimedia.org.mk, kulturlogue.org/

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Creative Transition towards Sustainability

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3-day Interdisciplinary PhD Workshop from 3rd – 5th of November 2014 Design – Architecture – Engineering – Natural, Social and Cultural Sciences.

Sustainability is the main challenge of this century. How to deal with global crises like climate change, energy- and resource scarcity or related social conflicts? How is a good life possible for all people on a finite planet? Technological/industrial innovations or economic growth are not by themselves sufficient answers to such questions. What we need is a holistic and systemic approach in combination with a fundamental change of our production/consumption structures and behavioural patterns.

In a three day workshop, experts and PhD students from different European countries and disciplines will come together for an intensive exchange about strategies and specific possibilities of societal transformation towards more sustainable lifestyles. Through a dialogue between observers and analysts of the transformation on the one hand, and designers of the transformation on the other hand, the workshop promotes an intensive relationship between theory and praxis. The PhD Workshop therefore addresses different disciplines e.g. social, economic and cultural scientists, architects, product-designers, engineers. Best practice projects (e.g. living labs in Barcelona) will be presented and examined from an interdisciplinary perspective.

As the behaviour of individuals is strongly influenced by the design of the world we live in, the transformation of lifestyles needs a corresponding transformation of design, architecture and engineering together with a comprehensive re-definition of the concepts of ‚service‘ and of the production and ‚consumption system‘. Modern design is often object-oriented and underestimates the ecological, social and cultural environment. In contrast, this workshop looks for the complex interconnections between designed objects, products and services and their contribution to a creative transformation towards sustainability.

Call for abstracts:

We invite PhD students (and possibly some advanced Master students) from all disciplines conducting research related to the workshop theme „Creative transition towards sustainability“ and with a strong interest in scientific work, to submit an abstract in order to be selected for participation in this transdisciplinary event.
As the goal is to hand in the final paper to a scientific peer-reviewed journal, the applicants are expected to have informed themselves about possibilities for publishing their paper drafts.

Venue

UPC- Barcelona Tech is the second biggest university in Spain. The ETSAV School of Architecture at Sant Cugat del Vallés (www.etsav.upc.edu) is a well recognized centre in the field of sustainable architecture and urbanism with a wide range of initiatives. This includes for example its Living Lab for Sustainable Architecture and Lifestyle (www.livinglab-low3.blogspot.com), which will also be the main venue of the workshop.

Applications:

Applicants should send an abstract (max. 500 characters) about their on-going research work together with a letter of application/motivation and a short CV. An expert committee will select the most suitable contributions according to their quality in relation to the workshop topic.
A general explanation of the abstract and paper are included as an annex.

Methodology:

The workshop will combine theoretical sessions (presentations of research work, experts input, round table sessions) with practical work (living lab exploration, co-creation activities, group work) in order to create a lively atmosphere for a productive interdisciplinary exchange.

Expected outcomes:

Experts will assess participants in their research work to enable discussing specific aspects in small groups. The publication of papers will be prepared.

Recognition:

The Summer School committee will issue a certificate of successful attendance.

Deadlines:

Submission of abstracts and application letter: 15th of September 2014 Notice of acceptance: 30th of September 2014.
Submission of full paper (draft) or presentation: 1st of October 2014

(see also template for paper and abstract).

Fee:

280€Euro (includes 3-day workshop, 3 coffee breaks, 3 lunches and 3 dinners). Not included are: Flight, accommodation, breakfast and further travel costs.

Accommodation:

Accommodation in Barcelona centre can be found individually e.g. through the following websites: http://www.booking.com, http://www.apartmentbarcelona.com, http://www.bcn-stay.com or similar.
Student apartments might be available on short notice at the campus for 35€/night in a double room. Please contact us for further information.

Contact:

For all applications and contacts please write to: sustainablesummerschoolbcn@gmail.com

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Partenariat public-privé : vers un nouveau modèle de développement culturel

Promouvoir la culture auprès du plus grand nombre ; trouver les clés de la démocratisation de la culture : telles sont les ambitions des politiques culturelles françaises depuis plus de 50 ans.

De plus en plus, nous voyons naître sous de nouvelles formes des initiatives visant à inviter le citoyen à s’engager dans la vie culturelle locale : manifestations grand public, journées de gratuité dans les musées et centres d’art, villes – capitales de la culture, projets participatifs, etc. D’une certaine manière, c’est à une « événementialisation » des arts plastiques que nous assistons pour maintenir et faire valoir l’engagement de la France en matière de culture.

Mais développer l’économie culturelle et, par la même, l’accès à la culture en période d’austérité, n’est pas chose aisée.

A l’heure où les coupes budgétaires sont de rigueur avec une baisse des subventions de 2,8% en 2013, les institutions culturelles ont besoin de repenser leur modèle économique et diversifier leurs sources de financement pour non seulement garantir un niveau de fréquentation stable leur permettant d’envisager une situation économique pérenne mais également car l’État n’est plus le seul à pouvoir porter la notion d’intérêt général et de démocratisation de l’art chère à André Malraux.

L’essor du mécénat en France, au début des années 60, ainsi que la fiscalité avantageuse de 2003 ajoutent des acteurs supplémentaires dans la promotion des Arts et du Patrimoine.

Si les politiques culturelles œuvrent toujours dans le sens d’une diffusion des arts plastiques au plus grand nombre, ces dernières années ont été marquées par une « privatisation » du secteur culturel. Avec près de 25 000 entreprises et 5 millions de foyers mécènes, ce sont près de 3,2 milliards d’euros de dons que l’on recense en 2012.

Si financements privés et financements publics cohabitent désormais, il est de la responsabilité des deux parties, acteurs privés et publics, de trouver un équilibre entre développement de nouvelles infrastructures culturelles, entretien et sauvegarde de notre Patrimoine, et concentration de nos moyens sur les structures existantes pour une meilleure adaptation de l’offre aux publics.

La contraction des budgets privés et publics amène alors chacun à repenser ses marges de manœuvre et fait apparaître de nouvelles pistes à explorer en matière de financements : mécénat de compétence, social ou de particuliers, fonds de dotation, leasing, participation au capital d’un financeur culturel, etc. Ces méthodes, déjà ancrées dans le système économique d’autres pays (comme par exemple les Etats-Unis), font leur apparition en France depuis quelques années.

Mais le mécénat n’étant pas là pour se substituer à l’engagement de l’État, la question de la démocratisation est donc, avant tout, intimement liée à l’orientation de nos politiques culturelles publiques ; car c’est d’abord aux lieux et aux acteurs culturels de savoir capitaliser sur ce qu’ils peuvent vraiment apporter en la matière. De fait, afin de répondre aux nouveaux enjeux économiques des établissements culturels et attirer toujours plus de visiteurs, des partenariats public-privé voient le jour. Des entreprises privées sont désormais mandatées pour gérer musées et monuments confiés par les institutions publiques.

Ces entreprises expertes disposant de compétences spécifiques accompagnent les établissements dans leur gestion propre et proposent des services allant de la mise en place d’équipes spécialisées jusqu’à la dynamisation de projets culturels, éducatifs et touristiques.

Car, comme beaucoup d’établissements l’ont compris, la « popularisation » de manifestations culturelles connait ses limites si elle n’est pas accompagnée d’une politique d’accueil et d’accompagnement des publics dans la durée ou de programmes éducatifs adaptés. Repenser le mode de fonctionnement des établissements culturels pour être davantage en phase avec le marché de l’art et les attentes du public : voici la réflexion à engager entre acteurs culturels et contributeurs privés.

 

Marlène Dejean*

*Titulaire d’une licence en histoire de l’art et d’un Master 2 en communication, Marlène Dejean a travaillé en tant que Responsable de projet dans le secteur de l’événementiel BtoB et BtoC pour le Groupe LVMH et le Groupe Starwood.

Sa quête permanente de sens l’amène au poste de Responsable de projet Brand Content chez BETC où elle prend en charge la définition de stratégies éditoriales et la création de contenus print et vidéo pour les marques suivantes : Accor, Club Med, Crédit Agricole, Total…

« Aimantée » de tout temps par la culture, elle rédige en 2012 un mémoire sur les relations entre démocratisation de l’art et politiques culturelles.

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Are audiences killing art and culture ?

If the most important thing about art is its newsworthiness, saysSarah Kent, how do we engage with it on any other level ?

Should audiences be wooed with accessible art?  Photo: Luke Macgregor/Reuters

Should audiences be wooed with accessible art? Photo: Luke Macgregor/Reuters

A transvestite potter is currently delivering the Reith lectures, a pissing automaton is competing for the Turner Prizea blue cockerel struts its stuff on Trafalgar Square’s fourth plinth, and the Whitechapel Gallery is filled with wankers and giant penises. It’s business as usual in the art world, or so the media would have us believe.

If the most important thing about art is its wacky newsworthiness, how do we engage with it on any other level? This is one of the questions to be addressed in BBC Radio 3‘s Free Thinking festival at the Sage Gateshead on Sunday in a panel debate: Are audiences killing culture?

Art is often promoted as a leisure pursuit, something fun to see on a wet Sunday afternoon. And it is achingly fashionable. On the first Thursday of each month, galleries in east London stay open late – hundreds descend on Vyner Street in Bethnal Green, sparking a street party complete with food, beer and sound systems; the event is so cool that even school kids hang out there.

Private views in West End galleries attract a slightly older and wealthier crowd who are still primarily there to drink free beer, meet each other and take selfies. The art is an excuse for a social occasion – so much so that when I was a full-time critic, I had a reputation for being rude because instead of networking I would look at the art!

The serious stuff of marketing the work happens at other times and through other channels, including the internet. I find it hard to believe that millions are spent each year by collectors who buy art they haven’t seen, but then I still fantasise about people collecting work they admire, rather than looking to park their money in a safe investment.

It’s why I’m so depressed to learn that the person topping Art Review’s Power 100 is an oil Sheikha from Qatar. Sister of the emir, Her Excellency Sheikha Al-Mayassa bint Hamad bin Khalifa Al-Thani apparently spends £600m a year hoovering up contemporary western art to sequester in desert museums.

Of course, art has been at the service of the rich and powerful for centuries, but at least the Medici and their like provided opportunities for artists by commissioning the brightest and best to produce great work.

Nowadays, artists are caught between a rock and a hard place. Market domination stifles creativity by seducing artists into producing glitzy commodities that shriek: « Buy me! Buy me! »

Among the most blatant are Damien Hirst‘s diamond-encrusted skull,For the Love of God, which I renamed ‘For the Love of Gold’. The Finest Art on Water is a luxury yacht that Christian Jankowski exhibited atFrieze Art Fair in 2011 with a price tag of £70m. At this year’s fair, Gagosian showed Jeff Koon’s kitten in a sock, which is so far off the radar it creates a category all its own that one might call (M)art.

Since an important part of their remit is to attract large audiences, museums and galleries unwittingly create a trap of a different kind – encouraging artists to woo the public with accessible art. Often the result is bland mediocrity; mirrored maizes are my bête noire. Occasionally, though, an artist responds with something both playful and profound.

When Olafur Eliasson projected a yellow disc onto the far wall of Tate Modern’s Turbine Hall in 2003, hundreds came to bask in the light of the artificial sun. The Weather Project tapped into the collective psyche by encouraging people to dream, which is what good art can do – visitors wore swimsuits, brought picnics and lay on towels as if they were on a beach in midsummer. The work demonstrated the power of illusion and people’s willingness to play.

If you visit Derry-Londonderry over the next few months you can earn a couple of quid discussing the market economy with some locals. Not down the pub, but at the Turner Prize exhibition where Tino Sehgal is staging This is Exchange, a piece I remember taking part in at the ICA in London in 2003.

The idea that a gallery could be a good place to raise economic and cultural issues is not new, but Seghal’s approach is refreshingly direct. He employs non-professionals to engage with visitors, sometimes discussing monetary value, sometimes telling stories, as they did earlier this year in These Associations at Tate Modern.

If Seghal wins the Turner Prize it won’t be because his performers argued well or told moving tales, but because he provokes questions about the nature and value of art and the institutions that house it. Audience participation may be crucial, but pleasing the crowd is not; you may enjoy it, but his work is not about having a good time.

Antony Gormley‘s invitation in 2010 for people to take their place on the fourth plinth in Trafalgar Square was similarly memorable not because someone struck a fine pose or told a good joke; it was not Britian’s Got Talent. Fundamentally it was a conceptual piece that held up a mirror to our lust for celebrity, our desire to be in the frame. And it highlighted the fact that no-one has the faintest idea any more what public monuments and public art are for. What or who is worth commemorating?

Sarah Kent is an art critic and formerly visual arts editor of Time Out London – she is also director of exhibitions atthe ICA

The BBC Radio 3 Free Thinking festival is at the Sage, Gateshead from 25-27 October. Are Audiences Killing Culture? will be recorded for broadcast on BBC Radio 3 on Tuesday 12 November at 10pm

Source : The Guardian Culture Profesionals Network

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A Bucarest, un musée sur les Roms fait tomber les préjugés

Un musée consacré à la culture rom ouvrira ses portes cette année à Bucarest, inscrit dans un climat d’hostilité contre cette communauté, comme en témoignent les récentes déclarations d’hommes politiques européens. Sur son blog hébergé par le quotidien liberal-conservateur Adevărul, le journaliste Ciprian Chirvasiu salue cette initiative : « L’adjoint au maire du secteur 6 de Bucarest, Gabriel Petrea, 29 ans, est tout le contraire des hommes politiques que nous connaissons : il n’est pas arrogant et prend ses interlocuteurs au sérieux. Lui et l’association [rom] Butiq ont eu à cœur de créer un ‘musée de la culture rom’. Il s’agit du plus grand établissement consacré à cette communauté en Europe, et il devrait ouvrir ses portes au printemps. … Des personnes instruites travaillent en commun pour réaliser ce projet : elles ont une vision claire du monde. Elles ne souhaitent pas seulement fonder un musée d’art, mais créer un forum pour la communication interethnique, afin d’améliorer la compréhension du phénomène tzigane en Roumanie et ailleurs. … Ma rencontre avec ces jeunes gens a fait tombé tous les préjugés que l’on peut avoir contre la classe politique et les tziganes. »

Source : BpB.

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Looking for social improvement through arts and culture

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Mexico’s Consejo Nacional para las Artes y la Cultura (Conaculta) presented today the pilot summer program, ‘Social Transformation through Arts and Culture’, which aims at lowering crime in 57 localities that account for 40% of the country’s violence.

During a press conference that took place at Palacio de Bellas Artes, Conaculta’s President, Rafael Tovar y de Teresa, stated that starting from today and until the 31st of August, 200 cultural actions will take place in 100 municipalities of 25 states, that will enable a diagnosis that act as the basis for the development of a strategy for cultural programmes with social impact.

According the Tovar y de Teresa, the cultural program will encompass different artistic areas (music, theatre, visual arts, cultural caravans, workshops, etc) and will be the first of its kind. Implementing the cultural program will allow for firm conclusions about the program to be reached, rather than making up assumptions about its capacity to prevent crime.“The idea is to reconstruct the insecurity and anti-social behavior found in these communities, using culture as a way to improve the quality of leisure time and to reinforce the identity and self-esteem of young people.”

According to the organizers of the program, this initiative is a result of the first line of action of the Programa Nacional para la Prevención Social de la Violencia y la Delincuencia (National Program for the Social Prevention of Violence and Crime), announced by President Enrique Peña Nieto on the 1st of December 2012, which gave a central role to arts and culture.

Source : Conaculta.

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Le British Council met la culture au coeur de la « puissance douce »

influence and attractrionEn plein débat sur l’exception culturelle un rapport du British Council rappelle l’objectif de son intégration aux traités commerciaux et à la convention de l’UNESCO sur la protection et la promotion de la diversité culturelle : les biens et services culturels contiennent des valeurs, une identité et un sens qui vont au delà de toute considération commerciale. Ce rapport, qui a pour thématique la course au pouvoir d’influence au 21ème siècle (Culture and the race for soft power in the 21st century), présente la culture comme partie prenante des relations internationales. William Hague, Secrétaire d’Etat aux affaires étrangères précise que la politique étrangère n’est plus l’apanage des gouvernements mais de tous les individus.

La force des relations culturelles réside à la fois dans son but (une politique étrangère forte et un désir de véhiculer une image positive autour du monde) et ses ressources (un héritage unique, une idéologie, un langage, des atouts culturels, …). L’identité « British » est également au cœur de ce rapport. Nous sommes nombreux à avoir constaté des exemples d’échecs du multiculturalisme. Mais le rapport s’appuie sur le succès de la cérémonie d’ouverture des Jeux Olympiques de Londres en 2012. Autour d’un événement fédérateur, les citoyens ont pu constater « la richesse » et « la diversité » de leur pays. Mais c’est avant tout une fenêtre sur le reste du monde. Un moyen de rappeler que James Bond, Tim Berners-Lee – l’inventeur du World Wide Web – et M. Bean font tous partie du Royaume-Uni.

Le rapport propose également une typologie construite des relations culturelles internationales par pays :

  • Pays importants avec une culture diffuse comme le Royaume-Uni ou la France. Les budgets relatifs à la culture sont en baisse, et notamment du fait des difficultés de mesurer l’impact de la culture.
  • Pays importants avec un profil culturel émergent comme la Chine. L’expansion rapide des Instituts Confucius en est l’exemple type.
  • Pays plus petits avec des profils culturels établis comme la Norvège ou le Portugal mais également la Thaïlande ou la Jamaïque qui bénéficient tous d’une aura internationale.
  • Pays plus petits avec des profils culturels émergents. Ces cultures peuvent être fragiles face aux cultures dominantes et l’homogénéisation des effets de la culture commerciale étrangère.

L’internationalisation de la culture se justifie également par des raisons économiques. Celles-ci relèvent tout d’abord de principes utilitaristes : améliorer la compréhension entre cultures réduit les conflits, la culture engendre du tourisme et donc crée des emplois et des nouveaux revenus, les industries créatives ont de plus en plus d’importance économique, les relations culturelles favorisent la confiance et donc le commerce, … Les externalités sont tout aussi importantes puisqu’il est rappelé que les échanges culturels aident à innover, développent la coopération sociale et économique et favorisent l’émergence de sociétés dynamiques et ouvertes.

Des recommandations sont également proposées : les gouvernements doivent créer les conditions pour garantir l’échange entre individus, collaborer avec des entreprises pour encourager l’innovation et faire face à la baisse des fonds publics, faire autant attention aux problèmes intérieurs qu’extérieurs. Si Hu Jintao, ancien Président de la Chine atteste dans un essai que la culture internationale de l’Occident est forte alors que celle des chinois est faible, cela démontre que la culture reste un enjeu pour l’ensemble des pays et un outil de développement international.

Rebecca Amsellem*

Du même auteur

  • International Touring Exibitions : Towards a Profitable Business Model ?

A propos de l’auteur

Rebecca Amsellem est doctorante à l’Université Paris I – Sorbonne en économie de la culture et vient de créer une entreprise dédiée à l’internationalisation des projets culturels. Française et canadienne, elle est diplômée de Sciences Po Toulouse en “Affaires internationales et stratégies d’entreprise” et de la Sorbonne en “économie et gestion des projets culturels”. 2010 à 2013, elle était chargée de mission au Forum d’Avignon, laboratoire d’idée à la culture et à l’économie où elle était notamment en charge du budget, des groupes de travail, de la communication, des publications et de la coordination générale de l’événement annuel.

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Le réseau des cités de la gastronomie : un dénouement qui en dit long sur l’indépendance sur la formule d’appel à projets « à la française »

Résumons l’épisode précédent. 3 ministres, ceux de la Culture, de l’agriculture et de l’agroalimentaire, embarrassés de choisir entre 5 dossiers de villes concurrentes : Beaune, Dijon, Lyon, Paris-Rungis, Tours, décident en première phase début 2013…de ne rien décider et désignent plusieurs lauréats pour la Cité de la Gastronomie…en inventant le concept curieux, abscons et dispendieux de réseau des Cités de la Gastronomie.

Néanmoins, ils semblent éliminer deux des 5 impétrants, Beaune d’une part qui, parmi les 5, est la seule ville de droite (qui plus est pouvant faire de l’ombre au dossier de la capitale bourguignonne, sa voisine) et Lyon, d’autre part, dirigée par un « baron » du PS, qui a rendu un dossier indigent (avec 2 à 4 fois moins de budget d’investissement que les autres), croyant que sa ville était « hors compétition ».

J’avais salué sur ce même blog par un article en début d’année, ce début de « lucidité ». Mais on apprend, deuxième épisode et dénouement, le 19 juin 2013, par un communiqué commun des 3 ministres, que Lyon est « repêchée » contre toute attente, résultats d’un lobbying éhonté du maire de Lyon, qui non content de traiter publiquement le responsable de la mission pour le repas gastronomique des français, M Pitte, de tous les « noms d’oiseau », se répand urbi et orbi dans la presse pour dire tout le mal qu’il pense de cette décision et pour affirmer que quoiqu’il arrive la Cité de la gastronomie à Lyon se fera.

Pourtant, le dossier présenté est le même, avec son petit investissement de 18 Millions d’euros (pour comparaison, Bordeaux met le triple dans sa cité des civilisations du vin), dont 3 du partenaire privé Eiffage, dans le prestigieux Hôtel dieu (signant au passage la mort du premier projet de musée de la santé et de la médecine auquel Gérard Collomb n’a jamais cru). Craignant la colère de l’élu de la capitale des gaules, qui pourrait se répandre en haut lieu, les courageux ministres susvisés décident de choisir Lyon sur « la thématique « nutrition et santé »…qui…prendra une place prépondérante dans les politiques de développement engagées par la Cité de la Gastronomie de Lyon, au sein de l’Hôtel dieu » (in communiqué de presse du 19 juin 2013).

Devant une telle incompétence et désinvolture de la part de l’Etat, on en oublierait même que « gouverner, c’est choisir » et non pas céder aux caprices des grands élus locaux. Par ailleurs, les autres maires retenus semblent tous cautionner le dispositif et M Pitte désavoué (avant peut être d’être « dégradé/démissionné » sait-on jamais, pour avoir osé défier Gérard Collomb), ne dit mot.

En forme de pirouette à cette fable, je suggère désormais au député-maire de Beaune, M. Suguenot, le seul « recalé » de ce réseau, de réclamer sa réintégration dans cette « brochette de Cités de la Gastronomie », projet quadruplement coûteux en ces temps de crise (dont je vous laisse imaginer ce que doivent en penser nos amis étrangers, quant aux méthodes de gouvernance « transparentes » à la française) !!!

Jean-Michel Puydebat*

Du même auteur :

*Jean-Michel Puydebat est consultant spécialisé en management de la culture et du tourisme, directeur de PV2D, président du réseau de consultants CPIP et membre de CEG.

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About the value of public investment in arts and culture

The Arts Council has launched a new film, A Credit To Britain (Demonstrating the value of public investment in arts and culture). Featuring celebrated artists, organisations and locations, the film showcases the world-class creativity our country is home to, and the important role public investment plays in nurturing this talent.

Watch the video below.

The film features well-known voices from the arts, including sculptor Anish Kapoor, and dancer Tamara Rojo – both of whom highlight the important role public investment in arts and culture has played in their lives.

Godfrey Worsdale, Chief Executive of BALTIC Centre for Contemporary Art says: ‘What’s happened in Gateshead is quite incredible. Creative capital is absolutely essential to the success of almost everything we do. Any particular aspect of life – if it hasn’t got really strong creative drive behind it, it will end up buying it in from somewhere else. That’s why it’s so important to the economy.’

Steve Miller, Chief Executive of Ironbridge Gorge Museum says: ‘Ironbridge is known internationally as the birthplace of the industrial revolution. We have more than 60,000 school visits every year, and each one of those children comes into contact with the creativity of those people in the past who’ve left this legacy. Being able to give those young people particularly that inspiration at just that key point in their development is the best return on investment that can be made.’

Share advocacy toolkit

Arts Council of England has created an advocacy toolkit which features lots of useful information and advice to help organisations demonstrate the value of public investment in arts and culture including: how to engage with local MPs, media and audiences; to inforgraphics demonstrating what public investment in arts and culture adds to the economy.

You can also join in the conversation online using the hashtag #culturematters, following @ace_national and liking us on Facebook

Source : Arts Council of England.

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L’arrêt du centre Pompidou mobile, la fin d’une époque ?

Deux ans après son lancement, le centre Pompidou mobile annonce que l’aventure s’arrêtera après son passage à Aubagne, du 29 juin au 29 septembre. Avec l’exposition en cours au Havre (qui s’achève le 22 mai) et les précédentes à Chaumont, Cambrai, Boulogne-sur-Mer et Libourne, le centre Pompidou mobile aura ainsi visité six villes moyennes. L’étape nantaise se trouve donc de fait annulée.

Un financement insuffisant

Avec ses trois modules sous tentes de 200 m2, installés sur un terrain d’environ 1.000 m2, le centre Pompidou mobile présentait une quinzaine de chefs-d’œuvre de l’art moderne et contemporain, issus des collections du musée. Alain Seban, son président, n’a pas caché, dans une déclaration à l’AFP, les raisons de la fin de cette démarche : « Nous arrêtons l’expérience dans la mesure où la situation économique ne nous permet plus d’assurer le financement de l’itinérance du centre Pompidou. » Il s’est fait plus précis en indiquant que « les mécènes qui avaient uni leurs efforts pour financer cette itinérance ne sont plus en mesure de continuer. Par ailleurs, nous ne bénéficions plus de l’aide initiale de 1,5 million d’euros dégagée par le ministère de la Culture pour permettre le lancement du projet ». 
Si la moindre participation des mécènes peut sembler surprenante au regard de la santé des entreprises concernées – Groupe Galeries Lafayette, GDF Suez, Fondation Total… -, les difficultés budgétaires du ministère ne sont pas un secret. En septembre dernier, Alain Seban avait déjà laissé entendre qu’il devrait peut-être « sacrifier des expositions » en 2013. Le président du centre Pompidou n’a pas évoqué les collectivités hôtes, qui financent environ le tiers de l’opération, plus des frais annexes (aménagement du terrain, énergie, sécurité externe…). Mais ce coût ne semble pas avoir dissuadé les candidatures.

Mobilité versus annexes

Au-delà du contexte budgétaire, l’arrêt du centre Pompidou mobile pose aussi la question de la nature de l’opération. Celle-ci a certes ouvert la fréquentation des musées à un nouveau public : 18% des visiteurs n’étaient encore jamais allés dans un musée, alors que cette proportion n’est que de 2% parmi les visiteurs de Beaubourg. Même si son président estime que « cela a été un très grand succès », la fréquentation – 200.000 visiteurs sur cinq sites et près de deux ans (avec des interruptions entre les expositions) – apparaît toutefois relativement modeste. Du moins au regard d’une autre forme de décentralisation culturelle : celle des « annexes » des grands musées parisiens.
Le centre a d’ailleurs été le premier à en bénéficier avec le succès foudroyant de Pompidou-Metz, suivi de celui, plus récent, du Louvre-Lens (voir nos articles ci-contre), sans oublier la probable réussite du MuCEM. Il est vrai toutefois que les budgets – conséquents -, les contenus et la zone de chalandise – à dimension internationale – de ces « annexes » n’ont pas grand chose à voir avec les 2,5 millions d’euros du budget annuel du centre Pompidou mobile. D’autres « annexes » – comme Versailles-Arras ou l’IMA-Tourcoing – connaissent cependant des débuts nettement plus modestes (voir nos articles ci-contre). A l’inverse, d’autres projections de grands musées – comme les Ateliers nomades du Quai Branly, actuellement à Cergy-Pontoise jusqu’au 2 juin – semblent avoir trouvé leur rythme, même si elles ne sont pas à l’abri des contraintes budgétaires. Seule certitude : avec la crise économique et les restrictions budgétaires, c’est tout le modèle de l’économie des musées qui va devoir se réinventer.

Jean-Noël Escudié, Localtis, le quotidien en ligne des collectivités territoriales et de leurs patenaires.

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La Culture comme promesse d’une métropole citoyenne

31mai

Le 31 mai prochain, l’Association des directeurs des affaires culturelles d’Ile de France et la Fédération nationale des associations de directeurs des affaires culturelles (ASDAC et FNADAC) proposent une journée de conférence sur le thème : « La Culture comme promesse d’une métropole citoyenne », en partenariat avec la Communauté d’agglomération de Plaine Commune, le Ministère et ARCADI.

Cette journée de conférence préfigure les Assises Nationales des Directeurs des Affaires Culturelles qui se tiendront en mai 2014.

Elle a pour objet de croiser les regards des différents protagonistes de la réflexion sur la métropole,  élus, administrations territoriales, urbanistes, chercheurs et professionnels de la culture sur des questions peu débattues et essentielles :

  • Quelle intégration de la dimension culturelle dans le projet urbain ?
  • Quelle articulation avec les modèles économiques marchands, dans un domaine construit autour des notions d’émancipation du citoyen et porté par les droits culturels ?

Ces problématiques seront développées lors de 4 tables rondes :

  • Quelles modalités pour passer d’une approche culturelle « ville-centre / banlieues » à l’organisation d’une métropole multipolaire ?
  • Comment garantir l’équilibre entre développement urbain et « service public de la culture », entre droits culturels et ville créative ?
  • Quel écosystème inventer entre acteurs publics et acteurs privés de la culture ?
  • Comment État, élus et professionnels de la culture peuvent-ils défendre la notion de « service économique d’intérêt général » auprès des instances européennes ?

Pour vous inscrire, il vous suffit d’adresser un mail avec votre nom et vos coordonnées en cliquant ici.

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