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Atlas régional de la culture 2017

L’Atlas régional de la culture a pour objectif de réunir dans un même ouvrage un vaste ensemble de données relatives à la culture disponibles au niveau national et permettant une exploitation territorialisée. Les données réunies, qui croisent de nombreuses sources statistiques, sont illustrées sous forme de cartes et graphiques.

À la suite de la réforme territoriale mise en œuvre au 1er janvier 2016, la question de l’équilibre entre les régions est plus que jamais présente et il était important de se doter des moyens de les comparer. Cet atlas y contribue.

Le chapitre inaugural présente les données nationales et met en lumière les points communs et les différences régionales. Les chapitres suivants sont consacrés aux treize nouvelles régions et aux départements d’outre-mer.

Dépenses de l’État et des collectivités territoriales pour la culture, entreprises culturelles, emploi et professions, équipements… les données sont déclinées pour chaque région et apportent des points de repère et de comparaison indispensables à la construction de politiques publiques.

Pour consulter l’Atlas, c’est ici.

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« Rien ne va plus » pour la Villa Méditerranée

La controverse autour du casino et de la Villa Méditerranée est finalement apparue pour ce qu’elle est : bidon. Pour autant, elle a soulevé, en creux la question de l’avenir des politiques internationales de la Région et de la crise des politiques méditerranéennes à Marseille.

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Ce mercredi, au micro de France Inter, Jean-Claude Gaudin a mis fin à dix jours de polémique sur le supposé projet de transformation de la Villa Méditerranée en casino. Reprenant un argument connu, et répété sur les bancs socialistes, le casino ne s’y fera pas « parce qu’il n’y a pas la place ».

Cette controverse autour du casino et de la Villa Méditerranée apparaît donc pour ce qu’elle est : bidon. Pour autant, elle a soulevé, en creux, une question qui m’est familière* : quel avenir pour la politique internationale de la Région ? Ou pourquoi les luttes autour de ce bâtiment sont révélatrices de la crise des politiques méditerranéennes à Marseille.

Retour sur une polémique. Le 17 septembre dernier, Jean-Claude Gaudin déclare à La Provence : 

« J’ai le sentiment que la Région, qui est propriétaire, serait favorable à ce que l’on transforme la Villa Méditerranée en casino ».

La position de la mairie n’est pas neuve. En mai 2015, elle évoquait la possibilité d’installer un casino sur le front de mer rénové par l’expérience de la Capitale européenne de la culture. Le site envisagé n’était alors pas la Villa Méditerranée, mais le J1. Slate expliquait alors que « le futur casino était le symbole de la transformation de la ville » Le résultat de l’appel à projet du Port concernant le J1 a donné les clés à la municipalité mais les réflexions sur le sujet sont toujours en cours.

La Villa Méditerranée sous le feu des critiques

Depuis, l’alternance à la présidence de la Région a redistribué les cartes. La Villa Méditerranée serait disponible. Le successeur de Michel Vauzelle (PS), Christian Estrosi (LR) qui avait lancé un audit (au passage, jamais rendu public) dès son entrée en fonction pour décider des futures orientations du bâtiment, se précipite sur l’occasion pour affirmer son souhait de « vendre ce bâtiment » et se délester des presque 4 millions d’euros annuel de frais de fonctionnement. Dépourvue de politique internationale, son ambition pour la Villa Méditerranée a au moins le mérite de la clarté : la rentabilité.

Et si elle ne passe pas par la location, il souhaite la vendre sans état d’âme. Le Président Estrosi désigne même un futur « acquéreur prioritaire » : la municipalité. Renaud Muselier, le premier vice-président « délégué à la coordination des politiques publiques » affirme dans un zeugma qui n’a apparemment rien d’ironique qu’…

« un casino amènerait de la vie et de l’argent ».

Les réactions se sont dès lors multipliées pour dénoncer ce projet de casino.  Benoit Payan, le président du groupe socialiste au conseil municipal demande ironiquement :

“Et pourquoi pas un bar-PMU dans une école maternelle ?”,

Un texte publié dans La Croix et signé par des élus et des intellectuels s’y oppose vigoureusement et dénonce :

«  Deux visions [qui] s’opposent là clairement. D’un côté le monde de l’argent facile, du jeu, du divertissement, de « l’entertainment » abrutissant, celui des casinos. De l’autre, une conception de l’action publique appuyée sur la réflexion, l’analyse, l’écoute des positions contradictoires, qui sont au fondement, depuis la Grèce antique, de toute démocratie. »

Sans surprise à droite, on défend le projet de casino, et on en profite pour attaquer la Villa Méditerranée. Selon Dominique Tian (LR), le premier adjoint du maire :

« Quant au choix de la Villa Méditerranée, j’écoute les opposants expliquer qu’ils refusent qu’on abandonne cet espace dit ‘culturel’. Mais dans les faits, ce site est tout sauf culturel ! C’est une véritable escroquerie intellectuelle de le qualifier ainsi ! On parle là d’un bâtiment extraordinairement coûteux, qui a été payé 60 millions d’euros par le contribuable et continue à coûter 7 millions d’€ par an pour rien ! Une somme qui pourrait être économisée s’il est loué au privé. Et oui, je trouve que cet endroit à La Joliette est idéalement placé pour un tel établissement »

Plus étonnant, à gauche, on trouve même parmi les opposants au projet de casino, une critique implicite de cet équipement. Si l’on suit Jean-Marc Coppola, chef de file du Front de gauche au conseil municipal et ancien président du comité régional du tourisme :

« Oui, bien sûr, on aurait dû et il faudrait démocratiser davantage ce bâtiment qui a coûté 70 millions d’euros, l’ouvrir au public et, pourquoi pas, le rendre culturellement complémentaire du MuCEM. »

Cette polémique puise ses racines dans une histoire déja longue de controverses autour de la Villa Méditerranée. Les critiques portent systématiquement sur son coût, sa construction (environ 70 millions d’euros) et son fonctionnement (3,7 millions d’euros par an environ, soit deux fois moins que ne le prétend Dominique Tian) ; et sa fonction, incertaine. Pour ceux qui travaillent dans les politiques internationales des collectivités territoriales ou réfléchissent à leurs enjeux, ce n’est pas évident, alors pour les autres…

Sur la question du coût, les 70 millions d’euros de construction imputés exclusivement au budget régional peuvent en effet paraître conséquents. Ramené aux dépenses d’investissement du conseil régional, (environ 500 millions d’euros en 2010), le coût de la Villa Méditerranée a représenté  14 %, et trois ans ont été nécessaires à sa construction. Si l’on se tourne vers les fameux frais de fonctionnement, les 3,7 millions d’euros représentent 0,4% environ des dépenses de fonctionnement (environ 970 millions d’euros en 2015). Certes, entre 2010 et 2012, le montant était plus proche des 7 millions d’euros que des 4, mais, dans le même temps, le budget consacré au fonctionnement était plus élevé (environ 1,3 milliards).

Reste la question du rôle et de la fonction de la Villa Méditerranée. Michel Vauzelle a sans doute fait preuve d’une pédagogie incertaine et n’a jamais réussi à articuler les deux dimensions de son ambition : offrir l’édifice à une introuvable « société civile » euro-méditerranéenne, au service d’un tout autant improbable « soft power » régional.

En avril 2013, j’avais consacré un billet de mon défunt blog (Marseille Internationale) à cette question : « la Villa, caprice dispendieux ou instrument de soft power ? ». À l’époque, déjà, la Villa faisait l’objet de moqueries. Elle était présentée dans la presse régionale et par les adversaires politiques du Président Vauzelle comme une dépense inutile et une institution fantôme, reflet de la mégalomanie de son fondateur. La « Villa Vauzellia » n’aura jamais su dépasser les critiques initiales.

Plusieurs facteurs peuvent l’expliquer. Tout d’abord, dès son origine, un discours d’institution de la Région à la fois vague et grandiloquent qui présentait cet équipement comme « un lieu de pouvoir de la société civile » et un instrument d’exercice de soft power régional dont l’enjeu était d’aider à « la paix et à la prospérité » en Méditerranée. Rien que ça. Avec un résultat, donc, pour le moins mitigé.

L’une des ambiguïtés originelles de l’équipement tient paradoxalement aux opportunités que lui avait offertes les festivités de la Capitale européenne de la Culture. Vauzelle le reconnait dans l’interview qu’il a accordé à La Provence pour défendre « son » bâtiment face à la menace du projet de casino :

« Et pendant cette année-là [2013, ndla], naturellement, la Villa, a été happée – et c’était notre devoir – par ce côté culturel. C’est pour cela qu’on a cru qu’à côté du Mucem, il y avait une annexe avec une forme un peu étrange qui était une sorte de petit Mucem. »

En effet, en menant nos enquêtes sur les publics et les pratiques culturelles dans MP2013 avec les collègues de l’Université Aix-Marseille, on s’était rendu compte qu’un certain nombre de touristes étaient surpris de constater qu’ils ne pouvaient pas rentrer dans la Villa Méditerranée avec leur billet estampillé MuCEM. De même, la programmation de cette première année à la Villa Méditerranée était sans doute trop marquée par des expositions et des conférences « culturelles ». Les parcours d’exposition, par ailleurs très coûteux, ont progressivement laissé la place à l’organisation de séminaires présentant les résultats de projets internationaux et pour lesquels la Villa Méditerranée devait servir de vitrine dans le but de faire de Marseille un lieu stratégique pour la coopération dans la région. Mais l’ambiguïté de départ n’a jamais été levée.

L’internationalisation des politiques régionales et la Villa Méditerranée

La « vocation » de la Villa Méditerranée était pourtant d’incarner l’internationalisation de la Région. Pour le dire autrement, le bâtiment, à l’architecture audacieuse, était supposé être adossé à la politique internationale de la Région et représenter physiquement l’existence et le dynamisme de cette action diplomatique menée par le Conseil régional. Depuis le début des années 2000, la Région avait  réorienté sa coopération décentralisée traditionnelle fondée sur l’aide au développement de partenaires du Sud au profit d’une intégration plus poussée de sa politique internationale dans les circuits européens et dans les enjeux diplomatiques.

A-t-on oublié qu’avant de prendre son nom à la tonalité « Médicis », l’équipement devait s’appeler , le « Centre régional pour la Méditerranée (CeReM) » ? Si l’on devait croire les présentations de l’époque, il serait devenu  :

« Le lieu de toutes les expressions du monde méditerranéen contemporain [et] le symbole du dialogue entre les cultures, du partage des connaissances et des techniques ».

En 2008 et en 2009, en amont du projet de construction de la Villa Méditerranée, la Région, sous l’impulsion du Président Vauzelle qui a fait des questions internationales, son « domaine réservé », vote deux délibérations : une « Stratégie internationale » et un « Plan d’action pour la Méditerranée ». Ces deux textes adaptaient les partenariats existants de la Région en Méditerranée au contexte géopolitique européen marqué par le lancement de l’Union pour la Méditerranée (UpM), la mise en place de l’Instrument européen de voisinage et de partenariat et plus généralement les négociations autour du cadre financier 2014-2020.

En avril 2014, enfin, un an après l’inauguration de la Villa Méditerranée, la Région adoptait un troisième texte, la « Nouvelle stratégie internationale » qui visait cette fois à prendre acte de l’échec de l’UpM et des crises, tant au Nord qu’au Sud. Sans rentrer dans les détails de ces documents, ils témoignent de la capacité d’adaptation de ce que j’appelle la « diplomatie décentralisée » face aux soubresauts des contextes et des déséquilibres internationaux.

Que vient faire la Villa Méditerranée dans cette affaire ? Premièrement, elle était sensée dépendre étroitement de cette politique internationale et offrir une vitrine à celle-ci, en rendant visible l’ambition de la Région. Parce que des politiques publiques s’ancrent matériellement dans des bâtiments qui les font exister, en partie. L’action publique prend toujours une dimension physique et sensible. C’est là, la première fonction de la Villa.

L’ex-Président Vauzellle justifie l’existence de sa Villa Méditerranée pour défendre la position du territoire marseillais dans la compétition internationale, mais aussi et surtout pour affirmer sa contribution possible dans la résolution des crises internationales. Une contribution qui pourrait être alternative aux mesures sécuritaires mises en oeuvre par les États :

« Dans une région de 5 millions d’habitants, cette cause noble le valait bien pour cesser ce complexe face à Barcelone. Face au terrorisme, aux réfugiés, au racisme, il faut peut-être arrêter de se dire qu’il faut se protéger avec des escadrons de gendarmerie et aller au contact du problème social et culturel. Notamment sur la description d’un islam qui choque les musulmans qui vivent ici et dans les pays du Maghreb. C’est le moment où la Villa doit servir à la paix en Méditerranée »

C’est ainsi, au sein de la Villa Méditerranée, que le Président Vauzelle accueillait depuis 2013, ses homologues euro-méditerranéens afin d’entretenir et de mettre en scène le dialogue politique entre les élus locaux et régionaux. Et celui-ci s’appuie comme tout acte diplomatique sur une parole. Dès lors, l’équipement est devenu progressivement un lieu dédié à des conférences. Un coup d’oeil à l’agenda actuel et on observe des réunions publiques sur les religions, la Turquie ou la Syrie.

Par ailleurs, ce dialogue ne se limitait pas à une coopération horizontale mais visait aussi, à partir d’une coordination transnationale, à exercer un lobby en direction des États et de la Commission européenne pour qu’ils infléchissent leur politique méditerranéenne, et au passage qu’ils augmentent leur financement. C’est dans ce cadre par exemple que se tiendra, au sein de la Villa Méditerranée, le 28 octobre prochain, le Dialogue 5+5 du nom de la réunion des Ministres des affaires étrangères des États d’Europe du Sud et d’Afrique du Nord.

On trouve ici le deuxième sens (davantage qu’une fonction ou qu’une utilité), de la Villa Méditerranée. Elle abrite en effet une agence qui travaille au cadrage, à la mise en œuvre et au suivi de ces politiques : l’Agence des villes et territoires méditerranéens durables (AViTeM). Or, cette agence ne vise pas seulement à monter des projets techniques de coopération internationale, mais aussi à contribuer à l’entretien d’un dialogue politique. En résumé, Vauzelle parlait de « diplomatie participative » voire de « diplomatie de proximité et de projets » dont la Villa Méditerranée devait fournir la vitrine.

Anticipant l’alternance politique, la Villa Méditerranée est en apparence sortie du strict giron de la Région pour rejoindre le 1er janvier 2015 le Groupement d’intérêt public (GIP) AViTeM. Cet accord se traduit par la mise à disposition de la Villa Méditerranée au sein de l’AViTeM, qui selon ses statuts :

« … vise à contribuer à la cohérence de la politique méditerranéenne de la France et à affirmer le rôle du territoire de Provence-Alpes-Côte d’Azur comme relais et acteur de cette politique. »

« En apparence », dans la mesure où la Région demeure l’unique contributeur financier du GIP. La Charte ne prévoit aucune participation de l’État qui se contente de mettre à disposition un fonctionnaire détaché du Ministère des Affaires étrangères (MAE). Si la Région devait cesser de financer l’AViTeM, l’Agence disparaitrait aussitôt.

La Villa Méditerranée, par le truchement de l’AViTeM, porte et manifeste l’ambition de bâtir une politique méditerranéenne nouvelle pour la France et l’Europe et qui serait portée à l’échelle des territoires régionaux, d’une part, et depuis Marseille, d’autre part. C’est ainsi que s’inscri(vai)t la volonté répétée de Michel Vauzelle de voir s’installer à Marseille, au sein de la Villa Méditerranée, la Délégation interministérielle à la Méditerranée (DiMed) afin de faire de cette ville « un pôle de projection de la politique de la France en Méditerranée ».

C’était le sens de l’une des propositions de son rapport sur la « Méditerranée des projets » remis au Président de la République en octobre 2013. En négociation fin 2013 et début 2014, le projet de délocalisation de la DIMed échouera lorsque le MAE parviendra à rapatrier dans le périmètre de son administration cette structure qui perd, de fait, son statut interministériel. Or, il ne sera jamais question pour Laurent Fabius de délocaliser une partie de son Ministère bien arrimé au Quai d’Orsay. De ce point de vue, l’impasse dans laquelle est plongée la Villa Méditerranée n’est pas sans lien avec l’effondrement de la politique méditerranéenne de la France et plus largement de la coopération euro-méditerranéenne qui n’est pas parvenue à accompagner les Révolutions arabes du printemps 2011.

Mais si la Villa Méditerranée n’était pas indexée à la politique méditerranéenne du MAE, elle n’avait de sens qu’en étant solidement ancrée à la politique méditerranéenne du Conseil régional.

Et c’est ce qui devrait interpeller encore davantage que la chimère du casino. Où est la politique internationale de la Région PACA depuis l’alternance ? Qu’en est-il des ambitions méditerranéennes portées par Christian Estrosi et son exécutif ? Sait-on que le vice-président délégué à l’international est le député Bernard Deflesselles (LR) qui n’a jamais pris une quelconque position sur les questions méditerranéennes ? N’y a-t-il pas, face à la seule opposition frontiste, une voix à porter en direction de cet espace ?

En mai 2014, lors du débat portant sur l’adoption de la Nouvelle stratégie internationale, la prise de position de la droite laissait entrevoir son opposition à l’ambition méditerranéenne de la Région version Vauzelle. L’un des orateurs la réduisait à une « priorité de communication » pour critiquer le choix des territoires de coopération ; pour mémoire, la Région avait noué des partenariats sur la rive Sud de la Méditerranée avec la Région de Tanger-Tétouan (Maroc) laWilaya d’Alger (Algérie), les Gouvernorats de Tunis et de Kasserine (Tunisie), celui d’Alexandrie (Egypte), les Unions des municipalités de Tyr (Liban) et de Jezzine (Liban), le Gouvernorat d’Hébron (Palestine) et la Ville d’Haïfa (Israël).

Daniel Sperling concluait son intervention en proposant de substituer les partenariats avec des « pays qui n’en finissent plus d’émerger » par des liens avec des pays riches, en particulier les « pays d’Amérique du Nord ».

On n’imaginait pas alors qu’il songeait à Las Vegas.

* Entre 2007 et 2012, j’ai mené une enquête doctorale sur l’internationalisation du territoire marseillais : Maisetti N., Marseille en Méditerranée : récit politique territorial et sociologie politique de l’action publique locale internationale, Université Paris 1, 2012. Un ouvrage issu de la thèse est en cours de publication aux éditions Karthala.

Crédit Photo : @EricBesatti

Un grand merci à Nicolas Maisetti pour nous autoriser la diffusion de son excellent article paru sur le nom moins excellent  site Marsactu.

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Casino à la Villa Méditerranée : reculer pour mieux sauter ?

C’était mercredi sur France Inter, à la 7ème minute de l’interview de Jean-Claude Gaudin : un rétropédalage qui en dit long sur la portée possible de l’affaire de la Villa Méditerranée, Villa que la Région veut vendre et que la ville de Marseille aurait  (au conditionnel…) bien aimé transformer en casino.

 

Un rétropédalage qui se garde bien de résoudre la question du devenir et de la mission de la Villa et qui en définitive met bien plus en évidence la prise en otage de la Villa dans la confrontation entre la droite et la gauche à la Ville comme à la Région.

Ce premier round laisse perplexe compte-tenu de la quantité de coups reçus par la Villa mais qui malgré tout n’est pas K.O. Le second round est incertain.

Même si cela ne pouvait assurément pas se faire à l’unanimité, le GIP portant le projet de la Villa aurait dû immédiatement opter pour une position commune plutôt que de lancer il y a quelques mois un énième audit du projet.

Quand on dit GIP, Groupement d’Intérêt Public, on pense nécessairement à une structure d’une certaine stature, d’un certain poids, une gouvernance en ordre de marche, avec la hauteur de vue nécessaire et le souci de servir la vocation et les missions de la Villa. Le GIP n’est pas un statut qu’on choisi à la légère et qui engage, quelles que soient les alternances et équilibres politiques issus des mandats désignant les personnes publiques qui y siègent. C’est notamment là que le bas blesse.

Des solutions issues de la vocation même de la Villa Méditerranée existent et elles ont soit à peine été regardées, soit été écartées, soit volontairement occultées pour maintenir la Villa dans la pire des positions, entre le marteau et l’enclume. C’est la stratégie du pourrissement des dossiers ou pour le dire autrement, du fruit qu’on laisse volontairement murir sur la branche pour qu’il tombe de lui-même. Difficile de faire plus irresponsable et au fond, tout cela n’a rien de typiquement marseillais, car partout on a vu des équipements publics nécessiter des investissements importants mais dont on ne s’est pas suffisamment soucié de leur fonctionnement, y compris au plan bâtimentaire.

Curiosité de la chose : un pouvoir adjudicateur demande toujours aux opérateurs privés de monter des business plans avec le plus haut niveau de robustesse financière possible sous peine de l’application de clauses contractuelles qui sanctionnent lourdement les titulaires de ces contrats, y compris lorsque l’équilibre économique du contrat est menacé par les actes, les décisions (ou leur absence) côté personne publique. Pourquoi ne pas s’appliquer à soi-même ce que l’on exige des autres ?

Un GIP ça se maintient, ça se réoriente, ça se réforme, ça se transforme, ça se dissout.

La question du casino est un foulard qu’on agite. La Provence parle de « rétropédalage » de Monsieur Gaudin sur la question de la Villa Méditerranée. C’est du rétropédalage en apparence. En fait c’est reculer pour mieux sauter.

Il est grand temps de siffler la fin de la récréation et il ne faut pas attendre les prochaines élections pour cela, ne serait-ce que par respect pour les personnels de la Villa qui sont aujourd’hui à bout, malgré toute l’énergie, le talent et l’abnégation dont ils ont fait preuve jusqu’à présent.

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De l’avenir de la Villa Méditerranée

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C’est un des feuilletons marseillais de l’été qui fera moins d’audience que « Plus Belle La Vie », hélas…

Depuis des années, la Villa Méditerranée pose question. Principal sujet : son coût de fonctionnement au regard de son « utilité ». Posé en ces termes, on situe le débat au niveau du café du commerce mais il faut bien admettre que cela n’a jamais volé beaucoup plus haut depuis la campagne des élections régionales de 2015.

Jusqu’à relativement récemment pourtant, le café du commerce faisait partie de la culture populaire, un débat politique citoyen qu’on regarde depuis l’étranger avec une ironie et curiosité, teintées d’une certaine envie. Cela ne pouvait pas faire de mal et au fond c’est la démocratie qui tourne à plein tube dans notre tradition révolutionnaire d’un peuple supposé « éclairé » par un recul historique suffisant pour savoir bien de se garder de verser dans le populisme.

Jusque-là, Marseille était Marseille, avec sa propre histoire, sa propre identité, tellement incroyable, si passionnée et si passionnante. Cela ne pouvait pas faire de mal de s’entendre dire au quotidien « ah mais tu comprends à Marseille, c’est particulier, on fait pas comme ailleurs, ici c’est Marseille ». Cette fierté fait au fond partie de l’identité de Marseille dans laquelle chacun peut se reconnaître avant même tout parti-pris.

Mais depuis la reconfiguration issue des dernières élections régionales où les planètes s’alignent à droite sur fond de cache-cache plus que malsain avec le Front National, la situation de la Villa Méditerranée s’est progressivement et de plus en plus fortement tendue, écrivant à l’encre la plus acide qui soit, une histoire bien différente de l’idée originale.

Le dernier épisode de cette histoire bat son plein depuis cet été, période pendant laquelle les rumeurs d’entente entre la région et la ville sur le devenir de la Villa se sont faites persistantes, faisant monter la tension et la pression d’un cran. Septembre aura été le mois révélant publiquement le souhait de vendre la Villa Méditerranée et d’en faire… un casino, oui vous ne rêvez pas, un casino.

Si vous n’êtes pas Marseillais ou de la région, vous en avez à peine entendu parlé. A cette heure, c’est-à-dire pratiquement trois semaines après la parution de l’article dans La Provence qui annonçait le sort qui serait réservé à la Villa, l’absence de débat est sidérante. Tout semble aller dans un seul et même sens, avec le Front National qui se pose en arbitre (!) et même un Jean Viard qui y voit une « idée stimulante ».  Bref, on nage en plein cauchemar.

Aucune réaction audible ou presque, Elisabeth Guigou et Michel Vauzelle sont parmi les rares personnalités à faire entendre leur voix haut et fort mais à ce jour, même pas une pétition pour se mobiliser contre l’idée du Casino et contre la façon dont se déroule cette chronique d’une mort annoncée.

Personne ou presque pour se soucier du devenir de la mission de diplomatie économique sensée faire de Marseille une capitale majeure de l’Union pour la Méditerranée, dont la mission touche pourtant à tous les domaines d’activités sur un espace et un territoire de rayonnement où la France est pourtant sensée être parmi les leaders, si ce n’est le leader.

Peut-on se satisfaire de voir un tel niveau de résignation, pour ne pas dire d’entente droitière pour exploiter plus encore le populisme ambiant ? Certainement pas mais c’est avant tout à la gouvernance du GIP qui porte la Villa Méditerranée de tout faire pour ne pas finir en Casino, même si l’on sait que de nombreux obstacles techniques et juridiques entravent assurément une telle entreprise (mais pendant combien de temps ?).

En attendant, les plus optimistes diront que c’est dans les moments de crise que nous sommes les plus créatifs et imaginatifs mais peu osent prendre la parole publiquement, peu osent dire qu’à tout le moins deux pistes peuvent être envisagées : une nouvelle dynamique ou une nouvelle vocation.

  • Une nouvelle dynamique signifierait que l’on sache vraiment comment relancer la machine, et des solutions existent !
  • Une nouvelle vocation signifierait des usages en lien avec des pratiques et des besoins avérés tout en trouvant les conditions de poursuite de la mission originelle sous une autre forme.

Dans tous les cas, il faut sauver le soldat Villa Méditerranée de cette prise en otage absolument insupportable. Elle a un avenir.

 

 

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La fabrique artistique des imaginaires de la métropole parisienne

Le 8ème cycle de rencontres-débats art [espace] public sera consacré à La fabrique artistique des imaginaires de la métropole parisienne, chaque fin de semaine, de 19h à 21h, du 7 février au 14 mars, dans divers lieux de l’Île-de-France. 


Frayant entre partisans et adversaires, la métropole parisienne se construit pas à pas et pourrait voir le jour dès 2016. Alors que le contexte électoral soulève de nombreuses questions quant au devenir de Paris et la première couronne, le 8e cycle art [espace] public souhaite interroger la façon dont la création en espace public aborde et met en débat les enjeux métropolitains. En prolongement des questions initiées lors de l’édition 2013, il consacre sept rencontres à la fabrique artistique des imaginaires du Grand Paris. Ces conférences débats seront l’occasion d’explorer la relation ténue entre interventions artistiques et culturelles et territoire métropolitain. Cette relation, en tissant à travers l’espace du Grand Paris une vaste toile de projets artistiques, permet de multiplier et de décentrer le regard, d’interroger les enjeux d’un territoire en mutation pour en libérer l’imaginaire et pour révéler la valeur symbolique et poétique des lieux.
Organisées par les étudiants du Master Projets culturels dans l’espace public de l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne et l’association Objet(s) Public(s), sous la direction de Stéphanie Lemoine et Pascal Le Brun-Cordier, ces rencontres sont ouvertes à tous. Elles se nouent autour d’immersions dans les différents projets artistiques partenaires du Master et de temps de convivialité.
Au programme : Quelle place pour la création artistique dans la construction métropolitaine ? le 7 février, au Pavillon de l’Arsenal, Paris ; Les flux métropolitains au coeur de nouvelles pratiques artistiques, le 15 février, aux Eurosites – Docks de Paris, La Plaine Saint-Denis, ; Le Grand Paris nous appartient ? le 16 février, au Théâtre de l’Échangeur, Bagnolet ; La culture, 4ème pilier de la ville durable ? le 21 février 2014 au 6B, Saint Denis ; Identités en chantier et action artistique, le 28 février, au Théâtre El Duende, Ivry-sur-Seine ; La fabrique de la ville à l’épreuve des projets partagés, le 7 mars, au Théâtre des Frères Poussière, Aubervilliers ; Et si la métropole était un rêve collectif ? le 14 mars, à la Ferme du Bonheur, Nanterre.
Un programme détaillé est téléchargeable.

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Premier bilan et projets d’avenir pour Marseille Provence 2013

Même si la manifestation ne s’achèvera que le 31 décembre par un grand feu d’artifice – comme elle avait débuté – le bilan de Marseille Provence 2013 capitale européenne de la culture commence à se dessiner alors que se terminent plusieurs événements.

7,35 millions de visiteurs et le Mucem en vedette

Du côté de la fréquentation, les chiffres apparaissent plutôt à la hauteur des attentes, avec 7,35 millions de visiteurs enregistrés à la mi-octobre. La vedette incontestée est, bien sûr, le Mucem (Musée des civilisations de l’Europe et de la Méditerranée) qui, avec 1,25 million de visiteurs depuis son ouverture au mois de juin seulement, bat tous les records en la matière (voir notre article ci-contre du 17 septembre 2013). Il reste qu’il est difficile de faire la part, dans ce démarrage foudroyant, entre l’attrait du bâtiment et de sa situation exceptionnelle au cœur de la ville (contrairement à Pompidou-Metz et au Louvre-Lens) et l’intérêt pour les contenus et les expositions.
Le second événement en termes de fréquentation est l’exposition « Le grand atelier du Midi », une exposition à cheval sur Aix et Marseille qui vient de clore ses portes le 13 octobre. Si le succès est réel avec 462.000 visiteurs, il se situe néanmoins en deçà des 600.000 entrées attendues, ce qui devrait se traduire par un déficit d’exploitation. Viennent ensuite 400.000 personnes pour l’opération « Entre flammes et flots » (avec un éclairage du Vieux Port à la bougie) durant un week-end en mai, 300.000 pour « Transhumance » (des centaines de moutons, vaches et chevaux traversant Marseille en juin) et 200.000 personnes pour une association insolite entre la Patrouille de France, des voltigeurs de l’armée de l’air et la chorégraphe Kitsou Dubois.
En dépit de cette légère déception sur « Le grand atelier du Midi », la dizaine de musées marseillais – dont celui des Beaux-Arts, le musée Cantini, le musée d’Histoire de Marseille et le musée des Arts décoratifs et de la Mode de Borely qui ont rouvert pour l’occasion – ont bénéficié à plein de cette affluence. Le nombre de leurs visiteurs atteignait en effet 530.000 à la mi-octobre, contre 220.000 pour toute l’année 2012. Si environ un tiers des visiteurs venaient de Marseille et des Bouches-du-Rhône, plus de 50% étaient originaires du reste de la France et 15% de l’étranger.

Vers une « mini capitale culturelle » en 2015 ?

Même sur le plan financier, le budget initial semble avoir été à peu près respecté. A ce jour, la manifestation affiche un déficit prévisionnel de 2,9 millions d’euros pour un budget de 91 millions, mais, selon les organisateurs, « la situation est en cours de règlement » grâce à diverses économies. 
Sur le moyen terme, il est encore trop tôt pour mesurer l’impact économique de Marseille Provence 2013 (voir notre article ci-contre du 9 janvier 2013) et, plus encore, son impact sur l’image de la cité phocéenne, même si de nombreux Marseillais se réjouissent de constater que les médias ont enfin parlé d’autre chose que des règlements de compte ou de la grève des éboueurs. Comme à Lille en 2004, il semble toutefois dès à présent que Marseille Provence 2013 devrait laisser des traces et instaurer une dynamique nouvelle. Sans attendre la réunion prévue ce mois-ci, sous la présidence du préfet des Bouches-du-Rhône, une note interne du président de l’association MP 2013, intitulée « Bâtir l’après 2013 ou comment amplifier le succès de l’année capitale » et révélée par le magazine Télérama, propose déjà des pistes.
Adressée aux services de l’Etat, aux collectivités territoriales et aux parties prenantes de l’opération, elle cherche à identifier les forces et les faiblesses de la manifestation. Côté positif : le « redressement d’image », la fréquentation, le succès populaire, la réappropriation de la ville par ses habitants… Côté négatif : les couacs dans la préparation de l’opération qui ont nui à la crédibilité du projet, un démarrage tardif dû en partie à une communication insuffisante et pas assez tournée vers l’international, des faiblesses dans la programmation… 
Pour l’avenir, la note envisage de donner une suite à la manifestation, sous la forme de l’organisation, en 2015, d’une mini capitale culturelle de quelques mois, précédée d’une grande manifestation populaire en 2014 pour maintenir l’intérêt. Une nouvelle structure, sous la forme d’un GIP, serait chargée de porter ce nouveau projet. Un projet qui s’inspire très fortement de l’exemple de Lille qui a réédité l’événement en 2006, 2009 et 2012, à travers le programme culturel « Lille 3000 ». Il est toutefois peu probable que des décisions soient prises avant les municipales de mars prochain.

Source : Jean-Noël Escudié, Localtis.

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Marque France et marques économiques et touristiques de territoire

A l’heure où la France recherche une marque qui illustrerait « le récit économique français » (selon le communiqué commun des 4 ministres (commerce extérieur, redressement productif, artisanat – commerce et tourisme, économie numérique) qui ont lancé ce processus .. qui a fait l’objet d’un rapport – en pièces jointes – qui a retenu 3 valeurs pour construire la future marque de notre pays : « l’amour des gestes et des savoir faire », « la vision, la capacité à penser, imaginer et initier », « l’art de la surprise » …et qui a fait des propositions aussi convenues que « l’importance de l’accueil » (proposition 5), « le pays du design » (proposition 6), « les grands événements » (proposition 8), « la traçabilité des droits de l’homme et de la RSE » (proposition 19)), de nombreux territoires français (départements, régions, villes et intercommunalités) ont déjà entrepris cette démarche de « branding territorial », dont il conviendrait peut être de s’inspirer.

Car à l’instar d’un produit, un territoire est une marque, qui, selon le grand expert de cette problématique – Jean-Noel Kapferer, professeur à HEC – « conduit à se reconnaître dans des valeurs, une vision du monde, une culture » (in revue française de gestion n° 218-219- 2011). Or comment construire une marque France ex-nihilo sans s’inspirer des succès et des échecs des marques territoriales existantes pour certaines depuis des dizaines d’années ? L’ADETEM (association nationale des experts en marketing) qui renferme en son sein un club marketing territorial note ainsi le 17 juillet 2013, avec le regret de ne pas avoir été consulté, que « au regard des enjeux, il nous semble essentiel d’apporter une contribution positive au débat national pour que la marque France s’enrichisse des initiatives territoriales tant sur le fonds que sur la forme. Autre point à aborder, les marques territoriales doivent-elles être alignées sur la marque France pas encore née ? N’est-il pas temps de construire la marque France enrichie des marques territoriales et inversement ? » (Vincent Gollain, Christophe Le Bret et Gérard Lombardi).

Dans cette perspective, nous nous proposons de faire un rapide tour d’horizon des marques territoriales et des évolutions récentes du marketing territorial sur le fonds comme sur la forme, et notamment : apparition des marques globales (tant économiques que touristiques et résidentielles), effacement de l’institution derrière le territoire, fin programmée de l’autonomie des marques touristiques, recentrage sur des « signatures » évitant les fausses promesses, les messages abscons ou prétentieux…

D’abord, la marque globale partagée, marque ombrelle derrière laquelle tous les acteurs économiques, touristiques, culturels, de la ville ou du territoire…se retrouvent. Contrairement à une idée fausse que veulent nous faire passer certains « gourous » de la communication qui ne jurent que par les exemples étrangers (Ah le Valais suisse, cité dans tous les colloques), nous avons repéré de bons exemples en France : Only Lyon, So Toulouse, Nantes just Imagine …et plus récemment Loire et Orléans, marque conjointe partagée du département du Loiret et de l’Agglomération d’Orléans. Sur ce dernier exemple, l’initiateur principal, le sénateur Doligé – président du Conseil Général du Loiret – déclare lucide (enfin) « Nous ne défendons pas nos institutions mais un territoire ». Il y avait urgence et la simplicité, l’évidence est apparue : Loiret ne parle à personne, alors que « Loire et Orléans », tout est dit. Au passage, cela oblige les multiples agences économiques, urbaines et touristiques à travailler ensemble et non plus dans leur coin. La marque partagée est le signal du nécessaire regroupement des agences économiques départementales et des Comités départementaux du Tourisme, ce qui a déjà commencé dans la Sarthe,  en Vendée ou dans les Vosges voire dans certaines régions pionnières (absorption du CRT Languedoc Roussillon dans la SEM Sud de France par exemple, création de la SEM économique et touristique des Pays de Loire…).

Il y a évidemment du « ménage » à faire, car les marques – notamment touristiques – pullulent surtout au niveau des départements, un peu moins des régions.

En ce qui concerne les régions, pour qui trouver un message fédérateur « une signature », au delà du logo est difficile (ainsi Bretagne, Rhône Alpes, PACA, Bourgogne, Alsace se contentent d’un logo bloc marque relooké ; ce sont d’ailleurs soit des régions historiques qu’il n’est pas besoin d’expliquer, soit des créations administratives ex-nihilo sans identité…), le mouvement est néanmoins amorcé avec l’exemplaire et récent « Originale Franche Comté », « Auvergne Nouveau Monde », ou le tout nouveau « Midi Pyrénées, les vacances en vrai ».

En ce qui concerne les départements, quasiment tous ont une signature touristique, mais peu portent aussi loin que «Aude pays cathare » (d’ailleurs une des premières marques partagées, 20 ans en arrière ) : on a vu ainsi fleurir pèle mêle récemment « Corrèze, tout de suite ailleurs », « Côte d’Or, l’absolue Bourgogne », « Creuse, être libre », « Doubs, les belles rencontres », « Hérault, Languedoc », « Vosges, je vois la vie en Vosges »…..Mais que comprendre quand dans un même département, le Maine et Loire par exemple, le tourisme communique avec « Anjou, cultivons l’émotion » et l’économie avec « l’avenir pousse en Anjou » ?

Alors tentons quelques conseils, analyse subjective sous forme de 3 recettes illustrées :

  1. privilégier les évidences géographiques
  2. éviter les marques prétentieuses (Ah le sens ! et les audits identitaires !) porteuses de fausses promesses
  3. recourir aux clins d’œil pour se différencier

Quelques exemples à l’appui des évidences géographiques…qui reviennent en force :

  • « la Champagne, la Marne » (tout simplement car ce département fait corps avec la région et le vin…bien que le Champagne ait été impossible, vu du Comité des Vins de Champagne)
  • la Saône et Loire, « Bourgogne du sud »
  • le Morbihan « Bretagne côté sud »
  • ou encore l’exceptionnel Languedoc Roussillon « Sud de France »

Quelques exemples à l’appui des marques prétentieuses à éviter (même en s’abritant derrière le sens, les audits identitaires, et la fierté retrouvée des habitants car la fausse promesse n’est pas loin !) :

  • Limousin « Osez la différence »
  • Nord Pas de Calais « créateur d’horizons »

A l’inverse Paris Ile de France « source of inspiration » est évidemment en phase avec l’histoire artistique innovante de cette région, « Esprit de Picardie » marche bien car il n’y a pas beaucoup d’autre chose à vendre dans cette région que les habitants (pardon pour la baie de Somme et le tourisme de mémoire).

Enfin recourir aux clins d’œil pour se différencier est délicat mais peut s’avérer payant :

  • « l’N on l’M » pour l’Aisne
  • « Je vois la vie en Vosges »
  • « Normandie pour la vie »

Mais gare aux formulations, comme « Loire Atlantique Oh La La » ou le célèbre « Point G » en Gironde (heureusement retiré).

En guise de conclusion provisoire :

Au niveau des territoires, si le rapprochement des marques touristiques et économiques est en marche et c’est tant mieux, deux questions restent en suspens :

  • tous les territoires méritent-ils du « branding  territorial » ?, ce qui renvoie à la question du territoire pertinent de communication (en tourisme, notamment tous les territoires ne sont pas dotés d’atouts suffisants pour devenir des destinations attractives…vu de l’externe bien sûr des clients…pas des politiques qui se préoccupent avant tout des habitants et de leurs électeurs donc de l’interne…il est probable que quelques départements à l’identité et l’attractivité trop faible aient intérêt à se ranger derrière l’étendard régional par exemple),
  • saura t-on partout mettre au second plan les institutions et regrouper tous les politiques d’un territoire, le contre exemple étant donné en 2013 par la campagne « Montpellier unlimited » sur fonds de rivalité politique agglomération/ ville ?

Au niveau national, la marque France doit accoucher d’une proposition simple, rapide (car la concurrence se déploie) et discrète pour pouvoir être reprise en « ombrelle » par les territoires partis en avance: Marca Espana vient de se lancer à Paris sur fond d’armoiries espagnoles or et sang simplissime avec un site internet remarquable, et l’Italie ne nous a pas attendu pour déployer « Italian Way of living » (au même moment où le rapport sur la marque France évacue le concept « art de vivre », concept non directement économique !!!).

Jean-Michel Puydebat*

Du même auteur :

*Jean-Michel Puydebat est consultant spécialisé en management de la culture et du tourisme, directeur de PV2D, président du réseau de consultants CPIP et membre de CEG.

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Festivals de spectacles vivants : enjeux, territoires, organisation

Depuis plus de 30 ans, on a assisté, en France, au développement d’un très grand nombre de festivals, de toutes natures, à toutes les périodes de l’année et selon les modalités d’organisations les plus diversifiées. Le succès de la forme événementielle tient probablement à sa capacité à créer, pour le public, un temps hors du commun, festif, convivial, une « parenthèse enchantée » offrant une rupture dans le quotidien. Les facteurs du succès sont nombreux. 
La réussite d’une manifestation dépendra, certes, de la qualité artistique de la programmation, mais pas seulement : sa capacité à s’insérer dans son territoire, à répondre à des enjeux plus globaux de développement culturel et social, son ouverture au travail en partenariat, son insertion dans des réseaux plus larges… sont autant de facteurs qui influeront sur son succès éventuel et sa pérennité. 
L’objectif de cet ouvrage, loin d’apporter des solutions préfabriquées, est de proposer un cadre méthodologique qui permette de se poser les bonnes questions et de définir, avec le plus de pertinence possible, le projet à développer. 
À travers leur analyse et leur réflexion, Bénédicte Dumeige et Jean-Louis Patheiron illustrent à quel point les festivals, dans la diversité de leurs approches, sont des acteurs significatifs du développement artistique et culturel des territoires.

Extrait du sommaire

  1. Aperçu sur les festivals en France
- Historique
- Approche de définition
  2. Concevoir un festival – Les éléments à prendre en compte
- L’étude de faisabilité
- Le choix d’un mode de gestion
  3. Les équipes à constituer
- La mission de programmation : une fonction clé
- La fonction administrative
- L’équipe de mise en œuvre : fonction et profils
- La place du bénévolat
  4. La stratégie de développement
- Les festivals, acteurs à part entière du développement culturel et territorial
- Stratégie marketing et communication
- La recherche de partenariats financiers
  5. Organisation concrète : se structurer efficacement
- Des outils de gestion
- La billetterie
- Droits d’auteur et droits voisins
- La gestion des risques
- Festivals et développement durable
- Acheter un spectacle : analyse commentée d’un contrat de cession de droits de représentation
  6. Petit vade-mecum réglementaire social et fiscal

Numéro 759

Culture

Un ouvrage de Mme Bénédicte Dumeige  et M Jean-Louis Patheiron 
septembre 2013 
ISBN13 : 978-2-8186-0587-5 
ISBN version numérique : 978-2-8186-0588-2 
136 Pages

Editions Territorial

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Call for papers : « Resilient territories: innovation and creativity for new modes of regional development »

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Faculty of Economics, University of Algarve, Faro(Portugal), 29th November 2013. Call for papers : « Resilient territories: innovation and creativity for new modes of regional development ».

 

Background

In a context of economic turbulence, resilient territories gained relevance for academics, planners and decision makers. Resilience can be understood as a non-equilibrium characteristic that facilitates a socio-economic system to recover from a negative impact by re-entering a former trajectory or by adapting a new trajectory that successfully deals with the external pressures. Resilience is also connected but not fully integrated in literature with more stabilized notions, such as innovation and creativity. The International Workshop in “Resilient territories” invites senior and early stage researchers, but also practioners, working in these topics, to debate the research and policy-making agenda, in a transdisciplinary perspective, for this particular field of innovation studies and regional science.

Economic Turbulence and Resilience

Europe is in a delicate situation. Contrasts of growing competitiveness and the lack of capacity to answer challenges from the recent economic turbulence in particular regions and countries created a sense of urgency to act on member-states cohesion.
One justification for this diversity within European Union regard the capacity to adapt to external shocks, to resist from negative impacts or to evolve to new socio-technical regimes, characteristics being studied in the last years by regional scientists to understand the set of dynamic conditions that create a more or less resilient territory. Resilience was thus a notion that was adapted from the study of ecological systems and other fields to the understanding of geographically embedded socio-economic systems. Resilience is often a characteristic connected to a threshold of socio-economic variety and specialization that facilitates a smooth adaptation for challenges. With the recent crisis, some regions have been dealing with this concept trying to guarantee by planning the adequate conditions for resilience.

Innovation


Innovation was a central European Union’s policy flagship that was also very influential in the last decades in science and technology studies. In particular, Innovation systems have been used as a framework to develop and implement policies in transnational, national, regional, local, and even sectoral contexts. An innovation system focuses a specific area or sector, where a group of actors are interconnected with the goal to innovate. The core of the system has the main function of innovation but has also a broader contribution for the growth and development. In this way, when analysing the innovation system it is important to understand actors and linkages that are directly connected to science, technology and innovation infrastructure, but also to understand the institutional architecture and a vast group of building blocks that are in the centre of the socio-economic profile of the region or state, providing the range of possibilities for adaptation and evolution.

Creativity

Contributions on the role of creativity in regional development have increased since 2002 Richard Florida’s best-selling book ‘The Rise of the Creative Class’ gained media and city planners attention. The ‘creative class thesis’ argues that the basis for territorial advantage is talent, and to enhance economic growth, places should develop, attract and retain creative people who can stimulate knowledge, technology and innovation, and thus, resilience. Creative people can be defined as a new emerging collective, the creative class. Fundamental to talent attraction and retention is the place quality, combining factors such as openness, diversity, street culture and environmental quality. Creative class members prefer places that are tolerant, diverse and open to new ideas. The place provides an eco-system in which diverse forms of creativity can root and flourish. The existence of culture and leisure that support particular lifestyles provides incentives for the location of people who like this quotidian. These factors, more or less intangible, structure institutions and an environment of ‘cosmopolitanism’ that influences the locational decision of talent.

Topics

  1. Theoretical contributions towards the integration of resilience, innovation, creativity and/or other relevant regional science branches
  2. Empirical studies focusing the conditions for resilient territories
  3. Smart specialization connections with creativity and innovation
  4. Impacts of talent and human capital in regional development
  5. Articulation of related variety and resilience
  6. Different forms of cosmopolitanism in innovation, creativity and resilience
  7. Clustering dynamics, and resilience
  8. Maritime economy and niches of excellence
  9. Comparative studies on institutional factors that shape resilience
  10. RIS3 instruments focused in innovation and creativity
  11. Policies implemented in resilient territories

Expected contributions of the conference

The conference intends to contribute for the definition and advancing of the scientific agenda in the topics of resilience, innovation and regional creativity. The stabilization of this agenda and the informed discussion about different conceptualizations is crucial for the alignment and engagement of the scientific community in the study of these crucial topics. The conference is also focused in informing policy and decision-makers, in different levels of action, about the advancements of conceptualization in these domains. This may have relevant impacts in the process of planning, designing new policy measures and instruments, specifically for the implementation of Research and Innovation Strategies for Smart Specialisation (RIS 3), that can help the construction of more resilient territories in Europe. 
This workshop also integrates a focus group discussion about “Human Capital and Related Variety in the Maritime Economy” developed by HARVEST Atlantic – Harnessing all resources valuable to economies of seaside territories on the Atlantic, project co-financed by the European cooperation program INTERREG Atlantic Area, through the European Regional Development Fund (ERDF).

Some information are attached below but more can be found on the conference website http://www.apdr.pt/evento_19/index.html

 

Including details of the Call for Papers http://www.apdr.pt/evento_19/papers.html

 

Any question please get in touch with local organisers: http://www.apdr.pt/evento_19/contacts.html

Source : Dr. Roberta Comunian, Department for Culture, Media and Creative Industries, King’s College London.

Dr. Roberta Comunian also published on CEG :

 

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Arts hubs of the world unite

A forum launched in São Paulo will create a network of decision makers behind cities’ cultural development projects
Plans for the Dallas Arts District

Plans for the Dallas Arts District

The decision makers behind established and emerging arts hubs such as the West Kowloon Cultural District in Hong Kong and the Dallas Arts District will be united by a new forum announced today, 5 June, at the New Cities Summit in São Paulo.

The ambitious project, entitled the Global Cultural Districts Network, is a partnership between the summit organiser, the New Cities Foundation, the New York-based cultural consultancy firm AEA Consulting and representatives from the Dallas Arts District.

Maxwell Anderson, the director of the Dallas Museum of Art and the chairman of the Dallas Arts District, says: « We’re trying to be a sounding board for good ideas, we want to help tune the instrument by working collectively alongside city planners and governments. Our aim is to move the debate above the chatter in our own cities. »

Network members will share resources, discuss the impact of urban policies and economic developments on cultural centres, and assess trends in technology and the creative industries. But will the new body have any sway? « It provides a network for people responsible for conceiving and planning these projects to share both their challenges—‘what’s keeping them up at night’—and best practices—‘what’s allowing them to sleep’,” says Adrian Ellis, the director of AEA Consulting. « It can affect the climate of opinion in which projects are scoped, so that that those in the earliest stages strike out in the right direction. »

The newly launched organisation hopes to recruit members; its high-profile trustees, meanwhile, include Michael Lynch, the chief executive of the West Kowloon Cultural District in Hong Kong; Carolien Gehrels, Amsterdam’s deputy mayor responsible for Economic Affairs, Art & Culture; and Michael Eissenhauer, the general director of the National Museums in Berlin.

The New Cities Foundation, a non-profit, non-governmental organisation founded in 2010, is due to host the third New Cities Summit in Dallas next June.

By Gareth Harris, The Art Newspaper.

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Le réseau des cités de la gastronomie : un dénouement qui en dit long sur l’indépendance sur la formule d’appel à projets « à la française »

Résumons l’épisode précédent. 3 ministres, ceux de la Culture, de l’agriculture et de l’agroalimentaire, embarrassés de choisir entre 5 dossiers de villes concurrentes : Beaune, Dijon, Lyon, Paris-Rungis, Tours, décident en première phase début 2013…de ne rien décider et désignent plusieurs lauréats pour la Cité de la Gastronomie…en inventant le concept curieux, abscons et dispendieux de réseau des Cités de la Gastronomie.

Néanmoins, ils semblent éliminer deux des 5 impétrants, Beaune d’une part qui, parmi les 5, est la seule ville de droite (qui plus est pouvant faire de l’ombre au dossier de la capitale bourguignonne, sa voisine) et Lyon, d’autre part, dirigée par un « baron » du PS, qui a rendu un dossier indigent (avec 2 à 4 fois moins de budget d’investissement que les autres), croyant que sa ville était « hors compétition ».

J’avais salué sur ce même blog par un article en début d’année, ce début de « lucidité ». Mais on apprend, deuxième épisode et dénouement, le 19 juin 2013, par un communiqué commun des 3 ministres, que Lyon est « repêchée » contre toute attente, résultats d’un lobbying éhonté du maire de Lyon, qui non content de traiter publiquement le responsable de la mission pour le repas gastronomique des français, M Pitte, de tous les « noms d’oiseau », se répand urbi et orbi dans la presse pour dire tout le mal qu’il pense de cette décision et pour affirmer que quoiqu’il arrive la Cité de la gastronomie à Lyon se fera.

Pourtant, le dossier présenté est le même, avec son petit investissement de 18 Millions d’euros (pour comparaison, Bordeaux met le triple dans sa cité des civilisations du vin), dont 3 du partenaire privé Eiffage, dans le prestigieux Hôtel dieu (signant au passage la mort du premier projet de musée de la santé et de la médecine auquel Gérard Collomb n’a jamais cru). Craignant la colère de l’élu de la capitale des gaules, qui pourrait se répandre en haut lieu, les courageux ministres susvisés décident de choisir Lyon sur « la thématique « nutrition et santé »…qui…prendra une place prépondérante dans les politiques de développement engagées par la Cité de la Gastronomie de Lyon, au sein de l’Hôtel dieu » (in communiqué de presse du 19 juin 2013).

Devant une telle incompétence et désinvolture de la part de l’Etat, on en oublierait même que « gouverner, c’est choisir » et non pas céder aux caprices des grands élus locaux. Par ailleurs, les autres maires retenus semblent tous cautionner le dispositif et M Pitte désavoué (avant peut être d’être « dégradé/démissionné » sait-on jamais, pour avoir osé défier Gérard Collomb), ne dit mot.

En forme de pirouette à cette fable, je suggère désormais au député-maire de Beaune, M. Suguenot, le seul « recalé » de ce réseau, de réclamer sa réintégration dans cette « brochette de Cités de la Gastronomie », projet quadruplement coûteux en ces temps de crise (dont je vous laisse imaginer ce que doivent en penser nos amis étrangers, quant aux méthodes de gouvernance « transparentes » à la française) !!!

Jean-Michel Puydebat*

Du même auteur :

*Jean-Michel Puydebat est consultant spécialisé en management de la culture et du tourisme, directeur de PV2D, président du réseau de consultants CPIP et membre de CEG.

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Printemps de Bourges : une cession qui pose questions

En complément du post publié récemment qui s’interrogeait sur l’avenir du Printemps de Bourges suite à l’annonce faite par son directeur Daniel Colling à propos de son souhait de céder le Printemps de Bourges, le dernier numéro de La Lettre du Spectacle apporte quelques compléments utiles et des réponses à certaines de nos interrogations :

  • Daniel Colling dément le prix de vente annoncé par le journal Le Monde de 3 millions d’euros et précise qu’il s’agit de céder l’ensemble des actifs
  • Il reconnaît que la valorisation de 3 millions d’euros a été constituée pour partie par les subventions publiques à hauteur de 33% du budget du festival
  • Pour cette raison, il indique avoir renoncé à négocier avec des société privées

Plus détails dans le n°318 de La Lettre du Spectacle, ici.

Ces précisions sont importantes pour la conduite des négociations mais, puisque il est envisagé l’éventualité d’un « consortium » public rassemblant la Ville de Bourges, la Communauté d’agglomération, le Département du Cher et la Région Centre pour reprendre le Festival, pourquoi ne pas en profiter pour régler également le problème faisant également l’objet d’une belle polémique, de la Maison de la culture de Bourges ?

Nous y reviendrons prochainement, à suivre donc.

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Managing Spontaneity : a conversation with the authors of Eventful Cities

An ART-idea* conversation with the authors of Eventful Cities, Greg Richards and Robert Palmer, took place in Barcelona on 17th April 2013. The event brought together a select group of experts and practitioners from across Europe to share and discuss ideas about the future of cities and events.

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Eventful cities are constantly evolving in the face of emerging challenges, particularly the current economic crisis and major shifts in the social fabric of communities. The discussion identified a number of key issues, ranging from the understanding of multiple identities of cities, changing nature of city governance, increasing complexity of brokering relationships with increasingly diverse city stakeholders, and the need for new approaches when bidding for international events, to the limitations of current methodologies and the deliberate misrepresentation of results of event evaluations and impact studies.

A need was identified to move from economic based event indicators to a wider concept of public value. The value-led argument should no longer centre on economic benefits but rather incorporate a more sophisticated and multi-polar approach to assessing the value of the cultural events.

The final session of the conversation was dedicated to looking at the future challenges for cities and considered wider implications for events in cities. Several challenges were highlighted:

  • Increased demand by citizens to reclaim public space
  • Growing need amongst people to come together in mass events (what Greg Richards referred to as the “need for physical co-presence.”)
  • Rising disillusionment with mega events that exclude genuine citizen engagement
  • Proliferation of spontaneous events (that ignore rules of conventional event management as practiced traditionally by local authorities)
  • Growth in events that challenge the boundaries of authority and usual consumer behavior

Taken together, these trends point to significant challenges to the approach of cities when managing events. It will be increasingly complex to manage security by issuing permits –the flash mob disappears before the police arrive! The renewed demands from citizens for the right to utilize public space in “their” city will be increasingly difficult to ignore, persuading authorities to re-examine and embrace the demonstration of different expressions of public creativity. It may be that city authorities will need to find ways to allow citizens to design their own events, taking what Robert Palmer identified as a more “prosumptive” approach to participation that will require events facilitation rather thanmanagement. Managing spontaneity will demand a new set of skills.

The next Conversation will be held in September 2013 and will consider “the possible end to the approach to city cultural policy as we know it.” With redundant art forms, new forms of participation, the changing role of arts subsidy and a new ecology for culture, the debate will look at the feasibility of a needs/rights based policy approach that is no longer driven by economics.

The aim of the conversation is for you to have an input and use the opportunity to ask burning questions or test your own theories and analysis. The conversation takes place in a combination of formal and informal settings -and is moderated to ensure that everyone has the opportunity to participate.

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*ARTidea is a non-profit association dedicated to exploring creative and artistic solutions for local and regional development.

About Eventful cities on CEG :

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La Culture comme promesse d’une métropole citoyenne

31mai

Le 31 mai prochain, l’Association des directeurs des affaires culturelles d’Ile de France et la Fédération nationale des associations de directeurs des affaires culturelles (ASDAC et FNADAC) proposent une journée de conférence sur le thème : « La Culture comme promesse d’une métropole citoyenne », en partenariat avec la Communauté d’agglomération de Plaine Commune, le Ministère et ARCADI.

Cette journée de conférence préfigure les Assises Nationales des Directeurs des Affaires Culturelles qui se tiendront en mai 2014.

Elle a pour objet de croiser les regards des différents protagonistes de la réflexion sur la métropole,  élus, administrations territoriales, urbanistes, chercheurs et professionnels de la culture sur des questions peu débattues et essentielles :

  • Quelle intégration de la dimension culturelle dans le projet urbain ?
  • Quelle articulation avec les modèles économiques marchands, dans un domaine construit autour des notions d’émancipation du citoyen et porté par les droits culturels ?

Ces problématiques seront développées lors de 4 tables rondes :

  • Quelles modalités pour passer d’une approche culturelle « ville-centre / banlieues » à l’organisation d’une métropole multipolaire ?
  • Comment garantir l’équilibre entre développement urbain et « service public de la culture », entre droits culturels et ville créative ?
  • Quel écosystème inventer entre acteurs publics et acteurs privés de la culture ?
  • Comment État, élus et professionnels de la culture peuvent-ils défendre la notion de « service économique d’intérêt général » auprès des instances européennes ?

Pour vous inscrire, il vous suffit d’adresser un mail avec votre nom et vos coordonnées en cliquant ici.

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Pratiques culturelles à l’échelle locale

Dans le cadre du projet pluridisciplinaire Publics et Pratiques culturelles Marseille-Provence 2013, une première journée d’études, intitulée L’observation des pratiques culturelles à l’échelle locale : enjeux sociologiques, politiques et professionnels, aura lieu le 14 mars, de 14h à 18h, à Marseille (Bouches-du-Rhône). 


Ce projet collectif et pluridisciplinaire (sociologie, anthropologie, sciences politiques, sciences de l’information et de la communication…) propose un programme de recherche et des enquêtes de terrain originales sur la question des publics de la culture et des pratiques dites « culturelles » à l’occasion d’un événement comme MP2013. Il s’articule autour d’enquêtes de terrain, de journées d’études, d’un colloque international et de publications auxquels collaboreront des chercheurs étrangers, Canada, Grèce, Italie, etc. pour une mise en perspective européenne et internationale. Le projet a aussi vocation à associer professionnels et médiateurs(trices) culturels. 
La participation des habitants à la vie artistique et culturelle a fait l’objet de plusieurs études ces dernières années, à l’initiative notamment de l’Observatoire des politiques culturelles. Réalisées à l’échelle locale, elles renouvellent en partie l’analyse classique des pratiques culturelles qui est proposée, par exemple, dans les grandes enquêtes statistiques nationales. Jean-Pierre Saez, Directeur de l’Observatoire des politiques culturelles, Pierre Le Quéau, sociologue, et Laurent Sterna, Directeur de la culture et du patrimoine, Région PACA, interviendront sur ce thème.

Il est conseillé de s’inscrire par courriel auprès de Sylvia Girel (sylvia.girel@univ-amu.fr), Vincent Guillon (vincent-guillon@hotmail.fr) ou Charlotte Nguyen (charlotte.nguyen@marseille-provence2013.fr ).

Le lieu définitif sera confirmé prochainement sur le site dédié.

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Reims, un temps d’avance

En matière financement de l’action publique, la conjoncture dans laquelle nous nous trouvons est désormais fortement impactante pour les collectivités territoriales. Tous les domaines d’intervention sont effectivement concernés et il faut dire et redire ici que si la crise est venu amplifier le phénomène, on ne peut lui faire porter la responsabilité de tous les maux. Les crédits publics diminuent depuis de longues années : réformes (et non réformes) de l’Etat, de la fiscalité locale et des collectivités et la réorientation des financements européens ont notamment modifié l’ingénierie financière des acteurs publics et leurs capacités à trouver les ressources nécessaires pour continuer à vivre au-dessus de leur moyens tout en maintenant leur capacité de financer leurs actions et leurs projets. Il est donc logique de voir désormais cette capacité évoluer, muter, s’adapter aux nouvelles réalités d’aujourd’hui.

Ce que certains appelaient de façon péremptoire l’économie du 100% subventions publiques est révolue et la relation de partenariat entre le public et le privé, entre le collectif et le particulier, est devenue essentielle pour favoriser, initier, développer et pérenniser bon nombre de projets.

Certains acteurs, dont certaines collectivités territoriales, ont pris les devants en recherchant de nouvelles modalités de cofinancement en explorant de nouvelles pistes, notamment à travers le mécénat, les services au public, le développement de recettes annexes, les fonds d’investissements, les fonds de dotation et autres outils qui sont désormais plus que jamais à leur disposition.

En matière de mécénat, si il faut se réjouir que le dispositif fiscal n’ait pas été revu à la baisse par l’Etat en 2012, il faut tout de même craindre que cela se produise en 2013 et la nécessité de s’adapter à l’évolution de ce domaine, évolution qui face à la baisse globale des dons, conduit les acteurs, les institutions et les services publics à miser sur de nouvelles approches qui se fondent notamment sur la relation de proximité. C’est là que des collectivités ou des villes comme Reims, au travers du rôle que la culture joue dans la qualité de son cadre de vie et de la place déterminante que tient le critère de qualité du cadre de vie dans le rayonnement et l’attractivité du territoire, tient un atout majeur et doit pouvoir en exploiter pleinement les potentiels.

C’est en effet toute la diversité des sources et des ressources qui sont désormais mobilisables, conduisant ainsi les acteurs à considérer de manière précise le recours à des formes de financement privé pour accompagner le financement public et non s’y substituer. C’est l’inévitable recentrage de la mission de service public sur ses cœurs de métiers et ses missions régaliennes qui s’opère, la droite comme la gauche l’appellent de leurs vœux, chacun à sa manière. En abandonnant de vastes étendues de domaines de compétences sans véritable cohérence de traitement dans accompagnement de transition, de transfert, de compensation ou d’indemnisation selon les secteurs d’action concernés, les collectivités territoriales et locales se retrouvent dans une situation qui est lourde d’ambigüités. Pour faire face à ces ambigüités, il faut beaucoup de discernement et de courage politique.

Cette nécessité incite donc à imaginer toutes les ressources possibles dans leur grande diversité. Cette diversité conduit également à ne plus simplement rechercher la sollicitation ponctuelle au partenaire mais à s’inscrire dans une relation sur la durée. Pour qu’il y ait relation il faut qu’il y ait sens à mutuellement s’investir dans une démarche qui doit être « gagnant-gagnant » comme on dit communément, qui doit être sécurisée au plan juridique et financier et qui produit de la valeur ajoutée pour le projet, son public et ses acteurs.

C’est donc désormais la question des nouveaux outils de gestion et des supports de ces formes de financement qui doit être développée par ceux qui souhaitent avoir recours à ces nouvelles ressources. De nombreuses solutions proviennent de la finance elle-même ou du secteur bancaire comme les produits d’investissement, d’autres proviennent du monde des assureurs mais aussi des acteurs du terrain eux mêmes comme l’épargne solidaire, la participation au capital d’un financeur culturel, le mécénat de compétences, le financement participatif, etc.

On trouve également des formes importantes de cofinancement par le biais de recettes dites « annexes » basées sur des services au public développés par le partenaire qui viennent étendre la capacité des acteurs publics et préservent la mission de service public.

Dans tous les cas, il s’agit là aussi d’une ingénierie spécifique qu’il convient d’étudier.

Face à la multiplication des besoins, des modalités et des ressources, l’objectif est donc d’adopter les outils et la gestion les plus pertinents et structurants pour la soutenabilité de l’action publique et les collectivités ne sont pas en reste en la matière, bien au contraire, elles sont souvent pionnières !

Reims figure parmi celles-ci, avec une singularité très signifiante : la création en 2010 d’une mission mécénat directement initialement intégrée à la Direction des Affaires Culturelles. Cette mission mécénat est ensuite « remontée » dans l’organigramme des services de la municipalité pour être désormais rattachée à la direction générale, ce qui constitue en soit un fort niveau de prise en compte de l’intérêt de la relation partenariale aux opérateurs économiques dans tous les domaines et champs de compétence de l’action publique. De nombreux projets peuvent être ainsi accompagnés pour partie et complément par une ingénierie, des outils et des démarches maîtrisés, ce qui est une assurance supplémentaire et réciproque pour les partenaires.

Parmi ses outils, le fonds de dotation figure en bonne place. En effet, au regard des expériences de fonds de dotation existant en France ou des dispositifs similaires en place à l’étranger, il apparaît intéressant de se pencher sur leur pertinence et leur intérêt. C’est en tout cas ce que plusieurs collectivités étudient, comme Reims actuellement.

A titre d’exemple, au risque de surprendre, il faut bien reconnaître que Reims a un temps d’avance sur un territoire comme Lyon, pourtant très à la pointe et pionnière dans de très nombreux domaines. La Communauté Urbaine de Lyon n’a jusqu’à présent songé au fonds de dotation que de façon ponctuelle, sans parvenir à structurer ses démarches de mécénat comme le fait déjà Reims. On pourrait dire la même chose d’autres métropoles réputées dynamiques et créatives comme Nantes, Bordeaux ou Paris, qui n’ont pas encore songé à structurer leurs démarches comme le fait déjà Reims. Celles-ci n’utilisent le fonds de dotation que dans sa définition la plus stricte et n’ont pas encore cherché à l’appréhender de la façon la plus large possible.

Le fonds de dotation a été créé par la loi de modernisation économique du 4 août 2008. Il est une personne morale de droit privé à but non lucratif qui capitalise les dons en vue de la réalisation d’une œuvre d’intérêt général. Cette notion d’intérêt général est essentielle, notamment au regard de son acceptation au sens du droit communautaire. Cela permet de préfigurer les outils de développement de l’action publique.

Nos voisins britanniques et néerlandais, ou encore les canadiens, pourtant très coutumiers du partenariat public privé, semblent particulièrement intéressés par le fonds de dotation et étudient en ce moment les modalités qui permettent de l’ « agenciariser », voire de l’ « institutitonnaliser ».

C’est une des pistes qui est en cours d’exploration à Reims. Nous aurons l’occasion d’y revenir une fois ces travaux et réflexions aboutis mais il est clair qu’en cherchant à se doter d’un véritable outil de développement du territoire et d’accompagnement de l’action publique, la Ville de Reims et sa mission mécénat sont probablement en train de montrer le chemin.

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Orléans objectif 2025

Orleans2025On peut toujours s’interroger sur le bien-fondé d’une prospective territoriale qui fait son exposition dans la dernière partie d’un mandat politique (surtout après l’exposition Orléans 2015 réalisée en 2006, l’effet miroir est saisissant) mais cela a un intérêt certain : articuler ce qui a déjà été réalisé, ce qui a été reporté, ce qui est en cours de réalisation, ce qui est programmé et ce qui s’esquisse pour le futur.

Peuvent alors se dégager en principe une vision, une stratégie, une perspective d’avenir pour tous.

Au-delà de la communication que ce genre d’exposition permet, cela fait aussi parfois office de concertation des usagers, de lieu d’échange privilégié avec les habitants et les acteurs du développement urbain (sans toutefois surestimer cette question du dialogue au-travers d’une exposition), mais c’est aussi l’occasion de faire un bilan et de comprendre (ou pas) la cohérence d’un projet politique à l’oeuvre pour le territoire.

Orléans a choisi de rendre compte des profondes mutations engagées et à venir pour lui dessiner son visage de demain, c’est en tout état de cause un exercice utile et nécessaire.

L’enjeu, ne nous y trompons pas, est d’abord de poursuivre les efforts d’investissement pour accroître l’attractivité de la ville et de son territoire car Orléans, comme de très nombreuses agglomérations, doit faire face dans le contexte difficile que nous connaissons à de nombreux défis territoriaux, démographiques, économiques et culturels, où les territoires qui auront structuré et mis en cohérence leur aménagement et leurs infrastructures avec les usagers et les besoins de ceux qui y vivent (et qui pourraient y vivre à l’avenir), seront en mesure de préserver la qualité de leur cadre de vie, leur attractivité et leur rayonnement mais aussi la soutenabilité de leur développement pour les générations futures.

En l’occurrence, la principale qualité de cette exposition est de tenter de faire la synthèse des dix dernières années et de la décennie à venir en démontrant que les grandes mutations régionales à venir permettront à Orléans de devenir un pôle d’attractivité important où la qualité de l’offre et du cadre de vie sera considérablement renforcée.

Il est en effet important qu’Orléans puisse tirer parti de sa position stratégique qui la place au premier rang des villes qui composent le grand système métropolitain du Bassin parisien, tout en étant capitale de Région.

Cette double identité est un atout, c’est indéniable. Mais en même temps, il est complexe de trouver un juste équilibre entre les deux et de parvenir à les concilier, même avec un patrimoine aussi riche et une place dans l’histoire nationale aussi exceptionnelle. On peut avoir toutes les visions d’architectes, d’urbanistes, d’infrastructures et d’équipements projetées, il convient de ne pas oublier que c’est la place donnée aux femmes et aux hommes qui vivront le territoire et aux acteurs qui feront vivre le territoire qui doit être la donnée centrale : c’est l’art de vivre le territoire et d’y vivre qui seront le liant de tout. Les équipements et les infrastructures oui, mais sans l’humain et sans être à l’échelle de l’humain, de ses besoins et de ses potentiels, c’est Brazil, c’est Playtime !

C’est peut-être là aussi un des points faibles de l’exposition, à moins que cette fois-ci il s’agisse d’un processus plus pro-actif pour impliquer plus fortement les citoyens et les acteurs à la construction et à l’animation d’Orléans dans les années à venir, une base pour un mode plus collaboratif et coopératif en somme ?

Ce qui est certain c’est qu’à Orléans peut-être plus qu’ailleurs la logique d’aménagement et de rénovation du territoire urbain ne peut pas se contenter de s’inspirer de ce qui se fait ailleurs et de lui donner une couleur locale.

En l’occurrence, le tissu culturel au sens large (particulièrement dynamique à Orléans) est un atout considérable sur lequel il conviendrait de miser plus dans cette exposition mais surtout à l’avenir. On peut notamment regretter deux choses :

  • que l’accent ne soit pas suffisamment mis sur ce qui constitue au fond une véritable « rambla » sur le mail qui relie la gare au site de la future Arena ;
  • que la ZAC Carmes Madeleine ne mise pas encore suffisamment sur son potentiel de pôle culturel, éducatif et créatif. Sa situation et sa taille sont en effet idéales pour imaginer en plein cœur de ville une opération où l’économie de la culture, de la créativité, de l’innovation et de la connaissance peut exprimer tout son potentiel pour la ville et bien au-delà.

Heureusement, tout n’est pas encore programmé et figé pour l’avenir, des projets peuvent surgir et certains d’entre eux pourront très probablement y trouver leur place. C’est en tout cas ce que cette exposition permet d’espérer : la prospective territoriale se construit au présent, il faut en être les acteurs et quels que soient les mandats politiques et leur durée, elle n’est ni une route tout droite, ni un long fleuve tranquille.

L’exposition d’urbanisme Orléans en 2025 est conçue par la Mairie d’Orléans et est présentée au Musée des Beaux-Arts jusqu’au 10 février 2013.

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Cité de la Gastronomie : dénouement provisoire

cité, gastronomie

Si on peut se réjouir que sur 5 villes candidates, 2 aient été éliminées :

  • Lyon, d’une part, qui avait pourtant tout pour gagner, en raison d’un dossier mal ficelé, peu ambitieux (18 M euros d’investissement en grande partie privés – Eiffage -)  et venant substituer dans l’Hôtel Dieu au thème initial de la santé celui de la nutrition,
  • Beaune, d’autre part, avec un dossier surdimensionné à l’échelle de ce territoire (60 M euros), rejeté en périphérie du centre-ville et sans synergie avec le futur centre culturel des vins de Bourgogne…

…il n’en demeure pas moins que le fait de proposer l’idée « d’un réseau de Cités de la Gastronomie, dont le socle serait constitué par Tours, Paris-Rungis et Dijon », est l’exemple même de ces « décisions Tartuffe », dont les missions émanant des administrations publiques ont le secret…, sous prétexte de contenter tout le monde et de ne fâcher personne !

Car le propre d’un appel à projets est de sélectionner, donc d’éliminer, mais encore faudrait-il disposer de critères objectifs et surtout pondérés, ce qui n’était pas le cas à en juger par le rapport rendu public par la Mission Française des Patrimoines et des Cultures Alimentaires …ce 11 janvier 2013, qui en ces pages 6 et 9 (l’appel à projet n’étant d’ailleurs pas annexé au rapport) liste pèle mêle :

  • valorisation du patrimoine gastronomique dans le cadre du plan de gestion Unesco (classement du repas gastronomique des français)
  • vitrine des métiers et formation
  • vitrine des savoir-faire
  • attractivité et aménagement du territoire
  • développement de l’offre touristique
  •  ambition nationale et internationale
  • viabilité du modèle économique
  •  faisabilité du calendrier proposé et de son phasage

Page 9 de ce rapport, à peine s’est t-on risqué à cette petite phrase qui donne un aperçu des critères mis en avant par la mission : « Il convient d’attirer l’attention sur le fort ancrage territorial de chacune des candidatures qui a souvent conduit à une mise en avant un peu trop poussée des produits, des acteurs et des savoir-faire locaux au détriment de l’ambition nationale et internationale du projet envisagé ». C’est ce qui permet par exemple à la mission de retenir la candidature de Rungis, du fait de sa portée nationale et internationale inhérente (produits du marché de Rungis s’entend) alors qu’aucune tradition touristique, encore moins de gastronomie régionale ne s’attache à ce lieu…dont on imagine mal pourquoi un touriste étranger viendrait s’y perdre ! (critère qui n’a pas l’air d’intéresser la mission, qui relève quand même les difficultés de transport qui ne peuvent se résoudre que dans le plan transports du Grand Paris !). Et ce n’est pas en intitulant cette candidature Paris-Rungis que cela changerait quelque chose !

Mais peu importe, ce volontarisme politique (aménagement du territoire sur le modèle du Louvre-Lens) est sur-pondéré par rapport à la dimension touristique et de gastronomie régionale incontournable, que Dijon et Tours (mais aussi les deux recalées Lyon et Beaune) possédaient indéniablement. Il est symptomatique que la seule candidature dont l’investissement ne soit pas précisé dans le rapport soit Rungis (car non finalisé) : Tours et Dijon étant respectivement à 35,6 M euros et 55 M euros (pour Lyon et Beaune voir en début d’article).

De même, et on le voit dans le rejet de Lyon, un « modèle économique classique à la française », fait de beaucoup de subventions, tant en investissement qu’en fonctionnement, et « d’un zeste de privé » (à l’exemple de Tours dont l’autofinancement est de 47 % sur un budget de fonctionnement de 4 M euros) est préféré au modèle du « tout privé » (avec Eiffage en co-investisseur et un autofinancement total de fonctionnement) proposé par Lyon, que la mission écorne par cette phrase assassine « Il n’en demeure pas moins que le ratio entre les espaces à vocation pédagogique, culturelle et scientifique et les superficies allouées aux activités marchandes (commerces, boutiques, hôtel, divers restaurants, …) apparaît particulièrement disproportionné ».

Ainsi, le critère d’ambition nationale et internationale, que la mission a plus relevé à Tours qu’à Dijon du fait d’Euro Gusto notamment, aurait mérité d’être plus finement analysé, alors que par exemple, Dijon était la seule candidate à s’appuyer sur un pôle de compétitivité de niveau national et international, Vitagora.

Enfin, en termes de faisabilité financière et de phasage, il apparaît surprenant qu’aient été mis sur le même plan deux dossiers prévoyant une ouverture en 2016, Dijon et Tours, avec celui de Rungis, dont l’ouverture est conditionnée au calendrier d’aménagement du Grand Paris, de toutes façons pas avant 2017 ou 2018.

Si la mission a pu apparaître courageuse en ne retenant pas Lyon (et Beaune s’entend), elle aurait pu aller plus loin en éliminant Rungis (reste de centralisation étonnant quand on veut mettre en avant la diversité gastronomique des régions françaises, et de plus choix trop marqué en terme d’aménagement) et en permettant à deux capitales régionales touristiques et gastronomiques majeures, Dijon et Tours, de disposer d’équipements structurants complémentaires – qui leur font aujourd’hui en grande partie défaut – à même de renforcer leur notoriété touristique, notamment à l’international, objectif principal dans cette démarche Unesco.

Jean-Michel Puydebat*

Du même auteur :

*Jean-Michel Puydebat est consultant spécialisé en management de la culture, directeur de PV2D, président du réseau de consultants CPIP et membre de CEG.

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Pour un avenir soutenable

Il n’aura échappé à personne que les finances publiques sont gravement dégradées. On le savait pour ce qui concerne l’Etat depuis plus de 30 ans de par le caractère structurel des déficits mais on le savait moins pour les collectivités locales et territoriales il y a encore 15 ans.

Parmi les cinq principes qui guident l’élaboration des budgets des collectivités figure le principe de régie de l’équilibre réel. Ce principe de régie de l’équilibre réel constituait depuis toujours une véritable règle d’or impliquant l’existence d’un équilibre entre les dépenses et les recettes des collectivités ainsi que les différentes parties du budget (sections de fonctionnement et d’investissement).

Or si on analyse la situation actuelle de très nombreuses collectivités, on ne peut que constater qu’on a tout simplement occulté, ou fait mine d’occulter, souvent publiquement, à quel prix cet équilibre s’obtient, surtout lorsque les recettes enregistrent une baisse structurelle et récurrente. Il a fallu que quelques élus courageux, dont l’actuel président de l’assemblée nationale alors président du conseil général de Seine-Saint-Denis, fassent sensation à leur manière il y a deux ans pour que l’opinion publique découvre plus largement l’ampleur et le caractère critique de la situation.

De nombreux outils sont à la disposition des collectivités pour palier ce type de situation, pour qu’elles maîtrisent leurs dépenses courantes et pour qu’elles poursuivent le mieux possible leurs investissements d’avenir. Les manipuler, même de manière éclairée ou visionnaire, même avec le plus grand souci de justice ou de sécurisation possible, génère un important faisceau de contraintes qui pèse sur la prise de décision, l’engage plus encore lorsque la situation est dégradée et oblige à des arbitrages complexes où la mécanique budgétaire pluriannuelle (les fameux PPI) est sérieusement mise à mal à l’échelle d’un mandat politique, à l’échelle de la responsabilité individuelle et collective.

La crise de 2008 aura agit comme le détonateur d’une bombe à retardement qui s’était lentement mais sûrement assemblée au fil des ans, mais en définitive ce sont ses conséquences descendantes de la sphère purement financière à la sphère économique et sociale qui ont peu à peu révélé la fragilité de nos politiques budgétaires.

L’onde de choc est telle que bon nombre des certitudes du système à la française ont été tout simplement balayées. Ce qu’on appelait notre « bocage normand » ou notre « mille-feuilles administratif », objet de critiques récurrentes, aura eu la vertu de ralentir la progression de la catastrophe, c’est un fait, et les collectivités territoriales ont eu la part belle en s’érigeant en modèle de gestion face à un Etat déresponsabilisé réputé irréformable, ne parvenant pas à assumer la décentralisation et la déconcentration qu’il s’est lui-même infligées sans revoir en profondeur ni ses prérogatives ni son modèle.

Avec cette pression considérable qui s’exerce sur nos décideurs et nos élus, avec cette responsabilisation qui n’a jamais atteint un tel niveau d’exigence et de complexité, le devoir de construire des politiques soutenables pour les générations futures doit participer de toutes les décisions. C’est à cet endroit que le danger bien réel depuis 2002 d’un agrandissement toujours plus grand du fossé entre les citoyens et leurs représentants prend une toute autre tournure. Faute de projet de société clair, faute de consensus suffisamment large autour de ce projet (ou tout simplement d’adéquation de ce projet avec les évolutions et les attentes de la société), c’est dans ce fossé que s’engouffrent tous les extrêmes et les populismes. Les clés d’un vote ne s’obtiennent donc plus simplement par la confrontation d’un projet à un autre mais par un curieux mélange d’écoute de ce qui est considéré comme les attentes et les aspirations des citoyens, d’exaltation d’un supposé élan populaire, d’un discours qui se fonde sur un dire de vérité et de responsabilité. Or c’est sur ce dernier aspect que les principales conditions de la soutenabilité d’une politique se jouent et tant qu’on continue à employer le story telling, on ne remplit aucune exigence de vérité et de responsabilité, on fonde une certaine idée de la responsabilité à partir d’une certaine idée de la vérité.

Au moment de prendre des décisions budgétaires capitales pour l’avenir de l’Etat et des Collectivités, il faut avoir l’estomac sérieusement accroché pour s’engager dans telle ou telle direction mais ce n’est rien comparé aux efforts consentis ensuite si la soutenabilité n’est pas avérée. D’autant plus que nous n’avons plus vraiment le luxe du droit à l’erreur… Les débats sur les arbitrages budgétaires tels que nous les avons connus n’ont plus rien avoir avec ceux d’aujourd’hui et ceux d’aujourd’hui laissent entrevoir l’imminence d’un nécessaire changement profond de la culture politique.

Aujourd’hui la situation est devenue dangereuse au point que quelles que soient les alternatives politiques démocratiques et républicaines, elles semblent de moins en moins audibles et de ce fait, elles nourrissent malgré elles la désorientation, le désarroi et un pessimisme ambiant, elles amplifient la crise de confiance, elles cèdent du terrain dans le débat public et assistent irrémédiablement à la montée des extrêmes qui ne manquent pas d’exploiter l’exaspération, le désespoir et la colère en poussant à une radicalisation et un simplisme qui colonisent chaque jour un peu plus les esprits.

Car maintenant que la réalité et ne peut plus être occultée ou « storytellée », c’est bien sur cette question de la responsabilité dans la gestion du bien public (qui au fond concerne autant le décideur public que le décideur privé, leurs modes de gouvernance, leurs organisations et leurs réseaux) que se focalisent une part importante des formes de rejet de nos élus et de nos dirigeants. Ne nous y trompons pas : cela ne date pas d’hier. Il faut évidemment aller chercher entre autres dans l’alliance gaulliste – communiste au sortir de la seconde guerre mondiale cette « culture » de la gestion publique et privée tout au long de la cinquième République.

Mais avec cette radicalisation de la pensée à droite comme à gauche, le centre gauche et le centre droit paraissent bien pâles, peu lisibles et subissent des tiraillements forts. Ils ont la plus grande des peines à porter haut et fort une parole de raison qui doit pourtant fédérer et occuper le plus possible le débat public.

On a longtemps cru que c’était un déficit de pédagogie de l’action qui ne permettait pas de fédérer suffisamment pour réformer. On a ensuite cru que c’était le contraste saisissant entre être en responsabilité et être dans l’opposition. Puis ce fut le défaitisme paralysant de l’impossibilité de réformer. On a cru par la suite que c’était le manque de vision, de dynamisme ou de volonté pour finalement revenir à l’idée du nécessaire réancrage du politique dans la normalité de choses. Curieuse itinérance. En tout état de cause, nous voici à la fin d’un cycle et la dureté de la réalité à laquelle nous nous confrontons en est très probablement le catalyseur.

Le mur du réel n’est ni droite ni de gauche et chacun a longtemps fait mine de le découvrir à chaque alternance, c’est aussi cela qui affaiblit toute société démocratique.

Beaucoup de crédulité à la fois assumée et subie qui en effet décrédibilise la République et la livre pour partie au premier ou la première qui parvient à se dédiaboliser en s’appropriant de la façon plus superficielle et manipulatrice les valeurs, la morale et l’éthique politique. Ceux-là parviennent à proliférer sur l’illusion qu’ils nourrissent et attisent d’une insurrection à venir. Qui n’a pas entendu le fameux « la révolte gronde » ou le « ça fait péter » ou le « tous pourris » ou encore le « qu’ils s’en aillent »? Tous les sujets passent dans leur machine à broyer le vivre ensemble et ne sert à fabriquer que plus d’exclusion et d’antagonismes, y compris quand ils proposent de la façon la plus décomplexée dans leur propre programme « leur projet » de société.

Quels messages et quelles démarches peut-on mettre aujourd’hui en face pour non pas redonner des raisons d’espérer ou de réenchanter (cela serait assurément fatal) mais pour agir et avancer sur la base de ce qui fait sens, de ce qui fédère et rassemble, de ce qui est possible et de ce qui est souhaitable pour que cela soit soutenable ?

La puissance publique a besoin de nouvelles perspectives d’investissement et de gouvernance associées à une véritable soutenabilité budgétaire, sans quoi elle continuera à s’affaiblir et une puissance publique qui s’affaiblit va de pair avec une détérioration plus grande du lien social, une exacerbation des tensions sociales, terreau fertile des extrêmes qui savent désormais parfaitement racoler en plein jour.

Il faut donc absolument déployer toutes nos énergies et nos intelligences pour se sortir de l’ornière. Le pays n’a plus le temps et n’a plus les moyens d’expérimenter ni d’explorer telle ou telle alternative. Les prochaines échéances électorales seront déterminantes car bon nombre de mandats vont se renouveler. Il faut oser penser que c’est un nouveau cycle qui commence, une nouvelle génération qui surgit et non pas un cycle qui n’en finit pas de se reproduire.

L’enjeu sera très clair : continuer selon les bonnes veilles méthodes ou trouver les leviers, les outils, les méthodes, les démarches, les idées et les projets qui parviendront à concilier utile et éthique tout en étant en capacité de dialoguer avec une société qui a profondément changé et où l’incertitude domine.

Les décisions sont à prendre maintenant avec les solutions dont nous disposons. Ironie du sort, c’est le « ici et maintenant » que nous reprochions comme « non-durable » à d’autres pays, non sans un certaine condescendance d’ailleurs, persuadés que nous étions capables de tenir notre modèle jusqu’au retour d’une croissance salvatrice qui, même molle, nous aurait épargné le serrage de ceinture le plus raide que nous ayons connu depuis longtemps.

Or, il est pour le moins inquiétant (même si c’est humain) de voir s’attiser les antagonismes et les oppositions,  se raviver tous les dogmatismes qui de par leur goût prononcé pour l’hystérie et l’irrationnel en dépit de tout bon sens, entretiennent un état de panique permanent pour peu que cela les légitime toujours un peu plus.

Cela est d’autant plus préoccupant qu’une ligne rouge semble désormais franchie, au point d’entamer ce qui doit pourtant toujours l’emporter en politique : la raison.

De nombreux motifs d’espoir existent, de nombreux outils existent, mais beaucoup d’entre eux sont occultés ou compromis par cette étrange climat qui gagne les esprits un à un. Aucun sujet n’y échappe, montrant ainsi que ce sont les fondements de notre société et tous nos domaines d’activité qui sont ébranlés.

Dans ce moment charnière de notre histoire, et c’est peut-être pour cela qu’il faut le juger comme tel (et non pas pour attirer l’attention des médias), il faut être en mesure de faire face et la raison doit prévaloir. Cette lutte qui prend possession de l’espace public doit se résoudre avant que ce soit l’espace public qui en prenne possession.

C’est aussi pour toutes ces raisons que culural-engineering.com s’engage désormais en tant qu’acteur « ressource » aux côtés d’institutions publiques et privées qui portent cette même volonté d’agir, cette volonté qui se soucie tout autant du « comment mieux faire pour bien faire ? » que du « comment bien faire pour faire mieux ? ».

Parmi nos différentes actions, nous publierons régulièrement avec nos partenaires des exemples très concrets dans de nombreux domaines d’activité pour  tenter d’éclairer ce qui peut rendre le « ici et maintenant » soutenable, c’est-à-dire ce qui se doit désormais d’être porteur d’avenir.

Philippe Gimet

Fondateur de C.E.G.

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Culture et décentralisation : une réelle perspective de changement

Jean-Michel Lucas est sans aucun doute un des plus éloquents empêcheurs de tourner en rond. A peine l’annonce faite de la nomination de Sylvie Robert par Aurélie Filipetti pour conduire une mission pour renforcer les actions entre le ministère de la Culture et les collectivités, c’est avec une efficacité rare qu’il vient nous rappeler dans une tribune parue dans la Gazette des Communes qu’un changement d’approche de la décentralisation culturelle paraît désormais pouvoir être accepté.

Les enjeux culturels ont toujours été négligés dans les lois de décentralisation, notamment du fait de la pression des grandes organisations professionnelles du milieu artistique, soucieuses de conserver leurs relations privilégiées avec l’administration centrale du ministère de la culture.
Mais les temps changent et il est maintenant clair, pour tous, que les collectivités locales sont des acteurs publics majeurs de la politique culturelle, aussi bien en matière de financement que de conception de projets.

Un changement d’approche de la décentralisation culturelle paraît donc maintenant pouvoir être accepté.
Pour s’y engager, il me paraît possible de prendre appui sur les positions prises par toutes les collectivités regroupées dans la FNCC (Fédération nationale des collectivités pour la culture).

Lors des états généraux de la démocratie territoriale, la FNCC a fait des propositions au gouvernement qui me semblent porteuses d’innovations significatives pour la décentralisation culturelle.

Je retiens trois points novateurs de ce texte.

La FNCC considère qu’en matière culturelle, l’intérêt national ne peut pas se réduire aux positions du ministère chargé de la culture (et de ses réseaux professionnels nationaux). « L’intérêt national doit être nourri et assumé tant par le pouvoir national que par les collectivités territoriales, en dialogue attentif et respectueux avec la société civile dont ils sont les représentants. »
A bon droit, cette position vise à limiter la tentation permanente du ministère de la culture à conserver ses pouvoirs « régaliens » dans de nombreux domaines (même sans aucune législation spécifique !).

Pour la FNCC, chaque autorité publique doit pouvoir apporter sa contribution à l’enjeu culturel commun. En conséquence, il convient d’éviter d’attribuer des compétences exclusives à telle ou telle autorité publique. « Il n’y a pas de domaine, en matière de culture, dans lequel la compétence exclusive, que ce soit de l’Etat ou de telle ou telle collectivités, s’impose. Tous, cependant, ne pourraient que bénéficier d’un partenariat plus approfondi »

La FNCC insiste alors pour que soit « préservé la compétence générale pour la culture sans pour autant renoncer à des clarifications concertées ». Cette revendication avait été l’un des axes forts de l’opposition des élus et des professionnels à la loi de décembre 2010 qui a abouti à la rédaction insatisfaisante de l’article 73 où la culture est considérée comme un secteur d’activités.

Il est probable que le futur texte devra confirmer la reconnaissance de la compétence générale pour l’enjeu culturel territorial. Il devra aussi, comme le souhaite la FNCC, laisser ouverte la possibilité d’associer aisément la politique culturelle et d’autres politiques publiques locales, pour renforcer les actions transversales largement expérimentées par les collectivités.

Des clarifications par la loi – Ces positions de la FNCC doivent être prises au sérieux par rapport à la réalité de la vie culturelle française. Pour autant, elles peuvent soulever des problèmes qu’il revient à la loi de résoudre.
 En premier lieu, chaque collectivité a sa propre temporalité et élabore à son gré sa propre politique culturelle. Si chaque territoire reste indépendant dans la détermination de ses finalités et de ses actions culturelles, l’idée même d’une politique culturelle ayant une dimension nationale disparaît. La politique culturelle devient segmentée en une multitude de positions locales prises au nom de la compétence générale de chaque territoire.

On ne pourra pas, de même, éviter les effets des clientélismes locaux qui resteront toujours aussi dominants, compte tenu de la répartition sociale des bénéficiaires des équipements culturels publics !

De surcroît, chaque territoire ayant vocation à agir en faveur de son propre développement, le risque est grand que les acteurs culturels soient principalement soutenus au titre de leur apport à l’économie et à l’attractivité du territoire. Chaque territoire se positionnera en concurrence culturelle avec les autres, si aucune règle de solidarité n’est fixée. Il est difficile de penser que la loi de décentralisation puisse accorder des vertus à cette rude compétition entre collectivités pour développer des « territoires créatifs » qui ne feraient qu’accompagner la concurrence mondiale sur les marchés privés de l’économie créative.

La solution à ces problèmes ne s’impose pas d’emblée.
 L’argument de la FNCC, tourné vers le dialogue et le partenariat entre collectivités, est certes réaliste et à encourager, mais, les temporalités différentes des acteurs publics ne garantissent rien d’autre que des accords possibles, jamais nécessaires, entre collectivités.

De plus, faute d’une position unificatrice au niveau national définissant les critères d’intérêt général, ce sont les groupements professionnels et leurs réseaux qui assureront une certaine homogénéisation des interventions culturelles des collectivités à partir de critères d’intérêts essentiellement sectoriels.

Enfin, il paraît difficile de revenir en arrière en renforçant le pouvoir de contrôle et d’expertises des services du ministère de la culture pour la raison simple que les collectivités ont progressivement recruté des professionnels aux compétences similaires à celles des agents des Drac.

Intérêt local au sein de principes nationaux – La seule perspective de changement est ailleurs ; elle est clairement esquissée par la FNCC. Je la formulerai ainsi : la loi devra permettre à chaque collectivité de réaliser, librement, ce qui lui semble conforme à l’intérêt local, à la condition de respecter des principes communs à toutes les collectivités, au niveau national.

Les collectivités seraient ainsi « autonomes » dans la détermination des actions culturelles mais chacune devra veiller au respect des valeurs communes définies par la loi.

Il n’est pas difficile de déterminer ces valeurs partagées garantissant la cohérence de sens de la politique culturelle nationale, sans brider l’action locale des collectivités et de la société civile. Il suffit que la loi rappelle que la France a approuvé, unanimement, les termes de la « Déclaration universelle sur la diversité culturelle » à l’Unesco en 2001.

C’est la suggestion proposée par les élus à la culture eux-mêmes puisque le texte de la FNCC demande explicitement au gouvernement « d ‘inscrire de nouvelles missions pour les élus : la mise en oeuvre de la Charte de l’Unesco pour la diversité culturelle. » (L’expression la plus juste aurait dû être « la Déclaration Universelle sur la Diversité culturelle »).

Si cette suggestion était retenue, le texte de loi n’aurait qu’à viser dans ses attendus la Déclaration de 2001 et à préciser que les interventions culturelles des collectivités auront à respecter les principes énoncés par ce texte. Ainsi, chaque collectivité devra assurer que son programme d’actions en matière d’art et de culture contribuera à améliorer le vivre ensemble et à développer les capacités créatrices de chacun , dans le respect des droits de l’homme.

La formulation la plus simple serait de reprendre dans le texte de loi une partie des termes de la Déclaration de 2001 en indiquant, par exemple, que « les collectivités au titre de leur mission de développement culturel du territoire organisent librement leur politique culturelle pour « assurer une interaction harmonieuse et un vouloir vivre ensemble de personnes et de groupes aux identités culturelles à la fois plurielles, variées et dynamiques », pour favoriser « les échanges culturels et l’épanouissement des capacités créatrices qui nourrissent la vie publique ».

En définitive, la FNCC incite le gouvernement à affirmer une approche globale (politique au sens propre) des enjeux culturels et artistiques locaux, et non plus une approche sectorielle limitée à l’offre de biens culturels et à leur réception par des publics.

Dans une société ouverte et soucieuse de proximité avec les citoyens, les politiques culturelles devraient ainsi mieux répondre à la nécessité de permettre aux cultures, dans leur diversité, de faire humanité ensemble, selon la définition de la Déclaration de Fribourg sur les droits culturels.

Ces exigences de sens pour la culture devront être associées à la nécessité de rendre la gouvernance des politiques culturelles plus partenariales entre les collectivités et avec les services de l’Etat.
Elles nécessiteront, de même, le développement de concertations ouvertes sur la politique culturelle (Le texte cite l’Agenda 21 de la culture). La FNCC appelle ainsi à promouvoir « la participation des citoyens dans les prises de décisions », ce qui est très nouveau pour les politiques culturelles françaises qui ont longtemps résisté à cet impératif.

Dans la mesure où les conventions Unesco sur la diversité culturelle prévoient toutes la mobilisation de la société civile, nous ne pouvons faire moins en France que ce que nous avons applaudi à l’Unesco, d’autant que les élus locaux de la FNCC réclament, eux-mêmes, ce renforcement nécessaire de la concertation démocratique pour mieux apprécier les enjeux culturels territoriaux.

Il est certain que nos engagements à l’Unesco sur la diversité culturelle peuvent faire débat s’ils étaient repris in extenso dans un texte législatif concernant la décentralisation. Toutefois, indiquer dans la loi de décentralisation, l’enjeu culturel de la diversité serait ouvrir une voie que les élus de la FNCC accueilleraient avec intérêt, pour que la politique culturelle puisse enfin relier les personnes pour un meilleur vivre ensemble dans la république décentralisée, à l’heure d’une mondialisation croissante.

Du même auteur sur cultural-engineering.com :

Président de Trempolino, docteur d’Etat ès sciences économiques et maître de conférences à l’université Rennes 2 Haute-Bretagne dont il fut le vice-président de 1982 à 1986, Jean-Michel Lucas fut également conseiller technique au cabinet du ministre de la Culture Jack Lang de 1990 à 1992, où il y impulsa notamment le programme « Cafés Musiques ». Nommé Directeur régional des affaires culturelles d’Aquitaine en 1992, il mit en place une politique culturelle d’État en étroit partenariat avec les collectivités locales, et avec comme préoccupation de valoriser la place de la culture dans les politiques de la ville et des territoires ruraux. Ce « militant de l’action culturelle », connu sous le pseudonyme de Doc Kasimir Bisou, a participé à plusieurs projets sur le devenir des politiques culturelles et sur les légitimités dans lesquelles elles s’inscrivent. En Bretagne comme en Aquitaine, il fut par ailleurs à l’origine de nombreuses réalisations concernant les musiques amplifiées (RAMA, festival d’Uzeste, Rencontres Trans Musicales de Rennes…).

Vous pouvez retrouver toutes ses contributions en cliquant ici et n’hésitez pas à réagir et à contribuer au débat !

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